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| Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge | |
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Miséricorde de Dieu
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| Sujet: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Lun 5 Avr - 18:17 | |
| Rappel du premier message :PREMIÈRE PARTIE SAINT JOSEPH CONSIDÉRÉ PAR RAPPORT A DIEU
INTRODUCTION
«Israël aimait Joseph plus que tous ses autres fils ». Gen., XXVII, 3.
Place de saint Joseph dans l'ordre de l'IncarnationPour arriver à se faire une idée des grandeurs de saint Joseph, il faut commencer par connaître la place qui lui appartient dans l'ordre de l'Incarnation. Car l'Incarnation est la première et la plus parfaite des œuvres divines, dans laquelle se reflètent, comme dans un océan de beauté, les attributs de Dieu : sa sagesse, sa justice, sa puissance et sa bonté. Aussi l'Incarnation est-elle la mesure de toute vraie gloire et de toute noblesse. Plus une créature se rapproche du Verbe incarné, plus est élevée la place qu'elle occupe dans l'ordre du monde spirituel. Or, une personne peut appartenir à l'ordre de l'Incarnation de deux manières : intrinsèquement et extrinsèquement. Intrinsèquement, soit en réalisant en soi la substance même de l'Incarnation, soit en coopérant à la réalisation de cet auguste mystère. Le Christ, Notre-Seigneur, par le fait même de l'union hypostatique, réalise en lui ce chef-d'œuvre ineffable, étant, dans l'unité de personne, Dieu et homme tout ensemble. Il appartient donc intrinsèquement et substantiellement à l'ordre de l'Incarnation. Il en est lui-même la raison d'être. La très sainte Vierge, sa Mère, appartient, elle aussi, intrinsèquement à cet ordre, non pas d'une manière substantielle, comme son Fils, mais par sa coopération réelle et vitale, ayant fourni, sous l'action du Saint-Esprit, son sang virginal pour former le corps du Verbe incarné. A cet ordre de l'Incarnation appartiennent extrinsèquement tous ceux qui ont contribué à mettre en relief ce mystère incomparable. Ce sont d'abord les Prophètes, les Apôtres et les Evangélistes, qui ont annoncé la venue du Christ ou qui l'ont prêché aux Gentils; les martyrs qui ont versé leur sang en témoignage de sa divinité; les ministres du Nouveau Testament, qui, par les sacrements de l'Eglise, continuent sa mission rédemptrice; enfin les fidèles, qui s'efforcent de reproduire en eux-mêmes l'image admirable de l'Homme-Dieu. Cependant, au-dessus de tous ces personnages, il en est un qui, par la mission toute spéciale qui lui fut confiée, se rattache plus intimement encore, bien que toujours d'une manière extrinsèque, au grand mystère de l'Incarnation. C'est saint Joseph, cet homme choisi par Dieu pour être l'Epoux de la Vierge Mère, de Celle qui, dans les desseins du ciel, ne devait concevoir le ,Verbe, qu'en tant qu'elle serait unie, par les liens d'un véritable mariage, à cet auguste Patriarche. Voilà donc la place qu'occupe saint Joseph dans l'œuvre de l'Incarnation, place unique après celle de la très sainte Vierge, son Epouse. Or, comme l'union légitime de l'homme avec la femme, telle que Dieu l'a voulue dès le principe quand il donna au mariage sa sanction divine, établit entre les deux une relation de parenté la plus étroite qui puisse exister, il s'ensuit que saint Joseph est en quelque sorte admis à participer aux privilèges attachés à la dignité de la Mère de Dieu. C'est pourquoi, bien que cette coopération de saint Joseph à l'œuvre de l'Incarnation ne soit pas intrinsèque, comme celle de la Vierge Mère, elle ne cesse pas néanmoins d'être le fondement et la raison d'être de toutes ses prérogatives. Ceci étant, notre premier soin, dans notre étude sur le glorieux Patriarche, sera d'examiner ses relations avec Marie, son épouse, et conséquemment avec Jésus-Christ, le vrai fils de Marie. Source : Livres-mystiques.com https://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Lepicier/StJoseph.htmlQue Jésus Miséricordieux vous bénisse Miséricorde de Dieu
Dernière édition par Miséricorde de Dieu le Ven 16 Avr - 4:10, édité 2 fois | |
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Miséricorde de Dieu
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Mer 26 Mai - 16:56 | |
| CHAPITRE V - RELATIONS DE SAINT JOSEPH AVEC LA TRES SAINTE VIERGE
Union de corps et d'âme entre saint Joseph et la Vierge Marie
Le premier effet du mariage admirable de saint Joseph avec la très sainte Vierge fut d'établir, entre les deux époux, une double relation : une relation de corps et une relation d'âme ou d'esprit. D'abord, nous savons que, par le mariage, chacun des époux transmet à son conjoint un droit strict et réel sur son propre corps, selon ces paroles de saint Paul
« La femme n'a pas de droit sur son propre corps, mais le mari ; de même le mari n'a pas de droit sur son propre corps, mais la femme. » En vertu donc de ce mariage, le corps de Marie appartint réellement à saint Joseph, et, d'autre part, le corps de saint Joseph appartint réellement à Marie.
Toutefois les saints époux avaient renoncé à l'exercice de ce droit, en conséquence du vœu de virginité émis par chacun d'eux.
Non moins intime fut l'union qui résulta du lien conjugal entre les âmes des deux époux, union très sainte, très forte et très sublime, dans l'exercice d'une charité sans limites. Ici encore, saint Paul est notre guide : « Maris, dit-il aimez vos femmes, comme le Christ aussi a aimé l'Eglise... Les maris doivent aimer leurs femmes comme leurs propres corps... Que chacun de vous, sans exception, aime sa femme comme lui-même, et que la femme respecte son mari. »
Ces grands préceptes, Marie et Joseph les avaient pratiqués à perfection avant que le grand Apôtre les inculquât. Ecoutons comment saint Bernardin de Sienne developpe cette pensée :
« Ce fut par inspiration divine, dit-il, que Marie et Joseph contractèrent ensemble l'union matrimoniale... Or, on ne peut penser que l'Esprit Saint eût pu unir à l'âme d'une Vierge si sainte une âme qui ne lui ressemblât pas parfaitement par l'opération des vertus...
Comme donc la sainte Vierge savait que saint Joseph lui avait été donné par l'Esprit Saint pour Epoux et gardien fidèle de sa virginité, voulant qu'il partageât avec elle, dans l'amour de la charité et dans un soin plein de respect, ses devoirs envers le très divin Fils de Dieu, je crois pour cela qu'elle aimait saint Joseph très sincèrement, et de toute l'affection de son cœur. »
Remarquons ici combien l'union des esprits entre Marie et saint Joseph l'emporta sur l'union des parents avec leurs enfants. En règle générale, dit saint Thomas un époux aime son épouse plus intensivement qu'il n'aime ses parents, car elle lui est unie en vue de devenir une seule chair avec lui, selon ces mots de Dieu lui-même : « Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. »
Quant au respect que les époux se doivent mutuellement, généralement parlant, un homme doit respecter ses parents plus que sa femme, parce que les parents sont aimés comme étant principes de vie et représentent un bien plus éminent ; cependant saint Joseph eut plus de vénération pour son Epouse que pour ses parents, parce que le bien qui était en elle, c'est-à-dire la divine maternité, est plus excellent que n'importe quel bien créé.
Ajoutons que, de même que Jésus-Christ, en vertu de l'amour qu'il portait à son Eglise, se livra pour elle à la mort, de même aussi saint Joseph n'aurait point hésité, si cela eût été nécessaire, à donner sa vie pour son Epouse chérie, la bienheureuse Vierge Marie : ce qu'il fit en réalité quand elle dut fuir en Egypte avec son divin Enfant, bien que ce ne fût pas la volonté divine qu'il mourût alors.
Source : Livres-mystiques.com
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Jeu 27 Mai - 18:07 | |
| CHAPITRE V - RELATIONS DE SAINT JOSEPH AVEC LA TRES SAINTE VIERGE
Devoirs de saint Joseph envers la très sainte Vierge
Passons maintenant à considérer séparément les devoirs que le mariage de saint Joseph avec la Vierge Marie imposait au glorieux Patriarche. Ces devoirs peuvent se réduire à trois chefs : d'abord, saint Joseph devenait le ministre fidèle de Marie dans les choses temporelles ; en second lieu, il devenait son fidèle gardien et le témoin de sa virginité ; enfin, il devait partager avec elle ses peines et ses joies.
En commençant par le premier devoir, rappelons-nous que la loi naturelle demande que le mari procure à sa femme les choses nécessaires à la vie, autant que celle-ci peut se trouver dans le besoin.
Or, Marie, nous le savons ; n'appartenait pas à la classe riche ; il fallait donc que le saint Patriarche procurât à son épouse le pain de chaque jour. Si l'on demande à quelle vertu se rapporte ce devoir, nous répondrons que c'est à la piété, vertu qui nous incline à subvenir, autant qu'il est en nous, aux besoins de nos parents, de notre patrie et des personnes qui nous sont proches.
Un second devoir que saint Joseph dut remplir envers Marie, fut celui de protéger la fleur de sa virginité ; non point que cette protection s'exerçât dans le cas d'une corruption intérieure, car Marie ne connut point les tentations de la chair ; mais il fallait que Joseph défendît son Epouse contre les attaques des méchants aussi bien que contre les calomnies d'hommes charnels, qui ignoraient complètement le mystère de sainteté opéré en elle par l'auguste Trinité.
Aussi saint Jérôme n'hésite-t-il pas à indiquer, comme raison du mariage de la Vierge avec saint Joseph, la crainte que les Juifs ne vinssent à la lapider, comme coupable d'adultère. D'autre part, la virginité de Marie devant être proposée à l'imitation des fidèles, il était nécessaire qu'elle eût non seulement un gardien, mais aussi un témoin autorisé, ce gardien et ce témoin ne pouvant être que le saint Patriarche.
Le troisième devoir de saint Joseph envers Marie fut celui de prendre part aux peines que, comme Corédemptrice du genre humain, celte Vierge sainte devait souffrir en union avec Jésus. Les plus grandes peines deviennent supportables quand elles sont partagées entre plusieurs ; aussi Dieu avait-il ordonné la présence de saint Joseph dans la sainte Famille, afin que Marie pût plus facilement supporter ses douleurs, en se voyant entourée de l'affection de saint Joseph.
On dira, peut-être que Marie jouissait déjà de la douce présence de son Fils, et que si saint Joseph était uni à elle afin de la consoler dans ses peines, Dieu n'aurait pas dû permettre la mort du saint Patriarche avant la passion du Sauveur, car, c'est à ce moment surtout que les souffrances de la Mère de Dieu atteignirent leur sommet.
Pour répondre à cette difficulté, observons d'abord que la divine Providence ordonne toute chose avec poids et mesure. Or, Jésus, dans son jeune âge, assistait sa Mère, il est vrai, par l'inspiration intérieure de sa grâce, mais non pas par sa conversation extérieure, car il n'appartient pas aux enfants, dans leur jeune âge, d'instruire ou de consoler leurs parents.
Ils ne le font que quand ils sont déjà arrivés à un âge plus avancé. C'est pourquoi, durant toutes les années de la minorité du Sauveur, Joseph fut le consolateur de Marie : il partagea, comme un époux dévoué doit le faire, ses peines et ses angoisses, comme aussi il partageait ses consolations et ses joies. Plus tard, quand Jésus commença sa mission publique et que saint Joseph fut mort, ce fut pour le Verbe incarné le moment de remplir, envers sa Mère chérie, l'office de consolateur.
Source : Livres-mystiques.com
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Ven 28 Mai - 16:48 | |
| CHAPITRE V - RELATIONS DE SAINT JOSEPH AVEC LA TRES SAINTE VIERGE Devoirs de saint Joseph envers la très sainte Vierge Ajoutons que, dans les desseins de la divine Providence, l'union de saint Joseph avec la Vierge Marie avait aussi pour but la mutuelle édification des saints Epoux. C'est une des plus consolantes vérités de notre foi, que les événements de cette vie sont, par rapport à chaque individu, ordonnés ou arrangés par Dieu, pour le bien des élus. S'il se trouve parfois sur notre chemin, des personnes dont l'exemple ou les actions sont de nature à nous porter au mal, nous en rencontrons souvent d'autres qui sont pour nous, par la sainteté de leur vie, une source d'édification. Or, l'union conjugale de Marie et de saint Joseph fut précisément pour chacun de ces saints Epoux une cause mutuelle et permanente d'ascension dans la vertu, s'excitant l'un l'autre à la ferveur dans le service divin, à l'accomplissement d'actes de charité réciproque et à l'union dans la prière afin d'obtenir le but ultime de l'lncarnation, le salut des âmes. Fausses opinions touchant la présence de saint Joseph dans la sainte Famille Gardons-nous cependant de dire, avec certains auteurs, plus zélés qu'avertis, que de même qu'il appartient à l'homme d'instruire son épouse sur les grands mystères de la vie spirituelle, ainsi Dieu avait décrété l'union des saints Epoux, pour que Marie pût apprendre, à l'école de Joseph, les secrets des saintes Ecritures touchant l'œuvre de la Rédemption. Une telle opinion est contraire aux données de la sainte théologie, qui nous enseigne que Marie n'a jamais rien appris des hommes, mais que ses seuls maîtres furent l'Esprit Saint et son divin Fils. Encore moins faudrait-il dire, comme nous l'avons lu quelque part, que la présence de saint Joseph au sein de la sainte Famille avait pour but de maintenir la Mère de Dieu dans la pratique exacte des plus sublimes vertus, en empêchant, par son exemple et ses paroles, qu'elle ne fit rien qui contredit à l'esprit de sa sublime dignité. La grâce dont l'âme de Marie était remplie et dans laquelle elle était confirmée, était suffisante pour la maintenir au sublime degré de sainteté qui convenait à sa dignité et pour empêcher qu'elle ne contristât jamais le Saint-Esprit, son gardien dans les voies de, la vie intérieure. Saint Joseph a-t-il accompagné la sainte Vierge dans le voyage qu'elle fit, immédiatement après l'Annonciation, pour visiter sa cousine Elisabeth ? On s'est demandé souvent si saint Joseph accompagna la très sainte Vierge dans le voyage qu'elle fit à Saint-Jean « in montana », lieu appelé communément Ain Karem. Ce voyage Marie l'accomplit immédiatement après l'Annonciation pour visiter sa cousine Elisabeth. Or saint Luc, qui nous raconte ce voyage, ne parle point du saint Epoux de Marie à cette occasion. Sans prétendre trancher une question sur laquelle les auteurs sont divisés, nous embrassons volontiers l'opinion de saint Bernardin de Sienne, opinion partagée également par de graves auteurs, tels que le cardinal Cajetan, Suarez et bien d'autres, selon laquelle saint Joseph prit réellement part à ce voyage, pour assister Marie et pourvoir à sa sûreté, comme d'ailleurs c'était son devoir. En effet, les saints Epoux, nous l'avons dit, étaient déjà unis par les liens d'un vrai mariage ; d'un autre côté, il ne convenait pas que saint Joseph abandonnât son épouse dans une circonstance où elle avait tout particulièrement besoin de son assistance. Source : Livres-mystiques.com
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Sam 29 Mai - 17:54 | |
| CHAPITRE V - RELATIONS DE SAINT JOSEPH AVEC LA TRES SAINTE VIERGE
Saint Joseph a-t-il accompagné la sainte Vierge dans le voyage qu'elle fit, immédiatement après l'Annonciation, pour visiter sa cousine Elisabeth ?
On pourrait objecter que, si le saint Patriarche avait réellement pris part à ce voyage, il aurait certainement entendu le cantique de Marie et aurait pu connaître ainsi le mystère accompli en elle, tandis que ce même mystère ne lui fut révélé que plus tard, c'est-à-dire, lorsqu'il s'aperçut que Marie était enceinte.
Mais on peut très bien répondra que Marie seule entra alors chez Elisabeth, selon la coutume des Orientaux qui ne permettent pas aux hommes de s'introduire dans les habitations des femmes. On peut encore supposer que si le saint Patriarche entendit la salutation d'Elisabeth et le Cantique de Marie, il n'en saisit pas pleinement le sens, mais que seulement il comprit, d'une manière générale, que quelque chose de grand devait s'accomplir en son Epouse. Il se contenta donc d'admirer en silence les voies de la Providence, attendant qu'il plût à Dieu de l'éclairer davantage.
Cette opinion, qui nous semble la plus probable, ne devrait cependant pas nous faire mépriser une autre supposition qu'émet le savant Pape Benoît XIV lorsqu'il dit[159] : « Nous tenons pour très vraisemblable que la sainte Vierge n'alla pas seule dans ce voyage ; nous ne pouvons cependant pas affirmer en toute sûreté que saint Joseph fut son compagnon. » En effet, le saint Patriarche aurait très bien pu pourvoir à ce qu'une matrone grave accompagnât Marie dans cette visite à sainte Elisabeth.
Angoisse de saint Joseph
Nous arrivons à un événement de la vie du glorieux Patriarche que l'on peut considérer comme le moment le plus critique et le plus douloureux de son union matrimoniale avec la Vierge toute sainte. Voici comment l'Ecrivain sacré raconte le fait : « Marie, mère (de Jésus), étant mariée à Joseph, il se trouva qu'elle avait conçu de l'Esprit Saint, avant qu'ils eussent été ensemble. Mais Joseph, son Epoux, étant un homme juste, et ne voulant pas la déshonorer, résolut de la renvoyer secrètement.
Or, comme il roulait ces pensées dans son esprit, voici qu'un Ange du Seigneur lui apparut dans son sommeil et lui dit : Joseph, fils de David, ne crains pas de garder avec toi Marie comme ton épouse ! Car ce qui est né en elle procède du Saint-Esprit... Joseph, réveillé de son sommeil, fit ce que l'Ange du Seigneur lui avait ordonné et continua de vivre avec son épouse. »
Ces paroles, aussi sobres qu'éloquentes, nous révèlent discrètement combien grande dut être l'angoisse du saint Patriarche. D'une part, il connaissait par expérience l'incomparable sainteté de son Epouse ; de l'autre, il ne pouvait s'expliquer l'état de grossesse dans lequel il la voyait.
Que fit alors cet homme juste par excellence ? il fit ce que doit faire toute personne prudente se trouvant en présence d'un événement dont elle ne connaît ni la cause proportionnée, ni l'entière signification. Il suspendit son jugement, se laissant toutefois incliner vers l'alternative la plus favorable à la très sainte Vierge.
Car, tant que nous n'avons pas de preuves certaines de la malice de certaines actions de notre prochain, la prudence et la charité veulent que nous interprétions ces actions dans un bon sens, aimant plutôt nous tromper en gardant une bonne opinion de quelque homme mauvais, qu'en nourrissant dans notre esprit une mauvaise opinion d'un homme vertueux.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Dim 30 Mai - 16:41 | |
| CHAPITRE V - RELATIONS DE SAINT JOSEPH AVEC LA TRES SAINTE VIERGE Angoisse de saint Joseph
Saint Joseph, donc, tout en ignorant la vérité objective du mystère qui nous occupe, ne perdit aucunement l'estime qu'il avait pour Marie ; nous allons plus loin, il ne soupçonna, chez elle, rien qui impliquât une justice diminuée ou un fléchissement de sainteté.
Selon l'enseignement du Docteur angélique, il y a, dans tout soupçon, quelque chose de vicieux, venant de ce fait, que nous entretenons, au sujet d'une personne, une opinion mauvaise appuyée sur de faibles indices. Or ceci peut arriver de trois manières : d'abord, de ce fait, qu'une personne étant mauvaise en elle-même, elle croit facilement que les autres lui ressemblent ; secondement, parce qu'on n'aime pas une personne ou qu'on lui porte envie, ou encore qu'on pense d'elle les mauvaises qualités qu'on lui souhaite ; troisièmement, parce qu'on a souvent éprouvé le mal, et ainsi les vieillards, instruits par une longue et pénible expérience, deviennent facilement soupçonneux.
Il est donc évident que tout soupçon, entendu dans le sens que nous venons de dire, entraîne avec soi une certaine tache de péché : de péché véniel, si l'on se maintient dans le cercle d'un simple doute positif non fondé ; de péché mortel, si l'on incline, sans motif suffisant, vers une culpabilité réelle, de la part de notre prochain, dans une matière qui soit grave en elles même.
Ces considérations nous amènent à conclure combien saint Joseph, lui, si juste et si saint, et si désireux du bien de sa chaste épouse, eut à cœur d'écarter de son esprit toute idée de soupçon sur la conduite de Marie. Bien sérieux, il est vrai, était le motif qui aurait pu, absolument parlant, l'incliner à conclure à un acte d'adultère de la part de son Epouse ; mais les circonstances si bien connues de la sainteté de Marie ne laissèrent, dans l'âme du saint Patriarche, aucun accès au soupçon ; aussi, malgré son angoisse, n'estima-t-il pas moins son Epouse bien-aimée. Mais, en réalité, quelle peine pour son coeur si délicat et si aimant !
Opinions entièrement erronées
Non seulement nous ne pouvons admettre que saint Joseph soupçonnât la vertu de Marie, mais nous devons également rejeter l'opinion de quelques auteurs, parmi lesquels toutefois nous rencontrons de grands noms, tels que Calmet et Corneille de la Pierre, qui ont cru pouvoir retracer l'origine de l'angoisse du saint Patriarche dans ce fait que ses soupçons tombèrent, non pas sur Marie, mais sur quelque individu, qui aurait pu commettre sur elle des actes de violence.
Eloignons de notre esprit une supposition si grossière, si contraire au soin jaloux de la Providence envers Marie, si indigne du gardien fidèle que Dieu lui avait donné.
Nous rejetterons non moins catégoriquement, une opinion que nous lisons passim dans les écrits de saint Bernard dans ceux du pieux Gerson et dans les révélations de sainte Brigitte, selon laquelle le saint Patriarche, sachant que Marie avait conçu par l'opération du Saint-Esprit, conçu, dis-je, le Verbe de Dieu, aurait été poussé, par un sentiment de profonde humilité, à se juger indigne de jouir de la compagnie de la Mère de Dieu, à cause de ses péchés.
Si nous nous rappelons, d'un côté, que saint Joseph ne fut instruit que plus tard de la miraculeuse fécondité de Marie, et que, d'un autre, nulle tache ne vint jamais souiller sa vie irréprochable, nous verrons que cette opinion est encore moins soutenable que la précédente. D'ailleurs, si le saint Patriarche forma le dessein d'éloigner Marie de son toit, ce ne fut que pour se conformer aux prescriptions de la loi de Moïse, comme nous le disions tout à l'heure.
Source : Livres-mystiques.com
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Lun 31 Mai - 17:20 | |
| CHAPITRE V - RELATIONS DE SAINT JOSEPH AVEC LA TRES SAINTE VIERGE
Conduite de saint Joseph dans cette circonstance
Nous aimons à nous arrêter ici, pour admirer la conduite de saint Joseph, dans cette circonstance qui, certainement, fut la plus douloureuse de toute sa vie. Or, cette conduite nous apparaît empreinte d'une prudence et d'une charité sans égales ; c'est pourquoi l'Esprit Saint lui décerne, précisément en cette occasion, le titre d'homme juste, titre qui, dans le langage de l'Écriture, désigne un homme orné de toutes les vertus.
La loi de Moïse ne permettait pas à un homme de garder avec lui une femme adultère. La faute de cette malheureuse devait être portée devant les juges, auxquels il appartenait de se prononcer en faveur du divorce et de fixer la peine à infliger.
Mais le saint Patriarche ne pouvait croire à la culpabilité de Marie ; il n'était donc pas strictement tenu de suivre ce procédé, qui aurait abouti au renvoi de son Epouse bien-aimée. Il crut donc suffisant, dans son exquise charité, de la renvoyer secrètement, contentant ainsi sa conscience et pourvoyant en même temps à l'honneur de Marie.
Mais le Seigneur, qui se plaît à consoler les humbles, ne laissa pas longtemps le juste Joseph dans cette pénible situation. Il lui envoya un Ange pour le rassurer et le mettre au courant du mystère divin qui s'était opéré en Marie. Le messager céleste révéla donc au saint Patriarche la conception virginale de Jésus et sa mission rédemptrice ; de plus, il lui confia le mandat honorable d'imposer à l'enfant qui devait naîtra le nom ineffable de Jésus.
La promptitude avec laquelle le secours divin fut accordé à saint Joseph en réponse à ses ferventes prières, est bien faite pour nous inspirer une grande confiance dans l'aide d'En-Haut au milieu des peines et des angoisses dont la vie présente est parsemée. D'ailleurs, la sainte Ecriture et l'histoire ecclésiastique sont pleines d'exemples d'un pareil secours, généreusement accordé à tous ceux qui recourent à Dieu avec une foi vive et une humble confiance.
Quel fut le genre de vision dont, fut gratifié saint Joseph ?
Veut-on maintenant savoir à quel genre de vision prophétique se rattache la révélation accordée à saint joseph ? Nous répondons que cette révélation ne fut pas l'effet d'une vision corporelle, mais d'une vision imaginaire, car il est dit que l'ange apparut au saint Patriarche dans son sommeil. Cette vision fut donc d'un degré inférieur à la vision corporelle accordée à la très sainte Vierge lors de l'Annonciation.
Nous disons que la vision imaginaire est d'un degré inférieur à la vision corporelle ; car les sens corporels étant le principe de la connaissance humaine, il s'ensuit que ce qui nous est manifesté par ce moyen, l'emporte en certitude sur ce qui nous est révélé par voie d'imagination.
Il ne faudrait pas croire, cependant, que la vision accordée à saint Joseph durant son sommeil, manquât de certitude. Car ce sommeil appartenait au genre de la révélation prophétique, dans laquelle le voyant acquiert la certitude de la vérité objective des choses qui lui sont manifestées.
En réalité, une telle vision apporte toujours à l'âme une très grande paix, contrairement aux illusions diaboliques, qui laissent le trouble dans l'esprit ; de plus, il n'y a rien dans ces sortes de révélations pour choquer la foi ou les principes de la raison ; en outre, l'âme du voyant est tellement convaincue de la vérité des choses qui lui sont manifestées, qu'il n'a, par rapport à elles, aucun doute, et que même il serait prêt à confirmer, par son sang, la réalité de ce qu'il a vu. Ce que nous lisons dans la vie de plusieurs Saints gratifiés de visions de ce genre confirme amplement ce que nous affirmons.
Source : Livres-mystiques.com
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Mar 1 Juin - 17:18 | |
| CHAPITRE V - RELATIONS DE SAINT JOSEPH AVEC LA TRES SAINTE VIERGE
Notre étude sur les relations de saint Joseph avec la Mère de Dieu serait incomplète
De quelle manière Marie fut-elle soumise à saint Joseph durant sa vie mortelle et, si nous ne parlions maintenant de la manière dont il est dit que Marie lui fut soumise, comme une épouse doit l'être envers son époux, selon ces paroles de saint Paul : « Que les femmes soient soumises à leurs maris, comme au Seigneur ; car l'homme est le chef de la femme. » Mais, pour éviter toute erreur dans un sujet aussi délicat, il convient de distinguer une triple soumission : l'une regarde la bonté ; 1a seconde, la servitude ; la troisième, la volonté.
C'est-à-dire, qu'un homme peut être soumis à un autre, ou parce que celui-ci possède une bonté morale plus grande que celui-là ; ou parce qu'il ordonne et dispose les choses temporelles de cette autre personne ; ou enfin parce qu'il lui impose des ordres que celui-ci doit suivre. Voyons maintenant de quelle manière on peut dire que Marie fut soumise à saint Joseph.
D'abord, en ce qui concerne la soumission de Marie envers son Epoux pour ce qui regarde la bonté, il est clair qu'elle ne lui fut pas soumise, puisqu'elle le surpassait de beaucoup en grâce et en sainteté. On peut dire, au contraire, que ce fut saint Joseph qui reçut d'elle, par une influence morale, des grâces très abondantes pendant tout le temps qu'ils vécurent ensemble.
Quant à la soumission de servitude qui regarde, nous l'avons dit, les dispositions temporelles de la vie par rapport aux soins à procurer à la sainte Famille, aux moyens de subsistance ou au règlement des relations de la vie conjugale, il n'y a point de doute que Marie ne fût soumise à saint Joseph, auquel il appartenait, par disposition divine, de fixer le temps, l'ordre et la manière dont chaque chose devait s'accomplir.
C'est ainsi que, quand éclata la persécution d'Hérode, c'est à saint Joseph et non point à la sainte Vierge, que l'ordre fut transmis de fuir en Egypte, et plus tard de retourner dans la terre d'Israël.
C'est pourquoi, ce qui est dit de Notre-Seigneur par rapport à ses parent : « Il leur était soumis », paroles qui doivent s'entendre d'une soumission de servitude, s'applique également à Marie par rapport à son très chaste époux.
Notons que cette soumission ne portait aucune atteinte à l'incomparable dignité de la Mère de Dieu. Car ce genre de soumission était bien différent de celui qui suppose un strict domaine, tel qu'est la soumission d'un esclave par rapport à son seigneur. La soumission de Marie à saint Joseph était plutôt une espèce de subordination voulue par Dieu pour le bien des membres de la sainte Famille, subordination dont saint Paul parle si bien, quand il dit: « Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures, car il n'y a d'autorité qui ne vienne de Dieu. »
C'est pourquoi, en obéissant à Joseph, la très sainte Vierge obéissait plutôt à Dieu qu'à un homme, selon l'expression de saint Pierre : « Soyez donc soumis à tout règlement humain, à cause de Dieu, comme étant libres, non pour faire de la liberté une sorte de voile dont se couvre la méchanceté, mais comme les serviteurs de Dieu. »
Le troisième genre de soumission, avons-nous dit, est une soumission de volonté. Mais comme ce point présente une certaine difficulté, nous le traiterons à part et plus au long dans le paragraphe suivant.
Source : Livres-mystiques.com
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Mer 2 Juin - 16:59 | |
| CHAPITRE V - RELATIONS DE SAINT JOSEPH AVEC LA TRES SAINTE VIERGE
Marie, avant l'Incarnation, fut tenue à obéir à saint Joseph
Que la très sainte Vier, il faut que ceux qui sont supérieurs meuvent les inférieurs par leur volonté, en vertu de l'autorité divinement ordonnée.
Or, mouvoir par la raison et par la volonté signifie commander. C'est pourquoi, de même que dans l'ordre naturel institué par Dieu, les choses matérielles inférieures doivent être soumises à la motion des choses supérieures ; ainsi, dans les choses humaines, l'ordre du droit naturel et divin exige que les inférieurs obéissent à leurs supérieurs. » Ainsi saint Paul écrit-il : « Obéissez à vos supérieurs et soyez-leur soumis. »
Marie donc, avant l'Incarnation du Verbe, était tenue de par la loi divine, qui veut que les femmes soient soumises à leurs maris, à obéir à son légitime Epoux, saint Joseph.
On dira peut-être que, même avant la conception du Verbe, Marie excellait en science et en vertu, ce qui semble indiquer qu'elle aurait dû plutôt commander qu'obéir, puisque ce sont précisément ces qualités qui donnent de l'autorité à ceux qui sont haut placés.
Mais, comme l'observe de nouveau le Docteur angélique, du fait qu'une personne possède la science et la vertu à perfection, il ne s'ensuit pas qu'elle possède la dignité de principe par rapport aux autres et qu'elle doive pour cela les gouverner. Ces qualités lui donnent bien une certaine excellence en elle-même, pour laquelle elle est digne d'être honorée par les autres ; mais elles ne suffisent pas pour lui confier l'autorité de commander.
On pourrait encore objecter que, parmi les peines portées contre Eve prévaricatrice, il y eut celle de la sujétion à l'égard de son mari, selon ce que nous lisons dans la Genèse : « Tu seras sous la puissance de ton mari et il te dominera. »
Il semblerait donc que Marie, exempte comme elle était de tout péché, n'aurait pas dû être soumise à cette peine. Mais, pour nous servir encore de l'autorité de saint Thomas, nous observons que la soumission de la femme par rapport à l'homme ne fut pas introduite comme une peine portée contre elle, en tant que cette soumission regarde le droit de commander que l'homme possède ; car même avant le péché, l'homme aurait été le chef de la femme et il aurait eu autorité sur elle. La peine consiste en ceci que, après le péché, la femme éprouve une répugnance à se soumettre à son mari, répugnance qu'elle n'aurait pas ressentie si elle n'avait pas offensé Dieu.
Marie, devenue Mère de Dieux, ne fut plus tenue, en droit, d'obéir à saint Joseph Du moment que la Vierge Marie fui élevée à l'incomparable dignité de Mère de Dieu, elle devint la Reine et la Maîtresse du monde entier, de telle sorte que, n'étant tenue à obéir qu'à Dieu seul, elle partageait en raison de la divine maternité, le même droit de supériorité sur toutes les créatures, que le Verbe incarné possède lui-même.
C'est pourquoi, de même que Jésus-Christ est devenu, par droit d'héritage, le roi suprême des anges et des hommes, de même aussi Marie, du moment qu'elle conçut le Verbe de Dieu, devint la Reine de l'univers, selon cette belle parole de saint bernardin de Sienne :« La Mère du Seigneur de toute créature est devenue la Maîtresse (Domina) de toute créature. »
Ainsi donc, au moment où le Verbe se fit chair dans le sein de Marie, les rôles furent changés dans la sainte Famille : celle qui, jusqu'alors, avait le devoir d'obéir à saint joseph, devenait en droit son supérieur, et c'était dès lors au saint Patriarche, qu'incombait le devoir d'obéissance envers sa sainte Epouse.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Jeu 3 Juin - 16:54 | |
| CHAPITRE V - RELATIONS DE SAINT JOSEPH AVEC LA TRES SAINTE VIERGE Soumission volontaire de marie à saint Joseph
Mais, si la Vierge Mère n'était pas tenue à obéir à saint Joseph, consentit-elle à user de cette exemption ?
Non, répondons-nous. Marie, après l'Incarnation, continua, comme par le passé, à obéir à son chaste époux, de même que Jésus, Dieu et homme tout ensemble, voulut obéir à ses parents, nous donnant ainsi un exemple admirable de cette obéissance que nous devons à nos supérieurs, vertu si nécessaire et pourtant si difficile à pratiquer.
Pour être complets, nous devrions ajouter que ni la soumission de Jésus envers ses parents, ni celle de Marie envers saint Joseph n'appartenaient formellement à la vertu d'obéissance, vu la supériorité respective de l'un et de l'autre ; toutefois, les actes de soumission qu'ils ne cessaient de faire étaient revêtus du mérite que leur donne cette vertu, précisément à cause de la disposition d'esprit et de cœur où étaient Jésus et Marie, d'obéir parfaitement aux ordres reçus, si leur condition avait requis d'eux cette obéissance formelle.
Place de saint Joseph dans la sainte Famille après l'Incarnation
D'après ce que nous venons de dire, il faut conclure à un changement radical de relations entre saint Joseph et Marie après l'Incarnation du Verbe : changement dont nous avons un exemple dans le fait de l'émancipation d'un fils par rapport à ses parents, ou d'un homme élevé au souverain pontificat par rapport aux princes de la terre : l'un et l'autre n'étant plus tenus au devoir de l'obéissance formelle.
Il n'est donc pas rigoureusement exact d'appeler saint Joseph le chef de la sainte Famille, du moins pour ce qui regarde le temps qui suivit l'Incarnation, le mot « chef » supposant une supériorité qui n'appartenait pas au saint Patriarche.
Encore moins devrait-on dire de saint Joseph qu'il était sur la terre le représentant, le tenant-lieu de Dieu le Père, son ombre créée, son image vénérable. Ces expressions, que nous lisons dans quelques pieux auteurs, sont pour le moins exagérées, et il faut se garder de les employer.
Le titre propre de saint Joseph est gardien de la sainte Famille, et ce titre exprime admirablement le devoir qui lui incombait de disposer, par rapport à Jésus et à Marie, des choses temporelles, de fixer l'ordre des événements journaliers.
C'était donc à lui qu'il appartenait d'arranger, chaque année, les détails du voyage qu'il devait faire, avec sa sainte Epouse, à Jérusalem, au jour solennel de la Pâque.
CHAPTRE VI - RELATIONS DE SAINT JOSEPH AVEC LE VERBE INCARNÉ Dans quel sens saint Joseph peut-il être appelé le père de Jésus-Christ
Après avoir considéré les relations du saint Patriarche Joseph avec sa chaste Épouse, il convient que nous considérions celles qui le rattachent à son Fils putatif, Notre-Seigneur Jésus-Christ.Il est à peine besoin de relever l'importance du sujet que nous allons traiter.
C'est du Verbe incarné que dérivent toute dignité, tout honneur et toute sainteté. C'est par lui que Marie, pour l'avoir enfanté, a été élevée au-dessus de toutes les créatures.
C'est par lui également que saint Joseph, du fait d'avoir été choisi comme son père sur la terre, a atteint un tel degré de perfection et de gloire, qu'il n'est surpassé, au ciel, que par sa sainte Epouse.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Ven 4 Juin - 16:45 | |
| CHAPTRE VI - RELATIONS DE SAINT JOSEPH AVEC LE VERBE INCARNÉ
Dans quel sens saint Joseph peut-il être appelé le père de Jésus-Christ
Nous avons coutume d'appeler saint Joseph le père putatif ou nourricier de Jésus-Christ, et ces expressions sont à retenir. Elles ont cependant besoin d'explication, car elles ne représentent pas, d'une manière adéquate, toute la gloire du saint Patriarche. Sans avoir contribué directement à la conception du Sauveur, saint Joseph n'en est pas moins le vrai Epoux de celle qui lui a donné notre chair.
Pour qu'on puisse dire en toute vérité d'une chose, plante ou animal, qu'elle appartient de droit naturel à une personne, il suffit que cette plante, que cet animal naisse dans le domaine de cette personne. Ainsi donc, pour qu'un homme puisse revendiquer, de droit matrimonial, la paternité sur son enfant, il suffit que celui-ci soit conçu de sa légitime épouse, en dehors de tout adultère, selon ce principe du droit, que « celui-là est censé être le père d'un enfant, que le mariage indique comme tel ».
Ainsi donc, l'enfant divin qui, par l'opération du Saint-Esprit, fut conçu dans le sein de Marie, appartenait de droit au légitime Epoux de cette Vierge sainte, qui doit, par conséquent, être appelé le père de cet enfant dans un sens bien supérieur à celui indiqué par les mots, père putatif et père nourricier.
Saint François de Sales, dans son style si plein de charme, met en belle lumière cette vérité. « J'ay accoustumé de dire, écrit-il, que si une colombe... portoit en son bec une datte, laquelle elle laissast tomber dans un jardin, diroit-on pas que le palmier qui en viendroit appartient à celuy à qui est le jardin ?
Or, si cela est ainsi, qui pourra douter que le Sainct Esprit ayant laissé tomber ceste divine datte, comme un divin colombeau, dans le jardin clos et fermé de la très saincte Vierge (jardin scellé et environné de toutes parts des hayes du sainct vœu de virginité et chasteté toute immaculée), lequel appartenoit au glorieux sainct Joseph, comme la femme ou l'espouse à l'espoux : qui doutera, dis-je, ou qui pourra dire que ce divin palmier, qui porte des fruits qui nourrissent à l'immortalité, n'appartient quant et quant à ce grand sainct Joseph ?
La paternité de saint Joseph par rapport au Verbe incarné
D'ailleurs, c'est de la bouche même de la Mère de Dieu que nous apprenons cette vérité si consolante. Marie, en effet, n'a-t-elle pas expressément appelé saint Joseph le père de Jésus-Christ tout court ? « Voici, disait-elle, que votre père et moi nous vous cherchions tout affligés. »
Les saints Évangélistes, Matthieu et Luc, ne se servent pas d'autres expressions, quand, selon la remarque de saint Augustin, « ils recensent la génération de Jésus-Christ, celui-là par voie descendante, celui-ci par voie ascendante : tous deux par Joseph. Pourquoi ? Parce qu'il était père. Pourquoi était-il père ? Parce qu'un homme est d'autant plus fermement père, qu'il est père d'une manière plus chaste ».
Deux choses, en effet, appartiennent à la notion de paternité : l'une est la production du corps de l'enfant ; l'autre, l'affection spirituelle avec laquelle les enfants sont conçus : or, ce second élément l'emporte sur le premier en stabilité. Ainsi donc, bien que Notre-Seigneur n'ait pas été conçu par l'opération de saint Joseph, cependant, comme le proclame éloquemment le même saint Augustin, a un fils, non un fils quelconque, mais le Fils de Dieu, est né de la Vierge Marie, à la piété et à la charité de Joseph ».
Et il ajoute encore : « Ce que l'Esprit Saint a opéré, il l'a opéré pour tous les deux (Marie et Joseph)... L'Esprit Saint se reposant dans la justice de chacun d'eux, a donné à tous les deux un enfant. »
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Dim 6 Juin - 2:53 | |
| CHAPTRE VI - RELATIONS DE SAINT JOSEPH AVEC LE VERBE INCARNÉ
Précisions au sujet de l'expression, Père de Jésus, attribuée à saint Joseph
Le point que nous venons d'exposer est tellement important, que nous croyons utile d'y insister pour mieux préciser encore notre pensée.
D'abord, quant au titre de père putatif, il nous faut distinguer deux sens dans lesquels cette expression peut être prise : s'il s'agit d'éloigner toute idée de coopération de la part de saint Joseph dans la conception du Verbe, l'expression est juste ; mais si, en outre, on voulait entendre que saint Joseph n'eût aucun droit sur l'Enfant né de la très sainte Vierge, l'expression ne pourrait se soutenir.
Saint Ambroise a une très belle parole à ce sujet : « Il ne faut pas se formaliser de cette expression : (Jésus) était, comme on le croyait, fils de Joseph. Il était juste qu'on le crût, parce qu'il ne l'était pas par nature ; et précisément on le croyait, parce que celle qui l'avait engendré était Marie, unie en mariage à son époux Joseph. »
Secondement, ce serait une erreur de croire que saint Joseph fût appelé le père de Jésus-Christ dans le sens où nous appelons père un homme qui adopte un enfant, car, selon la définition classique, l'adoption est l'assomption d'une personne étrangère à la qualité de fils et d'héritier.
Or, Jésus-Christ n'était pas un étranger pour saint Joseph, puisqu'il était né de sa légitime épouse, qu'aucun autre homme n'avait fécondée ; c'est pourquoi le Sauveur succéda aux biens de saint Joseph, non pas comme fils adoptif, mais de droit naturel. D'ailleurs, nous l'avons dit, et cela, sur l'autorité de saint Augustin, l'adoption était chose inconnue chez les Hébreux.
Mais faudra-t-il, pour cela, dire avec Suarez, que saint Joseph appartient intrinsèquement à l'ordre de l'union hypostatique ?
Nous avons déjà exclu cette opinion, qui ne peut se soutenir, dès qu'on considère que Joseph fut étranger à la formation du corps du Verbe incarné. Quelques auteurs, il est vrai, ont cherché à étayer cette thèse, en supposant que l'action de l'Esprit Saint dans Marie se borna à emprunter à saint Joseph une cellule germinative et à l'insérer dans le sein de la Mère de Dieu, laissant intacte sa virginité.
De cette manière, disent-ils, saint Joseph aurait concouru d'une manière instrumentale à la conception du Verbe, et ceci suffirait pour le faire appartenir intrinsèquement à l'union hypostatique. Mais un tel enseignement, inconnu de toute l'antiquité, dénature le texte sacré et répugne au sens catholique.
C'est pourquoi il a été justement condamné par l'Église.
Amour mutuel de saint Joseph et de Jésus-Christ
Notre étude sur les relations de saint Joseph avec le Sauveur nous amène à parler de l'amour intime, tout surnaturel et divin, que ces deux personnes se portèrent mutuellement.
Nous le faisons en toute humilité et confusion, sachant bien que nos pauvres paroles sont inadéquates à exprimer, même dans une faible mesure, la flamme d'amour surnaturel dont étaient embrasés leurs cœurs.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Dim 6 Juin - 17:53 | |
| CHAPITRE VI - RELATIONS DE SAINT JOSEPH AVEC LE VERBE INCARNÉ
Amour mutuel de saint Joseph et de Jésus-Christ
Pour commencer par l'amour de saint Joseph envers le Divin Enfant, comme celui-ci lui appartenait par les droits d'un vrai mariage, il l'aimait avec toute l'affection que le plus tendre des pères peut avoir pour le meilleur des fils. Mais à cet amour, inspiré et dicté par la nature, il faut ajouter des sentiments d'affection d'un ordre supérieur, sentiments inspirés au saint Patriarche par l'Esprit Saint lui-même, qui est l'Esprit d'amour.
Ecoutons comment notre grand Bossuet rend cette profonde pensée : « Mais peut-être vous demanderez où il prendra ce cœur paternel, si la nature ne le lui donne pas ?
Ces inclinations naturelles peuvent-elles s'acquérir par choix, et l'art peut-il imiter ce que la nature écrit, dans les cours ? Si donc saint Joseph n'est pas père, comment aura-t-il un amour de père ? C'est ici qu'il nous faut entendre que la puissance divine agit en cette œuvre.
C'est par un effet de cette puissance que saint Joseph a un cœur de père ; et si la nature ne le donne pas, Dieu lui en fait un de sa propre main...
Le vrai Père de Jésus-Christ, ce Dieu qui l'engendre dans l'éternité, avant choisi le divin Joseph pour servir de père au milieu des temps à son Fils unique, a fait, en quelque sorte, couler en son sein quelque rayon ou quelque étincelle de cet amour infini qu'il a pour son Fils : c'est ce qui lui change le cœur, c'est ce qui lui donne un amour de père ; si bien que le juste Joseph, qui sent en lui-même un cœur paternel, formé tout à coup par la main de Dieu, sent aussi que Dieu lui ordonne d'user d'une autorité paternelle.
Le célèbre Père Faber, fondateur de l'Oratoire de Londres et Tertiaire Servite de Marie, a également sur ce sujet une très belle remarque : « (Saint Joseph), dit-il, aimait Jésus d'un amour filial tel que, partagé entre tous les pères du monde, il les rendrait plus heureux qu'ils ne sauraient le croire.
Cet amour surpassait en grandeur et en sainteté tout ce qu'il y a jamais eu d'amour paternel ; il était si prodigieux, si étendu, si varié, que toutes les paternités de la terre pourraient emprunter à la sienne sans l'épuiser. »
Enfin, n'oublions pas de mentionner les belles paroles de Léon XIII, dans la prière qu'il ordonna de réciter durant le mois d'octobre, après le chapelet de la sainte Vierge : « Par l'amour paternel dont vous avez entouré l'Enfant Jésus, nous vous en supplions, etc... »
D'un autre côté, qui pourra dire combien saint Joseph aimait Celui qui l'appelait, dans le sens profond que nous avons indiqué, son Père bien-aimé ? Jamais fils n'aima ses parents avec une tendresse plus intense, plus surnaturelle.
c'était sur lui que se reportaient spontanément, après Marie, ses pensées les plus affectueuses, sa sollicitude la plus empressée. Et comme l'amour de Jésus était l'amour d'un Dieu qui se complaît à enrichir de ses dons l'objet de son affection, que de grâces le Verbe incarné, encore tout petit enfant, ne répandait-il pas dans le cœur du saint Patriarche !
On pourrait difficilement trouver un plus bel objet de contemplation pour les âmes spirituelles, que cet amour mutuel de Joseph et de Jésus. Profond et joyeux mystère, où l'âme chrétienne trouve une source inépuisable de consolation et de paix !
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Lun 7 Juin - 17:03 | |
| Devoirs de saint Joseph envers Jésus-Christ
Le premier devoir du saint Patriarche envers Jésus enfant fut celui de pourvoir à ses besoins temporels et de protéger sa vie contre les assauts de ceux qui méditaient sa mort.
Le Christ était venu dans l'infirmité de la chair et sa Mère seule ne pouvait suffire à lui procurer les choses nécessaires à la vie ou à le défendre contre la persécution du roi de la Judée.
Il appartenait donc à saint Joseph, comme au Père fidèle du Verbe incarné, de remplir envers lui ce double office. C'est pourquoi l'Ecriture, aussi bien que la Tradition, nous le représentent-elles comme portant Jésus en Egypte, pour le dérober à la fureur d'Hérode, et comme exerçant la profession de charpentier, précisément pour subvenir aux besoins de la sainte Famille. A côté de ce devoir d'un caractère général, il faut rappeler, en particulier, un double office que saint Joseph remplit envers Jésus, en conformité avec les prescriptions divines.
Le premier fut la circoncision du divin Enfant ; le second, l'imposition du nom de Jésus, conformément à ce que nous lisons dans saint Luc : « Huit jours après la naissance de l'Enfant, on le circoncit et on lui donna le nom de Jésus. »
Saint Joseph, ministre de la circoncision
Le Sauveur étant « né sous la loi », et étant venu au monde « dans la ressemblance de la chair de péché», voulut, suivant en cela, comme toujours, la volonté de son Père, se soumettre à la loi de la circoncision, quelque dure et humiliante qu'elle fût pour lui, désirant ainsi offrir à Dieu les prémices de son sang, et aux hommes un exemple frappant d'obéissance aux ordres du Très-Haut.
Dans les représentations que nous donnent de ce sanglant mystère les peintres et les sculpteurs, le personnage destiné à accomplir le rite sacré est généralement un prêtre de l'ordre d'Aaron, vêtu des habits pontificaux, un couteau à la main. Rien cependant, dans la sainte Ecriture n'autorise cette supposition.
La tradition, chez les Juifs, était que le père de famille accomplit lui-même la cérémonie, et saint Ephrem, le pieux Docteur Syrien, apporte à cette opinion le poids de son autorité.
Quelques auteurs, s'appuyant sur ce que l'Ecriture nous rapporte de femmes qui circoncirent leurs fils, ci qui, pour cette raison, furent mises à mort par ordre de l'impie Antiochus, ont cru pouvoir affirmer que cette cérémonie fut accomplie par Marie. Mais il est peu probable que cet office ait été réservé aux femmes.
D'ailleurs, celles-ci ne l'ont rempli qu'en l'absence d'hommes et pressées par les circonstances qui ne permettaient pas d'attendre plus longtemps.
On peut donc retenir comme certain que ce fut saint Joseph qui accomplit la cérémonie rituelle de la circoncision.
Il le fit probablement en présence de sa saint Epouse qui, tenant dans ses bras son Fils bien-aimé, offrit au Père éternel, pour le salut du monde, les prémices du Sang précieux de Celui qu'Elle-même devait un jour offrir sur la Croix, en sa qualité de Mère du Rédempteur et en même temps comme Mère de tous les rachetés.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Mar 8 Juin - 17:54 | |
| CHAPITRE VI - RELATIONS DE SAINT JOSEPH AVEC LE VERBE INCARNÉ
Imposition du Nom de Jésus
C'était l'habitude, chez les Hébreux, de donner un nom aux enfants mâles le jour même de la circoncision. En effet, on lit d'Abraham qu'il reçut en même temps de Dieu son nouveau nom et l'ordre de se faire circoncire.
« Chez les Juifs, dit saint Thomas, c'était l'habitude d'imposer un nom aux enfants le jour même de leur circoncision, comme s'ils n'eussent pas leur être parfait avant d'avoir reçu ce rite : de même, aujourd'hui encore, les noms sont donnés aux enfants à leur baptême.»
Conformément à cette coutume, le Sauveur reçut donc le nom de Jésus précisément au moment où il fut circoncis.
Mais, à qui échut l'honneur d'imposer ce nom béni au Rédempteur nouveau-né ? Nous répondons : cet honneur échut à la fois à Marie et à Joseph, car c'est à l'un et à l'autre que l'ordre avait été communiqué de lui donner le nom de Jésus.
En effet, l'Ange avait dit à Marie : « Vous donnerez au Fils que vous enfanterez le nom de Jésus » ; pareillement, il avait dit à Joseph : « Marie enfantera un Fils et vous lui donnerez le nom de Jésus.»
On peut donc dire que l'un et l'autre des saints Epoux imposèrent à Jésus ce nom admirable, comme d'ailleurs avaient fait le père, et la mère de saint Jean-Baptiste, bien que nous lisions que ce soin ne fut confié, qu'à Zacharie.
Nous pouvons rapporter ici la belle remarque d'Isidore de Isolanis, un des premiers et plus estimés écrivains joséphites : « Le nom de Jésus fut imposé au Sauveur par Dieu, par l'Ange, par Marie et par Joseph : par Dieu, qui conféra à Jésus la chose même signifiée par son nom ; par l'Ange, qui l'annonça ; par Marie, qui l'ordonna ; par Joseph, qui exécuta cet ordre. »
Le fait que saint Joseph reçut l'ordre d'imposer au Sauveur le nom béni de Jésus n'est certes pas sans une importante signification. Le ciel voulait démontrer par là que, bien que Jésus ne fût pas né de Joseph, celui-ci néanmoins devait être considéré comme son Père.
C'est bien la remarque que fait saint Chrysostome quand, s'adressant à Joseph, il lui dit : « Vous n'avez pas eu part dans cet enfantement, puisque la Vierge est restée intacte ; et cependant je vous reconnais sans difficulté l'attribut propre aux pères, et qui n'offusque en rien la dignité de la Vierge, c'est-à-dire ; que vous donniez son nom au nouveau-né.»
Saint Joseph présent à l'adoration des Mages
On s'est demandé parfois si saint Joseph fut présent à l'adoration des Mages, car l'Ecriture ne fait pas mention de lui en cette circonstance ; d'autre part, il semblerait qu'il y eût eu danger à ce que les Mages, le voyant aux côtés de Marie, ne le prissent pour le père de Jésus selon la nature.
Mais il est très probable, pour ne pas dire absolument certain, que le Seigneur, dans sa grande bonté, a voulu donner au saint Patriarche la consolation de voir, de ses propres yeux, ce mystère de la vocation des Gentils à la foi, de constater les triomphes de la grâce sur les cœurs de ces nobles personnages et d'envisager déjà les futures victoires du Christ sur le paganisme.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Mer 9 Juin - 17:02 | |
| CHAPITRE VI - RELATIONS DE SAINT JOSEPH AVEC LE VERBE INCARNÉ
Saint Joseph présent à l'adoration des Mages
En effet, cette récompense semblait bien due à la grande foi du Père putatif de Jésus, qui n'avait pas hésité à croire aux paroles de l'Ange, quand celui-ci lui annonça la mission rédemptrice de l'Enfant qui devait naître ; aussi était-il juste qu'il constatât de ses propres yeux les prémices de cette grâce accordée aux Gentils. Ce n'est donc pas sans raison que, dans les anciennes peintures ou sculptures, représentant l'adoration des Mages, saint Joseph se voit souvent à côté de sa sainte Epouse, tous les deux entourant le divin Enfant de leurs adorations.
D'autre part, le silence des Ecritures n'est pas un argument contre la présence du saint Patriarche en cette circonstance, car nous savons que les écrivains sacrés n'ont eu généralement à cœur que de rapporter ce qui servait à établir ou à illustrer la foi chrétienne. Nous pouvons d'ailleurs tirer des Ecritures elles-mêmes un argument en faveur de notre thèse.
Car si saint Luc dit expressément des pasteurs qu'ils « trouvèrent Marie et Joseph et l'Enfant placé dans la crèche », pourquoi douterions-nous de la présence de l'Epoux de Marie à l'arrivée des Mages, puisque ce mystère était destiné à représenter la vocation des gentils à la vraie foi, de même que l'adoration des pasteurs avait eu pour but de symboliser celle du peuple Juif ?
Quant au danger, pour les Mages, de croire à une paternité naturelle de la part de saint Joseph par rapport au divin Enfant, disons d'abord que ce danger n'existait pas moins dans le cas des pasteurs.
Nous pouvons d'ailleurs raisonnablement supposer que l'Esprit Saint, qui avait éclairé les uns et les autres touchant la divinité de l'Enfant Jésus, les aura également éclairés touchant sa conception virginale. Enfin, rappelons-nous que ce point de doctrine ne devait que plus tard être mis en relief dans l'Eglise.
Présentation de Jésus au Temple
Il nous faut maintenant parler du sublime office que remplit le glorieux Patriarche lors de la présentation de Jésus au Temple. On ne peut pas douter qu'il ne fût présent alors, car l'Ecriture, dans cette circonstance, parle indifféremment de Marie et de Joseph, et le rôle de ce dernier, à cette occasion, est bien fait pour rehausser son insigne dignité.
Saint Joseph présenta donc, conjointement avec Marie, l'Enfant Jésus au Seigneur dans le temple ; puis il offrit le sacrifice prescrit par la loi de Moïse. Voici comment s'exprime le Texte sacré : « Quand les jours de la purification de Marie furent accomplis, selon la loi de Moïse, ils portèrent l'Enfant à Jérusalem, pour le présenter au Seigneur, selon qu'il est prescrit dans la loi du Seigneur : Tout enfant mâle premier-né sera consacré au Seigneur !
Et pour offrir, en sacrifice, selon qu'il est prescrit dans la loi du Seigneur, deux tourterelles, ou deux petits de colombes. »
Ce dernier précepte, comme, l'observe saint Thomas, était général et regardait tous, les nouveau-nés, et le sacrifice, dont il s'agit, avait pour objet l'expiation du péché légal dans lequel l'enfant avait été conçu et était né, aussi bien que sa consécration.
C'était donc en même temps un sacrifice pour le péché et un holocauste, bien que, dans le cas de Notre-Seigneur, il ne pût être question de péché, puisque Marie n'avait pas conçu par l'opération d'un homme.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Jeu 10 Juin - 18:58 | |
| CHAPITRE VI - RELATIONS DE SAINT JOSEPH AVEC LE VERBE INCARNÉ
Présentation de Jésus au Temple
Le premier précepte regardait les seuls premiers-nés d'Israël, que le Seigneur s'était réservés quand il avait frappé les premiers-nés des Egyptiens : ceux-ci devaient donc être présentés au temple et consacrés au Seigneur ; puis, immédiatement après, une offrande de cinq sicles était faite pour les racheter, Dieu s'étant réservé toute la tribu de Lévi, au lieu des premiers-nés d'Israël.
Nous pouvons nous imaginer saint Joseph et sa chaste Épouse, accomplissant, avec perfection, quarante jours après la naissance du Sauveur, ces deux commandements, en esprit d'obéissance à la loi de Moïse.
Pour ce qui regarde l'accomplissement du premier commandement, les vertus qui ressortent le plus chez les saints époux, sont, pour ce qui regarde Marie, une humilité des plus profondes, la Vierge Mère n'invoquant aucune exemption à la loi ; dans saint Joseph, aussi bien que dans Marie,
un esprit de parfaite générosité et d'entier abandon aux dispositions de la Providence par rapport à ce divin Enfant qui, bien qu'à des titres différents, leur appartenait, et qu'ils offraient, chacun de son côté, au Seigneur, préludant ainsi à la grande offrande de la Croix, à laquelle les saints Epoux assistaient déjà en esprit.
Marie devait plus tard, sur le Calvaire, d'une manière très solennelle répéter, au nom de l'humanité tout entière, cette offrande ; pour saint Joseph, qui n'était pas destiné à assister au sanglant dénouement, son rôle devait consister à conserver et à nourrir, pour le jour du grand sacrifice, la divine Victime qu'il venait d'offrir au Seigneur.
Nous verrons plus tard quelle profonde douleur, la révélation de la future passion de Jésus, faite alors par Siméon, causa dans l'âme du saint Patriarche, douleur qui l'accompagna pendant toute sa vie.
Fuite en Egypte
La douleur que saint Joseph éprouva lors de la présentation de Jésus au Temple, fut bientôt suivie par une autre angoisse, celle de devoir quitter la Terre Sainte et fuir en Egypte avec Jésus et Marie. Saint Matthieu prend soin de nous renseigner sur cet événement : « Un Ange du Seigneur apparut pendant la nuit à Joseph, disant : Lève-toi, et prends l'Enfant et sa Mère, et fuis en Egypte, et restes-y jusqu'à ce que je te le dise ; car il arrivera qu'Hérode cherchera l'enfant pour le faire mourir. »
Les écrivains sacrés sont d'avis que l'Egypte fut choisie par Dieu comme lieu de refuge du Sauveur, afin que là précisément commençât la destruction du royaume de Satan, où le culte des idoles avait eu son origine.
Aussi peut-on admettre que Jésus, entrant dans ce pays, ait, selon le mot d'Isaïe[209], ébranlé les statues des faux dieux, préparant ainsi le terrain pour une plus grande diffusion de la sainteté évangélique, dont les moines de la Thébaïde donnèrent de si lumineux exemples dans les premiers siècles de l'Eglise.
Quoi qu'il en soit, ce n'est pas peu de chose, pour, la gloire de saint Joseph, d'avoir eu, en sa qualité de gardien-né de la sainte Famille, l'insigne honneur de porter lui-même l'Enfant Jésus en Egypte, prenant ainsi part, comme ministre de la Rédemption, au bien spirituel que la présence du Sauveur devait susciter au milieu des gens de ce pays.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Sam 12 Juin - 2:06 | |
| CHAPITRE V - RELATIONS DE SAINT JOSEPH AVEC LA TRES SAINTE VIERGE
Conduite de saint Joseph dans cette circonstance
Nous aimons à nous arrêter ici, pour admirer la conduite de saint Joseph, dans cette circonstance qui, certainement, fut la plus douloureuse de toute sa vie. Or, cette conduite nous apparaît empreinte d'une prudence et d'une charité sans égales ; c'est pourquoi l'Esprit Saint lui décerne, précisément en cette occasion, le titre d'homme juste, titre qui, dans le langage de l'Écriture, désigne un homme orné de toutes les vertus.
La loi de Moïse ne permettait pas à un homme de garder avec lui une femme adultère. La faute de cette malheureuse devait être portée devant les juges, auxquels il appartenait de se prononcer en faveur du divorce et de fixer la peine à infliger.
Mais le saint Patriarche ne pouvait croire à la culpabilité de Marie ; il n'était donc pas strictement tenu de suivre ce procédé, qui aurait abouti au renvoi de son Epouse bien-aimée. Il crut donc suffisant, dans son exquise charité, de la renvoyer secrètement, contentant ainsi sa conscience et pourvoyant en même temps à l'honneur de Marie.
Mais le Seigneur, qui se plaît à consoler les humbles, ne laissa pas longtemps le juste Joseph dans cette pénible situation. Il lui envoya un Ange pour le rassurer et le mettre au courant du mystère divin qui s'était opéré en Marie. Le messager céleste révéla donc au saint Patriarche la conception virginale de Jésus et sa mission rédemptrice ; de plus, il lui confia le mandat honorable d'imposer à l'enfant qui devait naîtra le nom ineffable de Jésus.
La promptitude avec laquelle le secours divin fut accordé à saint Joseph en réponse à ses ferventes prières, est bien faite pour nous inspirer une grande confiance dans l'aide d'En-Haut au milieu des peines et des angoisses dont la vie présente est parsemée. D'ailleurs, la sainte Ecriture et l'histoire ecclésiastique sont pleines d'exemples d'un pareil secours, généreusement accordé à tous ceux qui recourent à Dieu avec une foi vive et une humble confiance.
Quel fut le genre de vision dont, fut gratifié saint Joseph ?
Veut-on maintenant savoir à quel genre de vision prophétique se rattache la révélation accordée à saint joseph ? Nous répondons que cette révélation ne fut pas l'effet d'une vision corporelle, mais d'une vision imaginaire, car il est dit que l'ange apparut au saint Patriarche dans son sommeil. Cette vision fut donc d'un degré inférieur à la vision corporelle accordée à la très sainte Vierge lors de l'Annonciation.
Nous disons que la vision imaginaire est d'un degré inférieur à la vision corporelle ; car les sens corporels étant le principe de la connaissance humaine, il s'ensuit que ce qui nous est manifesté par ce moyen, l'emporte en certitude sur ce qui nous est révélé par voie d'imagination.
Il ne faudrait pas croire, cependant, que la vision accordée à saint Joseph durant son sommeil, manquât de certitude. Car ce sommeil appartenait au genre de la révélation prophétique, dans laquelle le voyant acquiert la certitude de la vérité objective des choses qui lui sont manifestées.
En réalité, une telle vision apporte toujours à l'âme une très grande paix, contrairement aux illusions diaboliques, qui laissent le trouble dans l'esprit ; de plus, il n'y a rien dans ces sortes de révélations pour choquer la foi ou les principes de la raison ; en outre, l'âme du voyant est tellement convaincue de la vérité des choses qui lui sont manifestées, qu'il n'a, par rapport à elles, aucun doute, et que même il serait prêt à confirmer, par son sang, la réalité de ce qu'il a vu. Ce que nous lisons dans la vie de plusieurs Saints gratifiés de visions de ce genre confirme amplement ce que nous affirmons.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Lun 14 Juin - 23:15 | |
| CHAPITRE VI - RELATIONS DE SAINT JOSEPH AVEC LE VERBE INCARNÉ
Perte de Jésus au Temple
Après son retour de l'exil, la sainte Famille reprit, à Nazareth, son cours normal, fait de prières, de travail, de paix et de concorde. Les jours succédaient aux jours, des jours pleins de bonnes œuvres, de saints désirs, de mutuelle édification, le tout ordonné à la grande œuvre de la Rédemption du monde.
Le premier événement qui vint donner du relief à cette vie, si calme et cependant si riche en mérites, ressemblant si bien « aux eaux de Siloé qui coulent doucement », fut la perte de Jésus au Temple.
De même que l'épisode de la fuite en Egypte servit à mettre en évidence la place occupée par saint Joseph dans la sainte Famille, de même aussi l'événement dont nous allons nous occuper, nous fera voir encore plus clairement la vérité des glorieux titres donnés au saint Patriarche, d'Epoux de Marie et de Père de Jésus-Christ.
Après le douloureux événement de la présentation de Jésus au Temple, où Siméon révéla aux saints Epoux la future passion du Sauveur, et celui de la fuite en Egypte avec toutes ses souffrances, l'Ecriture nous présente, dans le mystère qui nous occupe, un nouvel épisode, source d'une angoisse des plus douloureuses dans la vie de Joseph et de Marie.
« Les parents (de Jésus), nous dit saint Luc, allaient tous les ans à Jérusalem, au jour solennel de la Pâque. Et lorsque Jésus fut âgé de douze ans, ils montèrent à Jérusalem, selon la coutume de la fête ; puis, les jours de la fête étant passés, lorsqu'ils s'en retournèrent, l'enfant Jésus resta à Jérusalem, et, ses parents ne s'en aperçurent pas.
Et pensant qu'il était avec ceux de leur compagnie, ils marchèrent durant un jour, et ils le cherchaient parmi leurs parents et leurs connaissances. Mais ne le trouvant pas, ils revinrent à Jérusalem, en le cherchant.
Et il arriva qu'après trois jours ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant. Et tous ceux qui l'entendaient étaient ravis de sa sagesse et de ses réponses.
Et en le voyant, ils furent étonnés. Et sa mère lui dit : Mon fils, pourquoi as-tu agi ainsi avec nous ? Voici que ton père et moi nous te cherchions, tout affligés. Il leur dit : Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu'il faut que je sois aux affaires de mon Père ? Mais ils ne comprirent pas ce qu'il leur disait .»
Deux faits ressortent clairement de ce récit scripturaire : le premier est la coutume des parents de Jésus de se rendre tous les ans à Jérusalem, sans qu'il soit fait mention du divin Enfant ; le second regarde tout spécialement le Sauveur lui-même.
Pour ce qui est du premier fait, on peut à peine soutenir l'opinion de quelques écrivains, qui ont cru que Jésus accompagnait tous les ans ses parents dans la ville sainte, cette hypothèse ne s'accordant guère avec les paroles du texte sacré.
Il est d'ailleurs difficile de l'admettre, si l'on songe à la tendre constitution d'un enfant au-dessous de douze ans.
Dans le cas de Notre-Seigneur, une raison spéciale s'opposait à un tel voyage, la crainte qu'Archélaüs, qui mourut probablement vers la dixième année du Christ, ne mît à mort l'Enfant divin, dont il est certain qu'il n'avait pas oublié l'existence.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Mar 15 Juin - 16:31 | |
| CHAPITRE VI - RELATIONS DE SAINT JOSEPH AVEC LE VERBE INCARNÉ
Perte de Jésus au Temple
Quoi qu'il en soit, nous voyons resplendir ici, d'une nouvelle lumière, les relations de saint Joseph avec Jésus-Christ : premièrement, dans ce fait que le Sauveur, en accompagnant à Jérusalem, comme faisaient les autres enfants, celui qu'il appelait son Père, se reconnaissait par là comme son propre fils ; secondement, saint Joseph, à son tour, en recherchant avec tant de diligence, en compagnie de Marie, le divin enfant Jésus, montrait bien qu'il avait à cœur de remplir, envers lui, l'office d'un père très aimant ; troisièmement, la douleur que, selon le témoignage de Marie, le saint Patriarche, ressentit de cette perte, et l'intense joie qu'ensuite il éprouva d'avoir retrouvé le Sauveur, sont une nouvelle preuve que c'était à lui précisément qu'appartenait le devoir de veiller sur la vie du jeune Messie.
Saint Bonaventure nous explique comment cette perte de Jésus put avoir lieu, sans que ses parents s'en aperçussent et sans qu'il y eût aucune faute de leur part. « La coutume était, dit-il, que, dans les processions et les voyages, les hommes et les femmes marchassent en groupes séparés, tandis que les enfants pouvaient se joindre à l'un ou à l'autre de ces groupes.
Marie put donc penser que Jésus était avec son père, et Joseph, vice versa, qu'il était avec sa Mère. » Bien qu'il n'y eut donc aucune négligence de leur part, ils le cherchèrent avec soin, et avec toute la confiance que leur inspirait la rectitude de leurs consciences.
La ferveur des saints Epoux fut récompensée. Le troisième jour, ils retrouvèrent le divin Enfant dans le Temple, au milieu des Docteurs, écoutant et interrogeant ceux-ci, en réalité, les instruisant des secrets de la vie spirituelle.
Mais la douleur cuisante qu'avaient ressentie Joseph et Marie avait besoin de s'épancher. C'est la Vierge sainte qui exprime, en accents émus, la peine cruelle qu'elle et saint Joseph ont éprouvée. La réponse du Sauveur à ses paroles n'est pas un reproche, ni même une expression d'étonnement. C'est une manière persuasive d'instruire, manière familière aux orientaux. Les mots, ne saviez-vous pas, qui chez nous équivaudraient à vous auriez du savoir, dans la bouche du Sauveur veulent dire simplement sachez.
Celui qui, par ses judicieuses questions avait instruit les célèbres Docteurs dans le Temple, révèle maintenant à ses parents bien-aimés les secrets du royaume des cieux. Eux ne comprennent pas encore, dans toute leur ampleur, la portée de ces mots : « Il faut que je sois aux affaires de mon Père » ; et cependant cette simple proposition, tombée des lèvres de Jésus, leur ouvre de nouveaux horizons et fournit à leur intelligence une nourriture céleste des plus salutaires.
Le maître par excellence ne devait plus cesser d'instruire Marie et Joseph sur les grands et profonds mystères de sa mission rédemptrice.
De quelle manière Jésus fut-il soumis à saint Joseph
Pour connaître pleinement les relations de saint Joseph avec le Sauveur du monde, il nous faut encore examiner dans quel sens et jusqu'à quel point il est dit de lui qu'il « leur était soumis ».
D'abord, il faut exclure, ainsi que nous l'avons noté en parlant de la très sainte Vierge, une soumission de bonté dans Jésus par rapport à saint Joseph ; au contraire, c'était de Jésus même, de son fils bien-aimé, que partaient les fleuves de grâce qui inondaient l'âme du saint Patriarche.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Mer 16 Juin - 16:20 | |
| CHAPITRE VI - RELATIONS DE SAINT JOSEPH AVEC LE VERBE INCARNÉ
De quelle manière Jésus fut-il soumis à saint Joseph
On ne peut pas non plus parler ici de soumission d'obéissance. Jésus-Christ, le Roi de l'univers, n'était tenu à obéir à aucune créature : au contraire, Marie et Joseph lui devaient la pleine et entière soumission de leurs volontés. Si donc il est dit que Jésus obéissait à ses parents, ceci doit s'entendre d'une soumission spontanée de sa volonté à la leur, dans le sens où nous disons que Dieu lui-même, fait la volonté de ceux qui le craignent.
Mais si l'on ne peut admettre, dans Notre-Seigneur, par rapport à saint Joseph, une soumission de bonté ou de volonté, il faut cependant reconnaître qu'il devait au saint Patriarche, et cela par devoir strict, une soumission de piété, consistant en ce que les enfants sont tenus, selon l'ordre de la nature, à rendre à leurs parents une sorte de culte se traduisant en témoignages de révérence intérieurs et extérieurs.
Ce devoir de piété, qui oblige tous les enfants, en amène d'autres encore : celui de secourir leurs parents dans la pauvreté, de les assister dans la maladie, de les consoler à la mort. C'est ainsi qu'on représente, et avec raison, Notre-Seigneur et sa sainte Mère entourant de leurs soins et de leur affection le glorieux Patriarche au moment de sa mort, et lui prodiguant alors les plus douces consolations.
Nous pouvons déduire, de tout ce que nous avons dit, combien est grande l'excellence de saint Joseph, que non seulement la Reine des cieux, mais encore le Créateur de l'univers tout entier, se sont fait un devoir d'entourer de leur vénération et dont ils ont exécuté ponctuellement les dispositions qu'il prenait à leur égard.
Gardons-nous cependant de rien exagérer, en disant, par exemple, avec quelque auteur, que saint Joseph tenait dans la sainte Famille la place du Père éternel, ou qu'il y représentait, d'une manière visible, ses infinies perfections. Quelle que fût l'autorité de saint Joseph sur l'Enfant Jésus, elle n'est jamais à comparer à celle de Dieu ; mais aussi faut-il nous rappeler que quand nous nommons le Père éternel dans les œuvres divines ad extra, comme c'est ici le cas, ce nom Père doit être pris essentiellement, et non pas notionellement ou personnellement.
Aucune créature ne peut donc formellement représenter le Père, c'est-à-dire, la première personne de la sainte Trinité ; mais elle peut représenter, dans un sens analogue et non univoque, les perfections des trois divines personnes en tant qu'elles sont une seule et même chose dans l'unité de nature.
Progrès de saint Joseph dans la vertu
L'Ecriture ne nous dit pas combien de temps vécut saint Joseph à Nazareth, en compagnie de Jésus et Marie. Mais quelle que fût la durée de ce séjour, de quels trésors de grâce cette compagnie ne dut-elle pas enrichir l'âme du saint Patriarche !
Les dispositions intérieures de saint Joseph faisaient qu'il était porté spontanément à croître sans cesse dans l'amour de Dieu et à le servir fidèlement. Il ne pouvait donc faire autrement que de tirer un grand profit de son contact intime et continuel avec le Verbe incarné. Plus on approche d'un prince, mieux on reçoit l'influence de ce principe même.
Ceci est d'autant plus vrai, que Jésus aimait Joseph au-dessus de toute créature, à l'exception de Marie : or l'amour de Jésus produit en nous des grâces de sanctification et de salut, en proportion de son intensité.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Jeu 17 Juin - 17:05 | |
| CHAPITRE VI - RELATIONS DE SAINT JOSEPH AVEC LE VERBE INCARNÉ
Progrès de saint Joseph dans la vertu
Marie avait, elle aussi, le plus grand amour pour Joseph. Joseph était pour elle, après Jésus, le premier objet qu'elle proposait à Dieu dans ses prières, et les prières de Marie sont toujours aussi efficaces qu'elles sont ferventes.
S'il est vrai, d'autre part, que les entretiens et les exemples des personnes saintes ont une force spéciale pour nous porter à la vertu et à la piété, quels motifs ne dut pas avoir saint Joseph, pour croître continuellement en grâce et en sainteté, dans les sujets d'édification qui, lui étaient continuellement donnés par Jésus, son fils putatif, et par Marie, son épouse chérie !
Il nous faut maintenant passer à la seconde partie de notre ouvrage, où nous traiterons des perfections personnelles du saint Patriarche.
Nous verrons comment Dieu aima tellement son père putatif, qu'il voulut l'élever au-dessus de tous les Anges et de tous les saints, lui donnant la première place après sa chaste Epouse.
Nous apprendrons comment Dieu ne se lasse jamais de récompenser ceux qui, appelés à son service, remplissent avec fidélité la tâche qui leur a été confiée : car « il y a gloire et richesses dans sa maison, et sa justice demeure dans tous les siècles des siècles».
DEUXIÈME PARTIE - PERFECTIONS DE SAINT JOSEPH INTRODUCTION
« Où pourrons-nous trouver un tel homme qui soit rempli de l'Esprit de Dieu ? Gen., XLI, 38.
Perfection des œuvres divines
Nous avons vu, dans la première partie de cet ouvrage, comment le glorieux saint Joseph fut l'objet des complaisances du Très-Haut, qui, en le prédestinant à la dignité d'Epoux de la Mère de Dieu, lui conférait une place de choix dans l'œuvre de l'incarnation, l'appelant à participer aux privilèges de Marie et à ceux de Jésus, et à travailler avec eux au rachat du monde.
Mais les œuvres de Dieu sont parfaites, dans ce sens que, quand il appelle une créature raisonnable à une dignité, spéciale, il lui accorde en abondance ses grâces et ses dons, pour la rendre capable de remplir dignement la mission qu'il lui a confiée.
C'est ce que nous voyons excellemment vérifié dans Jésus et Marie : dans Jésus qui, étant prédestiné à être le vrai Fils de Dieu, reçut une grâce infinie, s'étendant à tous les effets que la grâce peut jamais produire ; dans Marie qui, étant choisie pour être la Mère de Dieu, reçut, de son côté, une telle abondance de grâce, qu'elle mérita d'engendrer, de nourrir et d'offrir son Créateur pour le salut du monde.
Il nous faut donc examiner maintenant, à la lumière de la sainte théologie, quelles grâces, quels privilèges le saint Patriarche reçut du ciel en harmonie avec sa haute dignité d'Epoux de Marie et de Père putatif de Jésus-Christ.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Ven 18 Juin - 23:30 | |
| DEUXIÈME PARTIE - PERFECTIONS DE SAINT JOSEPH
INTRODUCTION
« Où pourrons-nous trouver un tel homme qui soit rempli de l'Esprit de Dieu ? Gen., XLI, 38.
Danger à éviter en traitant des privilèges de saint Joseph
Mais avant d'entrer dans l'examen de la question, il nous faut prémunir le lecteur, comme nous l'avons fait au commencement de la première partie, contre un danger que certains écrivains, plus pieux que judicieux, n'ont pas suffisamment évité.
Partant de ce principe que, plus une créature raisonnable est élevée en dignité, plus on doit lui attribuer de grâces et de privilèges, ils en ont conclu a priori, que si certains saints personnages ont été gratifiés par Dieu de quelques privilèges spéciaux, ceux-ci n'ont pas dû manquer au glorieux Patriarche.
Ainsi, le don des miracles ayant été maintes fois accordé par Dieu à quelque illustre prédicateur de la foi, a fortiori, disent-ils, saint Joseph a dû, lui aussi, posséder ce don ; ou bien, de ce que saint Jean-Baptiste a été sanctifié dans le sein de sa mère, on imagine que le saint Patriarche n'a pas dû être privé d'un si glorieux privilège.
Un tel raisonnement n'est nullement en harmonie avec les voies de la Providence, qui, dans la distribution de ses dons, ne procède pas d'une manière absolue, mais a toujours en vue la fin pour laquelle ces mêmes dons sont ordonnés.
C'est d'ailleurs ce que nous enseigne saint Paul, quand il nous dit qu'il y a des « divisions, c'est-à-dire des diversités de grâces » ; ce qui veut dire que les grâces et privilèges accordés par Dieu à ses créatures se mesurent selon la fin que lui-même s'est proposée.
Ainsi donc, en parlant des perfections et des privilèges de saint Joseph, nous aurons soin de mettre un frein à notre imagination et de n'attribuer à l'Epoux de Marie que les privilèges qu'une stricte théologie nous autorise à lui reconnaître.
Ces privilèges, d'ailleurs, sont déjà si grands en eux-mêmes,, qu'il n'est pas besoin de recourir à de faux ornements qui, au lieu de rehausser la gloire du saint Patriarche, ne feraient que l'abaisser à nos yeux. Dans une belle collection d'objets d'or et de diamant, le clinquant et l'oripeau ne sont pas à leur place.
Questions à traiter dans cette seconde partie
Pour développer, comme il convient, la question des perfections de saint Joseph, nous devrons commencer par examiner quelle fut son incomparable sainteté.
En second lieu, nous traiterons de la grâce et de la science dont il plut à la Providence d'orner son âme très sainte ; troisièmement, nous parlerons en détail de ses vertus et des dons du Saint-Esprit dont il fut gratifié ; quatrièmement, nous rappellerons les grandes douleurs qu'il a dû supporter en compagnie de Marie et de Jésus ; cinquièmement, nous traiterons de ses perfections corporelles ; sixièmement, de sa perpétuelle virginité ; septièmement, de sa mort bienheureuse, et enfin, huitièmement, de sa résurrection et de la gloire dont il jouit dans le ciel.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Dim 20 Juin - 2:00 | |
| DEUXIÈME PARTIE - PERFECTIONS DE SAINT JOSEPH
CHAPITRE PREMIER - INCOMPARABLE SAINTETÉ DE SAINT JOSEPH Sainteté ascendante de saint Joseph
Ce n'est pas sans une certaine appréhension que nous nous apprêtons à parler de l'incomparable sainteté du glorieux Patriarche saint Joseph. Cette sainteté étant un reflet de celle de sa très chaste épouse, et les perfections de la Vierge toute sainte étant bien au-dessus de tout ce que nous pouvons imaginer, il s'ensuit que nous ne pouvons entreprendre qu'avec une certaine crainte l'étude de la sainteté du glorieux Patriarche. Nous tâcherons cependant de le faire, en nous servant des données de la théologie et de la Tradition catholique à ce sujet.
Mais, comme la sainteté de l'Epoux de Marie se présente à nous dans un ordre toujours ascendant, pour procéder avec ordre dans cette grave question, il nous faudra d'abord examiner quel fut le moyen choisi par Dieu pour effectuer le premier stage de la sanctification du saint Patriarche.
Nous verrons ensuite comment eut lieu sa progression ininterrompue dans la perfection, et nous examinerons ce qu'il faut dire, à son égard, de ce fruit malheureux du péché originel, qu'en langage théologique on appelle le foyer de la concupiscence, fomes concupiscentiae ; nous passerons ensuite à considérer le privilège de l'impeccabililé dont il plut à Dieu, croyons-nous, de doter son âme bienheureuse ; enfin nous étudierons de quelle manière cette confirmation en grâce s'est effectuée dans l'âme bénie du saint Patriarche.
Saint Joseph ne fut pas conçu sans péché originel
Pour commencer par la conception de saint Joseph, il nous faut d'abord exclure l'opinion de quelques auteurs qui, pour maintenir, entre les deux saints Epoux, une plus grande ressemblance, ont affirmé que saint Joseph, non moins que Marie, n'a été, dans sa conception, l'esclave du péché originel.
Cette opinion ne peut se soutenir en aucune manière. Les paroles de saint Paul[ : « Tous les hommes ont péché en Adam », n'admettent aucune exception, sauf dans les cas de Notre-Seigneur et de la très sainte Vierge. Notre-Seigneur, ayant été conçu par l'opération du Saint-Esprit, fut exempt de tout péché de nature ; la très Sainte Vierge, en raison des futurs mérites de Jésus-Christ, en fut également préservée dans sa conception. Mais, en vertu même de la déclaration formelle de l'Eglise, parlant dans son cas, d'un privilège singulier, il faut exclure évidemment de ce même privilège toute autre personne.
D'ailleurs, rien, dans l'Ecriture sainte comme dans la tradition, ne nous autorise à reconnaître que le saint Patriarche ait été conçu sans péché originel. D'autre part, la raison invoquée par les fauteurs de cette opinion, à savoir que saint Joseph appartient intrinsèquement à l'ordre de l'Incarnation, manque de fondement.
Saint Joseph, nous l'avons dit, n'appartient pas intrinsèquement à l'ordre de l'Incarnation, le Verbe incarné n'ayant pas été formé de lui, comme il le fut de son Epouse la Vierge Marie. D'ailleurs, il n'est pas nécessaire que les époux se ressemblent entièrement, comme le voudraient nos adversaires.
Enfin, le privilège d'une conception immaculée était dû à Marie, non pas tant parce que le Verbe devait se faire chair en elle, qu'à cause de la sublime dignité de Co rédemptrice du genre humain dignité que saint Joseph ne devait partager avec elle que dans un sens assez restreint.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Dim 20 Juin - 16:11 | |
| DEUXIÈME PARTIE - PERFECTIONS DE SAINT JOSEPH
CHAPITRE PREMIER - INCOMPARABLE SAINTETÉ DE SAINT JOSEPH
Saint Joseph ne fut pas conçu sans péché originel
Qu'on ne dise pas que la ressemblance que nous excluons ici, est au contraire inculquée dans l'Ecriture, qui fait dire à Dieu : « Faisons à Adam un aide semblable à lui » ; car, comme l'explique très bien saint Thomas, la ressemblance dont il est ici question ne regarde pas l'âme, mais le corps, ou plutôt la propagation du genre humain, pour laquelle la présence du sexe féminin était nécessaire.
Saint Joseph ne fut pas sanctifié dans le sein de sa mère
Si l'opinion qui voudrait que saint Joseph ait été conçu, comme Marie, sans péché originel, ne peut se soutenir, peut-on du moins admettre qu'il ait été, comme saint Jean-Baptiste, sanctifié dans le sein de sa mère ?
Plusieurs auteurs, parmi lesquels Gerson, Isidore de Isolanis, Bernardin de Busto et saint Alphonse de Liguori, ont cru pouvoir admettre cette hypothèse, se fondant sur cette considération, que le futur Epoux de Marie et Père nourricier de Jésus dut être sanctifié d'une manière supérieure à celle des autres Saints, qui ne sont purifiés du péché originel qu'après leur naissance.
D'ailleurs, observent-ils, si ce privilège a été accordé à quelques grands Saints, comme à Jérémie et à Jean-Baptiste, il n'a pu être refusé à saint Joseph, dont la prédestination, nous l'avons dit, surpasse de beaucoup pelle de ces illustres personnages.
Mais notre réponse doit être négative : on ne peut pas affirmer que saint Joseph, quelque singulière qu'ait été sa prédestination, ait été sanctifié dans le sein de sa mère. Saint Thomas, avec sa lucidité habituelle, nous explique pourquoi nous ne devons pas admettre l'opinion de la sanctification de saint Joseph avant sa naissance.
« Les privilèges gracieux, dit-il, accordés à quelques individus en dehors de la loi commune, ont pour raison d'être et pour objectif l'utilité des hommes, selon ce mot de saint Paul : A chacun est donnée la manifestation de l'Esprit pour l'utilité commune, Or, aucune utilité ne proviendrait aux hommes du fait de la sanctification d'un individu dans le sein de sa mère, à moins qu'elle ne soit manifestée à l'Eglise. » D'autre part, l'hypothèse de la sanctification de saint Joseph avant sa naissance n'a pour elle aucun appui, soit dans l'Ecriture, soit dans les définitions dogmatiques ; aussi manque-t-elle de fondement solide en théologie, comme s'exprime Benoît XIV.
C'est en vain qu'on voudrait faire appel au titre de juste donné par saint Matthieu au saint Epoux de Marie. Cette justice regarde, d'une manière générale, la vie ordinaire du saint Patriarche et ne s'étend pas nécessairement à la période qui a précédé sa naissance.
Il ne faudrait pas non plus insister sur la future dignité du saint Patriarche, qui demandait chez lui, il est vrai, une sainteté plus qu'ordinaire, mais seulement pour le temps où il devait remplir la mission à laquelle Dieu l'avait destiné. Le cas de la très sainte Vierge, au contraire, est bien différent. Sa sanctification dans le sein de sa mère était une conséquence nécessaire de son Immaculée Conception. Cette créature toute privilégiée jouit d'ailleurs de l'usage de la raison dès le premier moment de sa conception, chose que l'on ne peut affirmer de saint Joseph.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Lun 21 Juin - 18:58 | |
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CHAPITRE PREMIER - INCOMPARABLE SAINTETÉ DE SAINT JOSEPH
Saint Joseph ne fut pas sanctifié dans le sein de sa mère
Retenons au surplus que d'aucun Saint, si ce n'est de saint Jean-Baptiste, on ne peut dire en toute sûreté qu'il ait été sanctifié dans le sein de sa mère.
Pour le seul Précurseur nous avons le témoignage irréfragable de l'Ecriture. Si plusieurs auteurs, parmi lesquels saint Augustin, saint Thomas et saint François de Sales, ont cru pouvoir affirmer la même chose de Jérémie, c'est qu'ils ont cru pouvoir interpréter ces mots: « Avant que tu fusses sorti du sein de ta mère, je t'ai sanctifié », dans le sens d'une sanctification par la grâce, tandis que le mot sanctifier, dans le langage scripturaire, signifie plutôt destiner ou députer quelqu'un à un office tout particulier ; et c'est précisément ce que Dieu voulait faire entendre à Jérémie par les paroles que nous venons de citer, de même que Notre-Seigneur disait de lui-même : « Et je me sanctifie moi-même pour eux », c'est-à-dire, comme l'explique saint Thomas, je m'offre en sacrifice pour eux.
Il est vrai que quelques auteurs comprennent, dans le même privilège, outre saint Joseph et Jérémie, plusieurs autres Saints, comme Moïse, David, saint Paul, saint Jacques, dit le frère de Notre-Seigneur, et d'autres Saints encore, pour qui ces auteurs avaient une dévotion spéciale. Mais comme ce sont là des assertions gratuites, il n'est nullement nécessaire de nous y arrêter.
Que si quelque écrivain de marque a parfois affirmé de quelque personnage illustre qu'il a été, dès le sein de sa mère, l'objet des complaisances du Très-Haut, cette expression et d'autres semblables doivent s'entendre dans le sens d'une dilection spéciale ab æterno de la part de Dieu envers cet individu privilégié : et c'est précisément ainsi que doit s'entendre ce passage du Psaume : « Seigneur, vous l'avez prévenu des plus douces bénédictions. »
Moyen par lequel saint Joseph fut purifié du péché originel
De tout ce que nous venons de dire, il résulte clairement que saint Joseph ne fut pas sanctifié avant sa naissance. Il nous faut donc maintenant rechercher par quel moyen il fut délivré du péché originel et fait enfant de Dieu et héritier du ciel.
Ce moyen ne fut autre que le rite institué à cette fin dans l'Ancien Testament, le rite de la circoncision, accompli le huitième jour après la naissance de l'enfant, rite auquel, comme aux autres sacrements de la loi de Moïse, était attaché le don de la grâce sanctifiante, non d'une manière physique et instrumentale, comme c'est le cas pour les sacrements de la loi nouvelle, mais d'une manière morale ; Dieu ayant promis d'accorder la grâce sanctifiante, qui efface le péché originel, à condition que le rite voulu par Lui fût accompli.
Ce rite était donc alors la condition sine qua non de régénération spirituelle pour tous les enfants des Hébreux. Aussi produisait-il un effet égal chez tous ceux qui le recevaient ; de même que, chez nous, le baptême produit, chez tous les enfants qui le reçoivent avant l'âge de raison, des fruits égaux.
C'est pourquoi il n'y avait rien qui distinguât, par rapport à la quantité de grâce sanctifiante reçue à ce moment, le petit Joseph de tous les autres enfants également circoncis. Ce ne fut qu'au premier moment où, ayant atteint l'usage de la raison, il se tourna vers Dieu, comme tous les hommes sont alors tenus à faire, qu'il se distingua d'eux, par la ferveur de son amour envers Dieu, ferveur qui lui valut une augmentation considérable de grâce.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Mar 22 Juin - 16:12 | |
| DEUXIÈME PARTIE - PERFECTIONS DE SAINT JOSEPH
CHAPITRE PREMIER - INCOMPARABLE SAINTETÉ DE SAINT JOSEPH
Premier acte d'amour de saint Joseph envers Dieu
La sainte théologie, par son oracle autorisé, saint Thomas d'Aquin, nous enseigne qu'il est du devoir de l'enfant, dès qu'il arrive à l'usage de la raison, de se tourner vers Dieu, et de faire un acte au moins implicite d'amour envers Lui, dirigeant vers ce suprême Seigneur toute sa vie et toutes ses actions. A cette fin, il reçoit des lumières spéciales.
S'il y correspond, la grâce vient orner son âme, s'il n'est pas encore régénéré par le rite sacramentel ; dans le cas contraire, cette grâce est augmentée chez lui en proportion de la ferveur avec laquelle il se tourne vers Dieu. Si l'âme de l'enfant ne répondait pas à cette grâce, elle contracterait un péché grave, dont la répercussion se ferait sentir par de funestes conséquences.
Or, nous pouvons retenir que l'âme privilégiée du petit enfant Joseph, sous l'influence d'une grâce très efficace, se tourna vers Dieu à ce moment, avec toute l'ardeur dont elle était capable, de manière à dépasser de beaucoup tous les autres enfants qui, comme lui, avaient participé au rite de la circoncision.
Cette surabondance de grâce, qui convenait si bien au futur époux de Marie, devait cependant aller toujours en augmentant ; car saint Joseph, depuis ce moment, ne devait perdre aucune occasion de s'unir toujours plus étroitement à la source de tout bien par la pratique surtout des trois vertus, qui resplendirent jadis dans le Joseph de l'Ancien Testament, et qui, nous pouvons le croire, furent plus diligemment aimées et cultivées par Celui qui deviendrait un jour le Père nourricier de Jésus.
La première de ces vertus fut l'esprit de prière, qui entraîne avec soi la certitude du secours divin ; la seconde, le soin de conserver la virginité, par quoi l'homme pourvoit à l'intégrité de l'esprit et de la chair ; la troisième, une certaine constance de travail, pour échapper aux pièges de l'oisiveté, qui est, nous dit l'Ecriture, la mère de bien des vices.
On peut donc appliquer au saint Patriarche, d'abord, par rapport à la prière, le passage suivant de l'Ecriture sainte : « J'ai crié vers vous, ô Seigneur, et le matin ma prière ira au-devant de vous » ; pour ce qui concerne la chasteté, ces paroles de Tobie ont ici leur place : « Vous savez, ô Seigneur, que j'ai gardé mon âme pure de toute concupiscence » ; enfin, par rapport à l'application des membres au travail, nous avons la recommandation de l'Ecclésiaste : « Tout ce que peut faire ta main, exécute-le avec diligence ; car il n'y a ni œuvre, ni raison, ni sagesse, ni science dans le monde d'au-delà où tu te hâtes d'arriver », c'est-à-dire, après cette vie, quand toute occasion de mériter viendra à cesser.
C'est donc ainsi que s'exerçait incessamment, dans la pratique des vertus, le jeune enfant Joseph qui, de cette manière, s'approchait toujours davantage de ce degré d'insigne perfection qui convenait au futur Epoux de la très sainte Vierge, et qui devait lui mériter le titre d'homme juste par excellence ; aussi peut-on lui appliquer en toute vérité ces mots que la Genèse rapporte de l'ancien Joseph : « Le Seigneur était avec lui et dirigeait toutes ses œuvres. »
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Mer 23 Juin - 16:41 | |
| DEUXIÈME PARTIE - PERFECTIONS DE SAINT JOSEPH
CHAPITRE PREMIER - INCOMPARABLE SAINTETÉ DE SAINT JOSEPH
Extinction du foyer ou levain (fomes) de la concupiscence en saint Joseph
De ce que nous venons d'enseigner sur la conception de saint Joseph, à savoir qu'il n'a pas été exempt du péché originel, mais qu'il en fut délivré par la circoncision, peut-on déduire qu'il fut comme nous, sous l'empire de la concupiscence, c'est-à-dire de ce foyer ou levain du mal que les Pères appellent quelquefois un tyran, un démon inné, la source toujours vive de mauvais désirs, et qui, même chez les baptisés, continue à exister ad agonem, c'est-à-dire, pour l'exercice de la vertu, comme l'enseigne le saint Concile de Trente ?
Quelques écrivains sacrés, parmi lesquels on compte Salmeron, saint Pierre Canisius et Carthagène, ont cru pouvoir affirmer que saint Joseph, comme sa sainte Epouse, fut entièrement délivré, au moment de sa première sanctification, de ce foyer de concupiscence, afin de pouvoir ressembler davantage à Marie, et mieux remplir envers Jésus, l'office de Père nourricier.
D'autres auteurs, parmi lesquels il faut nommer, en premier lieu, Théophile Raynaud, ont, au contraire, admis chez saint Joseph, ce même foyer de concupiscence toujours en activité pour l'incliner au mal, comme c'est notre cas.
La vérité se trouve entre ces deux opinions. Notre pensée est que le foyer de la concupiscence subsista réellement en saint Joseph, mais qu'il fut lié, c'est-à-dire qu'il n'eut pas chez lui cette liberté d'action qu'il a généralement chez tous les hommes. Ceci, dans le langage scolastique, s'exprime en disant que ce foyer exista dans le saint Patriarche in actu primo, mais non pas in actu secundo, ce qui revient à dire qu'il ne se traduisit pas chez lui en actes condamnables. Il nous faut démontrer ces deux aspects de notre proposition.
D'abord, nous disons que le foyer de concupiscence ne fut pas enlevé (sublatus) en saint Joseph. En effet, ce foyer est une conséquence nécessaire de notre nature déchue ; c'est une disposition, en soi déréglée, qui a sa raison d'être précisément dans le péché originel, et que le baptême lui-même n'enlève pas.
Dans ces conditions, ôter de l'âme cette disposition au péché serait une dérogation à l'ordre des choses, c'est-à-dire un vrai miracle : or, une des conditions du miracle est qu'il soit visible, ayant pour but de promouvoir la gloire de Dieu. Donc, comme rien ne nous dit que saint Joseph fut exempt de cette loi de la chair, ainsi que l'appelle saint Paul ; nous ne sommes pas autorisés à reconnaître, dans l'Epoux de Marie, cet insigne privilège.
Mais, dira-t-on, ne reconnaissons-nous pas en Marie elle-même, une parfaite exemption, ou délivrance de ce foyer de concupiscence, sans cependant que nous en ayons des preuves extérieures ?
Nous répondons que tout autre est le cas de la très sainte Vierge. Par un privilège unique, elle fut exempte du péché originel ; elle ne devait donc point contracter ce qui, en soi, est comme l'apanage de ce péché ; aussi l'exemption du foyer en Marie ne fut-elle pas un miracle à part, mais la conséquence naturelle de l'Immaculée Conception.
Ce foyer, cependant, fut lié chez le saint Patriarche, de telle sorte qu'il ne se traduisit jamais en actes. Ce fut là l'effet d'une double cause : d'abord, d'une grâce très abondante, dont le Saint-Esprit avait enrichi son âme bénie ; ensuite, et surtout d'une assistance tourte particulière de la divine Providence, qui ne cessa de veiller sur son fidèle serviteur, pour empêcher tout mouvement désordonné des facultés inférieures contre la raison et la prémunir ainsi contre toute faute vénielle.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Jeu 24 Juin - 16:13 | |
| DEUXIÈME PARTIE - PERFECTIONS DE SAINT JOSEPH CHAPITRE PREMIER - INCOMPARABLE SAINTETÉ DE SAINT JOSEPH
Extinction du foyer ou levain (fomes) de la concupiscence en saint Joseph
Notons bien que la première cause, c'est-à-dire la grâce, n'aurait pas été suffisante en elle-même. Car la grâce donnée à l'homme après le péché n'exclut pas les mouvements désordonnés de la concupiscence, contrairement à ce qu'aurait produit la grâce dans l'état de justice originelle ou de nature intègre, puisque l'homme aurait pu, dans cet état, éviter toute rébellion de la chair contre l'esprit. Pour saint Joseph, il fallait donc une assistance spéciale du Saint-Esprit pour qu'il ne ressentît aucun de ces mouvements déréglés qui affligent si douloureusement les âmes spirituelles.
Or cette assistance, qui n'était pas un miracle, lui fut largement assurée, en raison de la haute mission à laquelle il était destiné.
Il fallait aussi que saint Joseph fût prémuni, par la vertu d'En-Haut, contre tout mouvement déréglé, si imperceptible qu'on le conçoive, auquel la cohabitation de Marie aurait pu donner origine dans son âme. Le compagnon de la plus pure de toutes les vierges devant, lui aussi, être le plus pur de tous les hommes.
Non qu'il y eût à craindre que la beauté de Marie fût pour lui une occasion de péché, comme l'ont cru certains auteurs, entre autres le célèbre Gerson. Cette beauté, comme le remarque Denys le Chartreux, était si pure, si chaste et si divine, qu'elle ne pouvait que porter à la vertu ceux qui en étaient les heureux témoins.
Mais d'autres causes auraient pu susciter, dans l'âme de Joseph, des mouvements déréglés ; or il fallait que l'Epoux fût, surtout en ce qui concerne la chasteté, digne de tous points de son Epouse toute pure et toute sainte.
On peut se demander dans quelle circonstance de la vie de saint Joseph le foyer, dont nous parlons, a été lié, de manière à ne pas se produire en acte.
Nous répondons que ce fut au moment où, ayant atteint l'usage de raison, il se tourna vers Dieu, comme nous l'avons expliqué, avec toutes les forces de son âme, pour se consacrer tout entier à lui. Jusqu'à cette époque, ce privilège ne lui était pas nécessaire, puisque, chez l'enfant qui n'a pas encore atteint l'âge de la raison, le foyer de concupiscence ne peut, faute de responsabilité, exercer son action délétère sur son âme ; d'autre part, comme saint Joseph devait, dès ce moment, se préparer, par une sainteté sans tache, à sa haute et si délicate mission d'Epoux de Marie, il convenait qu'il fût dès lors exempt de toute attaque de ce subtil et dangereux ennemi.
Impeccabilité de saint Joseph
Du fait que le foyer de la concupiscence fut, pour ainsi dire, emprisonné dans saint Joseph, nous sommes amenés spontanément à parler de son impeccabilité. Car, n'ayant pas connu, comme nous, les attaques des mauvaises passions, il n'eut pas l'occasion de tomber dans ces innombrables fautes vénielles, qui obscurcissent continuellement le firmament de notre vie spirituelle.
Ce privilège de l'impeccabilité semble bien requis par la double mission que Dieu avait confiée à saint Joseph, celle de compagnon inséparable de Marie et celle de Père putatif de Jésus. Comme compagnon de Marie, il fallait qu'il lui ressemblât par les dons de l'Esprit et surtout par une sainteté sans aloi, sainteté qui fût à la base de toute la vie conjugale des saints Epoux.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Sam 26 Juin - 1:59 | |
| DEUXIÈME PARTIE - PERFECTIONS DE SAINT JOSEPH
CHAPITRE PREMIER - INCOMPARABLE SAINTETÉ DE SAINT JOSEPH
Impeccabilité de saint Joseph
En vérité, l'Ange qui vint réconforter saint Joseph dans son angoisse semble bien avoir voulu mettre en relief cette parfaite sainteté, quand il lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains point de garder avec toi Marie comme ton épouse » ; paroles qui peuvent aussi bien se rapporter à Joseph qu'à Marie.
En d'autres termes, les paroles de l'Ange revenaient à ceci : « Sache bien, ô Joseph, que Marie n'est pas indigne de toi ; et toi, de ton côté, ô Joseph, sois persuadé que tu n'es pas indigne de Marie ; vous vous ressemblez trop pour qu'il soit question de vous séparer. Une même auréole de sainteté, pour ce qui regarde l'absence de fautes volontaires, couronne vos fronts virginaux. »
D'autre part, de même que l'honneur des parents rejaillit sur leurs enfants, de même aussi l'ignominie de ceux-là retombe sur ceux-ci.
C'est pourquoi il fallait que celui qui devait, avec toute l'affection d'un père, porter dans ses bras, comme dans un très doux berceau, l'auteur de toute sainteté, n'eût l'âme souillée d'aucune tache actuelle, même vénielle, qui aurait pu retarder la pleine expansion d'amour du fils vers son père et du père vers son fils bien-aimé.
Cause formelle de l'impeccabilité de saint Joseph
Sans doute, cette impeccabilité, en saint Joseph, avait une source bien différente de celle d'où découlait l'impeccabilité de Jésus et de Marie.
Chez le divin Sauveur, elle était le résultat d'une forme spirituelle ou qualité permanente ajoutée à l'âme, forme et qualité que nous appelons la lumière de la gloire, lumière qui rend intrinsèquement impeccables les bienheureux contemplant Dieu face à face dans le ciel. Or, Jésus, même durant sa vie mortelle, possédait déjà cette lumière divine et la possédait pleinement.
Chez Marie, l'impeccabilité provenait d'une cause extérieure, c'est-à-dire, d'une assistance divine de la part du Saint-Esprit, assistance qui la prémunissait contre les attaques du péché mortel.
Car, étant conçue sans péché et ayant les facultés inférieures entièrement soumises à la raison, cette Vierge sainte ne pouvait commettre le péché véniel, sans s'être au préalable rendue coupable d'un péché mortel, et c'était contre celui-ci que s'exerçait l'assistance continuelle du Saint-Esprit sur l'âme de cette Vierge Immaculée.
Quant aux saints Apôtres, l'assistance divine devait s'exercer chez eux de deux manières, car il leur fallait être protégés contre les attaques du péché mortel, aussi bien que contre celles du péché véniel, à cause du foyer de concupiscence que le péché originel avait laissé en eux et qui était toujours en activité.
C'est pourquoi la théologie enseigne qu'ils furent, après l'Ascension du Seigneur, confirmés en grâce, en ce sens qu'ils furent préservés de tout péché mortel ; mais ils n'en restaient pas moins exposés à tomber de temps à autre dans quelque faute vénielle, fruit de ce levain du mal qu'avait laissé en eux la corruption du péché originel.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Dim 27 Juin - 3:25 | |
| DEUXIÈME PARTIE - PERFECTIONS DE SAINT JOSEPH
CHAPITRE II - GRÂCE ET SCIENCE DANS SAINT JOSEPH
Manière habituelle de croissance en grâce dans le saint Patriarche
Pour comprendre comment la grâce alla toujours en augmentant dans l'âme du glorieux Patriarche, il nous faut distinguer deux choses : d'abord, la manière ordinaire dont cette croissance se réalisait habituellement dans son âme ; en second lieu, les circonstances extraordinaires dont se servit la Providence pour enrichir son âme de grâces nouvelles. La croissance habituelle de saint Joseph dans la grâce suivait le cours ordinaire à tous les hommes.
La grâce augmente en nous selon le degré de notre correspondance. Or, saint Joseph ne perdait aucune occasion de correspondre aux fortes et douces invitations de la grâce, et il le faisait, croyons-nous, avec toute la vigueur de son âme. N'avait-il pas constamment sous les yeux les exemples de sa sainte Epouse et ceux de son Fils putatif ? Or, c'est un principe constant que, plus nous nous trouvons rapprochés d'une source de chaleur, plus nous participons à son influence bienfaisante.
D'un côté, le glorieux saint Joseph jouissait de la conversation de Marie, Vierge toute pure et toute embrasée de charité, et il ne pouvait que marcher sur ses traces. « Celui qui a trouvé une femme vertueuse, a trouvé un grand bien, dit le livre des Proverbes. » « Si du fait que nous autres misérables, dit saint Bernardin de Sienne habitons avec de saints personnages, qui cependant par rapport à la Vierge bénie ne sont rien, faisons cependant des progrès dans la vertu, combien devons-nous penser que saint Joseph se perfectionna dans la compagnie de la sainte Vierge ? »
D'un autre côté, le saint Patriarche avait toujours à ses côtés le Verbe incarné, source de toute grâce et de toute sainteté. « Combien donc, dirons-nous de nouveau avec saint Bernardin de Sienne, cette conversation divine a-t-elle dû lui ajouter de grâces, tandis que le béni Jésus lui prodiguait, comme à son Père bien-aimé, des signes extérieurs de révérence et d'obéissance ?»
Evitons cependant ici, pour être précis, une double exagération. La première consisterait à dire que, même dans le sommeil, saint Joseph ne cessait d'émettre des actes d'amour de Dieu et ainsi de croître en grâce ; la seconde, que la croissance de saint Joseph en sainteté s'opérait selon une progression mathématique, en sorte qu'un premier acte d'amour de Dieu redoublât en lui la somme de grâces qu'il possédait déjà ; un second acte redoublât de nouveau cette somme, etc.
Pour le premier point il faut nous rappeler que, quand nous dormons, nos sens étant liés, nous ne sommes pas responsables de nos actions, ni en bien ni en mal ; ainsi donc saint Joseph, aussi bien que sa sainte Epouse, ne pouvait mériter durant le sommeil ; pour le second point, nous observons que l'augmentation de la grâce se mesure au degré d'intensité avec lequel l'homme se donne à Dieu ; or ce degré peut varier selon les temps et les circonstances.
Quoi qu'il en soit, nous pouvons, en toute vérité, nous représenter saint Joseph, que rien ne retenait dans son amour pour Dieu, croissant de jour en jour en perfection sous l'influence de la grâce, de sorte qu'on peut très bien lui appliquer ce passage des Proverbes : « Le sentier des justes est comme une lumière resplendissante : elle s'avance et croît jusqu'au jour parfait. »
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Lun 28 Juin - 16:29 | |
| DEUXIÈME PARTIE - PERFECTIONS DE SAINT JOSEPH
CHAPITRE II - GRÂCE ET SCIENCE DANS SAINT JOSEPH
Manière extraordinaire dont la croissance en grâce se réalisa en saint Joseph
La seconde manière dont se réalisa, en saint Joseph, la croissance en grâce est due, avons-nous dit, à certaines circonstances exceptionnelles de la vie du glorieux Patriarche, circonstances dans lesquelles son âme si sainte et si délicate se dépensait en actes d'exceptionnelle ferveur.
Quelles furent ces circonstances ? Il est difficile de les préciser toutes ; toutefois, nous pouvons en toute sûreté en distinguer au moins cinq. La première fut au moment où, ayant atteint l'âge de raison, le petit Joseph se tourna actuellement, par un libre mouvement du cœur, vers Dieu, s'offrant tout entier à son service ; la seconde, quand il s'unit avec Marie par les liens indissolubles du mariage ; la troisième, quand, instruit surnaturellement au sujet du mystère de l'Incarnation, il obéit pleinement à la voix de l'Ange et garda Marie comme son épouse ; la quatrième, quand il eut, pour la première fois, l'insigne bonheur de porter dans ses bras le Verbe tout récemment mis au monde par sa très sainte Epouse ; la cinquième, quand, au moment de sa mort, il eut l'immense consolation d'être assisté par Jésus et par la très sainte Vierge.
Dans ces circonstances, et peut-être d'autres semblables, le saint Patriarche reçut du ciel une si grande abondance de grâces, qu'on peut dire qu'elles furent pour lui comme autant de missions invisibles du Saint Esprit. On sait, en effet, que ces sortes de missions ont lieu « quand l'âme s'avance dans quelque nouvel acte ou quelque nouvel état de grâce ; comme, par exemple, quand un homme reçoit inopinément la grâce des miracles ou des prophéties, ou que, dans un mouvement de ferveur, sous l'impulsion de la charité, il s'expose au martyrs, ou renonce à ses possessions, ou encore entreprend un travail difficile ».
Il ne faut pas omettre de faire ici mention d'une autre source extraordinaire de grâces dont saint Joseph a très probablement bénéficié, nous voulons parler de la réception de deux sacrements de la Nouvelle Loi, le baptême et le mariage. S'il est vrai, comme nous l'exposerons plus tard, que saint Joseph a survécu à la seconde Pâque de la vie publique du Sauveur, il a dû, comme l'insinue Isidore de Isolanis, recevoir, des mains de Jésus, avec sa sainte Epouse, le sacrement du baptême, que déjà le Sauveur avait institué.
Comme, d'autre part, il ne peut y avoir, entre fidèles baptisés, de contrat matrimonial qui ne soit pas en même temps sacrement, si nous supposons, d'un côté, que saint Joseph ait survécu à l'institution du sacrement de mariage, qui eut lieu aux noces de Cana, et, de l'autre, qu'il ait reçu le baptême, nous conclurons qu'il jouit également du bienfait du sacrement de mariage : ces deux sacrements opérant en lui comme deux instruments de grâce ex opere operato.
Mérite de saint Joseph
Les explications que nous venons de donner sur la grâce insigne de saint Joseph et ses sources mystérieuses, nous amènent à parler des mérites dont il s'est enrichi auprès de Dieu ; le mérite étant précisément l'effet de la grâce coopérante. En effet, la quantité du mérite se mesure d'après l'augmentation de la grâce ; or, cette augmentation s'obtient lorsque l'homme est mû par Dieu, selon l'ordre établi par la divine sagesse, en vue d'obtenir, par sa propre opération toujours secondée par la grâce elle-même, que ce trésor croisse dans son âme.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Mar 29 Juin - 16:56 | |
| DEUXIÈME PARTIE - PERFECTIONS DE SAINT JOSEPH CHAPITRE II - GRÂCE ET SCIENCE DANS SAINT JOSEPH Mérite de saint Joseph
Or, c'est précisément par ses propres efforts et par les élans de sa ferveur, que saint Joseph, redoublant sans cesse ses actes de charité, acquit cette augmentation de grâce dont nous avons parlé tout à l'heure. Que si le saint Patriarche ne ressentit pas, dans ses efforts vers le bien, ces difficultés que suscitent constamment en nous les résistances de la chair, son mérite n'en fut nullement diminué ; la source du mérite se mesurant à la bonne disposition de l'âme, plutôt qu'à la difficulté du travail.
De plus, ce mérite, en saint Joseph comme en nous, provenait de la pratique des vertus, dont les actions sont méritoires, par cela même qu'elles procèdent de la racine de la charité ; d'autre part, ce même mérite n'est en rien diminué par l'obligation qu'impose l'obéissance, pourvu que les actes méritoires soient inspirés par une volonté prompte de plaire à Dieu, aux yeux duquel les dispositions intérieures valent plus que les œuvres extérieures. Les actes de saint Joseph, étant donc inspirés par un motif de parfaite charité, faisaient que ses mérites s'accumulaient sans cesse dans son âme qui, par là même, devenait toujours de plus en plus l'objet des complaisances divines.
Raison d'être de notre mérite
Pour mettre davantage en relief le mérite du saint Patriarche, nous croyons utile d'examiner ici la raison d'être de notre mérite.
Cette raison d'être consiste en ceci que, dans nos œuvres de miséricorde faites en esprit de charité, nous avons en vue, au moins d'une manière implicite, Jésus-Christ notre Rédempteur, qui par là même est mystiquement présent dans les personnes pour lesquelles nous accomplissons ces œuvres. C'est pourquoi, au dernier jour, lorsque les justes demanderont à Notre-Seigneur : « Quand est-ce que nous vous avons vu avoir faim, et que nous vous avons donné à manger ? » il répondra: « En vérité, je vous le dis, toutes les fois que vous l'avez fait à l'un de ces plus petits d'entre mes frères, c'est à moi-même que vous l'avez fait. »
Ces principes posés, nous pouvons raisonner de cette manière : nos œuvres de miséricorde sont dignes de récompense surnaturelle en tant que nous considérons Jésus-Christ mystiquement présent dans ceux auxquels nous voulons faire du bien. Or, dans le cas de saint Joseph, ce n'était pas des personnes étrangères qui bénéficiaient de son dévouement, c'était Jésus-Christ lui-même, son fils bien-aimé. Aussi son mérite n'en était-il que plus éclatant, du fait que ses bonnes œuvres avaient pour objet direct la personne même du Sauveur.
On peut encore rapporter à ce propos cet autre texte de l'Evangile : « Celui qui reçoit un prophète en qualité de prophète recevra une récompense de prophète ; et celui qui reçoit un juste en qualité de juste recevra une récompense de juste. »
Ce qui veut dire que si quelqu'un reçoit un ministre de l'Evangile, précisément en raison de sa qualité de ministre de l'Evangile, il coopère en quelque manière aux bonnes œuvres et prend part aux mérites de ce ministre sacré. Si donc tout ce que fit le glorieux Patriarche pour Notre-Seigneur, en le protégeant, le nourrissant et le gardant, il le fit en tant qu'il voyait en lui le Rédempteur du monde, son mérite a consisté, par le fait même, à coopérer d'une manière directe, à l'œuvre de la Rédemption, à concourir au salut du monde.
Il nous faut donc conclure que bien grand est le mérite de saint Joseph et qu'il surpasse de beaucoup celui des autres Saints. Nous verrons plus tard quel degré de gloire devait couronner un pareil mérite.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Mer 30 Juin - 18:02 | |
| DEUXIÈME PARTIE - PERFECTIONS DE SAINT JOSEPH CHAPITRE II - GRÂCE ET SCIENCE DANS SAINT JOSEPH Science de saint Joseph
Après avoir parlé de la grâce et des mérites de saint Joseph, il convient que nous parlions de sa science, et cette étude, nous fera voir quelle fut, pendant sa vie mortelle, la perfection de son intelligence. La science dont nous parlons n'est pas une connaissance quelconque, mais une connaissance certaine et évidente tirée des propres causes des choses qui font l'objet de notre science.
Or, on distingue trois catégories de sciences : la science acquise, la science infuse et la science bienheureuse. La première est le fruit de notre travail ; la seconde et la troisième nous viennent directement de Dieu. Mais la distinction formelle entre ces trois genres de sciences se trouve dans l'objet formel qui donne à chacun de ces trois degrés de connaissance sa forme spécifique.
Pour la science acquise, cet objet formel ou moyen de vision est constitué par les espèces ou images intelligibles abstraites des fantasmes des sens ; pour la science infuse, ce moyen consiste dans les espèces purement intelligibles que Dieu infuse dans l'esprit ; pour la science bienheureuse, c'est l'essence divine même qui, comme un puissant miroir, représente chaque chose avec parfaite exactitude.
Il y a cependant, par rapport à chacune de ces trois sciences, des subdivisions qu'il est bon de connaître. D'abord, la première science, la science acquise peut se procurer par voie d'invention ou par voie de discipline ou d'instruction. Quant à la science infuse il faut distinguer la science infuse per se, de la science infuse per accidens. La première est précisément celle que nous avons décrite plus haut ; la seconde a bien Dieu pour auteur, mais elle est réglée, comme la science acquise, selon la proportion des fantasmes de l'imagination ; aussi est-elle appelée infuse per accidens, et acquise per se. Enfin, la science bienheureuse, appelée encore vision béatifique, peut être permanente ou transitoire. La première s'accomplit par une forme fixe et stable, que l'on nomme la lumière de la gloire ; la seconde est un mouvement de l'Esprit Saint, qui passe rapidement dans l'âme et s'évanouit bientôt.
Voyons maintenant ce qu'il faut dire de chacune de ces sciences par rapport au glorieux saint Joseph.
Science acquise en saint Joseph
D'abord, la science acquise fut, dans le saint Patriarche, ce qu'elle est chez nous : elle fut due, en partie, à l'activité de son intellect agent, perçant, pour ainsi dire, l'écorce des objets qui se présentaient à lui, pour en tirer des conclusions opportunes, et en partie, à l'instruction qu'il reçut de ses parents et de ses maîtres. Dans le premier cas, il s'avançait dans la science par voie d'invention : dans le second, par voie de discipline ou d'instruction. Mais dans les deux cas, ses progrès scientifiques étaient, nous pouvons le croire, supérieurs aux nôtres, à cause de la perfection des facultés destinées au service de l'intelligence, telles que l'imagination, la mémoire, le sens dit commun et aussi à cause de la droiture de ses intentions et de la pureté de sa vie ; aussi peut-on lui appliquer cette parole du livre de la Sagesse : « J'étais un enfant d'une nature ingénieuse, et j'ai reçu en partage une âme bonne. »
Toutefois, quelque parfaite que fût, de ce côté, l'intelligence de saint Joseph, nous n'irons pas jusqu'à dire qu'il connaissait à perfection tous les secrets de la nature : chose qui n'était ni nécessaire à sa condition de gardien de la sainte Famille, ni possible à son état d'artisan, dont la première préoccupation devait être d'assurer, à Jésus et à Marie, par le travail de ses mains, le pain de chaque jour.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Jeu 1 Juil - 16:51 | |
| DEUXIÈME PARTIE - PERFECTIONS DE SAINT JOSEPH
CHAPITRE II - GRÂCE ET SCIENCE DANS SAINT JOSEPH
Science infuse en saint Joseph
La science infuse, celle que Dieu communique à l'âme par son action directe, Peut être, avons-nous dit, infuse per accidens, et infuse per se. Pour commencer par la première, qui se mesure selon la proportion des fantasmes, on ne peut pas douter que saint Joseph n'en ait été gratifié dans plusieurs occasions de sa vie.
Par exemple, il jouit certainement de cet insigne bienfait, quand il reçut de l'Ange l'invitation de garder Marie comme son épouse, malgré les signes évidents de fécondité qu'il voyait en elle ; de même, quand il reçut l'ordre de fuir en Egypte et celui de retourner dans la terre d'Israël ; enfin, quand il fut averti de se retirer en Galilée. Pour ce motif, selon l'observation d'Isidore de Isolanis, adoptée par Benoît XIV, on peut en toute raison appeler saint Joseph un prophète.
Quant à la science infuse per se, cette science que Dieu donne à l'âme en l'enrichissant d'espèces ou images purement spirituelles, nous ne pouvons guère mettre en doute que Dieu lui ait fait cette grâce, surtout aux moments les plus importants de sa vie, par exemple, à la naissance du Christ, et ceci pour l'introduire plus entièrement dans la connaissance des mystères célestes ayant trait à l'Incarnation du Verbe, mystères dans lesquels il avait lui-même une si grande part.
« Joseph est vraiment le fils de David, s'écrie saint Bernard, auquel Dieu confie en toute sécurité le très secret et très sacré mystère de son cœur ; auquel, comme à un autre David, il a manifesté les choses incertaines et cachées de sa sagesse, et à qui il a donné de n'être pas ignorant du mystère qu'aucun des princes de ce siècle n'a connu, »
Science bienheureuse en Joseph
Enfin, il nous faut rechercher si saint Joseph a reçu de Dieu la science bienheureuse, ou vision béatifique, qui se distingue des autres sciences en ceci, que c'est l'Essence divine même qui est le moyen terme, ou la lumière formelle de la connaissance.
Commençons par exclure la vision béatifique permanente, dont Notre-Seigneur seul a été gratifié durant sa vie mortelle, et qui suppose, chez celui qui la possède, un état permanent de gloire. Mais peut-on croire qu'au moins, à certains moments de sa vie, saint Joseph ait vu la divine Essence, d'une manière transitoire, par un privilège semblable à celui dont, selon l'opinion de saint Thomas, furent gratifiés Moïse et saint Paul ?
Plusieurs auteurs ont cru pouvoir l'affirmer, précisément à cause de son intime familiarité avec le Verbe incarné et de la haute mission qui lui était confiée. Mais nous croyons qu'il est plus sûr de s'en tenir à la négative, à cause du silence des Ecritures, et parce qu'un tel privilège n'était pas requis par sa mission, bien différente de celle de Moïse et de saint Paul.
En effet, la mission de ces deux personnages était une mission publique, étant appelés l'un et l'autre à instruire et gouverner le peuple de Dieu, celui-là, dans l'Ancien Testament, celui-ci, dans le Nouveau.
Or, afin qu'ils pussent plus efficacement publier leurs doctrines, il fallait, dit saint Thomas, qu'ils en contemplassent l'origine, c'est-à-dire Dieu qui est le principe de toute vérité. Pour saint Joseph, qui n'avait pas à enseigner aux peuples les mystères de la foi et de la grâce, mais dont la mission se résumait tout entière dans la garde de la sainte Famille, il suffisait qu'il crût fermement, d'une foi surnaturelle, les vérités révélées qu'il avait apprises, soit par la lecture des Ecritures, soit par des révélations angéliques.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Ven 2 Juil - 17:32 | |
| DEUXIÈME PARTIE - PERFECTIONS DE SAINT JOSEPH
CHAPITRE II - GRÂCE ET SCIENCE DANS SAINT JOSEPH
Science bienheureuse en Joseph
Saint Joseph fut donc, sur ce point, dans une condition inférieure, non seulement à celle de Moïse et de saint Paul, mais aussi à celle de sa chaste Epouse, qui, nous l'avons enseigné, jouit, à plusieurs moments de sa vie, d'une manière transitoire, du privilège de la vision béatifique.
Ce privilège était dû à cette Vierge bénie, à cause de la part qu'elle devait prendre à la passion du Sauveur, et par conséquent à l'œuvre de notre rachat, dans laquelle elle devait être d'une manière très excellente, avec le Christ et sous le Christ, le principe de notre Rédemption. Il fallait donc qu'elle fût, pour ainsi dire, reliée à Dieu même, précisément par le privilège de le voir face à face, au moins dans les moments les plus solennels de sa vie.
CHAPITRE III - VERTUS ET DONS DE SAINT JOSEPH
Saint Joseph, homme juste par excellence
Voulant parler des vertus de saint Joseph, la première chose qui nous vient à l'esprit est ce passage de saint Matthieu où il est dit de lui qu'il était un homme juste : Joseph autem, vir (Mariæ), cum esset justus.
Or, ce mot, interprété à la lumière de la sainte théologie, a un double sens : d'abord il s'emploie pour désigner celle des vertus cardinales qui a pour objet de rendre à chacun ce qui lui est dû ; en second lieu, dans le langage biblique, il sert à désigner un homme droit, c'est-à-dire, dont la volonté est parfaitement soumise à Dieu, et dont les facultés inférieures sont entièrement contrôlées et dirigées par la raison.
C'est dans ce second sens, que le mot juste donne origine à l'expression technique justification, expression employée en théologie pour signifier la parfaite soumission de la volonté humaine à celle de Dieu.
Ainsi donc, appliqué à saint Joseph, ce mot de l'Ecriture sainte a une double signification. D'abord il veut nous faire comprendre que le saint Patriarche, connaissant l'état de son Epouse, sans pouvoir s'en rendre compte, avait la volonté arrêtée de ne pas la garder, par crainte d'enfreindre la loi ; et que, néanmoins, sachant Marie parfaitement sainte, il ne voulait pas la dénoncer publiquement, pour ne pas blesser la charité qu'il lui devait.
En second lieu, ce mot, homme juste, veut dire que saint Joseph était orné de toutes les vertus qui contribuent à nous rendre agréables à Dieu, dans le sens où nous lisons du saint homme Job, qu'il était « simple et droit, et craignant Dieu ».
Que si quelqu'un s'étonne de nous voir donner à un même texte deux sens différents, nous lui rappellerons ce principe si nécessaire à l'interprétation de l'Ecriture sainte et auquel nous avons déjà fait plusieurs fois allusion, qu'un même texte peut avoir plusieurs sens littéraux.
Ainsi donc, appeler saint Joseph homme juste revient à affirmer, chez lui, la possession non seulement de la vertu de justice, mais aussi de toutes les vertus surnaturelles, au sens où nous lisons que le « juste fleurira comme le palmier », et que « sa justice demeure dans tous les siècles des siècles».
C'est là, d'ailleurs, la doctrine de saint Jean Chrysostome qui, commentant le passage susdit de saint Matthieu, s'exprime ainsi : « Il appelle juste, un homme doué de toutes les vertus, la justice étant toute vertu, et c'est dans ce sens surtout que l'Ecriture se sert du mot Justice, quand elle s'exprime ainsi : Homme juste, véridique. »
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Sam 3 Juil - 17:43 | |
| CHAPITRE III - VERTUS ET DONS DE SAINT JOSEPH
Saint Joseph, homme juste par excellence
Il nous faut donc maintenant passer en revue séparément les vertus théologales et morales, afin de montrer comment le très chaste époux de Marie les a possédées toutes, et surtout la vertu cardinale de justice dont nous venons de parier. Rien n'est plus agréable au cœur d'un vrai chrétien, et rien n'est également plus utile pour l'édification personnelle, que la considération détaillée des vertus pratiquées par le saint Patriarche.
Foi de saint Joseph
Pour commencer par la foi, qui est, comme le dit le saint concile de Trente, « le fondement et la source de toute justification, et sans laquelle il est impossible de plaire à Dieu», le fait de l'angoisse de saint Joseph nous révèle éloquemment combien vive fut cette vertu dans son cœur.
Aux paroles de l'Ange qui lui commande de garder Marie comme son épouse, il n'oppose aucune hésitation ; il n'exige pas, comme Zacharie, un signe du ciel pour confirmer ce qui lui a été communiqué par le messager divin ; il n'attend pas, pour obéir, qu'on lui donne de nouvelles explications. Le texte sacré est explicite : « Réveillé de son sommeil, Joseph fit ce que l'Ange du Seigneur lui avait ordonné.»
Cette même vertu de foi resplendit encore plus clairement chez le saint Patriarche quand, voyant Jésus, tout petit enfant, gisant dans la crèche, destitué de tous les biens de ce monde et abandonné des hommes, sans aucune hésitation, il se prosterna à terre, l'adora comme son Dieu, et le reconnut comme le Sauveur du monde.
Une autre circonstance, dans laquelle la foi de saint Joseph resplendit d'une façon toute particulière, fut quand il dut fuir en exil pour soustraire le Sauveur au glaive d'Hérode. Dieu, qui s'est plu si souvent à multiplier les miracles en faveur de ses serviteurs, ne voulut pas intervenir directement pour sauver son Fils bien-aimé, laissant entièrement à la vigilance de saint Joseph le soin de le sauver. Jamais peut-être, sa foi ne se montra si surnaturelle qu'en cette terrible circonstance.
En général, ce fut le même esprit de foi qui soutint le saint Patriarche pendant tout le temps qu'il vécut avec le Sauveur du monde, qui avait voulu cacher, sous le voile d'une frêle humanité, les splendeurs de sa divinité.
Espérance de saint Joseph
La seconde vertu théologale est l'espérance, qui se distingue du mouvement sensible qui porte le même nom et dont l'objet est le bien futur, difficile, mais toutefois possible à obtenir. Ce bien est double : d'abord, la béatitude éternelle, et, en second lieu, les moyens pour y parvenir.
Dans les deux cas, Dieu lui-même est l'objet de l'espérance, bien que sous différents aspects. En tant que l'homme espère posséder Dieu, c'est Dieu lui-même qui doit être considéré comme cause finale ; en tant qu'il espère avoir les secours nécessaires pour obtenir cette fin, Dieu est considéré comme cause efficiente, car c'est Dieu seul qui peut nous donner ces secours.
Toutefois, pour que l'homme puisse espérer, il est nécessaire que l'objet de l'espérance lui soit proposé comme possible ; or, c'est précisément la foi qui nous montre la possibilité, d'un côté, de parvenir à la vie éternelle et, de l'autre, d'obtenir le secours divin. L'espérance suppose donc la foi, sur laquelle elle s'appuie.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Dim 4 Juil - 17:03 | |
| CHAPITRE III - VERTUS ET DONS DE SAINT JOSEPH
Espérance de saint Joseph
Si la foi de saint Joseph fut si grande, son espérance ne le fut pas moins, et c'est cette vertu qui le mit en garde contre deux extrêmes diamétralement opposés, la présomption et le désespoir : la présomption qui aurait pu le tenter en raison des faveurs dont le ciel le comblait ; le désespoir qui aurait pu le terrasser à la vue des tribulations qui ne cessaient de l'affliger.
Mais, si sa confiance en Dieu l'empêchait de tomber dans un état de pusillanimité qui aurait pu lui nuire, elle lui faisait entrevoir en même temps la promptitude du divin qui ne devait jamais l'abandonner. Il s'écriait donc avec David «J'ai espéré en vous, ô Seigneur : je ne serai pas confondu à jamais... Car vous êtes ma force et mon refuge, et à cause de votre nom, vous me conduirez et vous me nourrirez... Ayez pitié de moi, ô Seigneur, parce que je suis dans la tribulation. »
Et c'est dans cette vertu de l'espérance, que saint Joseph trouvait toujours une nouvelle vigueur, pour accomplir avec force et constance la tâche difficile que le Ciel lui avait confiée. Le mot du Prophète se vérifiait pleinement à son égard : « Agissez avec courage, et que votre cœur soit réconforté, vous tous qui espérez dans le Seigneur. »
Charité de saint Joseph
Si la foi et l'espérance de saint Joseph méritent d'être louées, bien plus remarquable encore fut la charité qui régna dans son cœur et qui lui a assuré une place si distinguée dans le ciel. La charité, la plus noble des vertus théologales, naît de l'espérance, en tant que nous nous sentons portés à aimer Dieu et à observer ses commandements par l'espoir que nous avons d'être récompensés par Dieu.
Toutefois, cette vertu est bien plus excellente que celles de foi et d'espérance, qui n'atteignent Dieu qu'en tant que c'est de lui que nous vient la connaissance du vrai ou l'obtention du bien ; tandis que la charité va directement à lui pour se reposer dans son cœur paternel ; c'est pourquoi saint Paul l'exalte au-dessus des deux autres vertus, l'appelant la fin de tout précepte.
En outre, à l'encontre de la foi et de l'espérance, qui ne subsisteront pas en nous après cette vie, la charité nous accompagnera dans la patrie, où elle aura son couronnement final.
Tel un beau manteau tout resplendissant d'or et de pierreries, la charité rendait le saint Patriarche tout particulièrement aimable aux yeux de Dieu et aux yeux des hommes. Il n'avait ni pensées ni désirs qui ne fussent conformes à l'amour de Dieu ; sa préoccupation constante était de servir le Seigneur et d'aimer son prochain, et ainsi la charité allait toujours en augmentant dans son âme.
Comment, d'ailleurs, aurait-il pu en être autrement ? Vivant dans le contact immédiat avec le Christ et sa Mère, il fut seul, pendant bien des années, à bénéficier de leurs exemples de vertus et de leur sainte conversation. Qui pourra dire l'impression que laissaient dans son âme les paroles de vie éternelle qui tombaient de la bouche de la Sagesse incarnée ? Qui pourra dire les élans de sa charité quand il contemplait, d'un côté, Celui qui l'appelait du doux nom de Père, et de l'autre Celle qui était heureuse de se dire son Epouse ? L'un et l'autre lui mettaient constamment sous les yeux les plus éclatants exemples de charité et de paix.
Or, comment se manifestait en saint Joseph cette charité surnaturelle ? Cette charité se partageait entre les quatre objets qu'énumère saint Augustin. C'était d'abord Dieu lui-même, qu'il aimait de tout son cœur, de tout son esprit, de toutes ses forces ; c'était en second lieu, son âme, qu'il cherchait sans cesse à rendre toujours plus semblable à son divin auteur ; c'était, en troisième lieu, son prochain, qu'il aimait comme lui-même ; c'était enfin son propre corps, qu'il regardait comme l'instrument des bonnes œuvres qu'il accomplissait.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Lun 5 Juil - 17:19 | |
| CHAPITRE III - VERTUS ET DONS DE SAINT JOSEPH
Charité de saint Joseph
Pour ce qui regarde l'amour de Dieu et du prochain en saint Joseph, il faut remarquer combien cet amour croissait en lui en intensité, du fait que ces deux amours par rapport à Jésus se concentraient en une même personne, Jésus étant Dieu et homme tout ensemble.
Ainsi donc, en aimant Jésus, il aimait, d'un seul acte, comme Marie elle-même, son Créateur, son Fils et son Sauveur, ces trois amours se réunissant pour ne former qu'un seul faisceau d'une chaleur et d'une splendeur incomparables.
Pour être complets, disons que cet amour de saint Joseph, envers le divin Enfant et sa sainte Mère, était plus qu'un acte passager de bienveillance, tel qu'il s'en produit souvent chez nous et qui est plutôt le résultat d'un mouvement subit du cœur, que le fruit d'une profonde affection qui regarde l'objet aimé comme étant en quelque manière une seule chose avec lui.
Et comme un père qui aime intensément son fils, préfère l'aimer qu'être aimé de lui, ainsi saint Joseph mettait toute sa sollicitude à aimer son divin Fils et sa sainte Epouse, bien qu'il en fût amplement récompensé. L'amour de Jésus et de Marie envers le saint Patriarche se traduisait en de constantes effusions de grâce, dont Marie était la médiatrice toute puissante, et Jésus le dispensateur généreux.
D'autre part, ce pur amour de saint Joseph ne manquait pas d'être accompagné des effets de la charité, qui, selon l'énumération de saint Thomas, sont la dilection, la joie, la paix, la Miséricorde, la bienfaisance, l'aumône et la correction fraternelle.
La considération attentive de chacun de ces effets, que l'amour de saint Joseph ne manquait pas de produire selon les différentes circonstances de la vie, ne peut que porter l'âme soucieuse d'avancer dans la vie intérieure, à une plus grande estime de la charité du saint Patriarche, qui, après celle de Jésus et de Marie, n'eut jamais rien de pareil.
Vertu de prudence en saint Joseph
A côté des vertus théologales qui resplendirent d'un si bel éclat dans la vie mortelle du saint Patriarche, il nous faut parler des vertus cardinales, ainsi appelées parce qu'elles sont le fondement des autres vertus, et parce qu'elles ont pour objet ce qu'il y a de plus important dans la matière des vertus.
Ces vertus sont au nombre de quatre : la prudence, la justice, la force et la tempérance. Disons quelque chose de la manière dont le saint Patriarche a pratiqué chacune d'elles.
Pour commencer par la prudence, que saint Thomas définit : « la droite raison des choses que nous avons à accomplir », recta ratio agibilium, nous trouvons, d'après l'Evangile, que le saint Patriarche l'a pratiquée d'une façon parfaite, surtout en trois circonstances extraordinaires de sa vie.
La première fut quand, voyant l'état de grossesse de Marie et n'en connaissant pas la raison, il résolut de la renvoyer secrètement, pourvoyant ainsi à la sûreté de sa conscience qui lui défendait de tenir une adultère, et exerçant envers son Epouse l'exquise charité d'épargner, autant qu'il était possible, sa bonne renommée.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Mar 6 Juil - 16:02 | |
| CHAPITRE III - VERTUS ET DONS DE SAINT JOSEPH
Vertu de prudence en saint Joseph
La seconde circonstance fut au retour de l'exil en Egypte, quand saint Joseph, « ayant appris qu'Archelaüs régnait en Judée, à la place d'Hérode, son père, il craignit d'y aller ; et averti dans son sommeil, il se retira dans la province de Galilée ».
Dans cette résolution, le saint Patriarche montra bien qu'il possédait parfaitement les trois éléments qui constituent l'essence même de la prudence, le souvenir des choses passées, l'intelligence des choses présentes et la prévoyance des choses futures.
La troisième circonstance fut lors de la perte de Jésus au Temple quand, avec sa sainte Epouse, il se mit « à chercher l'Enfant Jésus parmi ses pare ».
Ces paroles nous révèlent encore, dans l'âme de saint Joseph, l'insigne vertu de prudence, qui consiste principalement dans l'application des moyens à la fin que nous nous sommes proposée.
C'est pourquoi l'Eglise elle-même célèbre solennellement la prudence du saint Patriarche, quand elle lui applique les paroles : « Voilà le serviteur fidèle et prudent, que le Seigneur a établi sur sa famille. »
La vertu de justice en saint Joseph
Nous avons déjà dit que ce mot, juste, dans le langage scripturaire et théologique, peut se prendre de deux manières : dans un sens métaphorique et dans un sens propre. Prise dans le premier sens, la justice signifie une rectitude générale dans la disposition intérieure de l'homme ; et cette rectitude suppose la possession de toutes les vertus surnaturelles.
Pris dans le sens propre, le mot justice désigne la volonté ferme qui nous incline à rendre à chacun ce qui lui est dû, et c'est dans ce sens que nous prenons ici ce mot.
Ainsi comprise, la vertu de justice revendique pour soi la principauté parmi les vertus morales, soit parce que la volonté avoisine la raison, soit parce qu'elle règle la conduite de l'homme, non seulement vis-à-vis de lui-même, niais aussi vis-à-vis des autres.
D'une manière générale, nous pouvons dès maintenant affirmer que saint Joseph a possédé, dans toute sa perfection, cette belle vertu, qu'Aristote appelle la plus insigne de toutes les vertus, praeclarissima virtutum.
Mais pour bien comprendre ce point, qui est un des principaux dans la théologie joséphite, il nous faudra examiner en détail quelques-unes des vertus secondaires annexées à la justice, et dans lesquelles la perfection de saint Joseph s'est tout particulièrement manifestée.
Ces vertus secondaires, appelées aussi parties potentielles de la justice, tout en appartenant à la vertu principale, ont cependant pour objet certaines matières spéciales, qui les spécifient et les distinguent les unes des autres.
Parmi ces vertus secondaires, quatre méritent de retenir notre attention : ce sont la religion, la piété, l'observance et l'obéissance. Une étude sur chacune de ces vertus, par rapport au saint Patriarche, nous aidera à comprendre avec quelle perfection il pratiqua la justice.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Mer 7 Juil - 18:45 | |
| CHAPITRE III - VERTUS ET DONS DE SAINT JOSEPH
Vertu de religion dans saint Joseph
La vertu de religion a pour objet de rendre à Dieu l'honneur qui lui est dû, et ainsi elle nous rattache à lui comme à notre principe indéfectible et à notre fin dernière, à laquelle nous ne devons cesser d'aspirer.
Les actes de cette vertu sont de deux sortes : les uns sont produits directement par la vertu de religion, comme, par exemple, prier, adorer, offrir un sacrifice, faire des voeux ou des serments ; les autres sont commandés par elle : ce sont les actes que la religion produit moyennant d'autres vertus auxquelles elle commande, les ordonnant à la révérence divine. Car la religion s'occupant des choses qui se rapportent directement à Dieu comme à leur fin, est plus près de Dieu que les autres vertus et commande à ces mêmes vertus, comme une reine commande à ses servantes.
Cependant, comme l'esprit humain a besoin de choses sensibles pour le conduire, pour ainsi dire, par la main, à la révérence et à la soumission qu'il doit à Dieu et à l'union avec lui, choses qui sont l'objet final de la vertu de religion, il s'ensuit que cette même vertu a l'habitude de recourir à certaines institutions visibles et tangibles, qui sont comme des signes non équivoques, orientant l'âme vers les choses spirituelles.
Aussi le culte divin ne se contente pas d'actes intérieurs ; il s'alimente par des actes extérieurs, qui servent à réveiller l'âme et à la porter vers Dieu. Ces actes extérieurs de religion ne manquèrent pas dans la vie du saint Patriarche.
Fidèle observateur de la loi de Moïse, il en accomplit fidèlement tous les rites par rapport au divin Enfant, suivant, dans ses actes de religion, les justes coutumes des Hébreux, fréquentant régulièrement la Synagogue et se rendant à Jérusalem tous les ans pour y adorer le Seigneur.
Mais ce sont surtout les actes intérieurs de religion qui resplendissent d'un éclat particulier dans la vie de saint Joseph. L'oraison lui était habituelle, comme nous pouvons nous en rendre compte par les communications célestes dont il fut gratifié.
Nous avons déjà remarqué, et nous le verrons plus loin, encore plus clairement, qu'il émit, ainsi que sa sainte Epouse, le vœu de virginité absolue et perpétuelle, afin d'appartenir, corps et âme, irrévocablement à Dieu.
Ces actes de religion, que multipliait saint Joseph, n'étaient pas, nous pouvons le croire, accomplis par lui par manière d'acquit, chose que Dieu reprochait autrefois à son peuple quand il disait : « Ce peuple m'honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. »
Les actions du saint Patriarche étaient marquées au coin d'une dévotion sincère, qu'alimentaient, d'un côté, la fréquente considération des choses célestes dont il était lui-même l'heureux témoin et, d'un autre, la connaissance de sa propre faiblesse.
En un mot, on peut dire de lui ce que l'Ecriture affirme de Marie « qu'il conservait toutes les paroles (de Jésus), les méditant dans son coeur ».
Car la dévotion est, à proprement parler, une volonté sérieuse, accompagnée d'une joie spirituelle, de se consacrer aux choses qui appartiennent au service divin ; aussi se rattache-t-elle à la vertu de religion. Elle est, disons-nous, accompagnée d'une joie spirituelle, mêlée cependant d'une certaine tristesse. En effet, la considération de la divine bonté cause dans l'âme une joie ineffable, joie qui toutefois est tempérée, sur cette terre, par un sentiment de tristesse à la pensée de l'exil où l'âme se trouve condamnée et au souvenir de sa propre insuffisance. Cependant cette tristesse se change bientôt, elle aussi, dans l'âme du vrai dévot, en joie spirituelle, par raison de l'espérance certaine qu'elle a du secours divin.
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| | | Miséricorde de Dieu
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Ven 9 Juil - 2:30 | |
| CHAPITRE III - VERTUS ET DONS DE SAINT JOSEPH
Vertu de religion dans saint Joseph
La vie de saint Joseph étant ainsi toute imprégnée de dévotion, il n'est pas étonnant qu'il ait été choisi comme patron céleste par tous ceux qui désirent s'avancer dans la perfection, lui qui, plus que n'importe quel Saint, à l'exception de sa chaste Epouse, a goûté les douceurs de la dévotion qu'il puisait au Cœur adorable de son Fils putatif.
Cet esprit de religion, accompagné d'une sincère dévotion qui distinguait l'âme du glorieux Patriarche, est la raison pour laquelle nous ne prononçons jamais son nom, sans y ajouter l'épithète de saint, ou de très saint.
Car deux choses appartiennent à la sainteté : la première est une grande pureté de cœur qui aide l'âme à se détacher des choses inférieures pour s'attacher à Dieu seul, les choses inférieures altérant et corrompant les choses supérieures, comme le mélange du plomb altère la beauté de l'argent.
En outre, la sainteté exige une certaine fermeté d'esprit, qui ne permet pas à l'âme de se séparer du service divin, quelles que soient les tentations qu'elle rencontre.
Or, ce sont précisément ces deux qualités que nous rencontrons dans le chaste Epoux de Marie : d'un côté, la fuite de tout ce qui aurait pu ternir la candeur de son âme et, de l'autre, sa constance invincible au milieu des plus dures épreuves. Il est donc juste que nous l'invoquions du nom de Saint. – Saint Joseph, priez pour nous !
Vertus de piété, d'observance et d'obéissance dans saint Joseph
A côté de la vertu de religion, il nous faut encore mentionner ici trois autres vertus qui, elles aussi, appartiennent, en tant que parties potentielles, à la vertu cardinale de justice, et qui resplendirent tout particulièrement dans la vie du saint Patriarche : ce sont la piété, l'observance et l'obéissance.
La piété a pour objet l'honneur et le culte que nous devons à nos parents et à notre patrie, auxquels nous sommes redevables, après Dieu, de notre existence et de notre éducation. Par nos parents, nous entendons toutes les personnes qui nous sont unies par les liens du sang ; dans ce mot, notre patrie, nous comprenons nos concitoyens et les amis de notre propre nation.
Nous pouvons comprendre jusqu'à quel point cette vertu fut enracinée dans le cœur de saint Joseph, par ce que l'Ecriture nous raconte de sa conduite envers Marie, lorsqu'il s'aperçut de son état dont il ne pouvait s'expliquer la raison.
« Notre Dame estoit grosse, écrit saint François de Sales; saint Joseph le voyoit clairement ; mays parce que d'autre costé il la voyoit toute saincte, toute pure, toute angélique, il ne peut oncques croire qu'elle eut pris sa grossesse contre son devoir, si qu'il se résolvoit en la laissant, d'en laisser le jugement à Dieu : quoy que l'argument fût violent pour luy faire concevoir mauvaise opinion de cette vierge, si ne voulut-il jamais l'en juger. Mais pourquoy ? PAR CE, dit l'Esprit de Dieu, QU'IL ESTOIT JUSTE. »
Nous avons dit en outre, comment le glorieux Patriarche ne manqua pas d'entourer des meilleurs soins sa sainte Epouse, dans les voyages qu'elle dut entreprendre, la consolant et pourvoyant à ses besoins : choses qui pareillement appartiennent à la vertu de piété.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Sam 10 Juil - 3:03 | |
| CHAPITRE III - VERTUS ET DONS DE SAINT JOSEPH
Vertus de piété, d'observance et d'obéissance dans saint Joseph
La vertu d'observance regarde l'honneur et le culte que nous devons aux personnes constituées en dignité, en tant que celles-ci sont censées représenter le gouvernement divin, principe de toute autorité. L'observance est donc une sorte de reconnaissance de l'excellence de ces personnes, quelle que soit l'autorité qu'elles exercent : que ce soit dans les choses civiles ou militaires, dans la magistrature ou dans l'enseignement.
Que cette vertu fût pratiquée par saint Joseph, nous ne pouvons en douter. Ne lisons-nous pas, en effet, dans l'Evangile que, par déférence pour le décret de César Auguste, qui avait ordonné le recensement de l'empire romain, le saint Patriarche se rendit, avec sa sainte Epouse, à Bethléem, malgré les fatigues d'un long et pénible voyage ?
Que dire maintenant de l'obéissance du saint Patriarche, de cette vertu qui procède précisément de la révérence et du culte que nous devons à nos supérieurs ? D'abord, à la voix de l'Ange qui lui révélait le mystère de l'Incarnation, saint Joseph n'oppose aucune résistance. Au contraire, il s'unit de nouveau sans retard à sa sainte Epouse, acceptant implicitement, par cet acte d'obéissance, toutes les dispositions qu'il plairait ensuite à la Providence de prendre à son égard.
C'est ce même esprit d'obéissance que nous voyons resplendir en lui dans la double occasion de la fuite en Egypte et du retour en Palestine, saint Joseph ne mettant aucun délai dans l'exécution des ordres reçus, comme le note attentivement l'Ecriture. Et puisque le Seigneur a dits : « Celui qui a mes commandements et qui les garde, c'est celui-là qui m'aime », quelle ne dut pas être, croyons-nous, la charité du saint Patriarche qui, avec tant de promptitude, observa les ordres du ciel ?
Solution d'une objection
On pourrait objecter, contre ce que nous venons de dire au sujet de l'obéissance de saint Joseph, que nous ne lisons pas qu'il se soit rendu à Jérusalem aussi souvent que la Loi le commandait. Car, dans le Deutéronome il est prescrit que tout individu mâle devait paraître en la présence du Seigneur trois fois l'année : à la solennité des Azymes, à celle des Semaines et à celle des Tabernacles. Au contraire, dans l'Evangile il n'est fait mention que d'un seul voyage que faisait saint Joseph chaque année, c'est-à-dire à la solennité de la Pâque.
A cette difficulté on peut donner deux solutions. D'abord, on peut dire que saint Joseph allait en réalité trois fois l'année à Jérusalem, bien qu'il ne soit fait mention que de son voyage de Pâque, à cause de la présence, en cette occasion, de Marie, qui cependant n'était pas tenue par la Loi à cette observance. On peut encore faire remarquer, ce qui est peut-être plus probable, qu'à l'époque de Notre-Seigneur, ce commandement, pour ceux qui se trouvaient loin de Jérusalem, avait été mitigé, tout au moins par une coutume contraire déjà ancienne, à cause du grand inconvénient qu'il y avait, d'entreprendre un si long voyage trois fois pendant la même année.
En effet, déjà dès les derniers temps des Juges, on remarque que Helcana ne se rendait au Temple qu'une fois par an ; quant à l'époque qui nous occupe, les historiens nous racontent qu'au temps où Jérusalem fut assiégée par Vespasien et Titus, il y avait dans la ville une très grande multitude d'hommes qui s'y étaient rendus pour célébrer la Pâque, tandis que ces historiens ne nous disent rien d'un tel concours à d'autres époques de l'année.
Ainsi donc, Nazareth étant éloignée de Jérusalem d'environ cent milles, on peut raisonnablement conclure que saint Joseph n'était réellement tenu de se rendre dans la ville sainte qu'une fois l'année, c'est-à-dire, à la fête de Pâque, ce que d'ailleurs il faisait très religieusement.
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Dernière édition par Miséricorde de Dieu le Sam 10 Juil - 20:33, édité 1 fois | |
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Sam 10 Juil - 20:32 | |
| CHAPITRE III - VERTUS ET DONS DE SAINT JOSEPH
Vertu de force en saint Joseph
La troisième vertu cardinale est la vertu de force, qui a pour objet, d'un côté, les craintes exagérées, de l'autre les audaces téméraires : elle réprime celles-là et modère celles-ci, en tant que les unes et les autres pourraient être un obstacle à la pratique de la vertu, qui tient le milieu et s'éloigne également des deux extrêmes.
L'idée de force comprend deux actes distincts, celui de supporter et celui d'attaquer. Nous le voyons dans l'armée qui, à nos yeux, personnifie la vertu de force. Le soldat, en temps ordinaire, doit s'habituer à supporter la fatigue ; mais au moment venu, il doit savoir se lancer intrépidement contre ses ennemis.
Chose qui semble un paradoxe, mais qui est une vérité incontestable : de ces deux actes, le premier est de beaucoup le plus difficile et le plus important, et la victoire est généralement à ceux qui savent patienter et qui poursuivent leur but avec persévérance.
Car la patience, si souvent recommandée dans l'Ecriture sainte, et la persévérance que le Saint Esprit dit être une condition de la victoire, sont parties intégrales de la vertu de force, en tant qu'elles ont pour objet de concourir à ses actes.
Tournons maintenant nos regards vers le saint Patriarche et nous verrons, dans chacun des épisodes évangéliques où il est nommé, comment, dans ses travaux, dans ses peines et ses angoisses, il était soutenu par la vertu de force ; avec quelle invincible patience et quelle longanimité il supporta les différentes épreuves qui vinrent l'assaillir : l'incertitude au sujet de l'état moral de son Epouse bien-aimée, les craintes de mort, pour Jésus aussi bien que pour lui-même et Marie, conséquences de l'inique et si cruelle persécution d'Hérode, les inquiétudes par rapport au divin Enfant resté à Jérusalem et qui lui était plus cher que la pupille de ses yeux.
Ce n'est donc pas sans raison que, dans les litanies de saint Joseph, on récite cette invocation : Joseph fortissime, ora pro nobis.
Vertu de tempérance en saint Joseph
La dernière parmi les vertus cardinales est la tempérance, vertu qui incline l'homme à observer, selon les données de la raison, une certaine modération, dans les plaisirs du tact et du goût, ainsi que dans les jouissances des autres sens. Cette vertu orne l'homme d'une beauté spéciale, d'abord parce que la beauté, en général, consiste dans la juste proportion, et, pour ainsi dire, dans la modération des parties ; en second lieu, parce que les jouissances, auxquelles la tempérance met un frein, sont d'un ordre inférieur et méprisable et conviennent à l'homme selon la nature animale, au point que, s'il s'adonne à ces plaisirs, il perd sa beauté et sa noblesse.
A la vertu de tempérance se rattachent plusieurs autres vertus, par exemple, la pudeur, l'abstinence, la sobriété, la chasteté, la virginité, l'humilité.
Bien que l'Ecriture ne nous dise rien de l'exercice de ces vertus de la part de saint Joseph, toutefois nous sommes sûrs de ne pas nous tromper en affirmant qu'il les a pratiquées toutes d'une façon parfaite, et c'est pour nous une source de joie spirituelle et de grande édification d'arrêter notre pensée sur chacune de ces vertus, qui ont embelli la vie du chaste Epoux de Marie.
Du reste, nous reparlerons, dans un article spécial, de la sainte virginité, dont l'auréole jette une lumière si pure sur le front patriarcal de saint Joseph.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Dim 18 Juil - 16:59 | |
| CHAPITRE IV - DOULEURS DE SAINT JOSEPH
Douleur de saint Joseph dans la fuite en Egypte
Pour bien comprendre la grandeur de la douleur du saint Patriarche, il faut nous rappeler ce qu'enseigne saint Thomas au sujet de la fuite en Egypte. Notre Seigneur, dit-il, a voulu fuir pour trois motifs : d'abord, pour manifester son humanité; car, si la divinité resplendit dans l'étoile, c'est l'humanité qui apparut dans la fuite; en second lieu, pour notre exemple, en nous montrant, par le fait même, ce qu'il devait enseigner plus tard: « Lorsqu'ils vous persécuteront dans une ville, fuyez dans une autre »; en troisième lieu, en raison du mystère : car de même qu'il voulut mourir pour nous arracher à la mort, de même aussi voulut-il fuir pour rappeler à lui ceux que le péché poussait à le fuir.
Cette triple considération nous fait apercevoir, dans la fuite en Egypte, un triple motif de douleur en saint Joseph. En premier lieu, cette fuite précipitée, qui causait un si grand dérangement à la sainte Famille, ne fut pas sans affliger l'âme de saint Joseph, sur qui retombait le soin de veiller sur le sort de Jésus et de Marie.
Deuxièmement, saint Joseph ne fut pas sans mesurer toute la malice qui couvait dans le cœur d'Hérode : l'ambition, la jalousie, la haine envers le divin Enfant; et cette vue lui révélait les persécutions qui pèseraient sur l'Eglise dans le cours des temps, dont cependant l'Eglise elle-même sortirait victorieuse.
Une troisième source d'angoisses et d'afflictions pour le saint Patriarche, était d'abord cette fuite précipitée, indice de grande faiblesse chez le Sauveur du monde; l'ordre de quitter le peuple élu pour se rendre chez une nation idolâtre; le manque de précision quant au terme du voyage et à la durée du séjour dans l'exil.
Cependant, un rayon de lumière ne laissa pas d'illuminer ce sombre tableau. Saint Joseph, par sa prompte obéissance à la voix de l'Ange, eut la gloire insigne d'être le premier à porter le Christ chez les infidèles, à le leur faire connaître, étant lui-même le témoin authentique de la divinité de Jésus-Christ et des miracles opérés à sa naissance.
Il put donc, par sa persuasion, douce et efficace à la fois, conduire les païens, chez qui il vivait, à la lumière de la vérité. Saint Joseph a donc eu l'honneur d'inaugurer la vie missionnaire et de devenir ainsi le patron-né de ceux qui quittent leur pays pour aller, au loin annoncer l'Evangile.
Douleur de saint Joseph au retour de l'Egypte
La sixième douleur de saint Joseph est ainsi décrite par saint Matthieu : « (Joseph) ayant appris qu'Archélaüs régnait en Judée, à la place d'Hérode son père, craignit d'y aller et, averti en songe, il se retira dans la province de Galilée. »
Pendant plusieurs années, la sainte Famille dut rester en Egypte, c'est-à-dire, jusqu'à la mort de l'impie Hérode.
Durant tout ce temps, Jésus, Marie et Joseph connurent toute l'amertume de l'exil : le manque des choses les plus nécessaires à la vie, et surtout l'absence de parents et d'amis, qui pussent compatir à leurs peines et les aider dans leurs besoins.
Mais la part la plus pénible des privations de cet exil échut à saint Joseph, à qui Dieu avait confié le soin de veiller sur la vie de Marie et de Jésus.
C'est lui qui devait procurer, à la sueur de son front, le pain quotidien, au milieu, sans doute, de la froideur et de l'indifférence de beaucoup, peut-être des reproches de quelques-uns.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Lun 19 Juil - 17:53 | |
| CHAPITRE IV - DOULEURS DE SAINT JOSEPH
Douleur de saint Joseph au retour de l'Egypte
Enfin, se leva le jour désiré du retour, quand l'Ange du Seigneur apprit à Joseph la mort d'Hérode, lui ordonnant de prendre l'enfant et sa Mère, et de rentrer dans la terre d'Israël. Ce fut, pour Joseph et sa sainte Epouse, un rayon qui illumina l'obscur horizon. Ils devaient bientôt revoir cette terre, si bénie du Seigneur, terre habitée par leurs parents et amis, laquelle, malgré son infidélité, était toujours la terre privilégiée du ciel, puisque le Verbe s'y était fait chair.
Une pensée, toutefois, trouble le bonheur de Joseph et de Marie, la pensée des scélératesses d'Hérode, que, par un juste jugement de Dieu, une mort aussi terrible qu'ignominieuse, avait enlevé de cette terre.
L'impie monarque, après avoir jeté tant de familles dans la désolation, payait maintenant la rançon d'une vie de cruautés et d'iniquités. Après avoir rejeté la grâce apportée par le Sauveur du monde, après même avoir cherché à le faire mourir, il comparaissait enfin, les mains souillées de sang innocent, au tribunal du terrible juge.
Le retour dans la terre d'Israël se présentait pour la sainte Famille, accompagné de grandes difficultés. Outre les fatigues inhérentes à un si long voyage, il y avait des dangers multiples de la part des brigands qui infestaient le pays; le manque de précisions sur le chemin à suivre augmentait encore les incertitudes du voyage.
Le divin Enfant lui-même était trop grand pour être porté, trop petit pour pouvoir entreprendre un long voyage. Mais la connaissance de la volonté divine tint lieu, pour Marie et Joseph, de tous les conforts et de toutes les consolations terrestres.
N'ayant pas, dans cette vie, de demeure stable, nous ne pouvons jamais jouir d'une paix durable : toujours des luttes, toujours des croix, toujours des contradictions.
La sainte Famille après avoir surmonté les difficultés d'un long et pénible voyage, avait à peine touché le sol de la Palestine, que parvint aux oreilles de Joseph la nouvelle de la succession au trône de son fils Archélaüs, à qui Auguste avait donné la moitié du royaume de son père, avec le titre de tétrarque. Mais ce prince avait hérité de toute l'ambition et de toute la cruauté d'Hérode.
Que fera donc le saint Patriarche? Fixera-t-il, comme il en avait eu l'intention, sa demeure en Judée, où précisément régnait Archélaüs, ou bien continuera-t-il son voyage, en quête d'un lieu plus propice pour le repos et la tranquillité de son Epouse et de l'Enfant céleste?
Dans cette incertitude, il recourt encore à l'oraison, et de nouveau l'Ange l'illumine, l'avertissant en songe de se retirer en Galilée.
Au milieu de cette alternative de voyages fatigants et de fuites précipitées, saint Joseph se rend compte de la grande vérité enseignée par ces événements, que l'Eglise de Jésus-Christ doit être continuellement combattue par le démon et par le monde.
Et tandis qu'il considère attentivement toutes ces vicissitudes, il aperçoit, comme dans un tableau lointain, toutes les persécutions qui retomberont sur l'Eglise, dont la sainte Famille est la plus belle figure, et son âme reste comme opprimée par la plus cruelle douleur, à la pensée que « la lumière est venue dans le monde, et que les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière ».
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Mar 20 Juil - 17:31 | |
| CHAPITRE IV - DOULEURS DE SAINT JOSEPH
Douleur de saint Joseph à la perte de Jésus
On peut dire en toute vérité que, de toutes les peines que souffrit le saint Patriarche, celle occasionnée par la perte de Jésus fut la plus sensible. Saint Luc nous décrit cette douleur dans ces ternies : « Ne trouvant pas (Jésus), ils revinrent à Jérusalem, en le cherchant. Et il arriva qu'après trois jours ils le trouvèrent dans le temple... En le voyant,... sa Mère lui dit : Mon Fils, pourquoi avez-vous agi ainsi avec nous ? Voici que votre père et moi nous vous cherchions, tout affligés. »
Immense avait été la douleur du saint Patriarche quand, fuyant en Egypte, il pouvait craindre à chaque instant la rencontre des soldats d'Hérode, qui auraient mis à mort, ou au moins, maltraité le divin Enfant; toutefois, il jouissait alors de la présence visible de Jésus, qui lui adoucissait toute souffrance; d'ailleurs, ne lui aurait-il pas été doux de mourir pour lui et avec lui?.
Mais maintenant, que son Fils aimé est absent, oh! quelle peine, quelle angoisse! Peine et angoisse augmentées encore par la pensée du malheur de tous ceux qui, par le péché, ont perdu la grâce divine et vivent sans Dieu sur cette terre, ou séparés de lui à jamais en enfer. Il serait faux d'attribuer cette affliction des parents de Jésus à un remords de conscience, comme s'ils eussent craint de ne pas avoir rempli, en toute diligence, leur devoir de veiller sur la vie de Jésus.
Leur douleur provenait de ce que, ne sachant pas, d'un côté, ce qu'il en était du divin Enfant, et, de l'autre, se souvenant de la persécution d'Hérode, ils craignaient que la passion du Sauveur ne commençât déjà à se dérouler, et que leur Fils bien-aimé ne fût l'objet de traitements inhumains de la part des Juifs.
Ils savaient, il est vrai, que les soixante-dix semaines d'années, annoncées par Daniel, n'étaient pas encore accomplies, et que, par conséquent, le moment de la mort de Jésus n'était pas encore arrivé. Mais, comme ils ne connaissaient pas toutes les circonstances de sa passion et, qu'ils ne savaient pas combien de temps elle devait durer, cette incertitude même faisait naître dans leurs âmes la crainte que Jésus ne fût alors exposé à de cruels tourments, tels que leur imagination pouvait leur faire soupçonner.
C'est d'ailleurs la pensée que nous suggèrent précisément les paroles de l'Evangile : « Mon Fils, pourquoi avez-vous agi ainsi avec nous ? Voici que votre père et moi nous vous cherchions tout affligés » ; paroles qui tout en nous révélant la grandeur de l'affliction des saints Epoux, nous font connaître combien Marie mesurait la douleur de Joseph, qu'elle nomme avant elle-même et qu'elle appelle exprès du doux nom de Père. Nous pouvons dire, en effet, que la douleur de Joseph surpassa alors, dans un certain sens, celle de Marie, en tant que c'était à lui qu'incombait le soin de veiller sur la vie de Jésus, aussi bien que sur celle de son Epouse bien-aimée.
On peut ici se demander quel est le sens exact de ces paroles que nous lisons, en rapport avec le mystère que nous examinons: « Mais (les parents de Jésus) ne comprirent pas ce qu'il leur disait. » Doit-on croire que la douleur qu'ils avaient éprouvée à la perte de Jésus leur avait, pour ainsi dire, fait perdre la raison, à ce point qu'ils ne comprirent rien de ce que le Sauveur leur disait? Non, certes : la vertu était trop grande chez eux pour que la douleur obscurcît leur intelligence.
D'ailleurs, la Vierge Mère, comme aussi son chaste Epoux, étaient trop avant dans la connaissance du mystère de la Rédemption, connaissance qu'ils avaient reçue de l'Ange lui-même, pour qu'ils n'arrivassent pas à saisir, au moins en partie, la vérité des paroles de Jésus.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Jeu 22 Juil - 17:59 | |
| CHAPITRE IV - DOULEURS DE SAINT JOSEPH Sens dans lequel saint Joseph peut être appelé Corédempteur
D'ailleurs, un catholique ne se méprend pas sur le sens à donner à ce titre. Il sait parfaitement bien que nous n'avons qu'un Rédempteur, qui a payé tout entier le prix de notre salut et l'a payé de ses mérites surabondants. Mais puisque ce divin Sauveur ne dédaigne pas de s'associer, dans cette œuvre, la coopération des créatures raisonnables, selon le mot de saint Paul : « Je me réjouis maintenant dans mes souffrances pour vous, et je complète ce qui manque à la passion du Christ dans ma chair, pour son corps, qui est l'Eglise », on peut bien donner le nom de corédempteurs à ceux surtout qui ont coopéré sous le Christ et avec le Christ, au salut du genre. humain.
Or, dans cet ordre d'idées, la toute première place appartient à Marie immaculée, qui offrit à Dieu, au nom du genre humain, la divine Victime du Calvaire, et qui, plus et mieux que toute autre créature, a souffert pour Jésus et avec Jésus, sans qu'elle eût à en bénéficier elle-même, pour la rémission des fautes commises par l'humanité.
Après Marie, c'est à saint Joseph qu'appartient ce glorieux titre, pour avoir nourri et gardé la même grande Victime en vue du sacrifice de la Croix, pour l'avoir offerte, par anticipation, au Temple, comme une chose qui lui appartenait en propre, et pour avoir enduré des douleurs, dont le mérite satisfactoire est allé entièrement au profit de l'humanité rachetée par le sang de Jésus-Christ.
Consolations de saint Joseph au milieu de ses peines
La considération des douleurs de saint Joseph est, nous l'avons dit, une des dévotions les plus agréables au saint Patriarche et des plus utiles à la vie spirituelle. Mais il ne faudrait pas oublier les douces consolations dont il plut à Dieu de remplir son âme, au milieu même des plus grandes désolations. Car la bonté divine ne permet jamais que nous soyons opprimés par un trop grand chagrin.
Après les occasions de tristesse qu'elle permet, elle nous fournit des sujets d'allégresse, pour soutenir notre courage et nous exciter à tolérer des fatigues plus grandes encore, que parfois le Seigneur nous réserve pour l'honneur de son Nom.
C'est ainsi qu'après les angoisses suscitées dans l'âme du saint Patriarche par la grossesse de Marie, l'Ange du Seigneur vint le consoler et en même temps l'éclairer sur le grand mystère de l'Incarnation : ce qui équivalait à approuver sa conduite et l'assurer du secours divin pour l'avenir. De même, la douleur causée par l'indifférence des hommes à la nativité de Jésus fut bientôt suivie du chant des anges et de l'adoration des pasteurs et des Mages.
À la peine éprouvée par Joseph dans la circoncision du divin Enfant, se mêla la joie intense de l'imposition du Nom adorable, si doux et si aimable, de Jésus. La peine et les angoisses que l'offrande du Sauveur au temple et la prophétie de Siméon causèrent dans l'âme du saint Patriarche furent bientôt soulagées par la vision du rachat de tant d'âmes, que la passion du Sauveur devait soustraire à l'empire du démon.
Les tribulations et les fatigues, occasionnées par la fuite en Egypte, furent bientôt compensées par la chute des idoles et l'inauguration du règne du Sauveur dans ce pays. Les craintes auxquelles donna naissance dans l'âme du saint Patriarche la nouvelle qu'Archélaüs régnait en Judée, furent suivies sans délai par la joie intense d'une vie de ferveur et de paix, menée par la sainte Famille à Nazareth.
Enfin, la douleur causée par la perte de l'Enfant Jésus, céda bientôt la place, dans le cœur de Joseph, à une immense joie de l'avoir retrouvé : et cet heureux événement fut, pour le chaste Epoux de Marie, une assurance que bien des pécheurs, dans le cours des âges, retrouveraient, avec la grâce de Jésus, la paix de l'âme et, le salut éternel.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Sam 24 Juil - 3:55 | |
| CHAPITRE IV - DOULEURS DE SAINT JOSEPH
Joie, paix et Miséricorde dans l'âme de saint Joseph
La vie de saint Joseph, nous avons dit, ne fut qu'une longue série de craintes, de douleurs et d'angoisses, interrompues toutefois par les consolations qu'il plaisait à la main paternelle de Dieu de lui envoyer de temps en temps. Mais ce qui le soutint particulièrement dans cette lutte continuelle, ce fut la charité qui régnait dans son âme et qui lui faisait considérer comme peu de chose les souffrances de cette vie.
Or, la charité produit dans l'âme trois merveilleux effets,, c'est-à-dire, la joie, la paix et la Miséricorde, et ces effets l'aidèrent considérablement à supporter les épreuves auxquelles il fut soumis.
D'abord, la pensée qu'il possédait Dieu, source inépuisable de toute bonté, remplissait l'âme de saint Joseph d'une joie ineffable, qui était pour elle une large compensation à ses douleurs, de sorte que se vérifiait en lui ce beau mot de saint Paul : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur. »
Cette joie, il est vrai, tant que dure cette vie d'exil, ne peut être pleine et entière, et cependant elle est un baume précieux aux misères qui nous entourent; c'est pourquoi la sainte Eglise met souvent sur nos lèvres cette prière : « Donnez-nous de jouir toujours des consolations célestes », et caelesti semper consolationss gaudere.
Avec la joie, la paix régnait dans l'âme de saint Joseph, cette paix que saint Augustin définit la tranquillité de l'ordre, et dont saint Paul dit qu'elle surpasse tout entendement; cette paix qui consiste dans le calme et l'union de nos désirs dans le vrai bien : union avec Dieu, auquel elle coordonne toutes les aspirations de l'âme; union avec le prochain, auquel elle souhaite les mêmes biens que nous nous souhaitons à nous-mêmes.
Or, comme le saint Patriarche accomplit en toute perfection ce double précepte de la charité, on peut dire que, même au milieu des plus grandes angoisses et contrariétés, il jouissait, comme sa sainte Epouse, d'une paix imperturbable : aussi est-ce à eux deux, d'abord, que s'adressaient les paroles de l'ange à la naissance du Sauveur : « Sur la terre, paix aux hommes de bonne volonté. »
A côté de la joie et de la paix, qui régnaient suprêmes dans l'âme de saint Joseph, il nous plaît de considérer la Miséricorde, qui, elle aussi est un effet propre de la charité, et qui a pour objet de régler les mouvements des appétits par rapport au déplaisir que nous cause le mal d'autrui, en tant que nous le considérons comme notre mal à nous, selon cette belle parole de saint Paul « Réjouissez-vous avec ceux qui se réjouissent; pleurez avec ceux qui pleurent. »
C'était précisément l'ardente et très pure charité de saint Joseph, charité qu'il avait puisée si abondamment au Cœur même de Notre-Seigneur, qui faisait naître en lui des sentiments de vraie compassion envers les misères d'autrui, qu'il considérait comme les siennes propres.
Nous avons une belle figure de cette vertu de Miséricorde du saint Patriarche, dans ce que nous lisons de l'ancien Joseph, dont l'Ecriture rapporte que, à la mort de Jacob, comme ses frères craignaient qu'il ne se vengeât sur eux des mauvais traitements qu'ils lui avaient infligés, il les reçut avec beaucoup de bienveillance et les consola, en leur disant : « Ne craignez rien; je vous nourrirai, vous et vos enfants; puis il les consola, en leur parlant avec beaucoup de douceur et de tendresse.
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| Sujet: Re: Traité Théologique : St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge Dim 25 Juil - 3:30 | |
| CHAPITRE V - PERFECTIONS CORPORELLES DE SAINT JOSEPH Perfections des œuvres de Dieu
Jusqu'ici nous avons considéré le saint Patriarche Joseph dans ce qui constitue ses perfections spirituelles; sa grâce, sa science, ses vertus, les douleurs au milieu desquelles sa vie mortelle se déroula, et qui contribuèrent si bien à mettre en relief les beautés de son âme.
Mais Dieu, dont les œuvres sont parfaites, ne se contenta pas d'orner le Père putatif de son Fils des plus beaux joyaux destinés à former sa couronne dans le ciel; il voulut aussi que, pour ce qui regarde les perfections du corps, rien ne lui manquât, car il est écrit que « la gloire des enfants, ce sont leurs père ».
Nous allons donc examiner ici, en premier lieu, les origines toutes de noblesse de saint Joseph; nous passerons ensuite à considérer sa beauté corporelle; puis nous rechercherons quelle fut, selon la tradition, la profession qu'il exerça; nous rechercherons ensuite à quel âge le saint Patriarche s'unit en mariage avec la très sainte Vierge; enfin nous parlerons de ses infirmités corporelles.
Noblesse d'origine de saint Joseph
Dans la première partie de cet ouvrage nous avons montré, preuves à l'appui, la descendance de saint Joseph du roi David. C'est là une chose dont on ne peut douter. Nous avons d'abord le témoignage inéluctable de saint Matthieu, qui nous présente la généalogie de saint Joseph en commençant par Abraham, et en passant par David, le mot genuit, engendra, étant constamment employé, comme pour exclure une filiation légale ou adoptive, à laquelle on aurait peut-être pu penser.
En outre, la loi de Moïse, avons-nous dit, commandait expressément qu'une jeune fille, héritière des biens paternels, prît pour époux un homme de sa famille. Enfin, tout doute est exclu par ces mots de l'Ange : « Joseph, fils de David, ne crains point de garder avec toi Marie comme ton Epouse. »
D'autre part, du fait que saint Joseph était allié par les liens du sang à la très sainte Vierge, on peut encore déduire cette vérité, qu'il appartenait à la souche ou famille des prêtres, Marie étant cousine d'Elisabeth, qui était elle-même, nous dit saint Luc, d'entre les filles d'Aaron.
Les paroles de saint Thomas trouvent ici leur place : « Ainsi donc, il peut se faire que le père d'Elisabeth ait eu une épouse de la souche de David, en raison de quoi la Bienheureuse Vierge Marie, qui était de la souche de David, fut cousine d'Elisabeth : ou plutôt, vice versa, que le père de la Bienheureuse Vierge, étant de la souche de David, ait eu une épouse de la souche d'Aaron; ou bien encore que, comme dit saint Augustin si Joachim, père de Marie, fut de la souche d'Aaron, comme l'affirmait Faustus l'hérétique, se fondant sur certaines écritures apocryphes, il faut croire que la mère de Joachim fut de la souche de David, ou encore son épouse, de sorte que nous puissions dire, en quelque manière, que Marie fut de la souche de David. »
Ce fut d'ailleurs, selon la remarque judicieuse de saint Grégoire de Nazianze, par volonté divine, que la dignité royale se trouva unie, en Marie et Joseph, à la souche sacerdotale, afin que Jésus-Christ, qui est roi et prêtre en même temps, naquit de l'une et de l'autre selon la chair. Or, il faut bien en convenir, le fait d'être issu de la maison et de la famille de David, et ainsi d'avoir eu part, en quelque manière, à la dignité royale de celui-ci, est, dans le cas de saint Joseph, une preuve évidente de l'amour spécial de Dieu envers lui, même pour ce qui regarde les avantages que donne la naissance.
Grande, en effet, était l'estime des Juifs pour les descendants de David, estime appuyée sur les témoignages des Ecritures et la promesse faite par Dieu à David lui-même.
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| Sujet: 26 juillet Sainte Anne mère de Très Vierge Marie Dim 25 Juil - 18:20 | |
| CHAPITRE V - PERFECTIONS CORPORELLES DE SAINT JOSEPH Noblesse d'origine de saint Joseph
« J'établirai sur ton trône du fruit de ton ventre. » Plus tard, en harmonie, avec ces mots, l'Ange déclara à Marie[318] : « Le Seigneur-Dieu donnera (à ton Fils) le trône de David son père »; chose que d'ailleurs les foules semblaient bien avoir reconnue, quand elles s'écriaient[319] : « Avez pitié de nous, fils de David. »
Que si à cette dignité royale on ajoute la noblesse provenant du sacerdoce, le glorieux époux de Marie n'aura rien à envier aux plus nobles personnages de l'Ancien Testament. Il faudra donc conclure, avec saint Bernardin de Sienne, « qu'il fut d'une telle noblesse, que, s'il est permis de le dire, il donna lui-même, en quelque sorte, la noblesse temporelle à Dieu, dans le Seigneur Jésus-Christ ».
Sans doute l'éloge de saint Ambroise sur la noblesse temporelle du Verbe incarné rejaillit pleinement sur le saint Patriarche « : « (Le Sauveur) fut vraiment et selon la chair d'une famille royale et sacerdotale : roi des rois, prêtre des prêtres. »
Saint Joseph fut-il Nazaréen ?
Sous ce titre, deux questions distinctes s'offrent à notre attention : premièrement, Nazareth est-elle la patrie de saint Joseph; secondement, le saint Patriarche faisait-il partie de la célèbre secte des Nazaréens ?
Observons, d'abord, que le mot Nazaréen n'a rien à faire avec la ville de Nazareth. En effet, ce mot nazaréen, nazaraeus, peut avoir deux sens, selon qu'il s'écrit en hébreu par la lettre dsàde, ou par la lettre zajin. Dans le premier cas, il signifie un habitant de la ville de Nazareth, et c'est dans ce sens, que les Rabbins appelaient les chrétiens nazaréens; dans le second cas, ce nom sert à désigner un homme consacré à Dieu par un rite spécial.
Pris dans le premier sens, le nom de nazaréen convient parfaitement à saint Joseph, car on ne peut douter que Nazareth ne fût sa pairie. En effet, nous lisons dans saint Lu : « l'Ange Gabriel fut envoyé de Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, auprès d'une vierge mariée à un homme de la maison de David, nommé Joseph », d'où nous relevons que saint Joseph habitait alors à Nazareth, où il retourna après son exil en Egypte.
Bien plus, Nazareth est appelée expressément la ville de Joseph et de Marie : « Ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth »; en outre, il est dit de Jésus-Christ : « Il descendit avec eux et vint à Nazareth »; aussi, Jésus lui-même est-il habituellement appelé Jésus de Nazareth, ou Nazaréen, et Nazareth est appelée sa patrie d'où les Juifs envieux du Sauveur prenaient occasion de le calomnier : « De Nazareth peut-il venir quelque chose de bon? » Ceci pourtant n'empêche pas que saint Joseph ne soit originaire de Bethléem qui avait été la patrie de David ; aussi son intention, après la naissance de Jésus, était-elle de se fixer dans cette ville, comme nous l'avons dit plus haut
Pris dans le second sens, le mot nazaréen était employé pour désigner ceux qui, pour un temps déterminé, ou même pour toute la vie, promettaient, par vœu personnel ou même par le vœu de leurs parents, d'embrasser, en vue d'une plus grande perfection, un genre de vie tout spécial, à base d'ascétisme et de pénitence. Ces personnes promettaient, de s'abstenir de vin et de toute liqueur enivrante; de ne point se faire couper les cheveux; de ne point toucher de cadavres humains.
Parmi les plus illustres nazaréens dont l'Ecriture fait mention, il faut nommer Samson, Samuel et Jean le Précurseur, qui tous furent consacrés à Dieu dès le sein de leur mère. Quant à saint Joseph, nous pouvons très bien supposer qu'il ait embrassé, par inspiration divine, cet état de perfection, qui convenait si bien à la haute mission qui devait lui être confiée. Il ne faudrait cependant pas trop insister sur cette opinion, à cause du manque de preuves solides sur lesquelles on puisse l'étayer.*
Source : Livres-mystiques.com
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