Invité Invité
| Sujet: Comment il faut se comporter dans les Tentations contre la foi et Contre la Pureté ! Lun 11 Oct - 15:01 | |
| Comment il faut se comporter dans les Tentations contre la foi et Contre la Pureté ! Il y a des âmes simples, que les pensées contre la foi et contre la pureté jettent dans l'accablement : comme si ce qui se passe alors en elles, était une marque de réprobation, et une preuve que Dieu les eût abandonnés. Il est bon d'avertir ici que c'est une illusion et une erreur. Gerson rapporte à ce sujet, qu'un Solitaire, tourmenté de ces pensées affligeantes, fut vingt ans sans oser jamais les découvrir à personne, s'imaginant que l'état ou il se trouvait, était une disposition si affreuse et si horrible, qu'elle scandaliserait celui à qui il pourrait en faire la confidence. Enfin, après une épreuve si longue et si pénible, il se résolut de s'adresser a un de ses anciens ; et encore n'osa-t-il pas lui faire verbalement ce détail, mais par un écrit qu'il lui remit entre les mains. Le saint Vieillard, après l'avoir lu, se mit à sourire, et lui dit : Mon fils, mettez votre main sur ma tête. Le solitaire ayant obéi : Je prends sur moi votre péché continua le saint homme : ne vous en mettez plus désormais en peine. Comment, mon père, lui répliqua le Solitaire, il me semble que j'ai déjà un pied dans l'enfer, et vous me dites que je ne m'en mette point en peine ? Mais, mon fils, reprit le Vieillard, prenez-vous quelque délectation à ces sortes de pensées ? Le Solitaire ayant répondu qu'au contraire elles lui avaient toujours causé beaucoup de chagrin et de douleur.
Puisque cela est ainsi, répliqua l'homme de Dieu, c'est une marque que vous n'y avez nulle part, et que c'était le démon qui excitait en vous ces pensées pour vous porter au désespoir. Écoutez-moi donc, mon fils, ajouta-t-il, et suivez mon conseil : Si ces sortes de pensées viennent encore vous importuner, dites au démon qui en est l'auteur : Malheur à toi, esprit d'orgueil et d'impureté! que tes impuretés et tes blasphèmes retombent sur toi! je ne veux point y participer ; je me tiens à ce que l'Église croit ; et je mourrais plutôt mille fois que d'offenser mon Dieu. Les paroles du saint Vieillard consolèrent et fortifièrent ce Solitaire, qu'il ne fut Plus attaqué dans la suite de pareilles tentations. Sur quoi il est à propos, pour l'instruction de ceux qui ont de la répugnance à découvrir ces sortes de tentations à leurs directeurs, de remarquer ici en passant, qu'il en coûte beaucoup plus de les tenir cachées, qu'il n'en coûte d'en faire l'aveu. Voyons maintenant ce qu'il faut faire en de pareilles occasions ; car il y a des Chrétiens qui s'y prennent tout autrement qu'il ne faut. Quand ces sortes de pensées viennent à les tourmenter, Ils se pressent fortement les tempes avec les mains, froncent le sourcil, ferment les yeux ; et secouent la tête, comme pour leur dire qu'ils ne les laisseront point entrer : quelquefois même, s'ils ne parlent effectivement, ils croient n'avoir rien fait, et se persuadent d'y avoir consenti. Ils se font alors plus de mal par de pareils efforts et ces sortes de contentions, que la tentation même ne leur en pourrait faire.
Mais que faut-il donc pratiquer pour les vaincre ? Il n'est point question, disent les Maîtres de la vie spirituelle, de faire de grands efforts d'imagination, ni de se rompre la tête pour repousser ces tentations : il faut les mépriser et ne s'y point arrêter. Il en est de ces pensées, disent-ils, comme de ces petits chiens qui aboient après un homme qui passe : si cet homme continue son chemin, sans se mettre en peine de les chasser, ils cessent bientôt de crier ; mais s'il s'amuse à les vouloir éloigner, ils se mettent alors à redoubler leurs aboiements et à le poursuivre. On peut encore faire comme un homme qui marche dans un chemin où le vent souffle, et lui porte la poussière au visage : cet homme ferme alors les yeux, et poursuit promptement sa route, sans s'embarrasser ni du vent ni de la poussière. En un mot, le remède contre ces sortes de pensées, et le moyen d'en être promptement délivré, est de ne s'en pas inquiéter. Il y a même plus (et cela doit bien engager ceux qui en sont attaqués à se servir de ce remède, et à leur mettre l'esprit en repos), c'est disent les Saints, que plus ces tentations semblent horribles et détestables, moins il les faut craindre ; parce qu'elles sont déjà moins dangereuses par l'horreur qu'elles inspirent.
Le combat contre les tentations, dit Saint Bernard, est un combat pénible, mais il est utile ; car la récompense y est proportionnée à la peine, et le sentiment qu'elles causent ne peut nuire, si l'on n'y donne son consentement : et, au contraire : plus la résistance est pénible, plus la récompense qui nous est promise est grande. Blosius est du même avis : il assure qu'une pensée de vaine complaisance de soi-même, où l'on se laisse aller une seule fois, est plus désagréable à Dieu que les pensées les plus honteuses qui nous attaquent, mais auxquelles on ne consent point. Il ne faut donc ni s'en affliger, ni s'en mettre en peine, et regarder ces tentations comme si elles se passaient hors de nous. Les Directeurs les plus expérimentés dans la conduite des âmes, donnent encore un avis très sage sur cette matière, c'est, disent-ils, qu'il est dangereux de trop craindre ces sortes de tentations, et de s'en trop inquiéter : parce que cette crainte ne sert qu'à les augmenter, et leur donner plus de force par l'attention que l'on y porte. J'ajoute un dernier préservatif qui nous est extrêmement recommandé par les Saints, et qui peut servir de remède général contre toutes les tentations intérieures : c'est que, quand il se présente à l'esprit quelque mauvaise pensée, il faut essayer de s'en distraire, en portant aussitôt son attention sur quelque autre objet : telle est la considération de la mort et des souffrances de Jésus-Christ, ou sur quelqu'une des vérités effrayantes de la Religion. Au reste, il ne faut pas employer, pour cela de grands efforts d'imagination, ni se donner la torture à l'esprit : mais il faut seulement faire en sorte d'éviter adroitement le coup que le démon nous porte, et parer cette attaque avec quelque bonne pensée, ou quelque utile occupation. Les uns, pour cet effet, cherchent un asile dans les plaies de Jésus-Christ, et principalement dans celle de son sacré côté, ils se retirent en esprit dans les trous de cette pierre, et dans les ruines de cette muraille : les autres ont recours à la méditation salutaire de la mort et de l'enfer, et disent avec Job : « Qui m'accordera, Seigneur, que vous me protégiez contre les attaques de l'enfer, et que vous me cachiez jusqu'à ce que votre fureur soit passée ? » Que chacun s'attache donc à ce qu'il connaîtra lui être le plus utile, et qui lui paraîtra le plus propre à faire ces sortes de diversions contre l'ennemi du salut ; et lorsqu'il aura trouvé un sujet frappant de méditation, qu'il fasse tous ses efforts pour le bien approfondir et le bien pénétrer, afin que dans le besoin il puisse y avoir recours, et y trouver un rempart assuré contre les attaques de l'ennemi de son salut.
(Abrégé de la Pratique de la Perfection Chrétienne)
Le Petit Sacristain |
|