Dans un entretien au quotidien italien La Stampa, dimanche 15 décembre, le pape explique ce que signifie Noël pour lui et fait un bref tour d’horizon des questions d’actualité de son pontificat : voyage en Terre sainte, priorité à l’œcuménisme, prochain Synode, avenir de la banque du Vatican…
Voici les principaux extraits.
– Noël et la « patience de Dieu »
Noël « parle de la tendresse et de l’espérance ». « J’ai peur quand les chrétiens perdent l’espérance et la capacité d’embrasser et de caresser. (…) Dans ma vie de prêtre, allant en paroisse, j’ai toujours cherché à transmettre cette tendresse avant tout aux enfants et aux personnes âgées. Cela me fait du bien et me fait à la tendresse que Dieu a pour nous. »
« Noël n’est pas la dénonciation de l’injustice sociale, de la pauvreté mais une annonce de joie. (…) Noël est joie, joie religieuse, joie de Dieu, intérieure, de lumière, de paix. »
« Ce Noël dans un monde traversé par les guerres me fait penser à la patience de Dieu. (…) Dieu est patience et paix, la sérénité de la nuit de la Nativité est une réflexion sur la patience de Dieu avec nous. »
– Son voyage en Terre sainte
« Nous ne pouvons penser à Noël sans penser à la Terre sainte. Il y a cinquante ans, Paul VI a eu le courage de sortir pour aller là-bas et ainsi a commencé l’époque des voyages papaux. Moi aussi je désire y aller pour rencontrer mon frère Bartholomeos, patriarche de Constantinople, et avec lui commémorer le cinquantenaire de la rencontre entre le pape Montini (Paul VI, NDLR) et Athénagoras (alors patriarche œcuménique de Constantinople) à Jérusalem en 1964. Nous nous préparons. »
– L’arrêt du gaspillage en remède à la faim dans le monde
« Si nous travaillons avec les organisations humanitaires et réussissons à être tous d’accord pour ne pas gaspiller la nourriture, la faisant parvenir à qui en a besoin, nous apporterons une grande contribution pour résoudre la tragédie de la faim dans le monde. Je voudrais répéter à l’humanité ce que j’ai dit à une maman (qui n’osait pas allaiter son enfant durant une audience publique du pape place Saint-Pierre, NDLR) : donnez à manger à qui a faim ! L’espérance et la tendresse de la Nativité du Seigneur bousculent notre indifférence. »
– Le marxisme dont l’accusent les ultra-conservateurs américains
« Dans ma vie, j’ai connu tant de marxistes bons comme personnes, c’est pourquoi je ne me sens pas offensé (NDLR : par cette accusation). »
« Dans l’exhortation (Evangelii gaudium, du 24 novembre dernier, NDLR), il n’y a rien qui ne se retrouve déjà dans la doctrine sociale de l’Église. (…) Je n’ai pas parlé de technique (par rapport à une théorie économique, NDLR) mais d’après la doctrine sociale de la foi. Et cela ne signifie pas être marxiste. »
– La priorité à l’œcuménisme
« Au cours de ces premiers neuf mois, j’ai eu la visite de tant de frères orthodoxes. (…) Je me sens leurs frères. (…) C’est une douleur de ne pas pouvoir célébrer encore l’eucharistie ensemble mais l’amitié est là. Je crois que c’est la voie : amitié, travail en commun et prière pour l’unité ».
« Pour moi, l’œcuménisme est prioritaire. Aujourd’hui, il existe un œcuménisme de sang. Dans les pays où l’on tue des chrétiens parce qu’ils portent une croix ou ont une Bible, les tueurs ne leur demandent pas s’ils sont anglicans, luthériens, catholiques ou orthodoxes. Leur sang est mélangé. Pour ceux qui tuent, ils sont chrétiens (…). Ceci est l’œcuménisme du sang. Il existe aujourd’hui, il suffit de lire les journaux. »
– Les divorcés remariés
« J’ai parlé du baptême et de la communion comme nourriture spirituelle pour aller de l’avant, à considérer comme un remède et non comme une récompense. Certains ont tout de suite pensé aux sacrements pour les divorcés remariés mais je ne suis pas descendu dans ces cas particuliers : je voulais seulement indiquer un principe. (…) L’exclusion de la communion pour les divorcés qui vivent une seconde union n’est pas une sanction. C’est bien de le rappeler. (…) Du mariage dans sa complexité, nous parlerons aux réunions du consistoire en février. Puis le thème sera affronté au Synode extraordinaire d’octobre 2014 et encore durant le Synode ordinaire l’année suivante. Dans ces lieux, tant de choses seront approfondies et clarifiées. »
– La création de femmes cardinaux
« Je ne sais pas d’où est sortie cette blague. Les femmes dans l’Église doivent être valorisées mais non ‘cléricalisées’. Qui pense aux femmes cardinaux souffre un peu de cléricalisme. »
– L’avenir de la ‘banque du Vatican’
« Les commissions référentes travaillent bien. Moneyval (le comité du Conseil de l’Europe évaluant les mesures anti-blanchiment des États, NDLR.) a fait un bon rapport, nous sommes sur la bonne voie. Sur le futur de l’IOR (Institut pour les œuvres de religion, la « banque du Vatican », NDLR.), on verra. Par exemple, la ‘banque centrale’du Vatican serait l’Apsa (Agence gérant le patrimoine du Saint-Siège, NDLR.). L’IOR a été institué pour aider les œuvres des religieux, des missions, les Églises pauvres. »
Traduction La Croix (à Rome)