Rappelant à un journal vénézuélien que le célibat des prêtres « n’est pas un dogme de l’Église », Mgr Pietro Parolin, qui deviendra le 15 octobre 2013 le premier collaborateur du pape François, replace le célibat sacerdotal dans la « tradition ecclésiastique ».
Qu’a dit précisément Mgr Parolin ?
Nommé le 31 août 2013 secrétaire d’État du Saint-Siège par le pape François, Mgr Pietro Parolin, actuellement nonce apostolique au Venezuela, a donné, avant sa prise de fonction à Rome le 15 octobre, une interview au quotidien vénézuélien El Universal. Dans cet entretien en espagnol, mis en ligne dimanche 8 septembre, il répond à la question de savoir si le célibat est un dogme intouchable. « Non, ce n’est pas un dogme de l’Église et il peut être discuté parce que c’est une tradition ecclésiastique. »
« L’effort fait par l’Église pour établir le célibat ecclésiastique doit être pris en considération, rappelle-t-il. On peut parler, réfléchir et approfondir ces thèmes qui ne sont pas définis dans la foi et penser à quelque modification, mais toujours au service de l’unité et tout selon la volonté de Dieu », ajoute-t-il. Citant l’exemple de la « pénurie de clergé », Mgr Parolin énumère les critères à prendre en compte pour une prise de décision : « La volonté de Dieu, l’histoire de l’Église ainsi que l’ouverture aux signes des temps. »
Qu’ont dit les papes précédents ?
Reprenant une tradition dans l’Église d’Occident remontant au IVe siècle, le concile de Trente (XVIe siècle) a solennellement établi l’obligation de célibat pour les prêtres, inscrite dans le droit canonique. Cette obligation, qui ne s’applique pas aux Églises d’Orient, a été réaffirmée par Paul VI dans son encyclique Sacerdotalis Caelibatus de 1967. D’une convenance, l’Église a fait une nécessité, argumentée théologiquement, en particulier sous Jean-Paul II à travers divers textes. Benoît XVI aussi a confirmé son attachement au célibat, notamment dans un discours aux cardinaux, fin 2006 : « La foi en Dieu devient concrète dans cette forme de vie qui a un sens uniquement à partir de Dieu. »
Qu’en pense le pape François ?
Depuis son élection il y a bientôt six mois, le pape ne s’est pas prononcé sur cette question. Dans un livre d’entretiens publié en 2010 lorsqu’il était archevêque de Buenos d’Aires (Sur la terre comme au ciel, Robert Laffont), celui qui était alors le cardinal Bergoglio rappelait être « pour l’instant (…) favorable au maintien du célibat, avec ses avantages et ses inconvénients, parce que, sur dix siècles, on a eu plus d’expériences positives que de défaillances ». « C’est une question de discipline, pas de foi. Cela peut changer », concluait-il, condamnant toute « double vie ». Quelques cardinaux ont parfois invité à voix haute à une évolution de cette discipline.
SÉBASTIEN MAILLARD (à Rome)
Journal la croix