Selon son ami, le rabbin argentin Abraham Skorka, le pape entend faire toute la lumière sur l’action d’Eugenio Pacelli durant la Seconde Guerre mondiale.
20/1/14 - 16 H 54
« Qu’on ouvre les archives et que tout soit tiré au clair », déclarait le cardinal Bergoglio, en 2010, dans un livre d’entretien avec le rabbin argentin Abraham Skorka (Sur la terre comme au ciel, Éd. Robert Laffont), à propos de la conduite de Pie XII durant la Seconde Guerre mondiale. « On verra alors ce qu’il en est et, si erreurs il y a eu, nous devrons les reconnaître. Il ne faut pas avoir peur. La vérité passe avant tout », poursuivait l’archevêque de Buenos Aires.
Dans un entretien à l’hebdomadaire britannique Sunday Times paru avant-hier, le rabbin compatriote et ami du pape François raconte avoir séjourné en septembre dernier au Vatican, à la Maison Sainte-Marthe, où réside le nouveau pape, et avoir rediscuté de Pie XII avec lui. « Le pape est cohérent avec ce qu’il a affirmé comme cardinal et, comme pape, il va réaliser ce qu’il disait », commente le recteur du séminaire rabbinique latino-américain de Buenos Aires, de nouveau de passage à Rome la semaine dernière, concluant : « Je crois que, oui, il ouvrira les archives. »
« IL FAUT DU TEMPS AU TRAVAIL DE CLASSEMENT DES DOCUMENTS AVANT DE PERMETTRE LEUR CONSULTATION »
L’ouverture complète aux historiens de ces volumineuses archives est réclamée notamment par le Congrès juif mondial, dont le pape François a reçu, jeudi dernier, une délégation argentine pour un déjeuner casher à sa table à Sainte-Marthe. Leur requête refait surface à l’approche du pèlerinage en Terre sainte que le pape accomplira du 24 au 26 mai.
« L’ouverture (des archives) est prévue depuis des années, a rappelé le directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, P. Federico Lombardi, mais il faut du temps au travail de classement des documents avant de permettre leur consultation. » « Il faudra encore un an, un an et demi », a précisé au Corriere della Sera d’hier le dirigeant des Archives secrètes du Vatican, nom officiel de cette institution.
Les archives vaticanes sont accessibles aux chercheurs depuis 1881. « Les conditions de travail y sont excellentes », apprécie l’un d’eux. Regroupées par pontificats, elles sont librement disponibles « jusqu’à la fin du pontificat de Pie XI (février 1939) », précise le site du Vatican. Pour leur part, les archives du concile Vatican II sont ouvertes depuis 1965.
De l’étude des archives de Pie XII – sur lequel Abraham Skorka est très critique – dépend la suite de sa cause en béatification, ouverte depuis 1965. Le décret reconnaissant les « vertus héroïques » d’Eugenio Pacelli a été signé fin 2009 par Benoît XVI.
SÉBASTIEN MAILLARD, à Rome
20/1/14 - 16 H 54
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