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 La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange

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Miséricorde de Dieu




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MessageSujet: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyVen 27 Déc - 18:27

DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE II
L'INFINITÉ DE DIEU

La preuve à priori de l'infinité divine


Si donc Dieu existe par soi, s'il est l'Être même, l'existence même, conclut saint Thomas, il est infini, d'une infinité non pas quantitative, mais qualitative et de perfection. Si le lis idéal est indépendant de toute limite matérielle individuelle, l'Être même subsistant dépasse non seulement toute limite spatiale et matérielle, mais même toute limite d'essence. Tandis qu'un ange, si parfait soit-il, a une existence finie selon les limites de son essence spirituelle, en Dieu, l'existence n'est pas reçue dans une essence, susceptible d'exister, il est l'Existence même, irreçue, éternellement subsistante.

Dieu est ainsi souverainement déterminé, parfait, complet, rien ne peut lui être ajouté, et il est en même temps infini; c'est-à-dire d'une perfection sans limites, incompréhensible, « l'océan infini de l'être », dit saint Jean Damascène, mais un océan spirituel, sans bornes, ni rivages, très au-dessus de l'espace, du point, et infiniment supérieur dans sa spiritualité à ce que serait un monde matériel quantitativement infini, ou sans limites.

C'est en même temps l'infinité de l'Être, de l'esprit pur, de la sagesse, de la bonté, de l'amour et de la puissance, car l'infinité est un mode de tous les attributs divins.
Telle est la preuve à priori qu'en donne saint Thomas, elle est tirée de ce principe : Toute forme non encore reçue dans la matière a une certaine infinité de perfection, comme par exemple la forme du lis. Or l'existence est en toutes choses ce qu'il y a de plus formel, l'ultime actualité. Et donc Dieu, qui est l'Être même, l'existence même, est infini, d'une infinité de perfection, qui dépasse toute limite spatiale, matérielle, et même toute limite d'essence. Il est ainsi infiniment supérieur à tous les corps et à tous les esprits purs créés.

Preuve a posteriori de l'infinité divine

Il y a une autre preuve de l'infinité de Dieu; c'est une preuve a posteriori, qui montre que la production des êtres finis ex nihilo ou leur création de rien suppose une puissance active infinie, qui ne peut appartenir qu'à une cause infiniment parfaite. (Cf. saint Thomas, Ia, q. 45, a. 5.)

En effet, une cause finie ne peut produire un effet quelconque qu'en transformant un sujet préexistant, susceptible d'être transformé. Ainsi le statuaire a besoin de matière pour faire une statue; ainsi encore le maître forme peu à peu l'intelligence du disciple, mais il ne lui a pas donné l'intelligence.

Et plus le sujet à transformer est pauvre, plus la puissance active transformatrice doit être riche et féconde. Plus la terre est pauvre, plus il faut la labourer, y mettre une bonne semence, la fertiliser. Mais si la terre était si pauvre, si pauvre, qu'elle soit réduite à zéro, à rien, absolument rien, alors pour produire de ce rien quelque chose, il faudrait une puissance active non seulement très riche et très féconde, mais une puissance active infiniment parfaite, c'est la puissance créatrice.

Les agents créés sont transformateurs, mais ils ne sont pas créateurs. Pour produire tout l'être d'un être fini quelconque, si petit soit-il, pour produire tout l'être d'un grain de sable, c'est-à-dire pour le produire de rien, il faut une puissance infinie, qui ne peut appartenir qu'à l'Être infiniment parfait; et donc la cause première de tout ce qui arrive à l'existence doit être infiniment parfaite.

Non seulement le plus élevé des anges n'a pu créer l'univers physique, mais il ne peut même pas créer un grain de poussière, et il ne le pourra jamais; il faut, pour créer de rien (c'est-à-dire: sans aucun sujet préexistant) quoi que ce soit, une puissance infinie

Source : Livres-mystiques.com

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PS Pour ceux qui sont intéressés par le début du recueil
http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Garrigou_Lagrange/Providence.html#AVANT-PROPOS
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Miséricorde de Dieu




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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptySam 28 Déc - 17:46

DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE II
L'INFINITÉ DE DIEU

Preuve a posteriori de l'infinité divine


Le panthéisme a fait à cette doctrine traditionnelle et révélée une objection assez puérile.
Il dit : à l'Infini rien ne peut être ajouté; si donc le monde s'ajoute, comme une réalité nouvelle, à l'être de Dieu, l'être de Dieu n'est pas infini.

A cela, il est facile de répondre : rien ne peut s'ajouter à l'Infini dans le même ordre; c'est-à-dire on ne peut rien ajouter à son être, à sa sagesse, à sa bonté, à sa puissance. Mais il ne répugne pas du tout que dans un ordre inférieur quelque chose s'ajoute à l'Être infini, comme un effet s'ajoute à la cause éminente qui le produit. Le nier, serait refuser à l'Être infini la puissance de produire quelque effet distinct de lui; dès lors il ne serait plus infini.
Le panthéisme insiste : mais alors, après la production des êtres créés, il y a plus d'être et de perfection qu'avant; ce qui revient à dire que le plus sort du moins.

La théologie traditionnelle répond : Après la création, il y a plusieurs êtres, mais il n'y a pas plus d'être, ni plus de perfection qu'avant. De même lorsqu'un grand maître, comme saint Thomas, a formé quelques disciples, il y a plusieurs savants, mais il n'y a pas plus de science qu'avant, si les disciples n'en savent pas plus que le maître. Si cela est vrai, à plus forte raison est-il vrai de dire : Après la création, il y a plusieurs êtres, mais pas plus d'être; il y a plusieurs vivants, mais pas plus de vie; il y a plusieurs intelligences, mais pas plus de sagesse; car avant la création, il y avait l'Être infini, la Vie infinie, la Sagesse infinie, qui contenaient éminemment toutes les perfections limitées des êtres créés.
Telle est l'infinité de Dieu : infinité de perfection, qui est la plénitude non pas de la quantité ou de l'étendue, mais de l'être, de la vie, de la sagesse, de la sainteté et de l'amour.

Nous sommes faits pour l'Infini

Quelle leçon pratique est contenue pour nous dans ce mystère de l'infinité divine ?
Une très grande leçon : c'est que nous sommes faits pour l'infini, pour connaître le vrai infini, et pour aimer le Bien infini, qui est Dieu.
La preuve en est que nos deux facultés supérieures, l'intelligence et la volonté, ont une amplitude infinie.

Tandis que nos sens n'atteignent qu'une modalité sensible de l'être ou du réel, tandis que nos yeux n'atteignent que la couleur, et que nos oreilles ne perçoivent que le son, notre intelligence saisit l'être, la réalité des choses, leur existence; et elle voit que l'être, qui est plus ou moins limité, dans la pierre, la plante, l'animal, l'homme, ne comporte pas de soi de limites. Notre intelligence, très supérieure aux sens et à l'imagination, aspire ainsi à connaître, non pas seulement les êtres finis et limités, mais l'Être infini, autant du moins qu'il est connaissable pour nous. Notre intelligence aspire à connaître, non pas seulement les vérités multiples et restreintes de la physique, des mathématiques, de la psychologie, mais la Vérité suprême et infinie, principe éminent de toutes les autres.

C'est ce qu'on dit aux petits enfants du catéchisme : « Pourquoi avez-vous été créé et mis au monde ? - Pour connaître Dieu ». Et l'on ajoute : « pour l'aimer, le servir, et obtenir ainsi la vie éternelle ».

Comme en effet notre intelligence a une amplitude illimitée et peut connaître l'être universel et par suite l'Être suprême, de même notre volonté a une amplitude illimitée elle aussi. Elle est en effet sous la direction de l'intelligence, qui conçoit, non pas seulement tel bien sensible délectable, comme un fruit, non pas seulement tel bien sensible utile, comme un instrument de travail, mais le bien comme tel, le bien honnête, comme la vertu, la justice, le courage, etc.

Source : Livres-mystiques.com

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Dernière édition par Miséricorde de Dieu le Dim 29 Déc - 15:23, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyDim 29 Déc - 15:22

DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE II
L'INFINITÉ DE DIEU

Nous sommes faits pour l'Infini  


Et non seulement notre intelligence saisit tel bien honnête spécial, objet de la justice ou de la tempérance, mais le bien universel, le bien quel qu'il soit, tout ce qui est capable de nous perfectionner; enfin notre intelligence, très supérieure aux sens, s'élève à la connaissance du Bien suprême et infini, principe de tous les autres, et par suite notre volonté, éclairée par l'intelligence, désire ce bien suprême et infini. Elle a une amplitude et une profondeur illimitée, qui ne peut être comblée que par Dieu, comme nous l'avons longuement exposé plus haut, Ie P., ch. IV, en parlant du Souverain Bien et du désir naturel du bonheur.
Cependant notre intelligence et notre volonté ne sont pas ordonnées par leur nature même à connaître et à aimer la vie intime de Dieu; elles ne peuvent naturellement atteindre Dieu que par le reflet de ses perfections dans l'ordre créé, en tant qu'il est l'auteur de la nature.

Mais nous avons reçu au baptême une vie et une tendance surnaturelles, très supérieures à notre intelligence naturelle et à notre volonté naturelle. Nous avons reçu la grâce sanctifiante, participation de la nature divine, de la vie intime de Dieu, et, avec la grâce, la foi, l'espérance et la charité, qui augmentent encore, en la surélevant, l'amplitude de nos facultés supérieures.

Et alors nous saisissons de mieux en mieux le sens et la portée de la première ligne du catéchisme : « Pourquoi avez-vous été créé et mis au monde ? - J'ai été créé pour connaître Dieu, l'aimer, le servir, et par ce moyen, obtenir la vie éternelle. »

Il ne s'agit plus seulement ici d'une connaissance naturelle de Dieu infini, d'un amour naturel de Dieu, auteur de la nature, il s'agit d'une connaissance et d'un amour surnaturels, qui sont comme le commencement de la vie éternelle, où nous verrons Dieu immédiatement comme Il se voit, et où nous l'aimerons comme Il s'aime.

Nous verrons alors immédiatement l'Infini spirituel qu'est Dieu : lumière à la fois infiniment forte et infiniment douce, dont nous pourrons supporter l'éclat parce que notre intelligence sera surélevée et fortifiée par la lumière de gloire. Nous verrons et aimerons immédiatement Dieu, infinie Bonté, qui réunit en elle toute la force de la justice et toute la tendresse de la Miséricorde.

Nous serons ainsi surnaturellement élevés pour toujours à la vision immédiate et à l'amour de l'Infinie vérité et bonté, vision et amour continuels, que rien n'interrompra jamais, et que rien ne pourra diminuer.

L'infini pourtant en un sens nous dépassera encore, car notre vision de l'essence divine ne sera jamais absolument compréhensive, comme celle que Dieu a de lui-même. Tous les bienheureux au ciel voient Dieu immédiatement, mais d'une vision plus ou moins pénétrante, selon leurs mérites ou leur degré de charité. De même ici-bas nous voyons tous immédiatement un paysage qui est devant nous, mais nous le voyons plus ou moins bien, suivant que nous avons une vue plus ou moins forte. Au ciel nous verrons Dieu infini immédiatement, mais selon notre degré de charité et de lumière de gloire. Les grands saints, comme les Apôtres, le verront mieux que nous, d'une façon plus pénétrante; au-dessus d'eux saint Joseph; au-dessus de Joseph, Marie; au-dessus de Marie, la sainte âme du Christ unie personnellement au Verbe. Il est doux de penser que Marie, dont l'intelligence naturelle est inférieure à celle des anges, voit pourtant l'essence divine mieux que les anges les plus élevés, car ayant une charité supérieure à la leur, elle a reçu un degré de lumière de gloire supérieur aussi, immédiatement au-dessous de l'intelligence humaine de Jésus.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyLun 30 Déc - 16:26

DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE II
L'INFINITÉ DE DIEU


Nous sommes faits pour l'Infini

elle est la leçon spirituelle contenue pour nous dans le mystère de l'Infinité divine. Nous sommes faits pour l'Infini, pour connaître Dieu dans sa vie intime et pour l'aimer par-dessus tout. C'est ce qui explique que rien ici-bas ne peut nous satisfaire, et que nous sommes libres de répondre ou de ne pas répondre à l'attrait des biens finis. Et chaque fois que nous sentons la limite ou la pauvreté de ces biens périssables, nous devons remercier Dieu, car c'est une occasion et une nécessité parfois pressante de penser à l'infinie richesse, à l'infinie plénitude de vérité et de bonté qui est en lui.

CHAPITRE III
L'IMMENSITÉ DE DIEU


Dieu est infini, avons-nous dit, non pas d'une infinité quantitative, comme celle d'un corps sans limites, mais d'une infinité qualitative ou de perfection, la seule qui puisse convenir à l'Esprit pur, et à l'Être même, qui subsiste immatériel au sommet de tout. Cette infinité est un mode de tous ses attributs; c'est ainsi que nous parlons de son infinie sagesse, de son infinie bonté, de sa puissance infinie.

Pour nous faire une juste idée de sa Providence et de son extension universelle à tous les temps et à tous les lieux, il nous faut considérer maintenant l'immensité et l'éternité divines, dans leurs rapports avec l'espace et le temps, qui leur sont infiniment inférieurs.

Si nous considérons l'Être infiniment parfait de Dieu par rapport à l'espace, nous lui attribuons l'immensité et l'ubiquité. Dire que Dieu est immense, c'est dire qu'il est sans mesure et capable d'être en tout lieu. Lui attribuer l'ubiquité, c'est affirmer que de fait il est partout présent. Avant la création, Dieu était immense, mais il n'était pas de fait présent en toutes choses, puisque les choses n'existaient pas.

Ce serait une grosse erreur de se représenter l'immensité divine comme un espace sans limites, comme il serait faux, nous le verrons, de concevoir l'éternité divine comme un temps sans limites.

Dieu est pur esprit; il ne peut y avoir en Lui de Parties comme dans l'étendue; on ne peut distinguer en Lui les trois dimensions de l'espace: la longueur, la largeur, la hauteur ou la profondeur. Si nous les attribuons parfois à l'intelligence divine, c'est seulement par métaphore. Mais en réalité Dieu est infiniment supérieur à l'espace, même à un espace sans limites, comme l'éternité divine est infiniment supérieure au temps, même à un temps sans limites.

Ce fut l'erreur de Spinoza d'attribuer à Dieu l'immensité spatiale, Dieu ne serait plus pur esprit, il aurait un corps, c'est-à-dire une partie de lui-même serait moins parfaite que l'autre; il ne serait plus la Perfection même. L'immensité divine n'est donc pas corporelle, mais spirituelle, infiniment au-dessus de l'espace.
Si nous voulons entrevoir la grandeur de cette perfection divine il nous faut considérer trois présences divines fort distinctes.

1° La présence générale d'immensité en toutes choses.

2° La présence spéciale de Dieu dans les âmes justes.
3° La présence très spéciale du Verbe dans l'humanité du Sauveur et le reflet de cette présence dans l'Église et dans le Vicaire de Jésus-Christ.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyMer 1 Jan - 4:38

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CHAPITRE III
L'IMMENSITÉ DE DIEU

La Présence générale d'immensité


Comment faut-il entendre ces paroles qui reviennent souvent dans l'Écriture : Dieu est partout ? - Dieu est partout par sa puissance, à laquelle toutes choses sont soumises, et par laquelle il meut tous les êtres ou les porte à l'action. - De même Dieu est partout par sa présence, en tant qu'il connaît tout, tout est à découvert sous son regard, même les détails infimes des choses, même les secrets les plus cachés de nos cœurs, et les derniers replis de notre conscience. -- Enfin Dieu est partout par son essence, en tant qu'il conserve toutes les créatures dans l'existence par son action conservatrice, qui est son être même.
De plus, comme Dieu crée immédiatement et non par l'intermédiaire d'une créature ou d'un instrument, ainsi son action conservatrice, qui est la continuation de l'action créatrice, s'exerce immédiatement sur l'être même de toute créature, sur ce qu'il y a en chacune d'elles de plus intime. Il est ainsi présent dans les plus lointaines nébuleuses que nos télescopes parviennent à peine à découvrir.

Et donc sans être corporel, par un simple contact virtuel de sa puissance créatrice et conservatrice, Dieu, qui est pur esprit, est en tout lieu, partout où il y a des corps qu'il conserve dans l'existence. Bien plus, dans une zone de l'être supérieure à l'espace, il est présent à tous les esprits qu'il conserve immédiatement dans l'être, comme toutes les créatures.

Ainsi Dieu, pur esprit, est présent à tous les êtres, à toutes les âmes, dont il est le centre éminent, comme le sommet d'une pyramide contient éminemment tous les côtés de celle-ci. Dieu est la force spirituelle qui maintient tout dans l'existence, comme le dit la liturgie : Rerum Deus tenax vigor, immotus in te permanens.

Présence spéciale de Dieu dans les justes

Mais il y a une présence spéciale de Dieu dans les âmes en état de grâce, qu'elles soient sur la terre, au purgatoire ou au ciel. Dieu est en elles, non plus seulement comme une cause conservatrice (il est ainsi même dans les corps inanimés qu'il conserve), mais il habite dans les âmes justes, comme en un temple, où il peut être quasi expérimentalement connu et aimé.

Notre-Seigneur a dit : « Si quelqu'un m'aime, il observera ma parole et mon Père l'aimera, et nous viendrons en lui et nous ferons en lui notre demeure » Joan., XIV, 23. Nous viendrons ? Qui viendra ? Serait-ce seulement la grâce créée ? - Non, ce sont les Personnes divines, le Père et le Fils et aussi le Saint-Esprit promis par lui, qui viennent habiter dans les âmes justes.

Ainsi l'a compris l'Apôtre saint Jean qui dit (I Joan., IV, x6) : « Dieu est charité, et celui qui est dans la charité demeure en Dieu et Dieu en lui ».

En deux justes séparés l'un de l'autre par une grande distance terrestre, l'un étant à Rome, l'autre au Japon, c'est le même Dieu qui habite, qui les éclaire, qui les fortifie, qui les attire à Lui.

Saint Paul dit de même I Cor., III, 16 : « Ne savez-vous pas que vous êtes un temple de Dieu et que l'Esprit de Dieu habite en vous ? » - I Cor.,VI, 19 : « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous n'êtes plus à vous-mêmes ? Car vous avez été rachetés à grand prix. Glorifiez Dieu dans votre corps » par une conduite digne de lui. Saint Paul dit encore aux Romains, V, 5 : « La charité de Dieu a été répandue en vous par l'Esprit-Saint qui vous a été donné ».

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyMer 1 Jan - 16:59

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CHAPITRE III
L'IMMENSITÉ DE DIEU

Présence spéciale de Dieu dans les justes


Cette belle doctrine est répandue dans l'Église primitive, les martyrs la proclament hautement devant leurs juges. Sainte Lucie de Syracuse répond au juge Paschase : « Les paroles ne peuvent manquer en ceux qui ont en eux le Saint-Esprit ». - « Le Saint-Esprit est donc en toi » ? - « Oui, tous ceux qui mènent une vie chaste et pieuse sont le temple du Saint-Esprit. »

Les Symboles de l'Église et les Conciles, comme le Concile de Trente, affirment que la Sainte Trinité habite dans les âmes justes comme dans un temple et que de temps en temps elle fait sentir sa présence par une inspiration plus lumineuse, par une paix plus profonde, comme celle qu'éprouvèrent les disciples d'Emmaüs lorsque Notre-Seigneur leur parlait sur le chemin, Luc, XXIV, 32 : « Nonne cor nostrum ardens erat in nobis ? N'est-il pas vrai que notre cœur était tout brûlant au dedans de nous, lorsqu'il nous parlait en chemin, et qu'il nous expliquait les Écritures » ? Enfin saint Paul dit aux Rom., VIII, 16 : « Le Saint-Esprit rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu ».

Dieu nous fait ainsi sentir sa présence spéciale par l'amour filial qu'il nous inspire pour lui et qui ne peut venir que de Lui, comme la paix qu'il nous donne. (Cf. S. Thomas, Comm. in Ep. ad Rom., VIII, 16.).

La présence très spéciale de Dieu dans l'humanité de Jésus

Mais au-dessus de la présence générale de Dieu en toutes choses, et au-dessus de sa présence spéciale en toute âme juste, il y a la présence unique, absolument exceptionnelle du Verbe dans l'humanité de Jésus.

Le Verbe n'est pas seulement présent à la sainte humanité du Christ par une union accidentelle de connaissance et d'amour, comme dans les saints, mais par une union substantielle, en ce sens que le Verbe a assumé et pris pour toujours comme sienne la sainte humanité de Jésus, c'est-à-dire sa sainte âme et son corps virginalement conçu. Il n'y a ainsi en Jésus-Christ qu'une seule et même personne, qui possède la nature divine et la nature humaine, sans confusion de l'une et de l'autre, un peu comme chacun de nous possède son âme et son corps sans confusion de l'un et de l'autre.

Cette union substantielle de l'humanité du Christ au Verbe de Dieu dépasse sans mesure, on le voit, et la présence générale d'immensité de Dieu en toutes choses et même sa présence spéciale dans les âmes justes de la terre, du purgatoire ou du ciel.
Il y a de plus en la sainte humanité du Sauveur comme une participation admirable de l'immensité divine, en ce fait que son corps est rendu présent par la consécration eucharistique dans tous les autels de la terre où il y a des hosties consacrées. Il est en elles non pas comme dans un lieu, mais par manière de substance. La substance de soi n'est pas étendue, elle est en quelque sorte supérieure à l'étendue et à l'espace, et c'est ce qui permet d'entendre que le même corps du Christ présent au ciel, soit, sans être multiplié, réellement présent en tous les tabernacles du monde où il y a des hosties consacrées, un peu comme Dieu même est réellement présent en tous les corps qu'il conserve dans l'existence. Il y a là un reflet de l'immensité divine.

Nous trouvons un autre reflet de cette perfection de Dieu, dans l'influence universelle qu'exerce l'Église simultanément dans toutes les parties du monde.

En un sens, l'Église est partout à la surface de la terre. L'âme de l'Église comprend en effet toutes les âmes en état de grâce; et l'Église, en tant qu'elle est à la fois une et catholique, exerce, partout où l'Évangile est prêché, la même influence surnaturelle.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyJeu 2 Jan - 17:40

La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange 894006417 Je prendrai le temps de tout lire bientôt
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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyJeu 2 Jan - 22:42

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CHAPITRE III
L'IMMENSITÉ DE DIEU

La présence très spéciale de Dieu dans l'humanité de Jésus


Malgré la diversité des nations, des races, des coutumes, des mœurs, des institutions, l'Église apporte, partout où son influence s'exerce, l'unité de foi, d'obéissance à la hiérarchie, de culte surtout par la sainte messe, l'unité de nourriture par la communion, l'unité de vie, puisque chacun doit se nourrir de Jésus-Christ, l'unité de sentiments chrétiens, d'espérance et de charité. Tous ayant à vivre de la grâce et plus tard de la gloire, il y a aussi pour eux unité de fortune, les mérites du Christ, et unité d'héritage, la vie éternelle.

Or cette influence de l'Église, ainsi présente dans les différents peuples depuis près de deux mille ans, ne saurait s'exercer sans le Pasteur suprême, établi par Notre-Seigneur comme son vicaire. C'est l'exercice de la juridiction papale et épiscopale, qui garde au sein de l'Église la doctrine évangélique, par un enseignement infaillible, la morale et la perfection chrétiennes, par le maintien des lois divines et l'établissement des lois ecclésiastiques, le culte, par les diverses formes de la liturgie.

Le Christ Jésus a promis et conféré à Pierre et à ses successeurs le primat de juridiction sur l'Église universelle (Matthieu, XVI, 16 - Jean, XXI, 15) et il leur a dit aussi : « Je suis avec vous jusqu'à la consommation des siècles ».

Il y a là un reflet admirable de l'immensité et de l'ubiquité de Dieu.

En résumé : Dieu, pur esprit, est immense et partout présent, en tant que par sa puissance créatrice il conserve toute créature corporelle ou spirituelle dans l'existence, la meut, et aussi en tant qu'il voit tout à découvert, même les secrets les plus intimes des cœurs, que les anges ne peuvent voir naturellement.

Dieu ainsi présent en toute créature, l'est spécialement dans les justes ou dans les âmes en état de grâce; il y est comme dans un temple, où il est connu et aimé, et parfois il nous fait sentir sa divine présence par l'amour filial, que Lui seul peut nous inspirer pour lui.
Le Verbe de Dieu est encore beaucoup plus spécialement présent dans l'Humanité du Christ, à laquelle il est uni non seulement de façon accidentelle par la connaissance et l'amour, mais substantiellement, car il ne fait qu'une seule et même personne, un seul et même être avec elle, sans confusion des deux natures.

Par un reflet admirable de l'immensité divine, la Sainte Humanité du Sauveur est réellement et substantiellement présente dans tous les tabernacles du monde, où il y a des hosties consacrées. C'est partout le même corps du Sauveur qui, sans se multiplier, s'y trouve réellement par manière de substance, un peu comme Dieu, pur esprit, sans se multiplier, est présent en toute créature qu'il conserve dans l'existence.

Enfin autre reflet de l'immensité divine : le Vicaire de Jésus-Christ, chef visible de l'Église, est par son influence doctrinale et par sa juridiction, présent à toute l'Église, il atteint en un sens tous les fidèles de toutes les régions, de tous les peuples, pour les garder dans l'unité de foi, d'obéissance, de culte, d'espérance, de charité, et pour les conduire ainsi comme Pasteur suprême vers les pâturages éternels.

Et comme en Dieu l'immensité, qui domine l'espace, s'unit à l'éternité, qui domine le temps, dans l'Église, le pouvoir de Pasteur suprême, qui s'étend à tous les fidèles dans l'espace, s'étend aussi à tous les fidèles qui se succèdent dans le temps depuis la fondation de l'Église, jusqu'à la fin du monde.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE III
L'IMMENSITÉ DE DIEU  

La présence très spéciale de Dieu dans l'humanité de Jésus  


La grandeur de l'Église apparaît surtout lorsqu'on la considère à la lumière supérieure des perfections divines qui se reflètent en elle : l'immensité divine dans la catholicité de l'Église, l'éternité divine dans l'indéfectibilité de l'Église, l'unité divine dans l'unité de l'Église, la sainteté divine dans la sainteté de l'Église.

Au-dessus des divers diocèses, au-dessus des Ordres religieux, la grandeur de l'Église apparaît comme une participation de celle du Christ, de celle même, de Dieu. Malgré les petitesses humaines, qui se glissent partout où il y a des hommes, la beauté surnaturelle de l'Église apparaît ainsi comme celle du royaume de Dieu.

Il faut s'habituer à voir ainsi les choses non pas horizontalement et superficiellement, comme si elles avaient toutes la même valeur, la même importance; c'est là une vision matérialiste des choses, conception niveleuse qui supprime toute élévation et toute profondeur. Il faut s'habituer à voir les choses en quelque sorte verticalement, ou en profondeur : Au sommet Dieu, esprit pur, immuable, éternel, immense, qui conserve et vivifie tout ; au-dessous l'Humanité du Sauveur, qui nous transmet toute grâce, et qui est présente dans tous les tabernacles du monde, au-dessous la Vierge médiatrice et corédemptrice, les saints, puis le Pasteur suprême de l'Église, les Évêques, les fidèles en état de grâce, les chrétiens qui conservent la foi divine et catholique sans être en état de grâce, et puis les âmes qui cherchent la vérité, d'autres qui s'égarent mais qui reçoivent pourtant à certaines heures de Dieu et de Notre-Seigneur des grâces de lumière et d'attrait.

Cette vue en quelque sorte verticale, ou si l'on veut, non pas superficielle, mais haute et profonde, c'est la contemplation qui procède de la foi, éclairée par les dons d'intelligence et de sagesse. Elle doit normalement s'accompagner d'une prière catholique, c'est-à-dire universelle: prière qui s'élève vers l'éternité et l'immensité de Dieu, par le cœur sacré du Sauveur et par Marie, pour faire déborder en quelque sorte la Miséricorde divine sur le Pasteur suprême de l'Église, sur les Évêques, les généraux d'ordre, sur tous les fidèles, pour que tous, pleinement fidèles à leur vocation, répondent à ce que le Seigneur leur demande et pour qu'ils s'acheminent saintement vers Lui.  

CHAPITRE IV
L'ÉTERNITÉ DE DIEU


Après avoir parlé de l'immensité divine par rapport à l'espace, il nous faut dire ce qu'est par rapport au temps l'éternité de Dieu. Sans elle on ne saurait concevoir la Providence, dont les décrets sont éternels. Voyons d'abord la notion inexacte qu'on se fait parfois de l'éternité divine, nous comprendrons mieux ensuite sa véritable et très belle définition.

Qu'est au juste l'éternité ?

On se fait souvent une idée en partie erronée de l'éternité divine, en se contentant de la définir une durée sans commencement ni fin, et l'on pense confusément à un temps sans limites dans le passé et dans l'avenir.
C'est là une notion tout à fait insuffisante de l'éternité. Car un temps qui n'aurait pas eu de commencement, qui n'aurait pas eu de premier jour, serait toujours cependant une succession de jours, d'années, de siècles, succession dans laquelle il y aurait le passé, le présent, le futur. Ce n'est pas là du tout l'éternité. En remontant dans le passé on pourrait compter les siècles sans arriver jamais au bout, comme en pensant à l'avenir on se représente les actes futurs des âmes immortelles, actes successifs qui n'auront pas de terme. Même s'il n'avait pas eu de commencement, le temps eût été une succession de moments variés.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyDim 5 Jan - 2:25

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LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE IV
L'ÉTERNITÉ DE DIEU

Qu'est au juste l'éternité ?


L'instant présent, qui constitue la réalité du temps, est un instant qui fuit entre le passé et le futur, « nunc fluens », dit saint Thomas, un instant qui fuit comme l'eau d'un fleuve, comme le mouvement apparent du soleil sur lequel nous comptons les heures et les jours. Qu'est-ce donc que le temps ?

C'est, comme dit Aristote, la mesure du mouvement, surtout la mesure du mouvement du soleil, ou plutôt celle du mouvement de la terre autour du soleil le mouvement de rotation de la terre autour de son axe dure un jour, et son mouvement de translation autour du soleil dure un an. - Si la terre et le soleil avaient été créés par Dieu de toute éternité, et si le mouvement régulier de la terre autour du soleil n'avait pas commencé, il n'y aurait pas eu de premier jour, ni de première année, mais il y aurait eu dès toujours une succession d'années et de siècles, cette succession eût été une durée sans commencement ni fin, mais une durée infiniment inférieure à l'éternité, car on pourrait toujours y distinguer le passé, le présent et le futur.

En d'autres termes, vous pouvez multiplier les siècles passés par des milliards et des milliards, c'est toujours le temps; si long qu'on le suppose, il n'est pas l'éternité.

Qu'est-ce donc alors que l'éternité divine, s'il ne suffit pas pour la définir de dire qu'elle est une durée sans commencement, ni fin ?

La théologie répond : C'est une durée sans commencement ni fin, qui a ceci de très spécial, de caractéristique, qu'il n'y a aucune succession en elle, qu'il n'y a pas de passé, ni de futur, mais un présent qui dure toujours; non pas un instant qui fuit comme celui du temps qui s'écoule, mais un instant immobile qui ne passe jamais, un instant immuable, « nunc stans non fluens, » dit saint Thomas (Ia, q. 10), comme un matin perpétuel, non précédé d'une nuit, ni suivi d'un soir.

Comment concevoir cet instant toujours le même de l'immobile éternité ?

Tandis que le temps, succession des jours et des années, est la mesure du mouvement apparent du soleil, ou du mouvement réel de la terre, l'éternité est la mesure ou la durée de l'être de Dieu, de sa pensée et de son amour. Or l'Être de Dieu, sa pensée et son amour sont absolument immuables, sans changement, ni variations ou vicissitudes.

En effet Dieu, étant nécessairement la plénitude infinie de l'Être, ne peut rien acquérir, ni rien perdre. Dieu ne devient jamais plus parfait, ni moins parfait, il est la Perfection même immuable.

Cette stabilité absolue de l'être divin s'étend nécessairement à sa sagesse et à sa volonté : toute mutabilité, tout progrès dans la connaissance divine ou dans l'amour divin supposerait une imperfection.

Cette immutabilité n'est point celle de l'inertie, ni de la mort ; elle est au contraire celle de la vie suprême, qui possède d'emblée tout ce qu'elle peut et doit avoir, sans avoir besoin de l'acquérir et sans pouvoir en rien perdre.

Nous arrivons ainsi à la véritable, définition de l'éternité, définition très haute et très belle, pleine d'enseignements spirituels pour nous.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyDim 5 Jan - 16:37

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CHAPITRE IV
L'ÉTERNITÉ DE DIEU

Qu'est au juste l'éternité ?


Boèce dans son livre de la Consolation a donné de l'éternité cette définition restée classique : « Aeternitas est interminabilis vitae TOTA SIMUL et perfecta possessio ». L'éternité est la possession parfaite et simultanée ou non successive d'une vie interminable. C'est l'uniformité d'une vie immuable, sans commencement ni fin, qui se possède elle-même toute à la fois. L'expression principale de cette définition est tota simul, toute à la fois. Ce qu'il y a d'absolument caractéristique dans l'éternité divine, ce n'est pas d'être sans commencement, ni fin, c'est d'être sans changement, de telle sorte que Dieu possède sa vie infinie toute à la fois.

Platon dit que le temps est l'image mobile de l'immobile éternité, autant que l'instant qui passe peut être l'image de l'instant qui ne passe pas.

Aussi le temps avec ses moments successifs a été souvent comparé à la base d'une grande montagne dont le sommet représenterait l'unique instant de l'éternité. Du sommet de l'éternité Dieu voit en effet d'un seul regard toutes les générations qui se succèdent dans le temps, comme un homme du haut d'une montagne peut voir d'un coup d'œil tous les voyageurs qui passent dans la vallée. Ainsi l'unique et invariable instant de l'éternité correspond à tous les moments successifs du temps, à celui de notre naissance et à celui de notre mort. Le temps est ainsi comme la monnaie de l'éternité.

Ce qui caractérise le temps c'est le changement ou le mouvement dont il est la mesure; ce qui caractérise l'éternité c'est l'instant immuable dans lequel Dieu possède sa vie infinie, interminable, toute à la fois.

Ici-bas nous ne possédons pas notre vie toute à la fois; dans l'enfance nous ne possédons pas la vigueur de la jeunesse, ni l'expérience de l'âge mûr, et dans l'âge mûr nous ne possédons plus la candeur de l'enfance, ni la promptitude de la jeunesse. Si nous ne possédons pas notre vie toute à la fois, nous ne possédons pas non plus notre année toute à la fois, elle a ses saisons variées; nous n'avons pas en hiver, ce que nous aurons en été; nous ne possédons pas non plus notre semaine, ni notre journée toute à la fois, notre vie s'éparpille en quelque sorte; en elle se distinguent des heures de prière, des heures de travail, des heures de repos et de divertissement. Au lieu de posséder notre vie toute à la fois, nous ne la possédons que successivement, comme nous écoutons successivement la suite d'une mélodie.

On dit par contre que Mozart arrivait à entendre une mélodie, non pas successivement, comme les autres auditeurs, mais « toute à la fois » dans la loi même qui l'engendre. En composant le début d'une mélodie, il en pressentait et en quelque sorte il en entendait la fin.

Entendre une mélodie toute à la fois, c'est une image lointaine de l'éternité divine, par laquelle Dieu possède simultanément, sans aucune succession, sa vie infinie de pensée et d'amour. Impossible pour Dieu de distinguer en sa vie, en sa pensée, un avant et un après, un passé et un futur, une enfance, une jeunesse, un âge mûr.

Nous avons une autre image lointaine de l'éternité divine dans le savant, qui après avoir longtemps étudié toutes les parties d'une science successivement, arrive à les voir en quelque sorte toutes à la fois dans les principes supérieurs de cette science, dans l'idée mère, dont toutes les autres idées sont comme le développement successif. Newton devait voir ainsi les diverses lois de la physique comme des conséquences d'une loi suprême, et saint Thomas à la fin de sa vie voyait en quelque sorte d'un seul regard toute la théologie, en quelques principes supérieurs.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyLun 6 Jan - 16:01

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CHAPITRE IV
L'ÉTERNITÉ DE DIEU

Qu'est au juste l'éternité ?


Nous avons une image moins éloignée de l'éternité dans l'âme des saints, lorsqu'ils sont arrivés à une vie d'union à peu près continuelle avec Dieu; ils s'élèvent alors au-dessus de l'instabilité et de la fuite du temps.

Pour les saints, bien qu'il y ait des heures de travail et des heures de prières, ils prient encore lorsqu'ils travaillent, et le sommet de leur âme, restant presque toujours uni à Dieu, possède en quelque sorte leur vie « toute à la fois » ; au lieu de diviser leur vie, de l'éparpiller, ils l'unifient.

L'éternité de Dieu est donc la durée d'une vie qui non seulement n'a pas commencé et ne finira jamais, mais qui est absolument immuable et par suite toute présente à elle-même en un instant qui ne passe pas. En un maintenant absolu, non fugitif, elle condense éminemment les moments variés qui se succèdent dans le temps.

A l'homme prisonnier de ses sens l'éternité immuable paraît une mort, parce qu'il ne pense qu'à l'immobilité inerte et non à celle qui est la plénitude d'une vie si parfaite qu'il ne peut y avoir pour elle de progrès.

Il suit de là que la pensée divine, mesurée par l'éternité, embrasse d'un regard tous les temps, toutes les générations qui se succèdent, tous les siècles.

Elle les voit d'un seul regard préparer la venue du Christ, et ensuite bénéficier de cette venue.

La pensée divine par ce regard unique voit où seront nos âmes dans cent ans, dans deux cents ans, dans mille ans et toujours. Si l'on ne perdait pas de vue cette vérité; beaucoup d'objections faites contre la Providence s'évanouiraient.

La vraie notion de la Providence est comme une résultante de la contemplation des perfections divines qu'elle présuppose.

Comme la pensée de Dieu, son amour est immuable : sans changer en rien en lui-même, il appelle à l'existence les âmes à l'heure fixée de toute éternité. Cet amour dit de toute éternité un fiat libre, qui doit librement se réaliser dans le temps ; alors à l'heure fixée les âmes sont créées, elles sont justifiées par le baptême, ou par la conversion, elles reçoivent des grâces multiples et, si elles ne résistent pas, la grâce de la bonne mort qui les sauve.

L'effet créé est nouveau, mais l'action divine qui le produit n'est pas nouvelle. « Est novitas effectus absque novitate actionis », dit saint Thomas. L'action divine est éternelle, mais elle produit son effet dans le temps quand elle le veut.

Au sommet de l'éternité Dieu ne change point, mais au-dessous de lui tout change, sauf les âmes qui se fixent en lui pour participer à son éternité.

L'éternité et le prix du temps

Quelle leçon spirituelle est contenue pour nous dans cette perfection divine de l'éternité ?
Une grande leçon : l'union à Dieu dès ici-bas nous rapproche de l'éternité, et nous montre tout le prix du temps qui nous est concédé pour notre voyage :

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyMar 7 Jan - 17:03

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CHAPITRE IV
L'ÉTERNITÉ DE DIEU

L'éternité et le prix du temps


Un temps très court, soixante, quatre-vingts ans, dont dépend une éternité, une très courte préface à un livre sans fin.

La pensée de l'éternité nous montre surtout le prix de la grâce du moment présent. A chaque instant, pour bien faire notre devoir, nous avons besoin d'une grâce, celle que nous demandons dans l'Ave Maria en disant : « Sancta Maria, Mater Dei; ora pro nobis nunc et in hora mortis nostræ. Amen ». Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant...

Nous sollicitons ainsi la plus particulière des grâces, qui varie à chaque minute, nous met à la hauteur de nos devoirs tout le long du jour, et nous fait voir la grandeur de toutes les petites choses qui ont quelque rapport avec l'éternité. En disant ce maintenant, si nous sommes trop souvent distraits, Marie, qui nous écoute, n'est pas distraite. Elle accueille notre prière, et la grâce nécessaire en la minute présente, pour continuer de prier, de souffrir, d'agir, vient à nous, comme l'air respirable vient à notre poitrine.

Pendant que la minute présente s'écoule, rappelons-nous que ce qui existe, ce n'est pas seulement notre corps, notre sensibilité douloureusement ou joyeusement impressionnée, mais aussi notre âme spirituelle, le Christ qui influe sur elle, la sainte Trinité qui habite en nous.

Tandis que les esprits superficiels et légers ont une vue horizontale des choses, et voient les choses matérielles et la vie de l'âme sur le même plan, celui du temps qui s'écoule, les saints ont constamment une vue verticale des choses, ils les voient d'en haut et en profondeur et contemplent Dieu au sommet de tout. Par l'idée de l'éternité ils jugent de la valeur du temps, du passé, du présent, de l'avenir, et peu à peu se fait la mise au point de leurs jugements.

A leur exemple abandonnons à l'infinie Miséricorde tout le passé de notre vie, comme aussi l'avenir, et vivons de façon très pratique en esprit de foi de l'instant présent; voyons dans ce maintenant qui fuit, qu'il soit terne, joyeux ou pénible, une image lointaine de l'unique instant de l'immobile éternité et une preuve vivante, par la grâce actuelle qu'il contient, de la bonté paternelle de Dieu.

Marchons ainsi, sous l'influx de Notre-Seigneur qui ne cesse de s'offrir pour nous au sacrifice de la messe, par une oblation intérieure toujours vivante en son cœur et supérieure au temps, comme la vision qui béatifie sa sainte âme.

En marchant ainsi nous nous rapprochons de l'éternité, où nous devons un jour entrer. Que sera cette entrée dans la gloire ? Recevoir la vie éternelle, qui consiste à voir Dieu comme il se voit, d'une vision immédiate qui ne sera jamais interrompue par le sommeil ou la distraction, d'une vision immuable du même objet infini dont nous n'épuiserons pas les profondeurs; vision qui sera suivie d'un amour de Dieu également immuable que rien ne saura nous faire perdre, ni diminuer.

Cette vision et cet amour seront mesurés, non plus par le temps, mais par l'éternité participée, car, bien qu'ils doivent commencer, ils seront ensuite à la fois sans fin, et sans aucun changement, c'est-à-dire sans avant, sans après; l'instant qui mesurera notre vision béatifique, sera l'unique instant de l'immobile éternité.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyMer 8 Jan - 16:12

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CHAPITRE IV
L'ÉTERNITÉ DE DIEU

L'éternité et le prix du temps


Nous en pouvons avoir quelque soupçon, lorsque quelquefois nous sommes absorbés par la contemplation d'une haute vérité et par la prière, sans prendre garde que le temps s'écoule.

Si nous avons quelquefois cette impression, que sera-ce dans la vie future, qui mérite vraiment d'être appelée non pas seulement vie future, mais vie éternelle, parce qu'elle sera mesurée non plus par le temps, mais par l'éternité qui est la mesure de l'être et de la vie toute simultanée de Dieu. Alors nous aussi nous posséderons notre connaissance toute à la fois et non plus éparpillée, nous posséderons notre amour tout à la fois au lieu de le voir languir dans des alternatives de tiédeur et de ferveur passagère.

Pour finir arrêtons-nous à cette pensée de saint Augustin : « Unis ton cœur à l'éternité de Dieu et tu seras éternel, unis-toi à l'éternité de Dieu, attends avec lui les événements qui se passent au-dessous de toi ». (Comm. in Ps. 91.)

L'éternité n'est obscure que pour nous; en soi elle est beaucoup plus lumineuse que le temps qui fuit; elle est l'immutabilité de la connaissance souverainement lumineuse et de l'amour de Dieu.

CHAPITRE V
L'INCOMPRÉHENSIBILITÉ DIVINE

Le clair-obscur des mystères de la vie de Dieu.
« Qui sequitur me, non ambulat intenebris » Jean, VIII, 12.


Les attributs relatifs à l'être même de Dieu sont, nous l'avons vu, la simplicité, l'infinité, l'immensité, l'éternité.

Avant de traiter de ceux relatifs à ses opérations, comme la Sagesse et la Providence, il convient de parler de l'incompréhensibilité divine, qui est si profondément marquée en certaines voies du gouvernement divin.

Nous y trouverons une grande leçon pour notre vie spirituelle. Nous insisterons particulièrement sur ceci qu'il y a en Dieu pour nous quelque chose de très clair, et qu'il y a aussi en lui pour nous quelque chose de très obscur. Comme il y a en peinture le clair-obscur, où a excellé Rembrandt, il y a aussi dans la doctrine révélée des clairs-obscurs, et incomparablement plus beaux que ceux que nous admirons dans les œuvres des plus grands peintres. Et ces clairs-obscurs, qui pour nous existent en Dieu, nous les trouvons dans une mesure en notre vie spirituelle, puisque la grâce est une participation de la nature divine ou de la vie intime de Dieu.

Les grandes clartés divines


Parlons d'abord de ce qu'il y a de clair pour nous en Dieu. Très certainement dès ici-bas nous pouvons par l'exercice naturel de notre raison, en dehors même de la foi, démontrer l'existence de Dieu, premier moteur des esprits et des corps, cause première de tout ce qui existe, Être nécessaire, Souverain Bien et Ordonnateur de toutes choses.
Dans le miroir des créatures nous trouvons un reflet des perfections absolues de Dieu; nous le connaissons ainsi positivement en ce qu'il a de semblable ou d'analogiquement commun avec ses œuvres, en tant qu'il est un être réel et actuel, qu'il est bon, sage, puissant.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyVen 10 Jan - 16:10

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CHAPITRE V
L'INCOMPRÉHENSIBILITÉ DIVINE

Les grandes clartés divines


Et lorsque nous voulons désigner ce qui lui convient en propre, nous le faisons d'une façon négative et relative à l'objet de notre expérience ; ainsi nous disons que Dieu est l'Être infini, ou non-fini, immuable, et qu'il est le Bien suprême.

Ces certitudes rationnelles, qui sont déjà par elles-mêmes très fermes, sont encore confirmées par la révélation divine, reçue par la foi.

Nous avons là des certitudes de diamant, inébranlables. Il est absolument clair pour nous que Dieu ne peut exister sans être infiniment parfait, que Dieu ne peut se tromper, ni nous tromper, que Dieu ne peut vouloir le mal, qu'il ne peut être en aucune façon cause du péché. Nous sommes même incomparablement plus sûrs de la rectitude des intentions divines que de la rectitude de nos intentions les meilleures.

Il y a là pour nous en Dieu une lumière en quelque sorte éblouissante. De même il est absolument évident pour nous d'une part que Dieu est l'auteur de tout bien, même du bien de notre bon consentement salutaire, et d'autre part qu'il ne commande jamais l'impossible.

Rien ne peut prévaloir contre ces évidences souveraines, dont la clarté s'impose à toute raison droite qui s'ouvre à la vérité. Il est clair que Dieu ne peut exister sans être souverainement juste, sans être aussi souverainement Miséricordieux, souverainement sage et souverainement libre.

Et pourtant malgré ces clartés éblouissantes, il y a pour nous en Dieu quelque chose de très obscur. D'où cela vient-il ?

L'obscurité trans lumineuse

L'obscurité que nous trouvons en Dieu, vient de ce qu'il est beaucoup trop lumineux pour les faibles yeux de notre intelligence, qui ne peuvent supporter son infinie splendeur.

Dieu est invisible et incompréhensible pour flous, parce que, dit l'Écriture, « il habite une lumière inaccessible » (I Tim., VI, 16) qui nous fait l'effet de l'obscurité.

Dans l'ordre sensible il semble à l'oiseau de nuit que l'obscurité commence lorsque le soleil se lève, parce que ses faibles yeux ne peuvent percevoir que la faible lumière du crépuscule ou celle de l'aurore à peine naissante, et ils sont éblouis par la clarté trop forte du soleil.

Il y a quelque chose de semblable pour notre faible intelligence par rapport à Dieu, soleil des esprits.

Notre intelligence est la dernière de toutes, inférieure à celle des anges; elle ne voit les vérités intelligibles qu'au crépuscule, dans le miroir inférieur des choses sensibles, comme dans la pénombre.

Notre intelligence a besoin d'être unie aux sens, dit saint Thomas (Ia, q. 76, a. 5), pour que ceux-ci lui présentent l'objet qui lui est proportionné.

La dernière des intelligences connaît d'abord son objet propre : le dernier des intelligibles, l'être des choses sensibles, et c'est en lui, comme en un miroir, qu'elle connaît très imparfaitement l'existence de Dieu, et qu'elle voit le reflet des perfections divines.

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptySam 11 Jan - 17:25

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CHAPITRE V
L'INCOMPRÉHENSIBILITÉ DIVINE

L'obscurité translumineuse


Et donc Dieu est invisible pour nous, parce qu'il est trop lumineux pour nous; tandis que beaucoup de choses sont invisibles parce qu'elles ne sont pas assez lumineuses en soi ou pas assez éclairées.

Il est de toute évidence que Dieu, qui est pur esprit, ne peut être vu par les yeux du corps, qui ne perçoivent que ce qui est sensible. Dieu ne peut être vu non plus par l'intelligence créée, laissée à ses seules forces naturelles.

Même les anges les plus élevés ne peuvent par les seules forces naturelles de leur intelligence voir Dieu immédiatement; Il est, même pour eux, une lumière trop forte, naturellement inaccessible.

Ils ne peuvent naturellement le connaître que dans le miroir des créatures spirituelles, qui constituent leur objet propre, dans le miroir qui est leur propre essence ou nature et l'essence des autres anges. Ils connaissent naturellement Dieu comme l'auteur de leur nature, mais naturellement ils ne peuvent connaître sa vie intime, ni le voir immédiatement face à face.

Pour le voir, il faut que les anges, comme les âmes humaines, aient reçu la lumière de gloire, lumière surnaturelle, qui n'est point due à leur nature, et qui vient fortifier leur intelligence pour qu'elle puisse supporter la splendeur de Celui qui est la Lumière même.
Dieu lui-même ne peut nous donner aucune idée créée capable de représenter son essence divine, telle qu'elle est en soi.

Cette idée créée serait toujours imparfaite, intelligible par participation seulement, et incapable donc de représenter tel qu'il est en soi ce pur éclair intellectuel éternellement subsistant, qu'est l'essence divine et sa vérité infinie.

Si Dieu veut se montrer à nous tel qu'il est en soi, il ne peut le faire qu'immédiatement, en nous manifestant la splendeur infinie de son essence divine, sans l'intermédiaire d'aucune idée créée, en soutenant et fortifiant notre intelligence trop faible par elle-même pour le voir.

C'est ainsi que les bienheureux au ciel voient Dieu, et nous avons le désir d'arriver à cette vision, qui sera notre éternelle béatitude.

Dieu donc est invisible pour les yeux de notre corps et pour ceux de notre esprit, parce qu'il est trop lumineux pour nous.

Mais d'où vient que ce Dieu invisible, contient à la fois pour nous tant de clarté et tant d'obscurité, comme nous le disions en commençant ? D'où vient ce clair-obscur, si attirant et si mystérieux ?

Il est tout à fait évident que Dieu ne peut exister sans être souverainement sage, souverainement bon, souverainement juste, qu'il est l'auteur de tout bien, qu'il ne commande jamais l'impossible. Et alors d'où vient qu'il y ait en lui tant d'obscurités pour nous à côté de cette splendeur éblouissante ?

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyDim 12 Jan - 16:20

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CHAPITRE V
L'INCOMPRÉHENSIBILITÉ DIVINE

L'obscurité translumineuse


Cela vient de ce que nous ne connaissons les perfections divines que par leur reflet dans les créatures, et alors nous pouvons bien énumérer ces divines perfections les unes après les autres, mais nous ne pouvons pas voir naturellement comment elles s'unissent dans la vie intime de Dieu, dans l'éminence de la Déité.

Ce mode intime de leur union nous reste absolument caché; il est trop lumineux pour nous, trop haut pour se refléter dans un miroir créé. Nous sommes, avons-nous dit plus haut, vis-à-vis de la Déité, comme des hommes qui n'auraient jamais vu la lumière blanche, mais seulement les sept couleurs de l'arc-en-ciel reflétées dans l'eau limpide d'un lac.

Nous voyons à n'en pas douter les couleurs de l'arc-en-ciel divin, c'est-à-dire par exemple que Dieu est infiniment sage et qu'il est aussi souverainement libre ; mais nous ne pouvons pas voir comment l'infinie sagesse se concilie intimement avec un bon plaisir tellement libre qu'il peut à certains moments nous paraître arbitraire. Oui, ce bon plaisir est souverainement sage, si surprenant soit-il pour nous ; cela nous le croyons dans l'obscurité, nous ne le verrons clairement qu'au ciel.

De même nous sommes absolument certains que d'une part Dieu est infiniment Miséricordieux, qu'il est aussi infiniment juste et qu'il exerce avec une souveraine liberté sa Miséricorde et sa justice sans manquer jamais de sagesse. Si la grâce de la bonne mort, dit saint Augustin, a été accordée au bon larron, c'est par Miséricorde ; si elle n'a pas été accordée à l'autre, c'est par justice. Il y a là un mystère.

Nous ne pouvons pas voir comment se concilient intimement l'infinie Miséricorde, l'infinie justice et la souveraine liberté. Pour cela il faudrait voir immédiatement l'essence divine, la Déité, qui concilie ces perfections en son éminence, plus et mieux que la lumière blanche ne contient les sept couleurs de l'arc-en-ciel.

C'est ainsi qu'il y a en Dieu pour nous des vérités extrêmement claires sur chaque attribut pris à part, et qu'il y a une obscurité translumineuse, dès qu'il s'agit de leur intime conciliation.

De même encore nous voyons nettement que Dieu, très bon et très puissant, ne peut permettre le mal que pour un plus grand bien, comme la persécution pour la gloire des martyrs ; mais souvent ce plus grand bien reste fort obscur pour nous et nous ne le verrons clairement qu'au ciel.

C'est ce que dit si éloquemment le livre de Job. Il y a assez de clarté pour que Notre-Seigneur ait pu dire : « Qui sequitur me non ambulat in tenebris, celui qui me suit ne marche pas dans les ténèbres ». Et, si obscure que soit notre croix, nous pouvons la porter en lumière, en pensant qu'elle est ordonnée au bien de notre âme et à la gloire de Dieu.

Nous avons souvent à vivre dans ce clair-obscur mystérieux, qui se trouve dans notre existence même considérée dans ses rapports avec celui qui nous attire à Lui sans se montrer encore.

De là naît le vif désir surnaturel et efficace de voir Dieu, désir qui est celui de l'espérance et de la charité infuses. De là naît même chez tous les hommes un désir naturel inefficace, une velléité naturelle de voir Dieu immédiatement pour résoudre cette énigme comment se concilient en Lui certains attributs en apparence aussi opposés que l'infinie Justice et l'infinie Miséricorde.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyLun 13 Jan - 15:49

DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE V
L'INCOMPRÉHENSIBILITÉ DIVINE

L'obscurité translumineuse


Il suit de là que ce qu'il y a pour nous d'obscur et d'incompréhensible en Dieu est supérieur à ce qu'il y a de clair. L'obscurité dont il est ici question est en effet translumineuse.

Ce que les mystiques appellent la grande ténèbre, c'est la Déité, la vie intime de Dieu, qui est la lumière inaccessible, dont parle saint Paul (I Tim., VI, 16.)

On comprend alors ce que dit sainte Thérèse : « J'ai d'autant plus de dévotion pour les mystères de Dieu qu'ils sont plus obscurs ». Elle savait en effet que cette obscurité n'est pas celle de l'absurde ou de l'incohérence, mais celle d'une trop grande lumière pour nos faibles yeux.

Et donc dans ce clair-obscur divin, l'obscur est supérieur au clair. La foi nous dit que cette obscurité impénétrable, c'est le souverain Bien en ce qu'il a de plus intime, et alors à cette bonté absolument éminente, cachée, incompréhensible pour notre intelligence, notre charité adhère ; l'amour se nourrit ici du mystère en l'adorant.

L'amour dépasse ici l'intelligence, car comme le dit saint Thomas, tant que nous n'avons pas la vision béatifique de l'essence divine, notre intelligence attire en quelque sorte Dieu à nous en se le représentant de façon très imparfaite, en lui imposant pour ainsi dire la limite de nos idées bornées, tandis que l'amour, loin d'attirer Dieu à nous, nous attire à Lui et nous unit à Lui (Ia, q. 82, a. 3 ; IIa-IIae, q. 23, a. 6, q. 27, a. 4).

Voilà pourquoi, dans le clair-obscur divin dont nous parlons, l'obscur est supérieur au clair, et pourquoi cette obscurité translumineuse exerce ici-bas chez les saints un tel attrait sur l'amour qui les unit à Dieu.

Justus ex fide vivit ; le juste vit de la foi et se nourrit non seulement de ses lumières, mais de sa divine obscurité qui correspond à ce qu'il y a de plus intime en Dieu ; le contemplatif se nourrit de l'incompréhensibilité de la vie divine et saisit tout le sens de cette parole de saint Thomas : « Fides est de non visis, la foi porte sur ce qui n'est pas vu » (IIa-IIae, q. 1, a. 4 et 5).

Enfin même au ciel, pour les bienheureux, Dieu reste en un sens incompréhensible, bien qu'ils le voient face à face. Ils le voient sans l'intermédiaire d'aucune créature et d'aucune idée, et pourtant leur vision ne saurait être compréhensive comme celle que Dieu seul a naturellement de Lui-même. Pourquoi ?

Saint Thomas l'explique, aisément : « Comprendre une chose, au sens vrai du mot, c'est la connaître autant qu'elle est connaissable.

On peut connaître une proposition de géométrie sans la comprendre; c'est le cas de ceux qui l'admettent seulement sur la foi des savants; ils connaissent bien toute cette proposition : le sujet, le verbe, l'attribut ; mais ils ne saisissent pas sa démonstration; ils ne la connaissent donc pas autant qu'elle est connaissable » (Ia, q. 12, a. 7).

Ainsi le disciple, qui connaît toutes les parties de la doctrine d'un maître, ne la pénètre pas si profondément que lui, et ne saisit que confusément les rapports fonciers de chaque partie avec les principes suprêmes. Ainsi encore le myope voit tout un paysage, sans le voir aussi distinctement que celui qui a de bons yeux.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyMar 14 Jan - 16:24

DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE V
L'INCOMPRÉHENSIBILITÉ DIVINE

L'obscurité translumineuse


De même les bienheureux au ciel voient chacun toute l'essence divine qui est indivisible, mais, comme elle est l'infinie vérité, infiniment connaissable, ils ne sauraient la pénétrer aussi profondément que Dieu même; ils la pénètrent selon l'intensité de la lumière de gloire qu'ils ont reçue, intensité proportionnée à celle de leurs mérites ici-bas ou de leur amour de Dieu.

Ils ne peuvent par suite saisir comme Dieu même la multitude innombrable des êtres possibles que l'essence divine contient virtuellement, ou que Dieu pourrait produire s'il le voulait.

Il y a dans le clair-obscur divin dont nous venons de parler une grande lumière pour notre vie spirituelle. Notre-Seigneur l'exprime ainsi : Qui sequitur me non ambulat in tenebris, sed habebit lumen vitæ. (Jean, VIII, 12.)

La vie de la grâce en nous, étant une participation de la vie intime de Dieu, contient elle aussi pour nous un clair-obscur mystérieux, qu'il faut bien se garder d'altérer ou de fausser. La grâce nous donne la lumière, la consolation, la paix, la tranquillité de l'ordre, par là elle met en nous la clarté. Elle fait que nous ne soyons plus « dans les ombres de la mort ». Par ailleurs elle est d'ordre si élevé, qu'elle est inaccessible à notre raison, et que nous ne pouvons avoir une certitude absolue d'être en état de grâce, bien que nous en ayons des signes suffisants pour nous approcher de la sainte table.

De plus dans la voie que nous avons à suivre, il y a en un autre sens des rayons et des ombres : il y a les préceptes de Dieu et de l'Église, les ordres de nos supérieurs, les conseils d'un directeur, ce sont les rayons ; mais il y a aussi des ombres dans le fond de notre conscience, il n'est pas toujours facile de distinguer l'humilité vraie de la fausse, la magnanimité de l'orgueil, la confiance de la présomption, la force de la témérité.

Enfin et c'est là surtout qu'est le drame intérieur : dans cette obscurité de notre vie, il y a celle d'en haut, celle de la grâce trop lumineuse pour nous, et puis celle d'en bas, qui vient de ce qu'il y a d'inférieur en notre nature blessée.

Demandons souvent au bon Dieu la lumière des dons du Saint-Esprit pour cheminer comme il le faut en ce clair-obscur intérieur. L'erreur et le découragement consisteraient à nier le clair à cause de l'obscur, et à mettre par suite l'absurdité à la place du mystère. Laissons le mystère à sa vraie place. Demandons au Seigneur la grâce de distinguer l'obscurité translumineuse d'en haut, de l'obscurité d'en-bas, qui est celle de la mort.

Pour être plus sûrs d'obtenir cette grâce faisons souvent cette prière « Seigneur, faites-moi connaître les obstacles que je mets de façon plus ou moins consciente au travail de la grâce en moi, et donnez-moi la force de les ôter, si dur que cela puisse être pour moi ».

Nous trouverons ainsi la vraie lumière, et, si l'obscurité subsiste, ce sera celle d'en haut, celle dont le juste peut se nourrir, car elle n'est, pour nos faibles intelligences, qu'un aspect de la lumière de vie et du souverain bien.

En ce sens : « Qui sequitur me non ambulat in tenebris, sed habebit lumen vitæ ». Celui qui me suit ne marche ni dans les ténèbres de l'ignorance religieuse, ni dans celles du péché et de la damnation, mais il marche dans la lumière, car « je suis la voie, la vérité et la vie » et « il aura la lumière de vie » qui ne s'éteint jamais.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyMer 15 Jan - 17:13

DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE V
L'INCOMPRÉHENSIBILITÉ DIVINE

Que faut-il entendre par sagesse ?


Pour attribuer à Dieu la sagesse, il faut d'abord savoir ce que signifie ce mot, ce qu'on entend généralement par là ; cela nous aidera du reste à distinguer deux sagesses extrêmement différentes : celle du monde et celle de Dieu.

Tous les hommes se flattent de savoir ce qu'est la sagesse, même les sceptiques qui la font consister à douter de tout.

La sagesse est une vue d'ensemble sur toutes choses; tout le monde s'accorde là-dessus. Mais ensuite combien de divergences ! - On peut voir toutes choses d'en haut, croire que toutes procèdent d'un saint Amour, ou du moins sont permises par lui et concourent vers un Bien suprême.

Et au contraire on peut voir toutes choses d'en bas, croire que toutes proviennent d'une fatalité matérielle et aveugle, sans aucun but. - Autre divergence : il y a une sagesse faussement optimiste qui s'aveugle sur l'existence du mal, et il y a une sagesse pessimiste et décourageante qui ne voit le bien nulle part.

Saint Paul parle souvent de la sagesse de ce monde, qui est, dit-il, une sottise ou une folie aux yeux de Dieu (I Cor., III, 19). Le propre de la sagesse de ce monde est de voir toutes choses d'en bas. Elle juge de toute la vie humaine par le plaisir terrestre qu'elle donne, par les intérêts matériels à sauvegarder, par les satisfactions qu'y trouvent notre ambition et notre orgueil.

Se placer à ce point de vue pour juger de tout, c'est se faire le centre de tout, et inconsciemment s'adorer soi-même, pratiquement nier Dieu et regarder les autres comme n'existant pour ainsi dire pas.

Si le mondain se sent trop faible pour jouer un pareil rôle, il prend pour règle de ses jugements l'opinion du monde, dont il se fait parfois l'esclave pour obtenir ses faveurs. Or l'opinion du monde fait assez généralement consister la sagesse de la vie, non pas dans un juste milieu entre les vices contraires, mais dans une tiède médiocrité entre le bien véritable et le mal par trop grossier ou pervers. Aux yeux du monde la perfection de la vie chrétienne est un excès, comme l'impiété absolue en est un autre.

Il ne faut rien exagérer, nous dit-on. On en vient ainsi à appeler bien le médiocre, qui n'est qu'un intermédiaire instable et confus entre le bien et le mal. On oublie le sens des notes qu'on donne habituellement aux enfants : très bien, bien, assez bien, médiocre, mal, très mal.

On perd de vue la distance qui sépare du bien le médiocre et on les confond l'un avec l'autre, en restant pour toujours à mi-côte au lieu de monter. On en vient ainsi à appeler charité la tolérance parfois coupable des maux les plus graves.

Sous le nom de tolérance et de prudente modération, cette « sagesse charnelle » est aussi indulgente au vice qu'indifférente à la vertu.

Elle est particulièrement sévère pour ce qui la dépasse et lui semble un reproche ; elle a même parfois la haine de la vertu éminente, qui est la sainteté.

On le vit à l'époque des persécutions, qui ne cessèrent pas sous Marc-Aurèle, un sage selon le monde, qui ne sut pas voir la grandeur du christianisme malgré le sang de tant de martyrs.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyJeu 16 Jan - 16:38

DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE VI
Que faut-il entendre par sagesse ?


Cette sagesse du monde, qui se complaît en elle-même, est, dit saint Paul, « une folie aux yeux de Dieu » (I Cor., III, 19). - Parce qu'elle se complaît en elle-même, elle en arrive à juger de tout, même des choses les plus sublimes et du salut, par ce qu'il y a de plus médiocre et de plus vain. Elle renverse complètement l'échelle des valeurs, et mérite le nom de sottise.

Cela nous montre que la véritable sagesse est une vue supérieure des choses qui les considère comme dépendantes de Dieu, leur Cause suprême, et comme ordonnées à Dieu, leur fin dernière; tandis que la sottise, opposée à la sagesse, est le jugement de l'insensé qui considère toutes choses du point de vue le plus inférieur en les ramenant à ce qu'il y a de plus infime, à une fatalité matérielle et aveugle, ou au plaisir passager de cette vie.

- C'est ce qui fait dire à Notre-Seigneur : « Que sert de gagner l'univers, si l'on vient à perdre son âme », et à saint Paul : « Si quelqu'un veut devenir véritablement sage, qu'il devienne fou aux yeux du monde. En effet la sagesse de ce monde est folie devant Dieu ; car il est écrit je prendrai les sages dans leurs propres ruses. Et encore le Seigneur connaît les pensées des sages, et il sait qu'elles sont vaines. Que personne donc ne mette sa gloire dans des hommes ». (I Cor., III, 18.)

Voyons donc par contraste ce qu'est la Sagesse de Dieu. Considérons-la d'abord en elle-même, et ensuite relativement à nous.

La sagesse divine en elle-même
En elle-même la Sagesse divine est la connaissance que Dieu a de Lui-même et de toutes choses, en tant qu'il est leur cause suprême et leur fin dernière : cognitio divina omnium rerum per altissimas causas.

En d'autres termes c'est une connaissance lumineuse incréée, qui pénètre tout l'être de Dieu, et qui, de ces hauteurs, par sa pureté même, sans se souiller en rien, s'étend éternellement à tout ce qui est possible, et aussi à tout ce qui est, a été et sera, si infime ou si mauvais que ce puisse être. Tout cela, vu d'un seul regard, du point de vue le plus élevé qui se puisse concevoir.

Arrêtons-nous sur chacun de ces termes, pour entrevoir les splendeurs qu'ils cherchent à exprimer.

a. - Tout d'abord la sagesse divine est une connaissance lumineuse incréée dont le livre de la Sagesse VII, 24, 28, nous dit : « Elle est plus belle que le soleil (le soleil auprès d'elle n'est qu'une ombre, comme une tache obscure); comparée à la lumière, la Sagesse divine l'emporte sur elle, car la lumière fait place à la nuit, tandis que les ténèbres et le mal ne peuvent prévaloir contre la splendeur de la Sagesse incréée... Elle est une pure émanation de la gloire du Tout-Puissant, aussi rien de souillé ne peut tomber sur elle. Elle est le resplendissement de la lumière éternelle ». Candor est lucis æternæ.

b. - Cette connaissance lumineuse incréée pénètre tout l'être de Dieu. Il n'y a en lui pour son intelligence rien de caché, d'obscur, de mystérieux. Nous sommes, nous, un mystère pour nous-mêmes, à cause des mille mouvements de sensibilité plus ou moins inconscients, qui influent sur nos jugements et notre volonté, à cause aussi des grâces mystérieuses, offertes et souvent peut-être indirectement refusées.

Les âmes les plus limpides peuvent-elles se vanter de se connaître pleinement elles-mêmes :
Je ne me juge pas moi-même, dit saint Paul ; car quoique je ne me sente coupable de rien, je ne suis pas pour cela justifié ; mon juge c'est le Seigneur ». I Cor., IV, 4.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptySam 18 Jan - 2:44

DEUXIÈME PARTIE
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CHAPITRE VI

La sagesse divine en elle-même


Le Seigneur, lui, se connaît pleinement lui-même, autant qu'il est connaissable.
Nous ne le connaissons, nous, que par l'intermédiaire des créatures, par son reflet en elles. Il se connaît, lui, immédiatement.

Les bienheureux qui sont au ciel le voient bien aussi immédiatement, mais sans épuiser par là la plénitude infinie de son être et de sa vérité. Dieu, lui, se voit immédiatement et d'une façon compréhensive, il épuise par sa connaissance infinie la profondeur infinie de la vérité qui est en lui.

Bien plus, sa pensée lumineuse pénètre tellement son être tout immatériel, qu'elle s'identifie absolument avec lui. Pas de sommeil qui vienne interrompre en lui la vie de l'esprit ; pas de progrès qui le fasse passer d'une connaissance imparfaite à une connaissance plus parfaite ; il est par essence et de toute éternité la perfection même : un pur éclair intellectuel éternellement subsistant, la lumière spirituelle incréée au sommet de tout. (Cf. saint Thomas, Ia, q. 14, a. 1, 2, 3. 4.)

c. - De ces hauteurs la connaissance de Dieu s'étend instantanément, dans l'unique instant de l'éternité, à tout ce qui est possible, à tout ce qui existe, à tout ce qui a été et sera, si infime ou si mauvais que ce puisse être.

Comment Dieu connaît-il tout ce qui est possible, la multitude infinie et innombrable des êtres possibles ? Parce qu'il connaît pleinement sa toute-puissance qui les peut produire. Tel un artiste qui se complaît à la pensée d'œuvres très belles qu'il entrevoit, qu'il pourrait réaliser, mais qui ne verront jamais le jour.

Et comment Dieu connaît-il d'en haut les choses qui existent, tout ce qui a été et tout ce qui sera ? D'où lui vient cette connaissance ? La reçoit-il, comme nous, des choses qui arrivent à l'existence, au fur et à mesure qu'elles arrivent ?

C'est ainsi que les événements nous instruisent, et perfectionnent notre connaissance si imparfaite au début. - Dieu peut-il s'instruire par les faits quand ils arrivent à l'existence ? Évidemment non, car sa connaissance ne peut passer d'un état imparfait à un autre plus parfait ; il est la Perfection même. Et alors que faut-il dire ?

Il faut dire, remarque saint Thomas (Ia, q. 14, a. Cool, que tandis que notre connaissance à nous est mesurée par les choses dont elle dépend, la sagesse de Dieu est cause des choses; elle les mesure, au lieu d'être mesurée par elles.

La sagesse divine est cause des choses créées, comme l'art du sculpteur est cause de la statue, comme l'art de Beethoven a produit ses immortelles symphonies, comme l'art de Dante a produit la Divine Comédie.

Mais tandis que le sculpteur ne peut faire que des statues inertes, tandis que le grand musicien et le grand poète ne peuvent qu'ordonner des sons et des mots pour exprimer leur pensée, Dieu par sa sagesse crée des êtres vivants, conscients, intelligents, des âmes humaines et des milliers et des milliers d'anges.

« La science de Dieu, unie à sa volonté, est cause des choses, dit saint Thomas, comme l'art de l'artiste est cause de l'œuvre d'art ». (Ia, q. XIV, a. 8.)

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptySam 18 Jan - 16:26

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CHAPITRE VI

La sagesse divine en elle-même


Il est clair en effet, que Dieu ne peut pas mendier sa sagesse aux choses, pas plus que Beethoven ne peut s'instruire par ses propres partitions. Les choses qui arrivent ne peuvent rien apprendre au Seigneur ; mais c'est au contraire par sa connaissance féconde qu'il donne aux choses d'exister.

Comment ? En tant qu'il connaît non seulement tout ce qu'il est, mais tout ce qu'il peut et tout ce qu'il réalise, soit qu'il le réalise seul, comme lorsqu'il a créé au premier jour, soit qu'il le réalise avec nous et par nous, comme lorsqu'il nous porte à faire librement les actes que nous posons au jour le jour.

Et d'avance, dans l'unique instant de l'éternité, Dieu connaît tout ce qui sera, par exemple toutes les prières qu'il nous portera à faire librement plus tard pour obtenir les grâces qui nous sont nécessaires. Nous y reviendrons en parlant de la Providence.

La science de Dieu, loin d'être comme la nôtre causée par les choses, est donc manifestement cause des choses, qui sont les œuvres de l'art divin, du génie de Dieu.

Mais ces choses créées, Dieu les connaît-il seulement d'une façon générale et confuse, ou bien d'une façon précise, jusque dans les moindres détails ?

La révélation nous dit que « tout ce que fait l'homme, Dieu le voit » (Prov., XVI, 2) et que tous nos cheveux sont comptés, que nos moindres actes sont connus de Lui.

Comment ? C'est qu'aucun détail n'existe, que si Dieu concourt à le produire, en ce qu'il a de réel et de bon; il n'y a que le péché que Dieu ne puisse produire, car le péché comme tel est un désordre, désordre qui n'est pas de l'être, mais une privation de ce qui devrait être. La causalité divine s'étendant à tout, même aux moindres détails, la science divine s'étend elle aussi à tout; car Dieu connaît évidemment tout ce qu'il fait, tout ce qu'il concourt à produire.

Quant au péché, il ne fait que le permettre, le tolérer, en vue d'un plus grand bien. C'est par cette permission qu'il le connaît, et il le voit dans sa défaite finale, qui concourra encore à sa manière à la manifestation du bien. Nous le saisirons mieux en parlant de la Providence.

Et donc la connaissance que Dieu a de tout ce qu'il y a de réel et de bon dans le monde, vient de Lui, c'est en Lui qu'il la puise.

La sagesse divine comparée à la sagesse humaine la plus haute

Tandis que nous connaissons les choses spirituelles et divines d'en bas dans le miroir des choses sensibles, Dieu voit toutes choses d'en haut, en soi-même, dans sa causalité éminente.

Nous autres, quoi que nous fassions, sur la terre nous voyons les choses spirituelles et divines par leur reflet dans les choses matérielles; c'est ainsi que nous accordons une importance énorme à des événements matériels, comme au fait de perdre un œil, tandis que des événements spirituels d'une portée incalculable, comme dans l'ordre du bien un acte de charité et dans celui du mal un péché mortel, passent presque inaperçus.

En d'autres termes nous voyons les choses spirituelles et divines comme au crépuscule, dans l'ombre des choses sensibles; c'est, pour parler comme saint Augustin, la vision du soir.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyDim 19 Jan - 15:29

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CHAPITRE VI


La sagesse divine comparée à la sagesse humaine la plus haute

Inversement Dieu dans un éternel matin se connaît tout d'abord Lui-même et c'est en sa très pure essence qu'il voit d'en haut toutes les créatures possibles et toutes celles qui existent, ont existé et existeront.

C'est d'en haut, dans les choses spirituelles, qu'il voit les choses matérielles. Pour entendre une symphonie, il n'a point besoin de sens comme nous, mais il la connaît d'en haut par la loi musicale qui l'engendre, beaucoup mieux que l'artiste de génie qui la compose.

Dieu ne voit pas l'âme du juste par son corps, mais il voit plutôt son corps par son âme, comme une irradiation de l'âme.

Et donc rien d'extérieur, la fortune et tous ses dehors, ne saurait l'éblouir, le talent non plus; ce qui compte pour Dieu c'est la charité. Un mendiant, qui sous ses haillons porte le cœur d'un saint, vaut incomparablement plus aux yeux de Dieu qu'un César dans tout l'éclat de sa gloire humaine.

Il fait de même une immense différence entre le petit enfant non encore baptisé et ce même enfant après le baptême.

Tandis que la Passion du Sauveur nous paraît sombre à la lumière d'ici-bas, combien elle doit être radieuse vue d'en haut dans la lumière de Dieu, comme le sommet de l'histoire de l'humanité, le sommet vers lequel tout monte dans l'Ancien Testament, et duquel tout descend dans le Nouveau.

Dieu voit les choses non pas immédiatement en elles-mêmes dans leur obscure lumière créée, comme s'il descendait au niveau des choses et en dépendait. Il les voit en lui-même dans sa lumière éclatante, et ne peut les voir que d'en haut. Toute autre connaissance serait une imperfection, et cesserait d'être la contemplation divine. La sagesse divine voit tout ce qu'il y a de réel et de bon dans les créatures comme le rayonnement de la gloire de Celui qui est.

De même, tandis que nous ne concevons guère l'éternité que par rapport au temps dans lequel nous vivons, Dieu voit toute la suite des temps dans la lumière de l'immobile éternité.

Comme un homme, placé sur une montagne, voit d'un seul regard tous ceux qui défilent dans la plaine, ainsi dans un instant unique et éternel Dieu voit toute la suite des temps; il voit en même temps notre naissance et notre mort, nos épreuves et la gloire qu'elles nous méritent, les souffrances des justes et le profit spirituel sans fin qui en résultera. Il voit les effets dans leurs causes et les moyens dans les fins auxquelles ils sont subordonnés.

La vie des saints nous parait très belle, même vue du dehors telle que l'histoire nous la raconte; elle est incomparablement plus belle dans la pensée de Dieu.

Dieu voit tout par l'intérieur et d'en haut, il voit immédiatement la grâce qui est dans l'âme des justes, leur degré de charité, celui auquel ils arriveront au terme du voyage.

Il voit nos vies sous l'idée divine qui les dirige, idée qui ne se réalisera pleinement qu'au ciel. Entre notre sagesse et celle de Dieu il y a la différence du vitrail vu du dehors et du vitrail vu du dedans de l'église.

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyLun 20 Jan - 16:51

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CHAPITRE VI
La sagesse divine comparée à la sagesse humaine la plus haute


Cette sagesse infinie de Dieu s'est manifestée à nous en Notre-Seigneur, Verbe incarné, en sa vie, en sa prédication, en sa mort, en sa résurrection, en son ascension. Et Notre-Seigneur nous a donné de participer à cette divine sagesse, par la foi vive éclairée par les dons du Saint-Esprit, par les dons d'intelligence et de sagesse, qui nous font pénétrer et goûter les mystères du salut. Habituons-nous ainsi, c'est notre conclusion pratique, à voir peu à peu les choses du point de vue supérieur de Dieu, à les considérer, non pas par rapport au plaisir qu'elles peuvent nous donner, non pas par rapport aux satisfactions de l'amour-propre ou de l'orgueil, mais par rapport à Dieu, cause première et fin dernière.

Habituons-nous peu à peu, par l'esprit de foi, à voir en quelque sorte dans la pénombre de la foi toutes choses en Dieu, les événements agréables comme des signes de sa bonté, les événements pénibles et imprévus comme un appel à monter plus haut, comme des grâces cachées, purificatrices, plus précieuses souvent que les consolations. Saint Pierre était plus près de Dieu quand il fut crucifié que lorsqu'il était sur le Thabor.

Si nous nous habituons ainsi à vivre de la foi et du don de sagesse, nous nous disposerons chaque jour un peu mieux à recevoir la connaissance qui nous sera donnée au terme du voyage, où alors nous verrons Dieu immédiatement, et en lui tout ce qui procède de lui, surtout ce que ici-bas nous aurons surnaturellement aimé. Ainsi saint Dominique ou saint François voient en Dieu les destinées de leur ordre, et une mère chrétienne parvenue au ciel voit en Dieu les besoins spirituels de son fils encore sur la terre, et la prière qu'elle doit faire pour lui.

Cette sagesse correspond à la béatitude des pacifiques. Au ciel elle donnera la paix immuable unie à la joie parfaite; dès ici-bas, même lorsque nous n'avons pas la joie, elle donne la Paix, la tranquillité de l'ordre dans l'union à Dieu.

CHAPITRE VII
LA VOLONTÉ ET LE SAINT AMOUR DE DIEU


Après avoir parlé de l'intelligence et de la sagesse de Dieu, pour avoir une juste idée de la Providence, il faut considérer ce qu'est sa sainte volonté et son amour pour lui-même et pour nous. La Providence en Dieu, comme la prudence en nous, suppose en effet l'amour du Bien suprême, auquel elle ordonne toutes choses.

Il n'y a pas de nom plus profané que celui de l'amour. S'il y a une sagesse charnelle, que saint Paul appelle une sottise et une folie, il y a aussi un amour inférieur, qui n'est que l'égoïsme le plus grossier et qui tourne parfois, en un clin d'œil, par la jalousie, à la haine la plus furieuse. Si bas pourtant que puisse descendre une âme, elle ne peut tout à fait oublier qu'il y a dans l'amour vrai une perfection si haute et si pure qu'on y chercherait en vain l'imperfection.

Si l'on nous demande : la tristesse peut-elle être en Dieu ? nous voyons tout de suite que non. Si l'on nous demande : la colère peut-elle être en Dieu ? nous comprenons vite qu'elle ne peut lui être attribuée que par métaphore, pour désigner la justice. Si l'on nous demande : l'amour est-il formellement en Dieu ? nous n'hésitons pas, nous affirmons que Dieu nous aime au sens propre et selon toute la plénitude du mot.

Voyons donc : 1° comment l'Amour est en Dieu, comment il s'aime lui-même et 2° ce qu'est l'Amour de Dieu pour nous. Nous suivrons toujours saint Thomas (Ia, q. 19 et 20) et en parlant de l'amour de Dieu pour nous, nous verrons avec lui ce qu'il faut entendre par la volonté de Dieu signifiée et par sa volonté de bon plaisir, distinction capitale pour bien comprendre ce que doit être l'abandon à la Providence.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyMar 21 Jan - 16:10

DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE VII
LA VOLONTÉ ET LE SAINT AMOUR DE DIEU

L'amour de Dieu pour lui-même


L'Amour tel qu'il est en Dieu, ne peut pas être une passion ou émotion de sensibilité, si réglée même qu'on suppose cette émotion. Il n'y a pas en effet en Dieu de sensibilité, il est Esprit pur.

Mais l'intelligence divine, qui connaît le bien, ne peut pas exister sans la volonté divine qui veut le bien. Cette volonté ne peut être une simple faculté de vouloir; elle serait imparfaite, si elle n'était par elle-même toujours en acte, et l'acte premier de la volonté c'est l'amour du bien, amour tout spirituel comme l'intelligence qui le dirige. Tous les actes de la volonté, qu'ils s'appellent désirer, vouloir, consentir, choisir, utiliser ou même haïr, procèdent de l'amour, qui est l'éveil même de la volonté à son contact avec le bien, son objet (Ia, q. 20, a. 1).

Il y a donc nécessairement, en Dieu, un acte tout spirituel et éternel d'amour du Bien, et ce Bien, aimé de toute éternité, c'est Dieu même, son infinie perfection, qui est la plénitude de l'être. Dieu s'aime autant qu'il est aimable, c'est-à-dire infiniment, par un acte nécessaire, qui est au-dessus et non pas au-dessous de la liberté. Cet amour s'identifie même avec le Souverain Bien aimé par-dessus tout; son ardeur mérite le nom de zèle, il est comme une flamme ardente éternellement subsistante « Ignis ardens... » « Deus ignis consumens est » dit l'Écriture. Deut., IV, 24.

Il est bon de penser à cet amour ardent du bien qui existe de toute éternité en Dieu, surtout lorsqu'on voit tant d'injustices sur la terre, tant de haines, de jalousies, et lorsqu'on sent en son propre cœur l'amour du bien si faible parfois, si peu constant et persévérant.

Nous lisons dans l'Évangile : « Bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés », c'est là l'amour ardent du bien, plus fort que toutes les contradictions, que toutes les lassitudes et tentations de découragement, fort comme la mort, plus fort qu'elle, comme nous l'avons vu en Notre-Seigneur et dans les martyrs.

Et cet amour si fort et si ardent du bien, qui doit arriver à dominer tout en nos cœurs, est comme une étincelle de ce brasier spirituel, qu'est l'amour incréé du Souverain Bien en Dieu.

Quelles sont les propriétés de cet amour ?

Il est d'abord souverainement SAINT, ou mieux il est la sainteté même; c'est-à-dire qu'il est absolument pur, et immuable dans sa pureté. Absolument pur, car évidemment ni le péché, ni l'imperfection, ne peuvent le souiller, ni l'altérer en rien; c'est trop clair, puisque le péché consiste à se détourner de Dieu ou de ses ordres, et l'imperfection à ne pas suivre ses conseils.

Cet amour est immuable en sa pureté, car Dieu ne peut cesser d'être le souverain bien, et il ne peut cesser de se connaître, ni par suite de s'aimer. Il s'aime nécessairement et non seulement son amour adhère immuablement au souverain bien, mais il s'identifie avec lui en l'aimant par-dessus tout. (Cf. Saint Thomas, Ia, q. 19, a. 3 et 7.)

Chose étrange, des philosophes, comme Kant, se sont égarés au point de voir dans cet amour par lequel Dieu se préfère à tout, non pas la Sainteté même, mais le comble de l'égoïsme. Aussi ont-ils prétendu que Dieu ne peut s'aimer ainsi par-dessus tout, et qu'il n'a pu nous créer pour sa gloire, mais seulement pour nous-mêmes; par suite ce que nous devrions aimer par-dessus tout, ce ne serait pas Lui, mais notre dignité personnelle.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyMer 22 Jan - 16:51

DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE VII
LA VOLONTÉ ET LE SAINT AMOUR DE DIEU

Quelles sont les propriétés de cet amour ?


Cette aberration inouïe, sous prétexte d'écarter de Dieu l'égoïsme, nous le conseille à nous comme idéal. Elle confond les deux extrêmes : la sainteté et l'égoïsme, parce qu'elle oublie de définir celui-ci.

L'égoïsme est l'amour désordonné de soi-même, par lequel on se préfère au Souverain Bien, à Dieu, ou encore à sa famille, à sa patrie. Mais comment Dieu pourrait-il se préférer au Souverain Bien ? Il s'identifie avec lui.

Lors donc que Dieu se préfère à tout, c'est le Souverain Bien qu'il préfère; s'il agissait autrement, ce serait un désordre intolérable, comme lorsque l'avare préfère son or à sa propre dignité. Si Dieu préférait à lui-même une créature, ce serait comme un péché mortel en Dieu, c'est-à-dire la dernière des absurdités.

Et donc lorsque Dieu crée, ce n'est nullement par égoïsme, c'est au contraire pour manifester sa bonté, et s'il subordonne tout à Lui, c'est au Souverain Bien qu'il nous subordonne, pour notre plus grand bonheur; notre béatitude est incomparablement plus grande, si elle consiste à posséder Dieu et à l'aimer, en le louant, que si elle consistait à nous complaire en notre dignité personnelle. De même notre gloire est d'autant plus grande que nous glorifions Dieu davantage.

« Non nobis Domine, non nobis, sed nomini tuo da gloriam » - Notre plus grande gloire, Seigneur, est de vous glorifier vous-même.

L'amour de Dieu pour lui-même, loin d'être entaché d'égoïsme, est donc la sainteté même.
Et non seulement il est absolument pur et impeccable, mais il s'accompagne d'une sainte haine du mal, qui en est la rigoureuse conséquence. On ne peut en effet vraiment aimer le bien, sans détester le mal; on ne peut aimer le Souverain Bien pardessus tout, sans détester souverainement le péché.

Dieu ne peut avoir le zèle très saint de sa Gloire, c'est-à-dire de la manifestation de sa bonté, sans détester le péché avec la même ardeur. C'est l'évidence même. Il ne peut en rien pactiser avec le mal, chercher un compromis avec lui. Dans le clair-obscur divin, c'est là le clair. Mais voici l'obscur : pourtant le mal arrive, et, à l'égard du mal obstiné, l'amour de Dieu, qui est la douceur même, devient terrible. Fortis est ut mors dilectio, dura sicut infernus æmulatio. Dieu a la haine brûlante du mal : elle n'est que l'envers de son ardent amour du Bien.

Sainteté attirante et redoutable, douce et terrible comme la maison de Dieu dont parle Jacob (Gen., 28, 17).

Cette sainteté implique toutes les perfections, même les plus opposées en apparence, comme l'infinie miséricorde et l'infinie justice, les deux grandes vertus de l'amour divin.
Il y a dans ce saint amour de Dieu pour lui-même une double leçon : 1° nous devons aimer Dieu plus que nous, puisqu'il est infiniment meilleur que nous, le préférer à nous au moins d'un amour d'estime, mais efficace, qui oriente toute notre vie vers lui. 2° Comme Dieu s'aime saintement, nous devons aimer saintement notre âme, aimer sa destinée ; elle est faite pour glorifier Dieu éternellement. Aimons-nous aussi saintement nous-mêmes en Dieu et pour Dieu, c'est la manière de combattre l'égoïsme qui est l'amour désordonné de soi-même. En un sens l'égoïste s'aime trop, en aimant trop la partie inférieure de lui-même, mais en un autre sens il ne s'aime pas assez, il n'aime pas assez la partie spirituelle de son âme, celle qui est faite pour chanter la gloire de Dieu. (Cf. Saint Thomas, Ia-IIae, q. 29, a. 4 ; IIa-IIae, q. 25, a. 7).

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyJeu 23 Jan - 16:35

DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE VII
LA VOLONTÉ ET LE SAINT AMOUR DE DIEU

L'Amour de Dieu pour nous


Si tel est l'amour de Dieu pour lui-même, comment peut-il se porter sur d'autres que lui ?
Des incrédules, les Déistes, prétendent que Dieu ne peut nous aimer au sens vrai de ce mot, qui ne serait ici qu'une métaphore. Ils disent : aimer un autre être, c'est être attiré par lui. Or Dieu, qui est la plénitude de tout bien, ne peut être attiré par nous, ne peut être passif sous l'attrait de ce bien infime que nous sommes.

La réponse à cette objection des Déistes est que l'Amour de Dieu pour nous n'est nullement passif, mais est essentiellement actif, créateur, vivificateur, tout de générosité et souverainement libre; c'est un véritable amour au sens le plus propre et le plus fort du mot.

Tout d'abord l'amour de Dieu pour nous ne saurait être en rien passif. Celui qui est la plénitude de tout bien ne peut certes pas être attiré par un bien créé, être passif sous l'attrait de ce bien infime, être captivé par lui. -

Ce n'est point parce qu'il nous a trouvés aimables que Dieu nous aime, mais c'est parce qu'il nous a aimés que nous sommes aimables à ses yeux. « Qu'avons-nous, que nous ne l'ayons reçu ? » dit saint Paul. Et saint Thomas ajoute : « Amor Dei est infundens et creans bonitatem in rebus ». (Ia, q. 20, a. 2).

Tout le bien naturel ou surnaturel, qui est en nous, ne peut nous venir que de Dieu, source de tout bien, ne peut nous venir que de son Amour créateur et vivificateur. Loin de supposer l'amabilité en nous, cet Amour la pose, la crée, la conserve et l'augmente, sans pourtant violenter notre liberté.

Pourquoi donc Dieu nous a-t-il ainsi aimés de cet amour créateur ? Pourquoi nous a-t-il donné l'existence, la vie, l'intelligence, la volonté ? Par pure générosité. N'est-ce pas une propriété du Bien de se répandre, de se donner généreusement : le Bien est essentiellement diffusif de soi, la bonté est naturellement communicative. Dans l'ordre physique, le soleil répand autour de lui sa lumière et sa chaleur fécondante; la plante et l'animal arrivés à leur perfection se reproduisent.

Dans l'ordre moral et spirituel, celui qui a la passion du bien, comme le saint, n'a de repos qu'il n'ait suscité chez les autres les mêmes aspirations, le même amour. Se peut-il que Dieu soit le Souverain Bien, la plénitude de l'être, l'amour éternel du Bien, le zèle ou l'ardeur de l'amour, et qu'il ne lui convienne pas hautement de répandre les richesses qui sont en lui, comme le chanteur est heureux de faire retentir au dehors toutes les harmonies de son chant ?

Il convient donc hautement que Dieu nous aime de cet amour créateur, en nous donnant l'existence et la vie.

S'ensuit-il que la création n'est pas libre ? que Dieu ne serait ni bon, ni sage, s'il ne créait pas ?

Non, l'Écriture nous dit que « Dieu opère toutes choses d'après le décret de sa libre volonté » (Eph., I, 11), et l'Église proclame la liberté absolue de l'Amour créateur. Il y a certes une haute convenance à ce que Dieu crée, mais à ce qu'il crée très librement, de telle sorte qu'il n'y aurait aucun inconvénient s'il n'avait pas créé; Dieu n'en serait pas moins, dans sa vie intime, infiniment bon et infiniment sage. Comme le dit Bossuet, Dieu n'est pas plus grand pour avoir créé l'univers. Sa perfection infinie n'a pu s'accroître en rien du fait qu'il nous a donné l'existence.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptySam 25 Jan - 4:49

DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE VII
LA VOLONTÉ ET LE SAINT AMOUR DE DIEU

L'Amour de Dieu pour nous

La création est un acte d'amour absolument libre; et les dons naturels que nous avons reçus sont en ce sens gratuits.

Mais il y a en Dieu un acte d'amour plus grand et plus libre encore, celui par lequel il nous a fait ce don encore plus gratuit de la grâce, participation de sa vie intime, don nullement exigé par notre nature. Par cet amour vivificateur, il nous a rendus aimables à ses yeux, non seulement comme ses créatures, mais comme ses enfants, en nous disposant ainsi à Le voir et à jouir de Lui pour l'éternité.

Nous sommes beaucoup plus aimés de Dieu que nous ne pensons; pour savoir, à quel point il nous aime, il faudrait connaître pleinement le prix de la grâce qui s'épanouira dans la gloire, il faudrait avoir vu Dieu au moins un instant.

Le comble de l'amour de Dieu pour nous a été enfin l'Incarnation, la Rédemption, l'Eucharistie. Pour savoir combien Dieu nous aime, il faudrait parfaitement connaître le prix infini de l'Incarnation rédemptrice, des mérites de Notre-Seigneur pour nous, et de toutes les grâces spirituelles qui en dérivent.

Sainte Anne donnant le jour à Marie, était beaucoup plus aimée de Dieu qu'elle ne le pensait; elle ne pouvait prévoir que la fille que Dieu lui donnait serait la Mère du Sauveur et la Mère de tous les hommes.

De même, toute proportion gardée, Dieu nous aime beaucoup plus que nous ne pensons, surtout à ces heures d'épreuve, où il semble nous abandonner, et où il nous accorde ses grâces les plus précieuses, les plus profondes et les plus vivifiantes. A ces heures disons comme sainte Thérèse : « Seigneur, vous savez tout, vous pouvez tout et vous m'aimez ».

Tel est essentiellement l'amour de Dieu pour nous amour créateur, vivificateur, tout de générosité et souverainement libre.

Quelles sont les propriétés de cet amour ?

Quatre principales : Il est universel, il a pourtant ses libres préférences, pleines de sagesse, et il est invincible.

Cet amour est universel : il s'étend même aux créatures inférieures. Dieu les aime, comme le père de famille aime ses champs, sa maison, les animaux qui le servent. Mais l'amour de Dieu s'étend surtout aux âmes, à l'âme du pécheur qu'il porte à se convertir, à l'âme du juste pour le faire persévérer, à l'âme éprouvée pour la soutenir, à l'âme qui va paraître devant lui, au dernier moment de la vie (Ia, q. 20, a. 2 et 3).

Cet amour universel a pourtant ses libres préférences. S'il donne à toutes les âmes les grâces nécessaires et suffisantes pour le salut, il donne à certaines des grâces de prédilection, à saint Joseph, à saint Pierre, à saint Jean, à saint Paul, aux fondateurs d'ordres.

Et tous ces saints disent comme saint Paul : « Qu'avons-nous, que nous ne l'ayons reçu ? » (I Cor., IV, 7). « C'est Dieu qui opère en nous le vouloir et le faire selon bon plaisir » (Phil., II,13). Le Seigneur accorde à certains des grâces de prédilections, comme le chanteur donne quand il lui plaît des notes plus éclatantes. Dieu jette dans les âmes la semence divine plus ou moins belle, selon son bon plaisir.

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyDim 26 Jan - 3:11


DEUXIÈME PARTIE
LES PERFECTIONS DE DIEU QUE SA PROVIDENCE SUPPOSE

CHAPITRE VII
LA VOLONTÉ ET LE SAINT AMOUR DE DIEU


Cette souveraine liberté en ses libres préférences conserve toujours pourtant l'ordre admirable de la Sagesse et de la Charité. « Ce sont toujours les meilleurs que Dieu préfère, car, son amour étant source de tout bien, nul ne serait meilleur qu'un autre, s'il n'était plus aimé par Dieu » dit saint Thomas (Ia, q. 20, a. 3).

Dieu préfère les esprits aux corps qui sont créés pour les esprits; il préfère à toutes les âmes et à tous les esprits créés la Mère du Verbe incarné, à la Vierge il préfère son Fils unique.

Si le Christ a été livré pour nous, ce n'est point que Dieu l'aime moins que nous, c'est pour que le Christ, en nous sauvant, devienne le vainqueur glorieux du démon, du péché et de la mort (Cf. saint Thomas, Ia, q. 20, a. 4, ad 1).

Dieu dans son amour subordonne tout à la manifestation de sa bonté. Confitemini Domino quoniam bonus. « Reconnaissez que le Seigneur est bon, sa Miséricorde est éternelle », répète constamment le Psaume 135.

Une dernière perfection de l'amour, c'est qu'il est d'une force invincible, en ce sens que rien ne peut lui résister sans sa divine permission, et que par sa puissance il fait que tout finalement concourt au bien. En ce sens l'amour de Dieu est plus fort que la mort, plus fort que la mort physique, car il a ressuscité le Christ Jésus, et il nous ressuscitera au dernier jour. Il est plus fort que la mort spirituelle, car il n'est pas impuissant à convertir le pécheur le plus endurci; il ressuscite les âmes mortes, non pas une fois, mais combien souvent dans le cours de l'existence terrestre !

La volonté de Dieu signifiée et celle de bon plaisir

Il est évident que nous devons conformer notre volonté à la volonté divine et à son saint amour. Car, comme le dit saint Thomas[20], la bonté de nos actes volontaires et de notre volonté elle-même dépend de leur fin; or la fin dernière de la volonté humaine est le Souverain Bien, qui est l'objet premier de la volonté divine, celui pour lequel elle veut toutes choses.

Mais il faut distinguer ici, avec toute la tradition, la volonté divine de bon plaisir et la volonté divine signifiée[21]. On entend par volonté divine signifiée ces signes de la volonté de Dieu qui sont les préceptes, les prohibitions, l'esprit des conseils, et les événements voulus ou permis par Dieu. La volonté divine ainsi signifiée, surtout celle qui est manifestée par les préceptes, est le domaine de l'obéissance. C'est d'elle qu'il s'agit, remarque saint Thomas[22], lorsque nous disons dans le Pater : « Fiat voluntas tua ».

Quant à la volonté divine de bon plaisir, c'est l'acte intérieur de la volonté de Dieu, qui souvent n'est pas encore manifesté, signifié; c'est celui dont dépend l'avenir encore incertain pour nous : événements futurs, joies et épreuves de brève ou longue durée, heure et circonstances de notre mort, etc.

Comme le remarque saint François de Sales[23] et après lui Bossuet[24], si la volonté signifiée est le domaine de l'obéissance, la volonté de bon plaisir est le domaine de l'abandon confiant.

Comme nous le dirons longuement ensuite: en conformant au jour le jour notre volonté à la volonté divine signifiée, nous devons pour le reste nous abandonner avec confiance à la volonté divine de bon plaisir, car nous sommes sûrs d'avance qu'elle ne veut rien et ne permet rien que pour le bien spirituel et éternel de ceux qui aiment le Seigneur et persévèrent dans cet amour.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyDim 26 Jan - 15:52

DEUXIÈME PARTIE
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CHAPITRE VII
LA VOLONTÉ ET LE SAINT AMOUR DE DIEU

La volonté de Dieu signifiée et celle de bon plaisir


Telle est la sainte volonté de Dieu et son amour pour nous. Cet amour nous est apparu en Notre Seigneur, dont le cœur est une fournaise ardente de charité.

L'amour du Christ pour nous, comme celui de son Père, est absolument saint, il est aussi tout de générosité : ce n'est pas lui qui a été attiré par nous, mais il nous a attirés à lui : « Ce n'est pas vous, dit-il, qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisis ». - L'Amour de Jésus pour son Père et pour nous a été aussi invincible; c'est cet amour qui l'a fait mourir, mais par sa mort Jésus a ressuscité les âmes et a ramené sur elles le fleuve des miséricordes divines.

Conclusion pratique :

Il faut se laisser aimer par cet amour très saint, purificateur et vivificateur il faut se laisser purifier par lui, si pénible que ce puisse être à certaines heures. Il faut aussi lui répondre généreusement, selon ce mot de saint Jean « Aimons le Seigneur, notre Dieu, parce qu'il nous a aimés le premier » (I Jean, IV, 19). Il faut aimer le Seigneur avec pureté d'intention pour lui-même, au-dessus des recherches de la vaine gloire ou de l'orgueil, au-dessus des préoccupations de jalousie, ou de désir de l'estime des hommes.

Alors ce commencement d'amour pur de Dieu sera en nous comme une participation de celui qu'Il se porte à lui-même, comme une étincelle provenant de ce foyer divin, et en nous cet amour, se purifiant chaque jour davantage, deviendra plus saint, plus généreux, plus fort, et il nous rendra même invincibles, au sens où saint Paul écrit (Rom., VIII, 31) : « Si Dieu est avec nous qui sera contre nous ? » Enfin cet amour se purifiant de plus en plus nous obtiendra de triompher de la mort elle-même, et nous ouvrira les portes du ciel. L'entrée dans la gloire nous fixera alors pour toujours dans un amour surnaturel de Dieu que rien ne pourra plus nous faire perdre et que rien ne pourra amoindrir.

TROISIÈME PARTIE

LA PROVIDENCE SELON LA REVÈLATION
CHAPITRE PREMIER - LA NOTION DE PROVIDENCE


Après avoir parlé des perfections divines que suppose la Providence, il nous faut dire en quoi celle-ci consiste. Ce que la Révélation nous a dit de la Sagesse de Dieu et de son Amour va nous permettre de mieux entendre ce qu'elle nous enseigne sur le gouvernement divin. Cet enseignement dépasse de beaucoup celui des philosophes; bon nombre d'entre eux soutiennent que la Providence s'étend seulement aux lois générales de l'univers et non pas aux individus, aux particularités de leur existence, aux actes libres futurs et aux secrets des cœurs. - Par contre des hérétiques ont prétendu que la Providence s'étendant infailliblement à nos moindres actes, notre liberté ne saurait exister. La doctrine révélée s'élève comme un sommet au milieu et au-dessus de ces deux positions extrêmes.

La Providence, nous allons le voir, est comme une extension de la Sagesse de Dieu « qui atteint avec force d'une extrémité à l'autre et dispose tout avec douceur » (Sagesse, VIII, 1 et XIV, 3). « Comme Dieu, dit saint Thomas, est cause des choses par son intelligence (unie à sa volonté), il doit avoir la connaissance de l'ordre selon lequel toutes choses se rapportent à leur fin. C'est lui-même qui les ordonne ainsi, et c'est en cette ordination, raison de l'ordre des choses, que consiste précisément la Providence » (Ia, q. 22, a. 1)[25]. Quant au gouvernement divin, proprement dit, il est l'exécution du plan providentiel (ibid., ad 2m), bien que assez généralement les expressions « gouvernement divin » et « providence » soient considérées comme synonymes.

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyLun 27 Jan - 17:07

TROISIÈME PARTIE

LA PROVIDENCE SELON LA RÉVÉLATION
CHAPITRE PREMIER - LA NOTION DE PROVIDENCE


Saint Thomas note, ibid., que la Providence correspond en Dieu à ce qu'est en nous la vertu de prudence, qui ordonne les moyens en vue d'une fin à obtenir, et qui prévoit afin de pourvoir. Comme il y a chez nous la prudence personnelle, et au-dessus d'elle la prudence du père de famille qui doit pourvoir aux besoins de la famille, la prudence du chef d'État, qui veille au bien commun d'une nation, ainsi en Dieu, il y a la Providence, qui ordonne toutes choses au bien de l'univers, c'est-à-dire à la manifestation de la bonté divine en tous les ordres, depuis les êtres inanimés jusqu'aux anges et aux saints du ciel.

Ainsi se forme par comparaison à la vertu de prudence notre notion analogique de Providence, notion accessible à la raison naturelle et grandement confirmée par la révélation. Et, chose des plus importantes, comme le prudent veut d'abord la fin, puis détermine les moyens et les emploie, de telle sorte que la fin, qui est voulue d'abord, n'est obtenue qu'en dernier lieu, ainsi concevons-nous que Dieu de toute éternité veut d'abord la fin de l'univers, puis les moyens en vue de cette fin à réaliser ou à obtenir.

C'est cette vue de sens commun que les philosophes expriment en disant : La fin, qui est première dans l'ordre d'intention, est dernière dans l'ordre d'exécution ; c'est d'une importance souveraine lorsqu'il s'agit de la fin de l'univers corporel et spirituel.

De cette notion commune de la Providence se déduisent ses propriétés. Indiquons-les brièvement avant d'en chercher dans l'Écriture une connaissance plus vive et plus approfondie :

1° L'universalité absolue de la Providence, on le voit déjà, se déduit de l'universalité absolue de la causalité divine, qui est celle d'un agent intelligent : « La causalité divine, dit saint Thomas, embrasse tous les êtres, corruptibles et incorruptibles, et dans leur généralité et dans leur individualité (qui est encore de l'être). Donc toutes les choses qui ont l'être, à quelque titre que ce soit, sont ordonnées par Dieu à une fin » (Ia, q. 22, a. 2). Ainsi l'exige le principe de finalité : tout agent agit pour une fin, et l'agent suprême pour une fin suprême, par lui connue, et à laquelle il subordonne tout. Cette fin, nous l'avons vu en parlant de l'amour de Dieu, c'est la manifestation de sa bonté, de son infinie perfection, et de ses divers attributs.

L'Écriture, nous allons le voir, affirme maintes fois, tant dans l'Ancien que dans le Nouveau Testament, que le plan providentiel jusqu'en ses moindres détails a été immédiatement fixé par Dieu, dont la science pratique serait imparfaite, si elle ne s'étendait pas aussi loin que sa causalité, sans laquelle rien n'arrive à l'existence ici ou là.

On voit ainsi, comme nous l'avons dit plus haut, que Dieu est cause de tout ce qu'il y a de réel et de bon en toutes les créatures et en chacune de leurs actions ; c'est-à-dire que Dieu, à titre de cause non pas unique mais première, est cause de tout à l'exception du mal, à l'exception de cette privation, de ce désordre qu'est le péché[26]. Quant au mal physique et à la douleur, Dieu ne les veut qu'accidentellement pour un bien supérieur[27].

De l'universalité absolue de la Providence se déduit une seconde propriété.
20 En s'étendant ainsi immédiatement à tout, la Providence, loin de la détruire, sauvegarde la liberté de nos actes. Non seulement elle sauvegarde notre liberté, mais elle l'actualise[28], précisément parce qu'elle s'étend jusqu'au mode libre de nos actes, qu'elle produit avec nous et en nous ; car ce mode libre de notre choix, cette indifférence dominatrice de notre vouloir, est encore de l'être, et rien n'est que par Dieu[29].

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyMar 28 Jan - 16:49

TROISIÈME PARTIE

LA PROVIDENCE SELON LA REVÈLATION
CHAPITRE PREMIER - LA NOTION DE PROVIDENCE


La Providence connaît les moindres particularités de notre tempérament, et de notre caractère, les suites de notre hérédité, l'influence de notre sensibilité sur nos jugements, elle connaît tous les replis de notre conscience, et elle peut nous accorder toutes les grâces qui éclairent, qui attirent et qui fortifient. Il y a ainsi dans sa direction une suavité qui ne le cède en rien à la force. Suaviter et fortiter, elle produit, conserve les semences divines dans les cœurs et veille à leur développement (Ia, q. 22, a. 4).

3° Bien que la Providence, comme ordination divine, s'étende immédiatement à tout ce qu'il y a de réel et de bon, jusqu'aux dernières fibrilles des êtres, cependant lorsqu'il s'agit de l'exécution du plan providentiel, Dieu gouverne les créatures inférieures par les supérieures auxquelles il communique la dignité de la causalité (Ia, q. 22, a. 3).

Nous allons considérer dans l'Ancien et dans le Nouveau Testament ces divers caractères de la divine Providence ; c'est le meilleur moyen d'en avoir une connaissance, non seulement abstraite et théorique, mais vive et spirituellement féconde.

CHAPITRE II
LES CARACTÈRES DE LA PROVIDENCE
D'APRÈS L'ANCIEN TESTAMENT


Le dogme de la Providence se trouve formellement et explicitement exprimé en bien des passages de l'Ancien Testament, comme au livre de la Sagesse VI, 8; VIII, 1; XI, 21; XII, 13; XVII, 2; et il est virtuellement indiqué en une foule d'autres. Le livre de Job est même consacré tout entier à la Providence considérée par rapport aux épreuves des justes, et, chaque fois qu'il est question de la prière, la Providence qu'elle suppose se trouve par là même affirmée.

La doctrine de l'Ancien Testament sur ce sujet peut se résumer en ces deux points fondamentaux :

1° La Providence universelle et infaillible ordonne au bien toutes choses; 2° elle est pour nous très manifeste, parfois éclatante, bien qu'en certaines de ses voies elle demeure absolument insondable. Nous nous permettrons de citer abondamment les textes de la Bible que nous avons choisis et groupés pour qu'ils s'expliquent les uns les autres. Ils sont plus beaux en leur fraîcheur que tout commentaire. Comme parole de Dieu, ils sont supérieurs à la théologie, mais en les ordonnant comme des pierres précieuses en un corps doctrinal, la théologie fait mieux voir leur valeur.

La Providence universelle et infaillible ordonne au bien toutes choses

1° L'universalité de la Providence et son extension à toutes choses si minimes soient-elles est clairement enseignée dans l'Ancien Testament; le livre de la Sagesse l'affirme à plusieurs reprises : « Dieu est le créateur des grands et des petits et il prend soin des uns comme des autres » (Sagesse, VI, 7). - et La Sagesse atteint avec force d'une extrémité du monde à l'autre et dispose tout avec douceur » (Ibid., VIII, 1). - « Vous avez tout réglé, Seigneur, avec mesure, avec nombre et avec poids » (Ibid., XI, 20). - « Il n'y a pas d'autre Dieu que vous, qui prenez soin de toutes choses afin de montrer que vous n'avez rendu aucun jugement injuste » (Ibid., XII, 13).- L'auteur de la Sagesse donne un exemple frappant : « Voici un homme qui pense à prendre la mer, à voyager sur les flots agités, parfois soulevés par la tempête... ; le vaisseau qui le porte, c'est la passion du lucre qui l'a inventé, et l'ouvrier y a mis toute son habileté, mais, ô Père, c'est votre providence qui le gouverne, c'est vous qui avez ouvert un chemin même dans la mer et une route sûre au milieu des flots, montrant par là que vous pouvez délivrer de tout péril... C'est pourquoi les hommes, en cas de naufrage, confiant leur vie à un bois fragile, traversent les vagues sur un radeau et échappent à la mort » (Ibid., XIV, 1-5).

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyMer 29 Jan - 16:22

TROISIÈME PARTIE

CHAPITRE II
LES CARACTÈRES DE LA PROVIDENCE D'APRÈS L'ANCIEN TESTAMENT

La Providence universelle et infaillible ordonne au bien toutes choses


Ces simples paroles relatives à la confiance en Dieu de ceux que porte un radeau, affirment plus clairement que toutes les autres de Platon et d'Aristote l'existence de la Providence qui s'étend à toutes choses, si minimes soient-elles. C'est la même affirmation que nous trouvons dans les plus belles prières rapportées dans l'Ancien Testament, par exemple dans la prière de Judith, lorsqu'elle invoque le Seigneur avant de se rendre au camp d'Holoferne : « Assistez-moi, je vous prie, Seigneur, mon Dieu, secourez une veuve. C'est vous qui avez opéré les merveilles des temps anciens, et qui avez formé le dessein de celles qui ont suivi, et elles se sont accomplies parce que vous l'avez voulu. Toutes vos voies sont tracées d'avance et vous avez disposé vos jugements par votre prévision.

Regardez en ce moment le camp des Assyriens... Qu'il en soit d'eux comme des Égyptiens (engloutis dans la Mer Rouge); ils se confient dans leur multitude, dans leurs chars, dans leurs javelots, dans leurs boucliers et dans leurs flèches, et ils sont fiers de leurs lances. Ils ne savent pas que c'est vous qui êtes notre Dieu, vous qui dès le commencement terrassez les armées et dont le nom est Yahvéh... Vous avez toujours eu pour agréable la prière des hommes humbles et doux. Dieu du ciel, Créateur des eaux et Seigneur de toute la création, exaucez-moi, malheureuse, qui vous supplie et qui mets ma confiance en votre miséricorde. » (Judith, IX, 4-17.) Avec la Providence, son universelle extension et la rectitude de ses voies, est affirmée ici la liberté de l'élection divine à l'égard du peuple où devra naître le Sauveur.

Mais de quelle manière toutes choses ont-elles été ainsi ordonnées ?° L'infaillibilité de la Providence à l'égard de tout ce qui arrive, même à l'égard de nos actes libres présents et futurs, n'est pas moins clairement affirmée dans l'Ancien Testament, que son extension universelle.

II faut surtout citer à ce sujet dans le livre d'Esther, XIII, 9 (grec, ch. IV), la prière de Mardochée qui implore le secours de Dieu, contre Aman et les ennemis du peuple élu : « Seigneur, Seigneur, Roi tout-puissant, je vous invoque; car toutes choses sont soumises à votre pouvoir et il n'est personne qui puisse faire obstacle à votre volonté, si Vous avez résolu de sauver Israël. C'est Vous qui avez fait le ciel et la terre et toutes les merveilles qui sont sous le ciel.

Vous êtes le Seigneur de toutes choses, et nul ne peut Vous résister, à Vous, le Seigneur ! Vous connaissez toutes choses et Vous savez que ce n'est ni par insolence, ni par orgueil, ni par quelque désir de gloire que je ne me suis pas prosterné devant le superbe Aman... Je l'ai fait pour ne pas mettre l'honneur d'un homme au-dessus de l'honneur dû à mon Dieu... Maintenant donc, Seigneur, mon Dieu et mon Roi, Dieu d'Abraham, ayez pitié de votre peuple, parce que nos ennemis veulent nous perdre... Exaucez ma prière !... *

Changez notre deuil en joie, afin que, conservant la vie, nous célébrions votre nom. »La prière de la reine Esther (Ibid., XIV, 12-19) en ces mêmes circonstances n'est pas moins émouvante et affirme mieux encore l'infaillibilité de la Providence à l'égard même des actes libres des hommes, car elle demande que le cœur du roi Assuérus soit changé et elle l'obtient : « Souvenez-vous de nous, Seigneur; faites-vous connaître dans ce temps de notre affliction et donnez-moi du courage, Roi des cieux et Dominateur de toute puissance ! Mettez de sages paroles sur mes lèvres en présence du lion et faites passer son cœur à la haine de notre ennemi, afin qu'il périsse, lui et tous ceux qui ont les mêmes sentiments. Mais nous, délivrez-nous par votre main, et assistez-moi dans mon délaissement, car je n'ai d'autre secours que Vous, Seigneur. Vous connaissez toutes choses, et Vous savez que je hais la splendeur des méchants ...délivrez-nous de leurs mains et tirez-moi de mon angoisse. » Et de fait comme il est dit un peu plus loin, ibid., XV, 11 : « Dieu changea la colère du roi Assuérus en douceur; inquiet (voyant Esther défaillir devant lui), il s'élança de son trône et soutint Esther dans ses bras, jusqu'à ce qu'elle eût repris ses sens. » Il ne tarda pas ensuite à se rendre compte de la perfidie d'Aman et l'envoya au supplice, en donnant aux juifs pour se défendre contre leurs ennemis l'appui du pouvoir[30].

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Dernière édition par Miséricorde de Dieu le Jeu 30 Jan - 16:05, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyJeu 30 Jan - 15:50

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CHAPITRE II
LES CARACTÈRES DE LA PROVIDENCE D'APRÈS L'ANCIEN TESTAMENT

La Providence universelle et infaillible ordonne au bien toutes choses


On voit par là que la Providence divine s'étend infailliblement, non seulement jusqu'aux événements extérieurs les plus particuliers, mais jusqu'aux secrets des cœurs et aux actes libres les plus intimes, puisque, à la prière des justes, elle change les dispositions intérieures de la volonté des rois. Socrate et Platon ne se sont jamais élevés à des vues aussi hautes et à des certitudes aussi fermes sur le gouvernement divin.
Il y a dans la Bible bien des textes semblables sur lesquels ont souvent insisté saint Augustin et saint Thomas.

Nous lisons par exemple dans le livre des Proverbes, XXI, 1 : « Le cœur du roi est comme un cours d'eau dans la main de Yahvéh, il l'incline partout où il veut. Toutes les voies de l'homme sont droites à ses propres yeux; mais celui qui pèse les cœurs, c'est Yahvéh ». - Le livre de l'Ecclésiastique, XXXIII, 13, dit aussi : « Comme l'argile est dans la main du potier, et qu'il en dispose selon son bon plaisir, ainsi les hommes sont dans la main de Celui qui les a faits, et il leur donne selon son jugement ».

De même encore Isaïe (XIV, 24) dans ses prophéties contre les nations païennes : « Yahvéh, Dieu des armées, a juré en disant : « Oui, le dessein qui est arrêté s'accomplira, et ce que j'ai décidé se réalisera. Je briserai Assur dans ma terre... et son joug sera ôté de dessus mon peuple. » - « C'est là, ajoute le prophète, la main qui est étendue contre les nations.

Car Yahvéh, Dieu des armées, a décidé, et qui l'empêcherait ? Sa main est étendue et qui la détournerait ? » Toujours est affirmée la liberté de l'élection divine, l'universalité et l'infaillibilité de la Providence descendant aux moindres détails et aux actes libres des hommes.

3° A quelle fin la Providence universelle et infaillible a-t-elle ordonné toutes choses ? Les Psaumes, sans nous donner encore toute la lumière qui nous viendra de l'Évangile, répondent souvent à cette question, en nous disant que Dieu ordonne toutes choses au bien, à la manifestation de sa bonté, de sa Miséricorde, de sa justice ; qu'il n'est nullement cause du péché, mais le permet pour un plus grand bien. La Providence apparaît ainsi comme une vertu divine toujours unie à la Justice et à la Miséricorde, comme dans l'homme vertueux la vraie prudence ne peut jamais être contraire aux vertus morales de justice, de force, de modération, mais est connexe avec elles. La connexion des vertus ne peut exister en sa perfection souveraine qu'en Dieu.

Très souvent dans les Psaumes reviennent des paroles comme celles-ci : « Tous les sentiers de Yahvéh sont Miséricorde et vérité » Ps. XXIV, 10. - « Toutes ses œuvres s'accomplissent dans la fidélité. Il aime la justice et la droiture; la terre est remplie de sa bonté ». Ps. XXXII, 5. - « Seigneur, fais-moi connaître tes voies, enseigne-moi tes sentiers.

Conduis-moi dans ta vérité et instruis-moi; car tu es le Dieu de mon salut, tu es tout le jour mon espérance. Souviens-toi, Seigneur, de ta Miséricorde et de ta bonté, car elles sont éternelles. Ne te souviens pas des péchés de ma jeunesse, ni de mes transgressions. Souviens-toi de moi selon ta Miséricorde, à cause de ta bonté. » Ps. XXIV, 4. - « Yahvéh est mon pasteur; je ne manquerai de rien. Il me fait reposer dans de verts pâturages, il me mène près des eaux rafraîchissantes.

Il restaure mon âme, il me conduit dans les droits sentiers, à cause de son nom. Même quand je marche dans une vallée d'ombre de mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi. Ta houlette et ton bâton me rassurent... » Ps. XXII, 1-5. - « En toi, Seigneur, j'ai placé mon refuge et mon espoir ; que jamais je ne sois confondu !... Mes destinées sont dans ta main ; délivre-moi de la puissance de mes ennemis ! Fais luire ta face sur ton serviteur, sauve-moi par ta grâce... Qu'elle est grande ta bonté pour ceux qui te craignent et qui espèrent en toi ; tu les mets à couvert, dans l'asile de ta face, contre les machinations des hommes et contre les langues qui les attaquent » Ps. XXX, 1, 16, 20.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptySam 1 Fév - 3:37

TROISIÈME PARTIE

CHAPITRE II
LES CARACTÈRES DE LA PROVIDENCE D'APRÈS L'ANCIEN TESTAMENT

La Providence universelle et infaillible ordonne au bien toutes choses


C'est là le double fondement de notre espérance, de notre confiance en Dieu : sa providence, le soin particulier qu'il prend des justes, et sa toute-puissance. Tous ces versets des psaumes peuvent se résumer en ces paroles de sainte Thérèse déjà citées : « Seigneur, vous savez tout, vous pouvez tout et vous m'aimez ».

Si la Providence est ainsi absolument universelle, s'étendant aux moindres détails, si elle est en même temps infaillible et ordonne toutes choses au bien, elle doit être très manifeste pour ceux qui veulent voir. D'où vient donc que ses voies sont souvent pour les justes eux-mêmes impénétrables ? L'Ancien Testament touche plusieurs fois ce grand problème.

La Providence est à la fois pour nous très manifeste et en certaines de ses voies absolument insondable
Considérée en général, la Providence, selon la Bible, est évidente, soit par l'ordre du monde, soit par l'histoire du peuple élu, soit par ce qui constitue l'ensemble de la vie des justes ou celle des impies.

L'ordre du monde, disent les psaumes, proclame l'existence d'une Intelligence ordonnatrice : « Cœli enarrant gloriam Dei... Les cieux racontent la gloire de Dieu et le firmament annonce l'œuvre de ses mains » Ps. XVIII, 2. - « Célébrez notre Dieu sur la harpe !

C'est lui qui couvre les cieux de nuages, qui prépare la pluie pour la terre, qui fait croître l'herbe sur les montagnes, qui donne la nourriture aux troupeaux, aux petits du corbeau qui crient vers lui » Ps. CXLVI, 7. Item. Job, XXXVIII, 41. - « Insensés sont les hommes qui ont ignoré Dieu, qui n'ont pas su, par les biens visibles, s'élever à la connaissance de Celui qui est ; ni par la considération de ses œuvres, reconnaître l'Ouvrier... Ils sont inexcusables, car s'ils ont acquis assez de science pour chercher à connaître les lois du monde, comment n'en ont-ils pas connu plus facilement le Seigneur ? » Sagesse, XIII, 1 et 8.

La Providence n'est pas moins manifeste dans l'histoire du peuple élu, comme le rappellent les psaumes, en particulier le Psaume CXIII In exitu Israel de Ægypto : « Quand Israël sortit d'Égypte, ... la mer le vit et s'enfuit, le Jourdain retourna en arrière... Qu'as-tu, mer, pour t'enfuir ?... Qu'avez-vous, montagnes, pour bondir comme des béliers et vous, collines, comme des agneaux ? Tremble, ô terre, devant la face du Seigneur, devant la face du Dieu de Jacob, qui change le rocher en étang et le roc en source d'eau vive.

Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à ton nom donne la gloire, à cause de ta bonté, à cause de ta fidélité !... Yahvéh s'est souvenu de nous : il bénira la maison d'Israël... il bénira ceux qui le craignent, les petits et les grands... Nous le bénirons aussi dès maintenant et à jamais. »La Providence se montre enfin dans l'ensemble de la vie des justes, par la récompense souvent visible qu'elle leur accorde.

Comme le dit le Psaume CXI : « Heureux l'homme qui craint le Seigneur, qui met toute sa joie à observer ses préceptes !

Sa postérité sera puissante sur la terre, la race des justes sera bénie. Il a dans sa maison bien-être et richesse et sa justice subsiste à jamais. La lumière se lève dans les ténèbres pour les hommes droits, pour celui qui est Miséricordieux, compatissant et juste... Son cœur est ferme, confiant dans le Seigneur, son cœur est inébranlable, il ne craint pas ce que ses ennemis peuvent lui faire, il sème l'aumône, il donne à l'indigent, sa justice subsistera à jamais... ».

Le Seigneur apparaît particulièrement comme la Providence des malheureux : « Il relève le malheureux de la poussière, il retire le pauvre du fumier, pour le faire asseoir avec les princes, avec les princes de son peuple » Ps. CXII, 7.

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyDim 2 Fév - 3:08

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CHAPITRE II
LES CARACTÈRES DE LA PROVIDENCE D'APRÈS L'ANCIEN TESTAMENT

La Providence est à la fois pour nous très manifeste et en certaines de ses voies absolument insondable


Par contre la malice des impies reçoit déjà son châtiment, et souvent même un châtiment visible, autre signe du gouvernement divin : « N'entre pas dans le sentier des méchants,... évite-le, n'y passe point,... ils se nourrissent du crime, comme on mange du pain... Le sentier des justes est comme la brillante lumière du matin, dont l'éclat va croissant jusqu'au milieu du jour.

La voie des méchants est comme les ténèbres, ils n'aperçoivent pas ce qui va les faire tomber. » L'argent mal acquis ne profite pas, Prov., IV, 14[31]. - Dieu retire aux impies sa bénédiction et les livre à leur aveuglement, tandis qu'il vient au secours de ses serviteurs, quelquefois même de façon extraordinaire, comme il dit à Élie (III Rois, XVII, 3) : « Dirige-toi vers l'Orient et cache-toi au torrent de Carith... j'ai commandé aux corbeaux de te nourrir là ». Il partit, obéissant à la parole du Seigneur, alla s'établir au torrent de Carith... les corbeaux lui apportaient du pain et de la viande matin et soir et il buvait de l'eau du torrent.

Si la Providence est ainsi manifeste dans ce qui constitue l'ensemble de la vie des justes, elle reste cependant insondable en plusieurs de ses voies, surtout en certaines voies très supérieures qui ne sont obscures pour nous qu'à cause de leur trop grande splendeur, éblouissante pour nos faibles yeux. Telle est surtout dans Isaïe l'annonce des souffrances du serviteur de Yahvéh ou du Sauveur.

On lit aussi dans le Psaume XXXIII, 20 : « Multæ tribulationes justorum, bien des tribulations atteignent le juste, mais le Seigneur l'en délivre toujours ». - « Nos pères, dit Judith, VIII, 21, ont été éprouvés afin que l'on connût s'ils servaient véritablement leur Dieu. Abraham fut éprouvé par de nombreuses tribulations et il est devenu l'ami de Dieu.

De même Isaac, de même Jacob, de même Moïse et tous ceux qui ont plu à Dieu, ont passé par beaucoup d'afflictions en demeurant fidèles... Ne nous laissons donc pas aller à l'impatience à cause des maux que nous souffrons. Mais estimons que ces tourments, moindres que nos péchés, sont les verges dont le Seigneur nous châtie pour nous amender, et croyons que ce n'est pas pour notre perte qu'ils nous sont envoyés. »

Les prophètes ont souvent parlé du caractère très mystérieux de certaines voies de la Providence, surtout quand ils voyaient, comme Jérémie, la stérilité relative de leurs efforts.
Isaïe écrit au ch. LV, 6 : « Invoquez le Seigneur, pendant qu'il est temps encore; invoquez-le, tandis qu'il est près. Que le méchant abandonne sa voie et le criminel ses pensées ; qu'il se convertisse à notre Dieu, et il lui fera grâce. Car, dit le Seigneur, mes pensées ne sont pas vos pensées et vos voies ne sont pas mes voies. Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées ».

C'est ce qu'avait dit le Psaume XXXV, 7 : « Ta justice, Seigneur, est comme les montagnes inaccessibles, tes jugements comme le vaste abîme, judicia tua abyssus multa ».
Cependant dans cette obscurité supérieure, si différente de l'obscurité inférieure du péché et de la mort, le juste trouve sa route ; il apprend à distinguer de plus en plus l'une de l'autre ces deux obscurités si opposées entre elles[32]. Disons comme le juste Tobie après ses épreuves (cf. Tobie, XIII, 1) : « Vous êtes grand, Seigneur, dans l'éternité, et votre règne s'étend à tous les siècles. Car vous châtiez et vous sauvez, vous conduisez au tombeau et vous en ramenez, et il n'est personne qui puisse échapper à votre main.

Célébrez le Seigneur, enfants d'Israël, et louez-le devant les nations, car il vous a dispersés parmi les nations qui l'ignorent, pour que vous leur racontiez ses merveilles et que vous leur fassiez connaître qu'il n'y a point d'autre Dieu tout-puissant que lui seul. Il nous a châtiés à cause de nos iniquités, et il nous sauvera à cause de sa Miséricorde[33]... Convertissez-vous donc, pécheurs, et pratiquez la justice devant Dieu, dans la confiance qu'il vous fera Miséricorde ! »

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TROISIÈME PARTIE

CHAPITRE II
LES CARACTÈRES DE LA PROVIDENCE D'APRÈS L'ANCIEN TESTAMENT


La Providence est à la fois pour nous très manifeste et en certaines de ses voies absolument insondable

Telles sont les principales affirmations de l'Ancien Testament sur la Providence : elle est universelle, s'étend aux moindres détails, aux secrets des cœurs elle est infaillible à l'égard de tout ce qui arrive, même à l'égard de nos actes libres ; elle ordonne au bien toutes choses, et à la prière des justes elle change le cœur des pécheurs.

Elle est manifeste pour ceux qui veulent voir, bien qu'elle reste inscrutable en certaines de ses voies. Cette doctrine nous montre quelle confiance nous devons avoir en Dieu, et combien dans l'épreuve nous devons nous abandonner à Lui, dans une parfaite conformité à sa divine volonté ; alors il fera tourner toutes choses à notre sanctification et à notre salut. Ainsi s'annonce la parole de l'Évangile : « Cherchez avant tout le royaume de Dieu, et tout le reste vous sera donné par surcroît ».

CHAPITRE III
LES VOIES CACHÉES DE LA PROVIDENCE
ET LE LIVRE DE JOB


On ne peut parler de la Providence selon l'Ancien Testament, sans s'arrêter au livre de Job. Il convient d'en rappeler les idées générales, en insistant sur le sens et la portée de sa conclusion.

Il considère le mystère de la douleur ou de la répartition du bonheur et du malheur en cette vie. Pourquoi le juste lui-même est-il parfois affligé ici-bas de tant de maux ? Quelle en est la raison dans le plan de la divine Providence ? La réponse générale qui y est donnée se précise, nous le verrons, par de nombreux passages de la Bible, qui nous montrent le bien supérieur auquel sont ordonnées les épreuves des serviteurs de Dieu.

Tout le monde à peu près s'accorde à dire, avec tous les Pères de l'Église, que Job a réellement existé. Lui et ses amis ont dû prononcer le fond du discours que l'auteur inspiré leur met dans la bouche, mais celui-ci a donné au livre la forme d'un poème didactique, qui se propose surtout d'instruire. Il est d'une richesse littéraire extraordinaire. Le sujet en est : Quelle est la cause des maux de cette vie ? – Voyons d'abord comme le problème y est posé et ensuite quelle réponse y est donnée[34].

Il est bon de revoir les principaux de ces textes, surtout pour les âmes qui ne peuvent se contenter de considérer la question de l'amour pur comme un problème théorique, mais qui s'y intéressent par tout leur être et s'en passionnent. Le Seigneur aime leurs détresses plus que leurs paroles ou leurs écrits, et c'est parce que leurs paroles, comme celles de Job, sont le fruit de leurs détresses, qu'elles font parfois tant de bien.

Aidons-nous un peu du Commentaire de saint Thomas sur Job qui fait prévoir les plus hautes pages écrites par saint Jean de la Croix dans la Nuit obscure sur les purifications passives de la nuit de l'esprit [35].

Lorsque le malheur frappe l'homme en cette vie est-ce toujours à cause de ses péchés ?L'innocent lui-même est-il frappé et pourquoi ?

C'est la question que se pose Job, éprouvé dans son corps par une horrible maladie. Il est dit de lui au début du livre (I, 1) qu'il était « intègre et droit, craignant Dieu et éloigné du mal », qu'il avait de grandes richesses, et rappelait souvent à ses fils leurs devoirs envers le Seigneur, en offrant un holocauste pour chacun d'eux.

Le Très-Haut lui-même affirme : « il n'y a pas d'homme comme lui sur la terre, intègre et droit, craignant Dieu et éloigné du mal », I, 8. A quoi Satan répond : « Est-ce gratuitement que Job craint Dieu ?... Il a tout en abondance... Mais étends la main, touche à ses biens, et on verra s'il ne te maudit pas en face », I, 11.

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CHAPITRE III
LES VOIES CACHÉES DE LA PROVIDENCE ET LE LIVRE DE JOB


Le Seigneur dit alors à Satan : « Je te livre tout ce qui lui appartient ; seulement ne porte pas la main sur lui ». Et Satan se retira de devant la face du Seigneur. Ces paroles font penser à celles-ci de Notre-Seigneur à Pierre avant la Passion : « Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous cribler comme le froment, ut vos cribraret sicut triticum; mais j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas ». (Luc, XXII, 31).
Ce sont les meilleurs qui sont criblés ainsi.

Ce chapitre premier du livre de Job, le plus important de tous, éclaire le livre tout entier, surtout sa conclusion ; mais Job lui-même ignore ce que le Seigneur a dit à Satan et ce qu'il lui a permis de faire. Ce sont là précisément les voies cachées de la Providence, dont le secret nous est révélé au début du livre, mais qui restent profondément mystérieuses pour l'affligé.

De fait Job est privé de tous ses biens ; ses fils et ses filles trouvent la mort dans un orage, et le patriarche reste soumis à Dieu, en disant : « Le Seigneur a donné, le Seigneur a ôté, que le nom du Seigneur soit béni ! » I, 21. « Dominus dedit, Dominus abstulit... sit nomen Domini benedictum ». Puis Satan obtient de Dieu la permission de frapper le juste « d'une lèpre maligne depuis la plante des pieds jusqu'au sommet de la tête » II, 7. Malgré les insultes de sa femme qui lui dit : « Maudis Dieu et meurs ! » Job reste fidèle à Dieu.

C'est alors qu'arrivent pour le consoler trois de ses amis, un vieillard Éliphaz, Baldad d'âge moyen et le jeune Sophar ; ils pleurent et restent longtemps sans parole, parce qu'ils voient combien la douleur de l'infortuné est grande.

Après l'arrivée de ses amis, Job reste lui aussi silencieux, pendant sept jours et sept nuits de souffrances, puis, à bout de forces, il ouvre la bouche et dit : « Périsse le jour où je suis né... Pourquoi la lumière est-elle donnée aux malheureux et la vie à ceux dont l'âme est remplie d'amertume, qui espèrent la mort et la mort ne vient pas, qui la cherchent plus ardemment qu'un trésor !... Plus de tranquillité, plus de paix, plus de repos ! » III, 3 et 20.
Alors les amis de Job lui disent : « Tu as enseigné la sagesse à plusieurs... tes paroles ont relevé ceux qui chancelaient... et maintenant qu'il s'agit de toi, tu faiblis » (IV, 1).

Éliphaz, le plus âgé, jaloux de sa réputation de sagesse, s'étonne que Job se laisse aller à un si profond découragement ; l'innocent, dit-il, ne saurait périr et les méchants seuls sont consumés par la colère divine. Puis il raconte ce qui lui a été révélé pendant une nuit, savoir, que nul homme n'est juste devant Dieu.

Que Job donc cesse de faire entendre des plaintes amères, s'il ne veut pas avoir le sort des impies ; qu'il s'avoue coupable et implore la miséricorde de Dieu, car Dieu châtie en père et les blessures qu'il a faites, il les guérit. (IV et V)

Job répond que ses plaintes sont bien au-dessous de ses souffrances, auxquelles il préfère la mort. Il espérait trouver quelque consolation dans ses amis, mais il a été déçu dans son attente, et cependant ses amis ne peuvent lui reprocher qu'un peu de vivacité dans ses paroles (VI, 24-30).

Puis se tournant vers Dieu, il lui expose ses maux et son désespoir et le conjure d'y mettre fin par la mort. (VII, 1-21.) « J'ai eu en partage des mois de douleur, pour mon lot des nuits de souffrances, où je suis rassasié d'angoisses jusqu'au jour... Ah ! mon âme préfère la mort... Pourquoi m'éprouver ainsi ? Si j'ai péché, que puis-je te faire, ô Gardien des hommes... Que ne me pardonnes-tu mon offense !... »

Au lieu de consoler son ami, Baldad, qui est d'âge moyen, riche et présomptueux, lui répond que Dieu n'est pas injuste et qu'il n'envoie de pareils malheurs qu'à ceux qui sont gravement coupables, et il exhorte Job à revenir à Dieu. (VIII.)

Job reconnaît que Dieu est sage et qu'il est juste, mais il ajoute : « Innocent ! je le suis » et il donne libre cours à sa plainte. (IX-X.)

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyMar 4 Fév - 16:52

TROISIÈME PARTIE

CHAPITRE III
LES VOIES CACHÉES DE LA PROVIDENCE
ET LE LIVRE DE JOB

Lorsque le malheur frappe l'homme en cette vie est-ce toujours à cause de ses péchés ?


Sophar, le troisième de ses amis, le plus jeune, fougueux, emporté, reprend la thèse des deux autres ; d'après lui, l'iniquité de Job surpasse la rigueur de son châtiment, et il l'exhorte à revenir à Dieu.

Job, aux chapitres XII, XIII, XIV, reconnaît de nouveau que Dieu est infiniment sage, juste et puissant ; il célèbre lui-même les perfections divines, plus hautement que ses amis. Puis il ajoute, ch. XIII : « Quand il me tuerait, que je n'aurais rien à espérer, je défendrais devant lui ma conduite. Mais il sera mon Salut... Je suis sûr que mon droit triomphera »... Quel est le nombre de mes iniquités ? Fais-moi connaître mes transgressions et mes offenses ». Enfin Job s'apaise, s'excuse et implore la pitié de son juge. Mais il ne parvient pas à convaincre ses amis. Éliphaz, dans un discours dur, lui soutient encore qu'il a tort de se plaindre, car tout homme est coupable devant Dieu. (XV).

Job répond (XVI) : « J'ai souvent entendu de semblables discours ; vous êtes tous d'insupportables consolateurs... Mais aussi je saurais parler comme vous, si vous étiez à ma place ». Il atteste encore une fois son innocence, il fait appel à Dieu lui-même, et le prend pour arbitre entre ses amis et lui. « A cette heure même, j'ai un témoin dans le ciel, un défenseur dans les hauts lieux. Mes amis se moquent de moi. C'est Dieu que j'implore avec larmes ». (XVI, 19).

Les amis de job, dit saint Thomas dans son Commentaire, ne pensent pas à la vie future, ils croient que dès ici-bas le juste doit être récompensé et le méchant puni.

Baldad répète ce qu'il a déjà dit, que l'impie est toujours malheureux sur la terre ; mais cette fois il n'ajoute ni consolation, ni promesses ; pour lui Job est un coupable endurci et il le traite comme tel. On voit par là que l'une des plus grandes épreuves de Job lui vient de ses amis. Ils l'accablent, parce qu'oubliant la vie future, ils ne cessent de dire que tout doit se régler ici-bas.

C'est alors que Job, figure du Christ, est comme élevé par une inspiration supérieure vers le mystère de l'au-delà, que nous a fait entrevoir le prologue. Il répond (XIX) : « Voilà dix fois que vous m'insultez, que vous m'outragez sans pudeur. Quand même j'aurais failli, c'est avec moi que demeure ma faute. Mais vous, qui vous élevez contre moi, qui invoquez mon opprobre pour me convaincre, sachez enfin que c'est Dieu qui m'opprime... Il m'a barré le chemin, et je ne puis passer ; il a répandu les ténèbres sur ma route... il a déraciné, comme un arbre, mon espérance... Il m'a traité comme un ennemi... Il a éloigné de moi mes frères ; mes amis se sont détournés de moi,... les enfants eux-mêmes me méprisent... Ayez pitié, ayez pitié de moi, car la main de Dieu m'a frappé !... Oh ! qui me donnera que mes paroles soient écrites,... gravées pour toujours dans le roc ! Je sais que mon vengeur est vivant et qu'il se lèvera le dernier sur la poussière. Alors de ce squelette revêtu de sa peau, de ma chair je verrai Dieu. Moi-même je le verrai. Mes yeux le verront, et non un autre; mes reins se consument d'attente au dedans de moi. Vous direz alors : « Pourquoi le poursuivions-nous, et la justice de ma cause sera reconnue ».

Malgré ce cri sublime d'espérance, le jeune Sophar revient à sa thèse première que le malheur dans la vie présente ne saurait être que le châtiment du crime.

Job au contraire démontre par l'expérience (XXI) que ce principe est faux. Sans doute, les méchants sont souvent punis d'une manière éclatante, mais il arrive aussi que les choses extérieurement leur réussissent jusqu'à la mort et que des justes ont parfois beaucoup à souffrir.

Éliphaz revient obstinément à sa thèse, et fait même une longue énumération des fautes que Job doit avoir commises : « A l'affamé tu refusais le pain et tu renvoyais les veuves les mains vides » (XXII).

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyMer 5 Fév - 17:17

TROISIÈME PARTIE

CHAPITRE III
LES VOIES CACHÉES DE LA PROVIDENCE
ET LE LIVRE DE JOB


Lorsque le malheur frappe l'homme en cette vie est-ce toujours à cause de ses péchés ?

Job maintient (XXVIII-XXXI) que le malheur ici-bas n'est pas toujours le châtiment d'une vie criminelle. Il ignore, dit-il, la raison de ses souffrances, mais cette raison Dieu la connaît dans sa sagesse, qui reste insondable pour l'homme. Ici s'achève la première partie du livre au ch. XXXI ; c'est la fin des discours de Job, « qui finit par réduire au silence ses interlocuteurs, sans cependant trouver lui-même le mot de l'énigme »[36].

Dans une seconde partie, un jeune homme, Éliu, qui fait preuve d'une assez grande sagesse, « mais ne semble pas pur de présomption » (Le Hir), vient soutenir que Job est puni, non pour des crimes énormes, mais pour n'avoir pas tenu son cœur assez humble devant Dieu, et que les plaintes amères auxquelles il s'est laissé emporter sont l'indice de cette disposition intérieure. Qu'il se repente donc et Dieu lui rendra le bonheur (XXXII-XXXVII). Job ne trouve rien à répliquer, car ce que dit Éliu est possible et contient une grande part de vérité.

Le problème de la douleur a été ainsi retourné sous toutes ses faces. II y manque pourtant quelque chose.

Sens et portée de la réponse du Seigneur

Enfin dans la troisième partie le Seigneur lui-même intervient et répond à Job, qui a demandé à plaider sa cause devant lui (XIII, 22).
Il est contraire à la dignité de Dieu de discuter avec l'homme, il répond en faisant passer sous les yeux de Job un tableau magnifique des merveilles de la création, depuis les étoiles du ciel jusqu'aux effets les plus admirables de l'instinct des animaux (XXXVIII-XXXIX).
« Est-ce toi, lui dit-il, qui serres les liens des Pléiades ou pourrais-tu relâcher les chaînes d'Orion ? Est-ce toi qui fais lever les constellations en leur temps ?... Connais-tu les lois du ciel ? Règles-tu ses influences sur la terre ?... Est-ce toi qui procures à la lionne sa proie et qui rassasies les lionceaux ?... Est-ce toi qui donnes au cheval sa vigueur ?... Est-ce à ton ordre que l'aigle s'élève et fait son nid sur les hauteurs ? »

Toutes ces œuvres révèlent une sagesse, une providence, une adaptation parfaite des moyens aux fins, qui attestent dans leur Auteur une bonté absolue et doivent apprendre à l'homme à accepter humblement et sans murmure tout ce que le Tout-Puissant peut ordonner ou permettre. En lisant ces paroles de Celui qui est, on a comme l'intuition qu'il est l'Auteur et le conservateur de notre être, qu'il a soudé pour ainsi dire notre essence et notre existence, qu'il les conserve, et qu'il est cause de tout ce qu'il y a de réel et de bon dans la création.

On a dit que cette réponse divine ne touche pas au côté philosophique de la question agitée. En réalité, elle montre que Dieu ne fait rien que pour le bien, et que s'il y a déjà un ordre si admirable dans les choses sensibles, à plus forte raison il doit y avoir un ordre bien supérieur dans les choses spirituelles, quoiqu'il reste parfois bien obscur pour nous, à cause de son élévation même. Notre-Seigneur dira par un a fortiori semblable : « Regarde les oiseaux du ciel : ils ne sèment, ni ne moissonnent... Le Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu'eux ? »

C'est ainsi que la réponse divine fait descendre dans le cœur de Job des sentiments d'humilité et de résignation.

Pour finir Dieu invite ironiquement Job à prendre le gouvernement du monde, pour y faire régner l'ordre et la justice (XL, 1-9). Mais le pourrait-il, lui, impuissant et désarmé devant deux monstres qui ne sont qu'un jouet dans la main de Dieu ?[37] Le Seigneur, au ch. XL, montre la force qu'il a donnée à Béhémoth et à Léviathan, c'est-à-dire à l'hippopotame et au crocodile, comme pour dire : si, comme ces monstres, le démon a parfois une singulière puissance pour éprouver les hommes, il ne peut cependant pas l'exercer sans ma permission et je puis faire servir au bien jusqu'à sa fureur [38].

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyJeu 6 Fév - 16:45

TROISIÈME PARTIE

CHAPITRE III
LES VOIES CACHÉES DE LA PROVIDENCE
ET LE LIVRE DE JOB

Sens et portée de la réponse du Seigneur


Alors, à la fin, ch. XLII, Job fait cette humble confession : « Je sais, Seigneur, que tu peux tout... Oui, j'ai parlé sans intelligence des merveilles qui me dépassent et que j'ignore ». Il reconnaît par là que ses plaintes ont été excessives, ses paroles plusieurs fois inconsidérées. Cependant le Seigneur dit à Éliphaz : « Ma colère est allumée contre toi et tes deux amis, parce que vous n'avez pas parlé de moi selon la vérité, comme l'a fait mon serviteur Job... Offrez pour vous un holocauste. Job, mon serviteur, priera pour vous et c'est par égard pour lui seul que je ne vous traite point selon votre folie ». Et le Seigneur bénit les derniers temps de Job plus encore que les premiers, et celui-ci mourut dans la paix à un âge très avancé.

Tout le livre s'éclaire par le chapitre premier où il fut dit que le Seigneur avait permis au démon d'éprouver son serviteur Job. La conclusion est donc manifeste, savoir : Dieu envoie des tribulations aux hommes, non seulement pour les punir de leurs péchés, mais aussi pour les éprouver comme l'or dans la fournaise et faire grandir leurs vertus. C'est la purification de l'amour, comme diront les grands mystiques chrétiens. Satan avait dit dans le Prologue I, 9 : « Est-ce gratuitement que Job craint Dieu... il a tout en abondance ». On voit maintenant que Job est resté fidèle au Seigneur dans la plus grande adversité. C'est là le sens des épreuves des justes, comme le disent bien d'autres passages de l'Ancien Testament.

Le bien supérieur auquel sont ordonnées ces épreuves des justes


Deux grandes épreuves racontées dans la Genèse viennent confirmer cette doctrine, c'est celle d'Abraham s'apprêtant sur l'ordre du Seigneur à immoler son fils Isaac (Genèse, XXII) et celle de Joseph vendu par ses frères (Gen., XXXVII).

Dieu mit Abraham à l'épreuve et lui demanda de lui offrir en holocauste, son fils, Isaac, le fils de la promesse. Comme le dit saint Paul aux Hébreux, XI, 17 : « C'est par la foi qu'Abraham, mis à l'épreuve, offrit Isaac en sacrifice. Ainsi celui qui avait reçu les promesses, et à qui il avait été dit : « C'est d'Isaac que naîtra ta postérité » offrit ce fils unique, estimant que Dieu est assez puissant pour ressusciter même les morts ; aussi le recouvra-t-il comme en figure ». L'ange du Seigneur arrêta la main du patriarche, qui entendit ces paroles du ciel : « Parce que tu as fait cela et que tu ne m'as pas refusé ton fils, ton unique, je te bénirai ; je te donnerai une postérité nombreuse comme les étoiles du ciel... ; en ta postérité seront bénies toutes les nations de la terre, parce que tu as obéi à ma voix » (Gen., XXII, 16).

De même fut, éprouvé Joseph vendu par ses frères, jaloux de lui à cause de ses songes et de ses lumières ; le juste Joseph, calomnié par la femme de son maître, fut jeté en prison, mais élevé ensuite au premier rang par Pharaon qui reconnut en lui l'esprit de Dieu (Gen., XLI, 38). Plus tard quand ses frères éprouvés par la famine vinrent chercher du blé en Égypte, il leur dit : « Je suis Joseph ! Mon père vit-il encore ?... Je suis Joseph que vous avez vendu pour être mené en Égypte. Maintenant ne vous affligez pas et ne soyez pas fâchés contre vous-mêmes de ce que vous m'avez vendu pour être conduit ici ; c'est pour vous sauver la vie que Dieu m'a envoyé devant vous... Ce n'est donc pas vous qui m'avez envoyé ici, mais c'est Dieu ; il m'a établi.., seigneur sur toute la maison de Pharaon et gouverneur de tout le pays d'Égypte... Alors il se jeta au cou de Benjamin et il pleura » (Gen., XLV, 3-14). Quelle plus éloquente affirmation de la Providence ou du gouvernement divin, qui fait tourner au bien les épreuves des justes, et parfois même au bien de leurs persécuteurs finalement éclairés.

C'est ce que nous disent souvent les psaumes, en particulier le Ps. 90, 11-16, d'où est tiré le graduel et le trait du ler Dimanche de Carême : « Angelis suis Deus mandavit de te, ut custodiant te in omnibus viis tuis. Dieu ordonnera pour toi à ses anges de te garder dans toutes tes voies[39]

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptySam 8 Fév - 3:56

CHAPITRE III
LES VOIES CACHÉES DE LA PROVIDENCE
ET LE LIVRE DE JOB

Le bien supérieur auquel sont ordonnées ces épreuves des justes


Ils te porteront sur leurs mains de peur que ton pied ne heurte contre la pierre ; tu marcheras sur le lion et sur l'aspic, tu fouleras le lionceau et le dragon... Celui qui demeure sous l'abri du Très-Haut repose à l'ombre du Tout-Puissant. Il dira au Seigneur : « Vous êtes mon défenseur et mon refuge ! Vous êtes mon Dieu en qui je me confie. Aussi vous me délivrerez du filet de l'oiseleur, de la peste dévastatrice ». Il te couvrira de son aile : sous ses ailes tu trouveras ton refuge. Sa fidélité vaut une égide et un bouclier : tu ne craindras ni les terreurs de la nuit, ni la flèche qui vole pendant le jour... Mille tomberont à ta gauche, et dix mille à ta droite, et tu ne seras pas atteint... Car le Seigneur ordonnera à ses anges de te garder dans toutes tes voies... parce que tu as mis en lui ta confiance...
Il dira : « Puisqu'il s'est attaché à moi, je le délivrerai ; je le protégerai, parce qu'il connaît mon nom. Quand il m'invoquera je l'exaucerai. Je serai avec lui dans la détresse, pour le délivrer et le glorifier ; je le comblerai de longs jours et je lui ferai voir mon salut. Eripiam eum et glorificabo eum, longitudine dierum adimplebo eum et ostendam illi salutare meum ».
Ces admirables vers, remplis de la plus sublime poésie et d'un si puissant réalisme spirituel, font prévoir la vie future.

Sans doute l'Ancien Testament n'en parle guère que d'une façon voilée, généralement par des symboles ; cependant Isaïe écrit ch. LX, 19, en décrivant la gloire de la nouvelle Jérusalem : « Le soleil ne sera plus ta lumière pendant le jour, et la lune ne t'éclairera plus de son flambeau ; Yahvéh sera pour toi une lumière éternelle, et ton Dieu sera ta gloire. Ton soleil ne se couchera plus ; car Yahvéh sera pour toi une lumière éternelle, et les jours de ton deuil seront achevés ». De même Isaïe, LXV, 18 : « Et je me réjouirai de Jérusalem, dit le Seigneur, on n'y entendra plus la voix des pleurs, ni le cri de l'angoisse ».

Plus clairement encore le livre de la Sagesse, III, 1 : « Justorum animæ in manu Dei sunt, et non tanget illos tormentum mortis. Les âmes des justes sont dans la main de Dieu et les tourments ne les atteindront pas. Aux yeux des insensés ils paraissent être morts, et leur sortie de ce monde semble un malheur, et un anéantissement ; mais ils sont dans la paix... Leur espérance est pleine d'immortalité[40]. Après une légère peine, ils recevront une grande récompense ; car Dieu les a éprouvés et les a trouvés dignes de lui. Il les a purifiés comme l'or dans la fournaise, et les a agréés comme un parfait holocauste. Au jour de leur récompense, les justes brilleront, semblables à la flamme qui court à travers les roseaux. Ils jugeront les nations et domineront sur les peuples et le Seigneur régnera sur eux à jamais... Car la grâce et la Miséricorde sont pour ses saints et il prend soin de ses élus ». Ibid., V, 1 : « Alors le juste sera debout en grande assurance, en face de ceux qui l'ont persécuté et qui méprisaient ses labeurs... Ils diront : nous regardions sa vie comme une folie et sa fin comme un opprobre. Et le voilà compté parmi les enfants de Dieu et sa part est parmi les saints ! Nous avons donc erré, loin du chemin de la vérité... à quoi nous a servi l'orgueil et la jactance... Mais les justes vivent éternellement ; leur récompense est auprès du Seigneur, et le Tout-Puissant a soin d'eux. Ils recevront de sa main le magnifique royaume et le splendide diadème. Dieu les protégera de sa droite et les défendra à jamais ». Ces paroles ne peuvent s'entendre que de la vie éternelle : « Justi autem in perpetuum vivent et apud Dominum est merces eorum ». Le Psalmiste avait dit, Ps. XVI, 15 : « Pour moi dans mon innocence je contemplerai ta face ; à mon réveil, je me rassasierai de ton image, satiabor cum apparuerit gloria tua ».

Daniel annonce, XII, 3 : « Ceux qui auront eu l'intelligence des choses de Dieu (et auront été fidèles à sa loi) brilleront comme la splendeur du firmament, et ceux qui en auront conduit beaucoup à la justice seront comme les étoiles, éternellement et toujours, quasi stellæ in perpetuas æternitates ». Enfin un des sept frères Machabées dit à son bourreau pendant son martyre : « Tu nous ôtes la vie présente, scélérat, mais le Roi du monde nous ressuscitera un jour pour la vie éternelle, nous qui mourons pour être fidèles à ses lois ». II Machab., VII, 9. - Tobie XIII, 2, avait dit : « Seigneur, vous êtes grand dans l'éternité et votre règne s'étend dans tous les siècles. Vous châtiez et vous sauvez, vous conduisez jusqu'au tombeau et vous en ramenez... C'est lui qui nous a châtiés à cause de nos iniquités ; c'est lui qui nous sauvera à cause de sa Miséricorde ».

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyDim 9 Fév - 3:13

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CHAPITRE III

LES VOIES CACHÉES DE LA PROVIDENCE ET LE LIVRE DE JOB

Le bien supérieur auquel sont ordonnées ces épreuves des justes


Bien d'autres textes de l'Ancien Testament donnent l'intelligence des épreuves envoyées par Dieu et font prévoir le bien supérieur qu'il a en vue. Judith exhorte les anciens d'Israël à attendre avec patience le secours du Seigneur : « Ils doivent se souvenir qu'Abraham notre père a été tenté et qu'ayant été éprouvé par beaucoup de peines et d'afflictions, il est devenu l'ami de Dieu.

C'est ainsi qu'Isaac, que Jacob, que Moïse, et que tous ceux qui ont plu au Seigneur, ont passé par plusieurs afflictions et sont toujours demeurés fidèles... Croyons que les fléaux, dont Dieu nous châtie comme ses serviteurs, nous sont envoyés pour nous corriger, et non pour nous perdre » (Judith, VIII, 22-27).

L'Ecclésiastique, II, 1-10, montre l'avantage de la souffrance : « Mon fils, en entrant au service de Dieu, préparez votre âme à la tentation ; humiliez votre cœur, attendez avec patience dans l'affliction ; prêtez l'oreille, soyez docile aux inspirations de la sagesse ; ne vous hâtez point d'agir ou de parler au temps de l'obscurité ; mais soufrez en paix les retardements de Dieu, restez-lui uni et ne vous lassez pas d'attendre son secours, afin que votre vie soit à la fin plus abondante.

Acceptez de bon cœur tout ce qui arrivera, et au temps de votre humiliation, conservez la patience; car l'or s'épure par le feu, et les hommes que Dieu veut recevoir au nombre des siens sont éprouvés dans la fournaise de l'humiliation.

Ayez donc confiance en Dieu dans vos afflictions et soyez assuré qu'il vous tirera de tous ces maux... Vous qui craignez le Seigneur, espérez en Lui, car sa Miséricorde viendra vous combler de joie ».

Le livre de la Sagesse XV, XVI, XVII, compare les épreuves des bons et celles des méchants en montrant leur gradation. Tandis que les Égyptiens sont frappés de plaies extraordinaires, les Israélites sont guéris des morsures des serpents par le serpent d'airain, ils sont nourris de la manne du ciel, conduits par une colonne de feu, et trouvent un passage dans la Mer Rouge où les Égyptiens sont engloutis. - Isaïe dit aussi (XLV, 22) : « J'efface tes transgressions comme un nuage et tes péchés comme une nuée. Reviens à moi, car je t'ai racheté ». Item, XLVI, 2-6.

Michée VII, 14-20, annonce que Dieu fera Miséricorde à son peuple : « Il ne répandra plus sa fureur contre les siens, parce qu'il se plaît à faire Miséricorde. Il aura encore compassion de nous, il détruira nos iniquités et il jettera tous nos péchés au fond de la mer. Selon sa promesse il fera Miséricorde à la postérité d'Abraham ».

Tous ces textes de l'Ancien Testament sur la raison des épreuves des justes éclairent beaucoup la conclusion du livre de Job. L'Évangile apportera la pleine lumière sur les fins dernières.

Le Christianisme sera seul capable de donner la solution définitive. Mais cette solution est déjà pressentie dans le livre de la Sagesse (entre 245 et 50 avant Jésus-Christ)...

Le livre de Job montre comment la suprême justice de Dieu, qui doit s'exercer un jour, comme Job en a conscience XIX 25 ss., dépasse infiniment nos vues étroites, et comment la vertu, loin d'être toujours accompagnée ici-bas de ce que les hommes appellent généralement le bonheur, peut se trouver exposée à de très dures épreuves.

Chez les saints du Christianisme on verra même que l'amour de la croix grandit en eux avec l'amour de Dieu et avec la configuration au Christ crucifié, dont le juste Job fut une figure.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE III

LES VOIES CACHÉES DE LA PROVIDENCE ET LE LIVRE DE JOB

Le bien supérieur auquel sont ordonnées ces épreuves des justes


Ce qui reste obscur pour chacun de nous, lorsque le malheur nous frappe, c'est ceci : cette affliction est-elle une épreuve ou un châtiment ? Il y a généralement les deux ; mais quelle est la mesure de chacun ? Dieu seul le sait.

Saint Paul écrivant aux Hébreux XII, explique la solution définitive en leur parlant de la persévérance au milieu des épreuves, à l'exemple de Jésus-Christ : « Courons avec persévérance dans la carrière qui nous est ouverte, ayant les regards sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi, qui en vue de la joie qui lui était réservée, a souffert la croix, méprisé l'ignominie et s'est assis à la droite du trône de Dieu.

Considérez celui qui a supporté contre sa personne une telle opposition de la part des pécheurs, afin que vous ne vous lassiez point, l'âme découragée.

Vous n'avez pas encore résisté jusqu'au sang, en luttant contre le péché... Le Seigneur châtie celui qu'il aime et il frappe de la verge tous ceux qu'il reconnaît pour ses fils. Supportez le châtiment : c'est comme des fils que Dieu vous traite ; car quel est le fils qui n'est pas châtié par son père ?... Dieu nous châtie pour notre bien, afin que nous participions à sa sainteté ». (Hebr., XII, 2-10).

Il reste comme le dit Job (VII) que la vie de l'homme sur la terre est comme un temps de service militaire et ses jours comme ceux d'un mercenaire : « Militia est vita hominis super terram, et sicut dies mercenarii dies ejus ». Mais le Seigneur accorde sa grâce à ses serviteurs ; bien plus, comme dit saint Paul, Rom., VIII, 38 : « il fait tout concourir au bien de ceux qui l'aiment » jusqu'à la fin ; tout : les grâces, les qualités naturelles, les contradictions, les maladies et même les péchés, dit saint Augustin, péchés qu'il permet dans la vie de ses serviteurs, comme il permit le reniement de saint Pierre, pour les conduire à une plus grande humilité et par là à un amour plus pur.


CHAPITRE IV

LA PROVIDENCE SELON L'ÉVANGILE


Plus clairement encore que l'Ancien Testament, le Nouveau affirme l'existence de la Providence, son absolue universalité qui s'étend aux moindres détails, son infaillibilité à l'égard de tout ce qui arrive, même à l'égard de nos actes libres futurs. Beaucoup plus clairement que dans l'Ancien Testament nous apprenons à quel bien supérieur la Providence ordonne toutes choses ; mais il reste qu'elle demeure insondable en certaines de ses voies les plus élevées.

Ce sont ces points fondamentaux que nous examinerons en insistant sur les textes de l'Évangile, qui les expriment le mieux.

A quel bien supérieur la Providence ordonne-t-elle toutes choses ?

Notre-Seigneur dans l'Église élève nos âmes à la contemplation du Gouvernement divin, en nous rendant attentifs à l'ordre admirable qui existe dans les choses sensibles et en nous faisant entrevoir qu'à plus forte raison il doit y avoir un ordre providentiel dans les choses spirituelles, ordre beaucoup plus beau, bienfaisant, salutaire et impérissable.

Déjà la réponse du Seigneur à la fin du livre de Job contenait confusément un a fortiori du même genre : s'il y a des merveilles si étonnantes dans le monde sensible, combien plus le monde spirituel doit-il être admirablement ordonné ?

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyLun 10 Fév - 16:28

CHAPITRE IV
LA PROVIDENCE SELON L'ÉVANGILE


Nous lisons en saint Matthieu, VI, 25 : « Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez ou boirez ; ni pour votre corps, de quoi vous le vêtirez. La vie n'est-elle pas plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement ? Regardez les oiseaux du ciel, ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n'amassent rien dans des greniers et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu'eux ? Qui de vous, à force de soucis, pourrait ajouter une coudée à sa taille ? Et pourquoi vous inquiétez-vous pour le vêtement ? Considérez les lis des champs, comme ils croissent ; ils ne travaillent, ni ne filent. Et cependant je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n'a pas été vêtu comme l'un d'eux. Que si Dieu revêt ainsi l'herbe des champs, qui est aujourd'hui et demain sera jetée au four, ne le fera-t-il pas bien plus pour vous, gens de peu de foi ? Ne vous mettez donc pas en peine, en disant : Que mangerons-nous ou que boirons-nous, ou de quoi nous vêtirons-nous ? Car ce sont les Gentils, qui cherchent toutes ces choses, et votre Père céleste sait ce dont vous avez besoin. Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît. N'ayez donc point de souci du lendemain ; le lendemain aura souci de lui-même. A chaque jour suffit sa peine. »

Ces exemples montrent que la Providence divine s'étend à toutes choses et donne à tous les êtres ce qui leur convient selon leur nature ; aux oiseaux le Seigneur donne la nourriture et il leur a donné aussi l'instinct qui les porte à rechercher ce qu'il leur faut, et non pas le reste. S'il agit ainsi à l'égard des êtres inférieurs, à plus forte raison veille-t-il sur nous.

Si la Providence pourvoit à ce qui est nécessaire aux oiseaux, combien plus est-elle attentive à ce qu'il nous faut, nous qui avons une âme spirituelle et immortelle, qui avons une fin incomparablement supérieure à celle de l'animal. Le Père céleste sait ce dont nous avons besoin. Et alors, que devons-nous faire ? Chercher premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et le nécessaire à notre subsistance corporelle nous sera donné par surcroît. Ceux qui poursuivent avant tout leur fin dernière, le souverain Bien, Dieu-même, que nous devons aimer par-dessus tout, recevront le nécessaire pour parvenir à cette fin, non seulement le nécessaire à la vie corporelle, mais les grâces nécessaires pour arriver à la vie de l'éternité[41].

Un autre témoignage de Notre-Seigneur relatif à la Providence se trouve en saint Matthieu, X, 28 ; il vise son assistance au moment de la persécution : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et ne peuvent tuer l'âme ; craignez plutôt celui qui peut perdre l'âme et le corps dans la géhenne. Deux passereaux ne se vendent-ils pas un as ? Et il n'en tombe pas un sur la terre, sans la permission de votre Père. Les cheveux mêmes de votre tête sont tous comptés. Ne craignez donc point : vous êtes de plus de prix que beaucoup de passereaux ». - De même en saint Luc, XII, 6, 7.
C'est toujours la même preuve a fortiori de la Providence, qui s'élève du soin que le Seigneur prend des choses inférieures pour nous faire entrevoir ce que doit être le gouvernement divin, dans l'ordre des choses spirituelles.

Comme le remarque saint Thomas en son Commentaire sur saint Matthieu, Notre-Seigneur veut nous dire : Ne craignez pas les persécuteurs, ils ne peuvent nuire qu'à votre corps, et le peu qu'ils peuvent, ils ne l'accomplissent pas sans une permission de la Providence, qui ne laisse arriver ces maux que pour un plus grand bien. Si un seul passereau ne tombe pas sur la terre, sans la permission du Père céleste, non seulement vous, vous ne tomberez pas, sans sa permission, mais pas même un cheveu de votre tête ; c'est dire encore que la Providence s'étend aux moindres détails, à nos moindres actes, qui peuvent et doivent avoir un rapport avec notre fin dernière.

L'infaillibilité de la Providence à l'égard de tout ce qui arrive n'est pas moins affirmée dans l'Évangile que son universalité. C'est indiqué dans le texte que nous venons de rappeler : « Les cheveux mêmes de votre tête sont tous comptés ». Mais cette infaillibilité s'étend même aux secrets des cœurs et à nos actes libres futurs. On lit en saint Jean, VI, 64 : « Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie. Mais il y en a parmi vous quelques-uns qui ne croient point ». Car Jésus savait, dès le commencement, ajoute l'Évangéliste, qui étaient ceux qui ne croyaient point et qui était celui qui le trahirait. De même en saint Jean, XIII, 11, Jésus dit pendant la dernière cène : « Vous êtes purs, mais non pas tous. Car il savait, ajoute saint Jean, quel était celui qui allait le livrer ; c'est pourquoi il dit : « Vous n'êtes pas tous purs ».

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyMar 11 Fév - 16:54

CHAPITRE IV

LA PROVIDENCE SELON L'ÉVANGILE


En saint Matthieu, XXVI, 21 sont rapportées aussi ces paroles : « Un de vous me trahira ». Si Jésus connaît ainsi avec certitude les secrets des cœurs, et les actes libres futurs, comme il le montre encore en annonçant les persécutions, à plus forte raison le Père céleste les connaît-il infailliblement.

Il nous est dit en saint Matth., VI, 4-6 : « Quand tu veux prier, entre dans ta chambre, et, ayant fermé ta porte, prie ton Père qui est présent dans le secret, et ton Père qui voit dans le secret, te le rendra ». - Saint Paul dira aux Hébreux, IV, 13 : « Ainsi nulle créature n'est cachée devant Dieu, mais tout est à nu et à découvert aux yeux de celui à qui nous devons rendre compte ».

La doctrine de la nécessité de la prière, sur laquelle revient souvent l'Évangile, suppose manifestement la Providence qui s'étend jusqu'à nos moindres actes.

Notre-Seigneur dit en saint Matthieu, VII, 7-11 : « Si vous, tout méchants que vous êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il ce qui est bon à ceux qui le prient ».

C'est une nouvelle preuve a fortiori de la Providence divine qui prend son point de départ dans les soins attentifs du père de famille à l'égard de ses enfants. S'il veille sur eux, à plus forte raison notre Père céleste veille-t-il sur nous.

De même en saint Luc, XVIII, 1-8 la parabole du juge inique et de la veuve nous porte à persévérer dans la prière. Ce juge, importuné par les instances toujours réitérées de cette veuve, finit par lui faire justice, pour qu'elle ne vienne pas sans cesse le tourmenter. « Entendez, ajouta le Seigneur, ce que dit ce juge inique. Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus qui crient à lui nuit et jour et il tarderait à leur égard ? »

Notre-Seigneur dit même en saint Jean, X, 29 : « Mes brebis entendent ma voix; je les connais et elles me suivront. Et je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais, et nul ne les ravira de ma main : mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous, et nul ne peut les ravir de la main de mon Père. Mon Père et moi nous sommes un ». Ces paroles montrent de la façon la plus frappante l'infaillibilité de la Providence à l'égard de tout ce qui arrive, même à l'égard de nos actes libres futurs.

La bonne nouvelle de l'Évangile nous montre encore plus clairement s'il est possible que c'est à un bien supérieur et éternel que le gouvernement divin ordonne toutes choses, et qu'il ne permet le mal, le péché dont il n'est nullement cause, que pour un plus grand bien.

On lit en saint Matthieu, V, 44 : « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent... priez pour ceux qui vous persécutent : afin que vous soyez les enfants de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et descendre la pluie sur les justes et sur les injustes ». - Luc, VI, 35 : « Soyez Miséricordieux, comme votre Père est Miséricordieux ».

La persécution elle-même tourne au bien de ceux qui la subissent par amour de Dieu : Matth., V, 10 : « Heureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, car le royaume des cieux est à eux ! Heureux serez-vous, lorsqu'on vous insultera, qu'on vous persécutera et qu'on dira faussement toute sorte de mal contre vous à cause de moi.

Réjouissez-vous et soyez dans l'allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux : c'est ainsi qu'ils ont persécuté les prophètes qui ont été avant vous ».

Voilà la pleine lumière qu'annonçait de loin le livre de Job, d'une façon plus nette le livre de la Sagesse lorsqu'il disait, III, 1-8 : « Les âmes des justes sont dans la main de Dieu..., au jour de leur récompense les justes brilleront..., ils jugeront les nations et les domineront à jamais ».

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyMer 12 Fév - 15:55

CHAPITRE IV

LA PROVIDENCE SELON L'ÉVANGILE


Voilà la pleine lumière que faisait entrevoir le livre II des Machabées, VII, 9, où, nous l'avons vu, un de ces martyrs au moment d'expirer dit au persécuteur : « Scélérat que tu es, tu nous ôtes la vie présente, mais le Roi de l'univers nous ressuscitera pour une vie éternelle, nous qui mourons pour être fidèles à ses lois ».

C'est à la clarté de cette doctrine révélée que saint Paul écrira aux Romains, V, 3 : « Nous nous glorifions même dans les tribulations, sachant que la tribulation produit la constance, la constance une vertu éprouvée et la vertu éprouvée l'espérance. Or l'espérance ne trompe point, parce que l'amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par l'Esprit-Saint, qui nous a été donné ». Rom., VIII, 28 : « Nous savons d'ailleurs que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son éternel dessein ». - Ce dernier texte résume tous les autres qui nous ont montré que la Providence universelle et infaillible ordonne au bien toutes choses, même le mal qu'elle permet, sans en être nullement cause. Reste la question : Quelle connaissance pouvons-nous avoir du plan du gouvernement divin ?

Les clairs-obscurs du plan providentiel

Nous avons trouvé nettement exprimée dans l'Ancien Testament cette vérité que la Providence divine est manifeste pour nous, bien que certaines de ses voies soient insondables. Cette vérité est encore mieux mise en relief dans le Nouveau Testament, par rapport à la sanctification et à la vie éternelle.

Que la Providence soit manifestée, dans l'ordre du monde, dans la conduite générale de la vie de l'Église et dans l'ensemble de la vie des justes, les paroles de Notre-Seigneur que nous venons de citer nous l'affirment : « Regardez les oiseaux du ciel, ils ne sèment, ni ne moissonnent, ils n'amassent rien dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu'eux » ? Matth., VI, 26.

Saint Paul dit de même Rom., I, 20 : « Les perfections invisibles de Dieu, son éternelle puissance et sa divinité sont, depuis la création du monde, rendues visibles à l'intelligence par le moyen de ses œuvres ».

Notre-Seigneur nous montre aussi ce qu'est la Providence à l'égard des âmes dans les paraboles de l'enfant prodigue, de la brebis perdue, dans celle du bon Pasteur, dans celle des talents. Tout ce qu'il y a de bonté au cœur du père de l'enfant prodigue préexiste d'une façon infiniment plus parfaite au cœur de Dieu, dont la Providence veille sur les âmes plus que sur toutes les autres créatures terrestres, et surtout dans la vie des justes elle fait tout concourir à leur fin dernière.

Jésus annonce aussi comment son Père et Lui veilleront sur l'Église et nous voyons maintenant la vérification de ses paroles : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église et les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle » Matth., XVI, 18 : « Allez, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai commandé : et voici que je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde » Matth., XXVIII, 19-20.

Nous voyons maintenant, dans l'évangélisation des peuples des cinq parties du monde, la réalisation de ce plan providentiel, qui dans ses lignes les plus générales est manifeste pour nous.

Cependant, il y a dans ce plan providentiel des choses qui restent pour nous très mystérieuses, et Notre-Seigneur nous avertit que ces choses mystérieuses paraîtront simples pourtant aux humbles et aux petits ; leur humilité leur permettra d'entrer dans les hauteurs de Dieu.

Parmi ces choses il y a surtout le mystère de la Rédemption, c'est-à-dire de la douloureuse Passion et de ses suites, mystère que Jésus ne révèle que progressivement à ses apôtres, au fur et à mesure qu'ils le peuvent porter, mystère qui les déconcertera au moment où il s'accomplira.

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptyJeu 13 Fév - 16:12

CHAPITRE IV
LA PROVIDENCE SELON L'ÉVANGILE

Les clairs-obscurs du plan providentiel


C'est aussi tout le mystère du salut : « Je te rends grâces, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux prudents et de ce que tu les a révélées aux petits. Oui, Père, je te bénis de ce qu'il t'a plu ainsi » Matth., XI, 25. - « Mes brebis entendent ma voix ; je les connais et elles me suivront. Et je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais ». Jean, X, 28.

« Il s'élèvera de faux Christ et de faux prophètes et ils feront de grands prodiges et des choses extraordinaires, jusqu'à séduire, s'il se pouvait, les élus eux-mêmes » Matth., XXIV, 24. - « Quant au (dernier) jour et à l'heure, nul ne les connaît, pas même les anges du ciel, mais le Père seul... (et il en est de même du jour de notre mort)... Veillez donc, puisque vous ne savez à quel moment votre Seigneur doit venir » Matth., XXIV, 36, 42. L'Apocalypse, qui annonce de façon obscure et symbolique ces événements, reste un livre scellé de sept sceaux (Apoc., V, 1).

Saint Paul insistera sur ces voies mystérieuses de la Providence : « Ce que le monde tient pour insensé, c'est ce que Dieu a choisi pour confondre les sages ; et ce que le monde tient pour rien, c'est ce que Dieu a choisi pour confondre les forts ; et Dieu a choisi ce qui dans le monde est sans considération et sans puissance, ce qui n'est rien, pour réduire au néant ce qui est, afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu ». I Cor., I, 27. - Il a choisi les douze apôtres parmi de pauvres pêcheurs de Galilée, et c'est par eux qu'il a triomphé du paganisme et qu'il a converti le monde à l'Évangile, au moment même où une grande partie d'Israël s'est montrée infidèle. - Dieu peut, sans être injuste, préférer qui il veut.
C'est librement qu'autrefois parmi les peuples il en a choisi un, que parmi les fils d'Adam il a choisi Seth de préférence à Caïn, puis Noé, Sem de préférence à ses deux frères, puis Abraham, Isaac de préférence à Ismaël, finalement Jacob. Maintenant c'est librement qu'il appelle les Gentils, et permet l'éloignement d'une partie d'Israël.

C'est là dans le plan providentiel un des clairs-obscurs qui frappent le plus[42] ; il se résume en ceci : d'une part Dieu ne commande jamais l'impossible et il veut le salut de tous, comme le dit saint Paul, I Tim., II, 4. D'autre part, comme le dit le même saint Paul : « Qu'as-tu que tu ne l'aies reçu ? » I Cor., IV, 7 ; nul ne serait meilleur qu'un autre, s'il n'était plus aimé par Dieu, dont l'amour pour nous est source de tout bien[43]. Autant ces deux vérités sont lumineuses et certaines prises séparément, autant leur intime conciliation est obscure pour nous, car elle n'est autre que l'intime conciliation de l'infinie justice, de l'infinie Miséricorde et de la souveraine Liberté.

Elles se concilient dans la Déité ou dans la vie intime de Dieu, mystère inaccessible pour nous, comme le serait, avons-nous dit, la lumière blanche à qui ne l'aurait jamais vue, mais connaîtrait seulement les sept couleurs de l'arc-en-ciel.

C'est ce grand mystère qui fait dire à saint Paul aux Romains, XI, 25-34 : « Une partie d'Israël est tombée dans l'aveuglement jusqu'à ce que la masse des gentils soit entrée... Mais eu égard au choix divin, les enfants d'Israël sont aimés à cause de leurs pères... et ils obtiendront Miséricorde... ô profondeur inépuisable de la sagesse et de la science de Dieu ! Que ses jugements sont insondables et ses voies incompréhensibles ! Car « qui a connu la pensée du Seigneur, ou qui a été son conseiller ? »... De lui, par lui et pour lui sont toutes choses. A lui la gloire dans tous les siècles ! »

Mais ces voies insondables de la Providence ne sont obscures pour nous, que parce qu'elles sont trop lumineuses pour les faibles yeux de notre esprit, et les simples et les humbles admettent facilement que, malgré leur obscurité et leur austérité, ces voies supérieures sont des voies de bonté et d'amour.

C'est ce qu'exprime encore saint Paul, lorsqu'il écrit aux Éphésiens, III, 18 : « je fléchis le genou devant le Père, de qui tire son nom toute famille dans les cieux et sur la terre..., pour qu'il vous rende capables de comprendre avec tous les saints quelle est la largeur et la longueur, la profondeur et la hauteur, même de connaître l'amour du Christ, qui surpasse toute connaissance, en sorte que vous soyez remplis de toute la plénitude de Dieu ».

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MessageSujet: Re: La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange   La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange EmptySam 15 Fév - 3:03

CHAPITRE IV
LA PROVIDENCE SELON L'ÉVANGILE

Les clairs-obscurs du plan providentiel


La largeur des voies de la Providence est leur extension à toutes les régions de l'univers, à toutes les âmes, à tous les secrets des cœurs. Leur longueur est leur extension à tous les temps depuis le jour de la création jusqu'à la fin du monde et à la vie éternelle des élus. Leur profondeur est la permission du mal parfois si grave, pour un bien supérieur que nous ne verrons clairement qu'au ciel. Leur hauteur est la sublimité de la gloire de Dieu et des élus, la splendeur du règne de Dieu définitivement établi dans les âmes.

La Providence est ainsi manifeste dans les lignes générales du plan qu'elle suit, mais ses voies les plus hautes restent mystérieuses pour nous. Peu à peu, cependant, comme le dit le Psaume CXI, 4 : « La lumière se lève dans les ténèbres pour les hommes droits : Exortum est in tenebris lumen rectis ». Nous pouvons comprendre chaque jour un peu mieux la parole d'Isaïe, IX, 1 : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres verra une grande lumière, et sur ceux qui habitaient les ombres de la mort la lumière resplendira ».

Et si nous sommes fidèles, nous apprenons chaque jour un peu plus à nous abandonner à cette divine Providence, qui dirige nos pas dans la voie de la paix, ad dirigendos pedes nostros in viam pacis, comme il est dit dans le Cantique Benedictus (Luc, I, 79).

L'abandon à la volonté divine est ainsi une des formes les plus belles de l'espérance unie à la charité ou à l'amour de Dieu. C'est même l'exercice éminent des trois vertus théologales, car il y a dans le parfait abandon à la Providence un grand esprit de foi, de confiance et d'amour de Dieu. Et lorsque cet abandon, loin de nous porter, comme les quiétistes, à nous croiser les bras sans rien faire, s'unit à la pratique humble et généreuse du devoir quotidien, c'est une des voies les plus sûres pour arriver à l'union divine, et pour conserver cette union an milieu des plus grandes épreuves.

Après avoir fait chaque jour ce qui est en notre pouvoir pour accomplir la volonté de Dieu, nous pouvons et nous devons nous abandonner à Lui pour tout le reste ; nous trouverons ainsi la paix, dans l'épreuve même. Nous verrons que Dieu se fait le guide des âmes qui s'abandonnent ainsi entièrement à lui, en continuant à pratiquer quotidiennement leurs devoirs, et il les conduit même d'autant plus sûrement, disent les saints, qu'il semble les aveugler davantage, en les faisant avancer dans leur ascension, là, dit saint Jean de la Croix, où il n'y a plus de chemin tracé d'avance, là où seul le Saint-Esprit peut diriger par ses divines inspirations.

CHAPITRE V
LA PROVIDENCE ET LA PRIÈRE

Lorsqu'on pense à l'infaillibilité de la prescience divine et à l'immutabilité des décrets providentiels, il n'est pas rare qu'une difficulté se présente à l'esprit : si la Providence infaillible est universelle et s'étend à tous les temps, si elle a tout prévu, quelle peut être l'utilité de la prière ? Comment nos supplications pourraient-elles éclairer Dieu et lui faire changer ses desseins, à lui qui a dit : « Ego sum Dominus, et non mutor - Je suis le Seigneur et ne change point ».

Faut-il conclure que la prière ne peut rien, qu'il est trop tard, que, si nous prions, aussi bien que si nous ne prions pas, ce qui devait arriver arrivera ?

L'Évangile dit au contraire : « Demandez et vous recevrez ». En réalité, cette objection, souvent formulée par les incrédules, en particulier par les Déistes du XVIIIe et du XIXe siècle, vient d'une erreur sur la cause première de l'efficacité de la prière et sur le but auquel elle est ordonnée. La solution de cette objection va nous montrer les rapports très intimes de la prière avec la Providence : 1° elle se fonde sur elle, 2° elle la reconnaît pratiquement, 3° elle coopère à son action.

Nous parlons parfois, comme si la prière était une force qui aurait son premier principe en nous, et par laquelle nous essayerions d'incliner la volonté de Dieu, par manière de persuasion. Et alors notre esprit se heurte à la difficulté que nous venons de formuler : personne ne peut éclairer Dieu, ni lui faire changer ses desseins.

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