Le pape François a mis en cause, jeudi 28 novembre devant les membres du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, une certaine « pensée unique » laïque sécularisée refusant la diversité religieuse, plaidant pour le droit des croyants de s’exprimer dans l’espace public « dans le respect des convictions d’autrui ». Un sujet qu’il avait déjà évoqué le matin dans son homélie à Sainte-Marthe, dans laquelle il avait regretté que « certains pouvoirs de ce monde » voudraient que la religion soit « une chose privée ».
Dans un discours devant les participants à l’assemblée plénière du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, le pape a exprimé deux « non » : non à « une fraternité feinte » dans le dialogue entre religions, où chaque responsable religieux, pour assurer une bonne entente factice, « feindrait de renoncer à ce qui lui est le plus cher ». Non à une bonne entente seulement de façade avec les sociétés sécularisées, a-t-il ajouté, au nom du respect du dogme d’une « pensée unique théoriquement neutre ».
« Nous avons assisté dans l’histoire aux tragédies des pensées uniques », a-t-il remarqué dans un ajout à son discours.
« La religion est vue comme inutile et même dangereuse »
Le pape a regretté « une peur que nous voyons augmenter dans les sociétés les plus fortement sécularisées : la peur envers la dimension religieuse en tant que telle ».
« La religion est vue comme inutile et même dangereuse, a continué le pape devant les membres du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. Parfois on prétend que les chrétiens doivent renoncer à leurs convictions religieuses et morales dans l’exercice de leur métier. L’idée est répandue que c’est seulement en cachant son appartenance religieuse qu’on peut assurer la coexistence, en se rencontrant dans une sorte d’espace neutre, privé de références à la transcendance », a-t-il remarqué.
« Comment serait-il possible de créer de vraies relations, de construire une société qui soit une vraie commune, en imposant de mettre de côté ce que chacun juge être une partie intime de son être ? », s’est-il demandé.
« Le dialogue interreligieux et l’évangélisation ne s’excluent pas »
« L’avenir repose sur la diversité, non sur l’homogénéisation sur une pensée unique théoriquement neutre », a encore estimé le pape, appelant les catholiques à « avoir le courage » de se présenter « pour ce qu’ils sont », « bien sûr dans le respect de la conviction des autres ».
Le pape a fait le même raisonnement pour le dialogue souvent difficile avec les autres cultes comme l’islam, reprenant les conceptions de Benoît XVI sur un dialogue dans la vérité : « dialoguer ne signifie pas renoncer à l’identité (…) et pas non plus à céder à des compromis sur la foi et la morale chrétienne ».
« Le dialogue interreligieux et l’évangélisation ne s’excluent pas, mais s’alimentent réciproquement », a-t-il soutenu, alors que d’autres responsables religieux ressentent l’évangélisation comme une agression.
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