Une étude indiquerait que les lumières blanches observées par certaines victimes d'arrêts cardiaques seraient dues à un regain d'activité cérébrale.
Environ 20 % des personnes survivant à un arrêt cardiaque ont fait part d'une expérience dite de mort imminente durant leur "décès clinique". Ces sensations et visions, comme celle d'une lumière intense, sont pour beaucoup la preuve de l'existence de "l'au-delà" et relèvent du paranormal. Mais elles pourraient en fait avoir trouvé une explication plus terre à terre. Selon des chercheurs du Michigan, elles correspondent à un regain d'activité cérébrale quand la circulation sanguine cesse dans le cerveau.
Cette recherche effectuée sur des rats "est la première à analyser les effets neurophysiologiques d'un cerveau mourant", précise Jimo Borjigin, professeur de neurologie à l'Université du Michigan, principal auteur de ces travaux parus dans les Comptes rendus de l'Académie américaine des sciences du 12 au 16 août. "Nous sommes partis de l'idée que si cette expérience résulte d'une activité cérébrale, elle devrait pouvoir être détectée chez les hommes comme chez les animaux, même après l'arrêt de la circulation du sang dans le cerveau", explique la neurologue. Les chercheurs ont ainsi analysé l'électro-encéphalogramme (qui enregistre les activités électriques du cerveau) de neuf rats anesthésiés, chez qui ils ont induit un arrêt cardiaque.
Hauts niveaux d'activité du cerveau
Dans les 30 secondes, tous les rats ont connu une augmentation de leur activité cérébrale, qui s'est avérée très organisée dans tout le cerveau et correspondant à un état d'éveil élevé. En outre, ces neurologues ont constaté le même phénomène chez des rats qui s'asphyxiaient. "Nous avons été surpris par les hauts niveaux d'activité du cerveau", relève George Mashour, professeur d'anesthésiologie et de neurochirurgie à l'Université du Michigan, l'un des coauteurs de l'étude.
Ces observations laissent "penser que le cerveau est capable d'une activité électrique bien organisée aux premiers stades de la mort clinique", ajoute-t-il. "Cela montre qu'une réduction d'oxygène, ou d'oxygène et de glucose lors d'un arrêt cardiaque peut stimuler l'activité cérébrale caractéristique d'un état conscient", conclut le docteur.
Une étude contestée
Plusieurs chercheurs n'ayant pas fait partie de cette recherche se sont montrés sceptiques quant à la validité de l'interprétation du phénomène observé. Pour Chris Chambler de l'université de Cardiff en Grande-Bretagne, "il est tentant d'établir une relation entre le regain d'activité des neurones et l'état de conscience mais on se heurte à deux problèmes : le premier est qu'on ignore si les rats ont un état de conscience et, même si c'était le cas, conclure que ce regain d'activité cérébrale est la signature d'un tel état est simplement fallacieux".
Partir de l'idée qu'à l'instar des rats de l'expérience, un électro-encéphalogramme serait identique chez des humains en arrêt cardiaque "est extrêmement hypothétique et ne s'appuie sur aucune indication tangible", estime par ailleurs Sam Parnia de l'université de Southampton, au sud de la Grande-Bretagne.