Le pape se rend vendredi 4 octobre 2013, fête de saint François d’Assise, dans la cité du Poverello, dont il a pris le nom.
Il sera accompagné des huit cardinaux avec lesquels il était réuni depuis mardi 1er octobre pour réfléchir à la réforme de la Curie romaine.
Sa parole est très attendue, en particulier des clarisses et des franciscains, qui se sont préparés spirituellement à l’accueillir.
Les drapeaux aux couleurs blanc et jaune du Vatican parent toute la ville. Pas uniquement les bâtiments officiels et religieux, mais aussi des balcons d’immeubles, les volets des maisons ou le toit d’une voiture familiale. Le McDonald’s et ses employés également ont déployé un « Benvenuto a Papa Francesco » pour ce 4 octobre 2013, jour de la Saint-François-d’Assise.
Depuis que la date de la venue du pape est confirmée, les sept diocèses d’Ombrie et la région travaillent avec les services du Vatican pour réussir cette journée, qui est aussi depuis 1939 celle du saint patron de l’Italie. Assise, ville de 30 000 habitants au calme d’ordinaire provincial, attend pour l’occasion 150 000 visiteurs. Routes goudronnées de frais, tribune de bois construite pour l’occasion, trains spéciaux affrétés, écoles de la région fermées, 900 volontaires mobilisés par la Protection civile… tout est planifié, sachant que ce pape ne se privera pas, comme lors de ses précédents déplacements, d’improviser, de s’attarder avec les uns ou les autres. Tout en ayant imposé un programme très chargé afin de visiter chacun des lieux marquants de la vie du « Poverello » (le petit pauvre), comme aucun de ses prédécesseurs ne l’a fait avant lui.
Assise, étape connue des visites pontificales, reçoit pour la première fois un pape nommé François
La densité de la journée se veut à la mesure de l’événement : Assise, étape connue des visites pontificales, reçoit pour la première fois un pape nommé François. Son pape. De surcroît pour la Saint-François-d’Assise. Chaque année, ce jour-là, décrété « solennité civile » dans toute la Péninsule, donne lieu ici à des festivités, où le folklore régional et les cérémonies officielles avec les autorités publiques se mêlent à la ferveur spirituelle. Cette fois, aux célébrations habituelles dans la basilique Sainte-Marie-des-Anges, là même où François d’Assise accueillit « sœur la mort corporelle » le soir du 3 octobre 1226, s’est ajoutée une veillée de prière « dans l’attente du pape François » avec toute la famille franciscaine (frères mineurs, capucins…)
« Au programme, des lectures de Lumen Fidei (NDLR : la première encyclique du nouveau pape, parue le 5 juillet) et des passages où il justifie le choix de son nom de pape », prévoit Frère Andreas, jeune franciscain suisse, qui observe déjà une hausse de la fréquentation d’Assise depuis l’élection du pape François avant même sa venue aujourd’hui : « Beaucoup nous confient qu’ils se sentent touchés par lui et veulent, en venant ici, remonter à la source de son nom pour recommencer un chemin. »
« Mettre le réveil à 4 heures, pour ce pape, les jeunes le veulent bien ! »
Lui-même et ses frères ont intégré depuis deux mois à leur prière des vêpres des intentions pour le pape François, pour ce 4 octobre, pour « ceux qui viennent pour l’écouter et pour savoir accueillir ce qu’il aura à nous dire ».
« J’attends une parole forte de ce berger, qui montre un grand amour pour les prêtres et les religieux, avec qui on ne se sent pas jugé ; j’attends une parole pour ma conversion », renchérit Frère Giorgio, qui devait prendre un train dès l’aube ce matin pour accompagner 200 étudiants de Pérouse : « Mettre le réveil à 4 heures, pour ce pape, les jeunes le veulent bien ! »
Ce lever très matinal, Francesca Di Maolo, qui dirige l’Institut Serafico, l’accepte aussi volontiers. À l’entrée d’Assise, cet établissement, qui accueille cent jeunes polyhandicapés, marquera la première étape de la visite du pape. Son hélicoptère, avec les huit cardinaux de son nouveau conseil, doit s’y poser dès 7 h 45. « Venir auprès des jeunes qui souffrent avant les lieux saints, c’est commencer par du concret », se félicite Francesca Di Maolo, rappelant que la conversion de François d’Assise avait débuté au contact des lépreux. « La visite du pape ici est un message à la société. Aux pouvoirs publics, qui ne voient en ces jeunes qu’un coût, surtout en période de crise, et à leurs familles, pour qui ils sont avant tout un problème. Il va rappeler qu’ils sont une richesse », espère-t-elle.
« Saint François est cette flambée d’Évangile, qui a besoin de prêcher, d’aller à la rencontre, comme notre pape »
Dans le hall d’entrée, les préparatifs s’intensifient. « C’est beaucoup de travail cette journée », reconnaît une dame affairée à l’accueil, où sont accrochées des photos des jeunes de l’Institut prises à Rome le 12 juin dernier, place Saint-Pierre avec le pape : « Cette fois, c’est lui qui vient ! ».
« Il n’est jamais venu ici de sa vie, remarque Sœur Thérèse-Myriam. Ce sera un temps fort pour lui. » Avec ses sœurs du monastère Sainte-Colette, situé au cœur d’Assise, cette clarisse française prie pour le pape en amont de cette journée. Cloîtrées, elles resteront à l’écart de l’agitation autour de leur couvent mais s’uniront par la prière. Seule leur mère abbesse les représentera : « Saint François est cette flambée d’Évangile, qui a besoin de prêcher, d’aller à la rencontre, comme notre pape. Nous, nous sommes comme la braise qui réchauffe. Mais c’est le même feu. » Pour Sœur Thérèse-Myriam, le pape, par ce pèlerinage d’un jour, va poursuivre « sa conversion » : « Dans ces lieux, saint François se révèle. Le pape a reçu l’intuition à l’écoute de l’Esprit Saint de prendre le nom de François et va découvrir davantage l’appel déjà là. »
SÉBASTIEN MAILLARD, à Assise
Journal la croix