Le pape François a demandé aux catholiques d’être « courageux » et de s’ouvrir aux pauvres le 18 mai, dimanche de la Pentecôte. Dans un long discours improvisé, il a également déploré la crise éthique du monde. Le pontife s’est exprimé devant quelque 200.000 personnes, lors d’une rencontre avec les mouvements, communautés nouvelles et associations laïques de l’Eglise.
« Quand l’Eglise se referme, elle devient malade », a lancé le pape aux membres des mouvements d’Eglise venus de nombreux pays à l’initiative du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, dans le cadre de l’Année de la foi. Entre exhortations et confidences, le Saint-Père a répondu pendant près de 40 minutes, debout, aux questions qui venaient de lui être posées sur la façon de « vaincre la fragilité de la foi », de communiquer cette foi de façon efficace, mais aussi de faire face à la crise qui touche l’éthique publique. Le pape a également évoqué la figure des chrétiens persécutés ou victimes de discrimination, qu’il a présenté comme « l’Eglise de la patience ».
« Aujourd’hui, cela fait mal au cœur de le dire, mais trouver un clochard mort de froid ne fait pas l’information, mais un scandale, ah oui, ça c’est de l’info. Penser que de nombreux enfants n’ont rien à manger, cela n’est pas de l’info, et ça c’est grave », a déploré le pape. Il a lancé ensuite avec force : « Nous ne pouvons pas devenir des chrétiens trop éduqués, qui parlent de théologie alors qu’ils prennent tranquillement le thé…Nous devons devenir des chrétiens courageux, qui vont vers ceux qui sont la chair du Christ…vers les pauvres ». L’Eglise n’est pas un mouvement politique ou une structure bien organisée, « nous ne sommes pas une ONG », a rappelé le pape. « L’esprit mondain ne fait pas de bien aux chrétiens ». Le pontife a aussi évoqué la crise qui aujourd’hui « détruit l’homme ». Il a déploré que le manque d’éthique dans la vie publique fasse tant de mal à toute l’humanité.
« Aujourd’hui, si l’investissement des banques est en baisse, alors c’est une tragédie, mais si des gens meurent de faim, s’ils n’ont rien à manger ou n’ont pas la santé, alors il ne se passe rien, voilà notre crise d’aujourd’hui ! », a souligné le pape. « Et le témoignage d’une Eglise pauvre pour les pauvres va contre cette mentalité ». Il a une nouvelle fois invité l’Eglise à s’ouvrir et à se rendre « vers les périphéries de l’existence », à aller à la rencontre de ceux qui n’ont pas la même foi, sans pour autant négocier son appartenance. « Jésus est le plus important », a rappelé le pontife. Avant de lancer avec un sourire : « Je voudrais vous faire un petit reproche, fraternellement, entre nous… Vous tous, sur la place, vous avez crié, ‘François, François, pape François’, mais Jésus, où était-il ? J’aurais voulu vous entendre crier ‘Jésus’. Alors, désormais, plus de François, ok, Jésus ! ». La foule a alors commencé à scander : « Jésus, Jésus, Jésus ».
Au fil de son intervention, le pape François a fait un certain nombre de confidences. Il a par exemple parlé avec affection de la figure de sa grand-mère paternelle qui avait marqué son chemin de foi. Il a alors insisté sur le rôle des femmes, des mères et des grand-mères en particulier, dans la transmission de cette foi. Il a aussi raconté comment, à 17 ans, après s’être confessé, il avait « trouvé quelqu’un qui l’attendait, depuis longtemps », en la personne de Jésus. Il avait alors compris qu’il devait devenir prêtre. Le pape a alors insisté sur l’importance de la rencontre personnelle avec Jésus. « C’est important d’étudier la foi dans les livres, mais cela ne suffit pas, ce qui est important c’est la rencontre avec Jésus, et c’est cela qui te donne la foi ». Le pontife a également confié qu’il était « plus fort » grâce à la prière quotidienne du chapelet, et qu’il lui arrivait certaines fois de s’endormir le soir devant le Saint-Sacrement, assurant cependant qu’il ressentait « beaucoup de réconfort » à être face au Seigneur.
Avant son intervention, le pape avait notamment écouté deux témoignages. Le premier était celui de l’Irlandais John Waters, éditorialiste du journal de centre-gauche « Irish Times », qui a fait le récit de sa conversion. Est venu ensuite le témoignage de Paul Batthi, le frère du ministre pakistanais Shahbaz Batthi, assassiné en 2011. Paul lui a succédé comme conseiller du premier ministre en charge des minorités religieuses. Il a évoqué le travail de son frère, « en dépit de l’adversité et des menaces », pour l’harmonie, la tolérance et l’égalité dans une société libre. Le Pakistanais a assuré que l’œuvre de son frère avait donné du courage aux chrétiens du pays.
La foule des grands jours La place Saint-Pierre s’était remplie dès le matin pour cette rencontre du pape avec les mouvements ecclésiaux, à la veille de la fête de la Pentecôte. Parmi les quelque 120 mouvements, figuraient notamment Communion et Libération, le Chemin néocatéchuménal, Sant’Egidio, la Communauté de l’Emmanuel, les Focolari ou encore le Chemin neuf, venu fêter à Rome ses 40 ans.
http://info.catho.be/2013/05/19/francois-demande-aux-catholiques-davoir-le-courage-de-souvrir-aux-pauvres/