1. «
Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi ! » (Lc 1, 28).
À travers ces paroles de l'Archange Gabriel, nous nous adressons à la Vierge Marie plusieurs fois par jour. Nous les répétons aujourd'hui avec une joie fervente, en la solennité de l'Immaculée Conception, en rappelant la date du 8 décembre 1854, lorsque le bx Pie IX (Giovanni Maria Mastai Ferretti, 1846-1878)proclama cet admirable dogme de la foi catholique précisément dans cette Basilique vaticane [...]
2. Combien est grand le mystère de l'Immaculée Conception, que nous présente la liturgie d'aujourd'hui ! Un mystère qui ne cesse d'attirer la contemplation des croyants et qui inspire la réflexion des théologiens. Le thème du Congrès qui vient d'être rappelé -« Marie de Nazareth accueille le Fils de Dieu dans l'histoire »- a permis un approfondissement de la doctrine de la conception immaculée de Marie comme présupposé pour l'accueil en son sein virginal du Verbe de Dieu incarné, Sauveur du genre humain.
«
Pleine de grâce », «
κεχαριτωμενη» : c'est à travers cette appellation, selon l'original en grec de l'Évangile de Luc, que l'Ange s'adresse à Marie. Tel est le nom avec lequel Dieu, à travers son messager, a voulu qualifier la Vierge. C'est de cette façon qu'Il l'a pensée et vue depuis toujours,
ab aeterno.
3. Dans l'hymne de la Lettre aux Éphésiens, qui vient d'être proclamé, l'Apôtre loue Dieu le Père car il «
nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles aux cieux, dans le Christ » (1, 3). Avec quelle bénédiction très spéciale Dieu s'est-il adressé à Marie depuis le début des temps ! Marie est véritablement bénie entre toutes les femmes (cf. Lc 1, 42)!
Le Père l'a choisie dans le Christ avant la création du monde, afin qu'elle soit sainte et immaculée en sa présence dans l'amour, la prédestinant d'avance à l'adoption filiale par Jésus Christ (cf. Ep 1, 4-5).
4. La prédestination de Marie, comme celle de chacun de nous, est relative à la prédestination du Fils. Le Christ est la souche qui devait écraser la tête de l'antique serpent, selon le Livre de la Genèse (cf. Gn 3, 15) ; c'est l'Agneau sans tache (cf. Ex 12, 5; 1 P 1, 19), immolé pour racheter l'humanité du péché.
En prévision de sa mort salvifique, Marie, sa Mère, a été préservée du péché originel et de tout autre péché. Dans la victoire du nouvel Adam, il y a également celle de la nouvelle Ève, mère des rachetés. L'Immaculée est ainsi un signe d'espérance pour tous les vivants, qui ont vaincu Satan par le sang de l'Agneau (cf. Ap 12, 11).
5. Nous contemplons aujourd'hui l'humble jeune fille de Nazareth sainte et immaculée en présence de Dieu dans la charité (cf. Ep 1, 4), cette charité qui, dans sa source originelle, est Dieu lui-même, un et trine.
Œuvre sublime de la Très Sainte Trinité que l'Immaculée Conception de la Mère du Rédempteur! Pie IX, dans la Bulle
Ineffabilis Deus, rappelle que le Tout-Puissant a établi « par un seul et même décret l'origine de Marie et l'incarnation de la Sagesse divine » (Pie IX Pontificis Maximi Acta, Pars prima, p. 559).
Le oui de la Vierge à l'annonce de l'Ange prend place dans la situation concrète de notre condition terrestre, en humble obéissance à la volonté divine de sauver l'humanité non pas de l'histoire, mais dans l'histoire. En effet, préservée de toute tache de péché originel, la « nouvelle Ève » a bénéficié de façon particulière de l'œuvre du Christ comme Médiateur et Rédempteur très parfait. Rachetée la première par son Fils, participant en plénitude à sa sainteté, Elle est déjà ce que toute l'Église désire et espère être. Elle est l'icône eschatologique de l'Église.
6. C'est pourquoi l'Immaculée, qui marque « le début de l'Église, épouse du Christ sans tache et sans ride, resplendissante de beauté » (Préface), précède toujours le Peuple de Dieu, dans le pèlerinage de la foi vers le Royaume des cieux (cf.
Lumen gentium, n. 58 ; Enc.
Redemptoris Mater, n. 2).
Dans la Conception immaculée de Marie, l'Église voit se projeter, anticipée à travers son membre le plus noble, la grâce salvifique de Pâques.
Dans l'événement de l'Incarnation, elle trouve le Fils et la Mère indissolublement associés: « Celui qui est son Seigneur et sa Tête et celle qui, en prononçant le premier fiat de la Nouvelle Alliance, préfigure sa condition d'épouse et de Mère » (
Redemptoris Mater, n. 1).
7. À Toi, Vierge immaculée, prédestinée par Dieu par-dessus toute autre créature comme avocate de grâce et modèle de sainteté pour son peuple, je renouvelle aujourd'hui de façon particulière l'acte de consécration de toute l'Église.
Puisses-tu guider ses fils dans leur pèlerinage de foi, les faisant devenir toujours plus obéissants et fidèles à la Parole de Dieu.
Puisses-tu accompagner chaque chrétien sur le chemin de la conversion et de la sainteté, dans la lutte contre le péché et dans la recherche de la beauté véritable, qui constitue toujours la marque et le reflet de la Beauté divine.
Puisses-tu encore obtenir la paix et le salut pour tous les peuples. Que le Père éternel, qui t'a voulue Mère immaculée du Rédempteur, renouvelle également dans notre temps, à travers toi, les prodiges de son amour miséricordieux.
Amen !Source principale : vatican.va (« Rév. x gpm»).
http://levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=saintfeast&localdate=20141208&id=26&fd=1