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| Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier | |
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Miséricorde de Dieu
Messages : 3595 Date d'inscription : 27/12/2019 Age : 66
| Sujet: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Dim 17 Oct - 3:13 | |
| Rappel du premier message :
CHAPITRE I. PRÉDESTINATION DE MARIE A LA DIGNITÉ AUGUSTE DE MÈRE DU VERBE
Dieu le Père engendre son Fils en lui-même. Dans la contemplation de soi-même qui le ravit, il voit naître son Fils, comme un miroir, où il se trouve représenté substantiellement, comme l'enseigne l'Apôtre (Épitre aux Hébreux, I, 3).
Ce miroir l'absorbe dans l'amour de lui-même; et en cet amour du Père et du Fils est produit le divin Esprit. Renfermé dans ce cercle éternel qui est sa vie et sa béatitude, il est vivant et bienheureux en lui-même, et il eût pu vivre ainsi éternellement, sans se communiquer au dehors et sans se donner à nous.
Mais de toute éternité, ayant eu dessein de nous manifester son amour par l'Incarnation de son divin Fils, il s'est premièrement pourvu d'une aide, la très-sainte Vierge Marie.
Sans doute, lui-même eût formé de ses mains l'humanité de son Fils, ce chef-d'oeuvre admirable, comme il devait former les anges, s'il eût voulu l'envoyer au monde dans une chair immortelle et glorieuse; et dans cette génération temporelle, le Fils n'eût pas eu besoin de mère, non plus qu'Adam dans sa création.
Mais, prévoyant notre péché et voulant qu'il fût expié par la mort de son propre Fils, il résolut de l'envoyer au monde dans notre chair passible et mortelle, afin que, dans cette même chair, il endurât la mort en faveur des pécheurs. Pour l'engendrer donc de la sorte, Dieu le Père se choisit, avec beaucoup de convenance, la très-sainte Vierge comme aide ou comme épouse.
Car Dieu le Père, qui seul peut envoyer la personne de son Fils, veut que dans le mystère de l'Incarnation Marie soit son Épouse, en ce sens que le Père, qui est le principe de la génération de son Verbe selon sa divinité, destine la sainte Vierge à devenir le principe de la génération du même Verbe selon l'humanité 1.
Le mariage est l'expression sainte du Père éternel, qui engendre et porte en soi son Verbe, et fait seul, par sa personne, ce que le mari et la femme expriment au dehors, en produisant ensemble un fils qui est le terme de leur génération.
Mais parce que Dieu le Père engendre son Verbe dans une féconde virginité, il veut exprimer dans sa sainte épouse seule, et montrer au dehors cette fécondité vierge et sans corruption.
De plus, comme il engendre son Verbe de toute éternité par sa connaissance, par retour,et par vue sur lui-même, il veut que Marie, l'image très-parfaite et très-sainte de sa fécondité vierge, l'engendre aussi avec connaissance; et pour cela même il décrète qu'elle donnera à la génération du Verbe dans la chair son consentement d'une manière expresse et solennelle, ce qui présuppose la connaissance et la raison.
Tandis que le reste des mères ne sauront pas ce qui devra naître d'elles, il veut que Marie connaisse auparavant quel sera le fils qu'elle concevra : un ange lui apprendra que ce fils sera le propre Fils du Très-Haut, Dieu et homme tout ensemble, le Rédempteur du monde, et que son règne n'aura point de fin.
En voulant avoir ainsi l'agrément de Marie, Dieu le Père montre, par cette conduite si pleine de révérence envers sa sainte épouse, l'estime qu'il fait d'elle et l'amour qu'il lui porte comme époux. Je ne puis exprimer, et je dois dire que nulle créature ne le pourra jamais, quelle est l'affection et la tendresse de Dieu le Père envers la très-sainte Vierge en cette qualité d'épouse.
Il s'applique tout entier à la lui témoigner; et cela est infini, immense, incompréhensible à tout esprit créé.
Source : Livres-mystiques.com
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Dernière édition par Miséricorde de Dieu le Lun 22 Nov - 17:37, édité 1 fois | |
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Miséricorde de Dieu
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Mer 2 Fév - 17:19 | |
| CHAPITRE XII. MARIE AU CALVAIRE
Elle porte les tentations, les peines, les tribulations et les langueurs qui l'accablent de toutes parts sans faire paraître aucune sorte d'infirmité ou ces faiblesses ordinaires qui abattent le corps. Généreuse, forte et vigoureuse, malgré l'accablement des douleurs de son Fils, elle l'offre pour nous à Dieu en sacrifice, comme une mère pleine de compassion et d'amour pour ses enfants.
Alors que tous les apôtres l'ont abandonné, hormis saint Jean, elle qui n'a jamais manqué de foi pour confesser le saint nom de son Fils et pour le publier le Messie, paraît ici comme la reine de Confesseurs et la reine des Martyrs; et c'est avec beaucoup de raison que l'Église lui applique en cette circonstance les paroles de l'Ecclésiastique : Comme un cyprès j'ai été élevée sur la montagne de Sion.
Le cyprès est l'image de la mort, parce que, une fois coupé, il ne repousse plus; et, pour cela, on s'en servait autrefois dans les funérailles, et on l'attachait même à la maison des morts. Sur le Calvaire, cette Mère de douleur, se tenant debout, était là comme un cyprès attaché à la maison, c'est-à-dire à l'humanité de son divin Fils, et y servait d'ornement pour signaler ses funérailles.
C'est ainsi que par sa charité, Marie, en sa qualité de nouvelle Ève, contribue à la naissance de l'Église que Jésus-Christ engendre sur la croix. La fin qu'il s'était proposée dans son Incarnation était de s'associer tous les peuples de la terre qui adoraient chacun à part quelque fausse divinité, et de ne faire qu'un seul coeur du sien propre et de tous les autres coeurs, afin de louer et de glorifier son Père dans l'unité d'un même esprit qui est le sien.
Car l'Église n'est que la diffusion de la religion du coeur de Jésus-Christ; elle est son supplément, l'explication et l'exposition des sentiments renfermés dans son coeur, l'expression des devoirs qu'il rend à Dieu son Père. Aussi sur la croix était-elle. censée comprise et reposer dans son coeur, comme Ève au côté d'Adam avant qu'elle fût créée.
Cette unité d'esprit avec lui était l'objet de son travail en croix, et c'est ce qui lui fait verser la dernière goutte de sang qui lui reste. Ce sang le plus cher, le plus précieux de son corps, qui avait maintenu sa vie jusqu'au moment où il expira; ce sang, que quelques-uns disent qu'il avait gardé depuis son Incarnation, le même qu'il tira du sein de Marie, il le verse sur la croix comme la chose la plus chère qui lui restât pour mériter de ramener à Dieu, dans une même foi et un même amour toutes les nations de la terre.
L'eau et le sang sorti de son côté signifièrent, en effet, qu'il répandrait la religion de son coeur par les sacrements spécialement par le Baptême et l'Eucharistie, qui sont le commencement et la consommation de la religion de Jésus-Christ ; celui qui est baptisé commence à vivre de la vie de jésus, et celui qui communie à son corps et à son sang est dans la consommation de cette vie.
Comme donc ces deux sacrements servent à Jésus-Christ pour engendrer et pour nourrir son Église, et qu'ils furent figurés par l'eau et le sang, sortis de son. côté, les Pères disent qu'il engendra l'Église elle-même sur la croix par cette ouverture; ce qui avait été exprimé d'avance dans la personne d'Adam ravi en extase, lorsque Dieu lui tira, d'auprès du coeur, une partie de lui-même pour lui en former une aide semblable à lui, Ève figure de l'Église.
Source : Livres-mystiques.com
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| | | Miséricorde de Dieu
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Jeu 3 Fév - 16:50 | |
| CHAPITRE XII. MARIE AU CALVAIRE
RÉFLEXIONS PRATIQUES
Quelle reconnaissance ne devez-vous pas à Marie pour l'amour qu'elle vous a témoigné en endurant tant de tourments, afin de donner la vie à votre âme ! Il est vrai que Jésus-Christ, père du siècle futur, est seul la source de notre vie; mais ne pensez pas que vous puissiez pour cela vous dispenser de donner aussi à Marie des témoignages de sincère reconnaissance pour le bienfait de votre régénération?
Par la volonté de Dieu, elle a été associée à Jésus-Christ, nouvel Adam, afin qu'elle contribuât de sa part à votre naissance spirituelle, en l'offrant elle-même et en s'offrant aussi de son côté avec lui comme hostie pour votre salut.
Dans l'ordre naturel, vous êtes redevable de votre naissance à votre mère comme à votre père; ainsi en a-t-il été de votre régénération.
C'est pourquoi le Sage, après avoir dit: Honorez votre père, ajoute aussitôt, en parlant mystérieusement de Marie : Et n'oubliez pas les gémissements de votre mère; souvenez-vous que sans eux vous ne seriez pas né. Votre mère, selon la chair, s'est sans doute acquis des droits à votre reconnaissance par les douleurs qu'elle a endurées pour vous; mais ces douleurs, quelque violentes qu'elles aient pu être; n'ont été qu'une figure et une ombre légère de celles que Marie a souffertes, par amour pour vous, au pied de la croix.
Pour vous mériter le pardon de vos péchés, il a fallu que Jésus-Christ les connût, qu'il les confessât et les détestât intérieurement devant son Père, et qu'enfin il s'abandonnât à la rigueur de sa justice, afin de recevoir sur lui les châtiments qui auraient dû tomber sur vous; et c'est aussi ce que Marie a fait de son côté dans l'Oeuvre de votre réconciliation.
De quelle douleur n'a-t-elle pas été accablée à la pensée de tant de fautes que son Fils avait à expier ! Pour la comprendre, il faudrait sonder la profondeur de sa charité, celle de sa sainteté incomparable, la connaissance qu'elle avait de la grandeur de Dieu que le péché outrage, et de la bassesse de la créature qui ose bien se révolter contre cette adorable Majesté. Si l'on a vu de saintes âmes verser des. torrents dé larmes, exercer sur leur corps d'affreuses pénitences pour des fautes très-légères, à cause de la vivacité de leur amour pour Dieu, quelle idée pourrons-nous donc nous former de la componction et de la douleur de Marie, élevée à la sainteté la plus éminente qui puisse être après celle de Dieu !
Pour nous donner quelque idée de la douleur de Marie, le Saint-Esprit, par l'organe du saint vieillard Siméon, l'a comparée à celle qu'eût pu produire un coup d'épée, qui eût percé d'outre en outre le cœur de cette divine Mère. Mais cette comparaison, prise des choses sensibles, est plutôt pour aider votre imagination que pour vous donner la mesure exacte des tourments qu'elle a endurés : jamais vous ne les connaîtrez.
L'Église, comme pour expliquer et commenter les paroles du saint vieillard Siméon, représente Marie le cœur percé de sept glaives. Par ce nombre de sept, qui est mystérieux, elle veut dire que cette divine Mère a souffert pour expier tous les péchés sans exception, qu'on rapporte ordinairement à sept, appelés capitaux, parce qu'ils sont la source de tous les autres; et c'est ce qui lui fait justement appliquer ces paroles : O vous qui passez par le chemin, venez et considérez s'il est une douleur comparable à la mienne; et encore ces autres paroles Votre contrition est vaste comme la mer.
Source : Livres-mystiques.com
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| | | Miséricorde de Dieu
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Ven 4 Fév - 17:40 | |
| CHAPITRE XII. MARIE AU CALVAIRE
RÉFLEXIONS PRATIQUE
Savez-vous quelle était la considération qui soutenait Marie au milieu des ces angoisses inexprimables, et qui les lui faisait endurer pour votre amour avec tant de constance et de générosité?
La pensée qu'un jour vous la dédommageriez en vous appropriant sa propre pénitence, c'est-à-dire en recevant dans votre coeur ces sentiments d'humiliation, de componction et d'abandon à la justice divine auxquels elle se livrait alors pour vous. Ah ! si vous avez eu le bonheur de vous humilier devant Dieu et d'être touché du véritable esprit de pénitence, c'est à Marie, l'avocate des pécheurs, que vous le devez.
C'est elle qui, par le grand désir qu'elle a de votre salut, a communiqué à votre âme les sentiments qu'elle avait conçus dans son coeur pour vous aider à pleurer, à détester et. à expier toutes vos offenses. Sa pénitence, si agréable à Dieu et si puissante sur son coeur, est, en effet, un immense trésor qu'elle est ravie de mettre à notre disposition pour subvenir à nos nécessités.
Aussi n'avez-vous jamais reçu le sacrement de Pénitence, qu'en même temps l'Église ne vous ait fait une application spéciale, non-seulement des mérites de la passion de Notre-Seigneur, mais encore de ceux que la très-sainte Vierge a acquis pour vous.
Ouvrez donc votre coeur à Marie, et priez-la de le remplir de ces saintes dispositions d'humiliation, de componction et d'abandon de tout vous-même à la justice divine. Entrez dans ces sentiments toutes les fois que, récitant : Je confesse à Dieu, vous arrivez à ces paroles : La bienheureuse Marie toujours vierge; mais spécialement lorsque vous approchez du saint Tribunal ou que voue recevez l'absolution.
Rappelez-vous dans ce moment que, si Jésus-Christ est la source de toute vraie pénitence, Marie est le canal qui en amène les eaux jusqu'à nous.
Recourez donc à elle comme à une fontaine intarissable et vivifiante, c'est-à-dire unissez-vous intimement à Marie, désirant d'être,pénétré de ses sentiments intérieurs, d'attirer en vous son esprit pénitent, et d'être tout transformé en lui-même.
Par là, vous consolerez le coeur de cette tendre Mère, vous réjouirez celui de Dieu, et vous sentirez s'augmenter dans le vôtre la confiance et l'amour, toujours inséparables d'une âme qui a le bonheur d'être en paix avec Dieu et avec soi-même.
Considérez l'amour que Marie vous a témoigné sur le Calvaire, en substituant Jésus à votre place pour l'exposer à tous les traits de la justice de son Père qui n'auraient dû tomber que sur vous.
Vit-on jamais une mère sacrifier son propre fils par amour pour un enfant étranger ? Marie seule en est venue à cet excès. Quoique vous fussiez alors un étranger pour elle et de plus l'enfant du démon, et par conséquent l'ennemi de Dieu et de Marie elle-même, elle n'a pas hésité à livrer à la justice divine son Fils unique, l'objet de ses complaisances, pour vous acquérir à ce prix comme son enfant d'adoption.
Eussiez-vous pensé qu'elle pût avoir pour vous une telle prédilection? Y aura-t-il jamais rien de comparable? En vérité, son amour pour vous ne saurait être comparé qu'à celui du Père éternel; mais cette comparaison est juste, puisque si Jésus est le Fils de Dieu le Père, il est également le Fils de Marie, sa véritable Mère selon la chair.
Il faut donc dire d'elle, comme du Père éternel, qu'elle vous a aimé jusqu'à donner pour vous son Fils unique; qu'elle n'a pas épargné son propre Fils, et l'a livré pour vous à la mort.
En le sacrifiant ainsi, elle vous a montré qu'elle vous aimait mille fois plus qu'elle-même.
Source : Livres-mystiques.com
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| | | Miséricorde de Dieu
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Sam 5 Fév - 18:03 | |
| CHAPITRE XII. MARIE AU CALVAIRE
RÉFLEXIONS PRATIQUE
N'est-il pas certain que par l'amour incompréhensible qu'elle portait à Jésus, Marie aurait été ravie de donner sa propre vie des milliers et des millions de fois pour lui si elle l'eût pu? Si donc elle a livré ce même Fils à la justice divine pour vous procurer le salut, un pareil excès d'amour vous dit assez hautement que pour vous elle se serait livrée à la mort mille fois elle-même; peut-il y avoir rien de plus incompréhensible? Jugez par là de l'estime qu'elle fait de vous, et si elle est jalouse de posséder votre cœur tout entier.
Que pouvez-vous lui refuser après un pareil sacrifice? N'est-il pas vrai que la moindre réserve ne pourrait manquer de blesser et d'affliger la générosité, la grandeur et la délicatesse de son amour? Prenez donc la résolution de ne lui rien refuser de ce que vous savez qu'elle demande de vous, dans l'état où elle vous a placé, et de désirer toujours de faire toutes vos actions par amour pour elle.
Par là, vous serez assuré de n'agir que pour le pur amour de Jésus, à qui elle serait ravie de donner et de consacrer tous les cœurs.
C'est le seul moyen que vous ayez pour la dédommager du sacrifice qu'elle a fait sur le Calvaire; c'était la seule espérance qui pût la soutenir debout au pied de la Croix, et c'est le seul retour qu'elle attend de votre cœur s'il est reconnaissant et sensible.
CHAPITRE XIII. MYSTÈRE DE LA RÉSURRECTION DE NOTRE-SEIGNEUR
Le Fils de Dieu, en se faisant homme, avait pris non un corps glorieux, comme il convenait au Fils unique du Père, mais un corps passible, dans lequel il pût endurer la mort pour les pécheurs.
Il avait donc souffert un grand déchet de sa condition de Fils de Dieu; et de même la très-sainte Vierge, sa Mère, sembla déchoir de la condition de Mère du Fils dé Dieu en lui donnant naissance dans l'infirmité de notre chair.
Car, quoique Jésus-Christ dût naître d'une Vierge issue d'Adam afin qu'il eût une chair en ressemblance de celle du péché, Marie, en lui donnant cette naissance, était véritablement devenue la mère du Fils éternel du Père.
Ce qui naîtra de vous, lui avait dit l'Ange, sera le Fils de Dieu, par conséquent Dieu lui-même égal au Père en toutes choses. Elle avait donc partagé l'abaissement de son Fils en l'engendrant dans la chair infirme et mortelle. D'ailleurs Marie, conçue dans la justice originelle, n'aurait pas dû, non plus qu'Ève innocente, engendrer un homme mortel.
C'est pourquoi Dieu le Père, qui ne souffre point que son Fils bien-aimé perde rien pour son amour, a résolu de lui rendre sa gloire avec usure au jour de sa Résurrection et dans celui de son Ascension; pareillement, pour réparer la perte que la très-sainte Vierge a soufferte, il veut qu'après avoir paru, en Jésus-Christ, mère du fils de l'homme, elle paraisse aussi la Mère du Dieu de gloire.
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| | | Miséricorde de Dieu
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Dim 6 Fév - 17:37 | |
| CHAPITRE XIII. MYSTÈRE DE LA RÉSURRECTION DE NOTRE-SEIGNEUR
C'était par ses souffrances, et en endurant tous les tourments réservés aux pécheurs, que Notre-Seigneur devait entrer dans cette gloire extérieure; et Marie, de son côté, avait dû acquérir la maternité du Dieu de gloire par les douleurs que ressentent les mères des criminels; ce fut une des raisons du martyre violent qu'elle ressentit au Calvaire.
Elle ne subit pas ce martyre à cause de la conception de Jésus-Christ, qui fut le principe de sa vie, ni pour sa naissance à Bethléem ; elle ne devait pas non plus le souffrir précisément dans sa naissance à la gloire, qui sera sa résurrection; mais seulement dans sa mort, qui est la peine du péché et par laquelle il devait entrer dans sa gloire.
Car alors Jésus-Christ sur un gibet, comme un pauvre pécheur couvert de tous les crimes du monde, devait trouver dans sa mort ignominieuse le principe de sa glorification, et dans son tombeau le sein de sa conception à la résurrection; en un mot, c'était de cet état d'ignominie qu'il devait sortir pour, entrer dans sa gloire.
C'est pourquoi, au jour de la mort de Jésus, Marie, en participant aux sentiments de son Fils en croix, en recevant cette blessure mortelle qui perce son âme, en partageant les souffrances, les ignominies et le martyre de la croix de Jésus-Christ, acquiert par avance et mérite aussitôt la maternité du Dieu de gloire.
Comme donc le tombeau, image de Marie, devait être le lieu effectif dans lequel Dieu le Père allait engendrer son Fils en gloire, il voulut que ce tombeau fût tout neuf, en figure de la très-sainte Vierge, cette terre neuve et innocente qui avait été le sépulcre vivant de Jésus-Christ en sa sainte conception ; et parce que Dieu devait glorifier son Fils dans le tombeau, image de Marie, Isaïe avait dit, en figure de la gloire de cette divine Mère, que son sépulcre semait glorieux à cause de la gloire de Jésus-Christ.
Dans les sacrifices de l'ancienne loi, l'hostie ayant et immolée et placée sur l'autel, elle attendait sa clarification, c'est-à-dire cette lueur dans laquelle elle entrait, lorsqu'elle passait dans la nature et la lumière du feu qui la consumait sur l'autel même.
Ainsi, après que Notre-Seigneur eut été immolé sur la croix, il fut mis dans le tombeau; et là, comme l'hostie sur l'autel, il attendait que le feu divin, c'est-à-dire que Dieu le Père descendît dans le sépulcre pour faire passer son hostie dans sa nature de lumière et de gloire.
il est vrai que le Verbe, ayant épousé la sainte humanité par l'Incarnation, s'était lié à elle d'un lien indissoluble, qui ne fut pas interrompu par la mort; et qu'au tombeau la divinité du Verbe était cachée dans son corps sacré sans cesser d'être unie à son âme, quoique l'âme fût alors séparée du corps.
Source : Livres-mystiques.com
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| | | Miséricorde de Dieu
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Lun 7 Fév - 17:36 | |
| CHAPITRE XIII. MYSTÈRE DE LA RÉSURRECTION DE NOTRE-SEIGNEUR
Il est vrai encore que Dieu le Fils devait se ressusciter lui-même par sa divinité, ou plutôt être réveillé du tombeau par l'action des trois personnes divines; mais c'était la puissance du Père qui devait le rappeler de la mort à la vie de la gloire; car si la puissance du Fils est la même que celle du Père, elle est originaire et émanant du Père. En sorte que c'est selon les desseins de Dieu le Père que toutes choses dans son Fils, et hors de son Fils, s'exécutent et s'accomplissent.
Dieu le Père, usant donc de sa puissance, réunit au corps de Jésus-Christ son âme qui. en était séparée; et, se rendant principe de vie en l'âme, il anima par elle le corps. Car l'âme n'est ici qu'un simple instrument, l'instrument de la vie que Dieu voulait donner à ce corps, savoir: une vie immortelle et glorieuse-, une vie divine, laquelle ne peut être trouvée qu'en Dieu et opérée par lui seul. Aussi Dieu le Père dit-il lui-même à Jésus-Christ au jour de sa résurrection : Vous êtes mon Fils, aujourd'hui je vous ai engendré .
Pensant à ce mystère, il me semblait voir le Père embrassant son Fils encore tout étendu dans le tombeau, l'environnant de gloire, le prenant dans ses bras, le portant dans son sein, rejoignant et reliant le corps et l'âme, les pressant sur sa poitrine, les réchauffant dans le sein de sa gloire.
Je le voyais consommant ce qui en Jésus-Christ était de son état infirme, lui donnant, dans les entrailles du tombeau, une vie de gloire à la place de la vie d'infirmité et de corruption qu'il avait reçue de David; enfin le faisant passer de l'état d'hostie pour le péché en celui d'hostie de louange, par une clarification de la chair et de l'âme de Jésus-Christ, qui fut solide, véritable, réelle et substantielle.
Isaïe, parlant de la résurrection du Sauveur, disait: Qui racontera sa génération.? parce que sur la terre sa vie lui sera ôtée; c'est-à-dire qui parlera de cette génération qui lui sera rendue après qu'on lui aura ôté sa vie sur la terrer? Je ne puis pénétrer, je ne puis qu'adorer les secrets de la génération temporelle de Jésus en gloire. Je ne puis concevoir ses grandeurs. J'adore ce qui se passe dans ce tombeau, si glorieux et si magnifique. J'adore cette mutation adorable de vie; j'adore ce changement du corps de mon Sauveur; j'adore la communication que le Père lui fait de cette vie nouvelle, et cette ressemblance, ce rapport qui se trouve entre Jésus et le Père éternel.
En le ressuscitant ainsi, Dieu le Père, qui est le premier fond et l'origine de toute Miséricorde, de toute grâce, de tout don, lui donne le droit de communiquer sa vie nouvelle au monde, en récompense de ce qu'il a sacrifié sa vie temporelle pour lui; et, selon la prophétie d'Isaïe, il l'établit, au jour de sa résurrection, Père du siècle futur.
Il avait communiqué au premier Adam, la fécondité naturelle, il donne la fécondité spirituelle au second; c'est-à-dire un esprit vivifiant, une vie féconde pour être distribuée aux autres hommes, qui voudront vivre divinement. Comme il avait formé le premier à l'âge de trente ans, et l'avait créé parfait soit en science pour régir le monde, soit en puissance pour l'engendrer, il ressuscite son Fils parfait, à l'âge même qu'il était mort; il le ressuscite tout rempli de splendeur et de puissance, pour la sanctification, la conduite et la glorification de son Église.
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| | | Miséricorde de Dieu
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Mar 8 Fév - 18:06 | |
| CHAPITRE XIII. MYSTÈRE DE LA RÉSURRECTION DE NOTRE-SEIGNEUR
Au moment de sa résurrection, Jésus-Christ, tout pénétré de la divinité, tout brillant de la clarté et de la splendeur de son Père, tout rempli de ses sentiments mêmes et de ses inclinations, s'unit à la très-sainte Vierge en sa splendeur divine, et se porte à elle par l'amour même de Dieu son Père pour elle, comme vers le plus bel objet qui fut jamais après Dieu.
Il demeure en elle, et elle en lui; et comme, dans sa résurrection, il est revêtu des titres d'honneur les plus magnifiques, que son Père lui donne en récompense de ses ignominies et de sa mort, Jésus, épris des beautés et des perfections divines qui éclatent dans sa Mère, et de l'amour qu'elle lui a témoigné dans sa Passion, veut qu'elle entre elle-même en participation de son triomphe et de sa gloire.
Aussi témoigne-t-il à sa Mère l'amour immense qu'il lui porte. Comme Père du siècle futur, il se lie d'inclination à elle et devient avec elle, pour tout le corps de l'Église, un principe de divine génération. Ainsi, ayant reçu de Dieu, dans sa résurrection, d'avoir en soi la vie pour la donner à tous les hommes et les justifier par le fond de la justice divine qui est en lui, il prend pour son aide la très-sainte Vierge, comme une nouvelle Ève; et, en même temps, il la met en communion de tout ce qu'il a reçu de son Père, pour la rendre Mère des vivants.
O grand Dieu ! quels inexplicables secrets sont renfermés dans ce divin mystère de l'union du Fils de Dieu avec sa sainte Mère ! quelle communication intime, quelle donation de ce qu'il est et de ce qu'il possède ne lui fait-il pas au jour de sa résurrection ! O merveille des merveilles ! tout ce que Jésus-Christ opèrera, depuis le moment de la formation de l'Église jusqu'au jour du jugement, il l'a formé dans sa Mère, et plus parfaitement, plus hautement, plus saintement, plus divinement qu'il ne l'aura formé dans toute l'étendue des chrétiens, dans tout le cours des siècles!
Je ne m'étonne pas si saint Jean a entendu, mieux que personne, le saint et glorieux mystère de l'Église de Dieu, puisqu'il avait toujours devant soi la très-sainte Vierge, en qui il voyait toute l'Église abrégée et renfermée. Il voyait cette divine Mère plus belle, plus resplendissante, plus éclatante mille fois que tout ce qu'il a vu en cette femme revêtue du soleil, qui est la forme et la figure de l'Église, et qui, auprès de Marie, n'a en soi que de faibles communications du Soleil de justice.
Oui, tout ce qui paraît dans l'Église est petit en comparaison de l'éminente participation que Jésus-Christ donne de soi-même à sa sainte Mère. Il sera en elle non-seulement sept fois plus resplendissant que le soleil, comme il est dit des justes, mais il sera septante fois sept fois plus éclatant, plus beau dans l'âme de Marie que dans tous les justes ensemble; et cela, parce qu'elle s'est livrée et abandonnée à lui sans réserve, sans mesure, sans retour et sans règle, et qu'elle a voulu partager les ignominies et les douleurs de sa Passion.
O chère et suraimable princesse! vous étiez la Mère de Jésus infirme dans l'Incarnation; aujourd'hui, par la Résurrection, vous êtes la Mère et l'Épouse de Jésus en gloire, et sans rien perdre de l'alliance que vous avez avec le Père éternel, et de vos droits en qualité de son Épouse recouvrant un Fils plein de gloire, vous le recevez pour votre Époux et devenez ainsi, en Dieu le Père et en son Fils, la dispensatrice de leurs trésors envers toutes les créatures.
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| | | Miséricorde de Dieu
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Jeu 10 Fév - 17:23 | |
| CHAPITRE XIII. MYSTÈRE DE LA RÉSURRECTION DE NOTRE-SEIGNEUR
RÉFLEXIONS PRATIQUES
1° En contemplant, par la foi, les grandeurs et la béatitude de Marie au saint jour de la résurrection de son Fils, entrez dans les sentiments d'une joie vive, pure et surnaturelle.
Cette joie n'a' rien qui dissipe l'esprit, rien qui altère la pureté du coeur; tout au contraire, elle nous unit plus intimement à Dieu et augmente en nous son saint amour.
C'est qu'elle prend sa source en Dieu même; qu'elle a pour objet l'espérance de partager un jour la gloire de Jésus; et qu'enfin elle n'est qu'une participation de la joie même de Marie.
Unissez-vous donc à cette divine Mère, et avec elle remerciez Jésus-Christ de l'avoir fait participer à tous les titres d'honneur qu'il a reçus dans sa Résurrection, et qu'il pouvait lui communiquer.
Bénissez-le spécialement pour la participation qu'il lui a donnée à son titre de Père du siècle futur, en l'établissant la véritable mère de tous ceux qui vivront de la vie divine, qu'il ne veut donner que par elle, dans toute la suite des générations.
Félicitez Marie de son bonheur, réjouissez-vous avec elle de l'accomplissement de ce grand et auguste mystère, à imitation de l'Église, qui, pendant tout le temps pascal, ne se lasse pas de la féliciter et de se réjouir elle-même par le chant du Regina coeli, loetare, alleluia!
2° Jésus-Christ ne ressuscita Lazare qu'après que Marthe et Madeleine, ses soeurs, l'en eurent supplié avec larmes : il veut qu'à votre tour vous demandiez à Marie la résurrection de tant de morts, encore ensevelis dans le tombeau du péché.
Ils sont ses enfants; sa joie ne sera complète que lorsqu'elle les verra rendus à la vie. Ils sont vos frères et vos soeurs en Jésus-Christ: soyez donc touché de compassion sur leur sort; et vous adressant à Marie, notre commune mère, dites-lui, avec la confiance parfaite que doivent vous inspirer sa puissance auprès de Dieu et sa bonté sans bornes pour les hommes :
« Sainte Mère de Dieu, rompez les chaînes des coupables, donnez la lumière aux aveugles, éloignez d'eux tous les maux, demandez pour eux tous les biens. »
A vos prières, joignez vos bonnes oeuvres, surtout de sages et prudents conseils pour éclairer leurs esprits, et de saints exemples pour toucher leur cœur.
Source : Livres-mystiques.com
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Sam 12 Fév - 5:28 | |
| CHAPITRE XIII. MYSTÈRE DE LA RÉSURRECTION DE NOTRE-SEIGNEUR
RÉFLEXIONS PRATIQUES
3° Enfin, si vous ôtes retenu vous-même dans les liens funestes de la tiédeur, dont il est si difficile de se défendre entièrement, conjurez-la de vous en délivrer et de vous faire entrer dans la voie parfaite. Il est vrai que, pour être du nombre des tièdes, vous n'êtes pas privé pour cela de la vie de Dieu; mais, en vous, cette vie est languissante.
C'est pourquoi, à l'imitation de Marthe et de Madeleine, dites à la très-sainte Vierge, en lui exposant votre état: « Celui que vous aimez est malade, ayez compassion de lui; vous pouvez le guérir, si vous le voulez. » Surtout, faites tous vos efforts pour sortir de l'état de tiédeur, en rompant généreusement les petites attaches qui vous ont retenu et embarrassé jusqu'ici.
La joie de Marie, c'est de voir son divin Fils servi par des âmes ferventes, qui ne mettent volontairement aucune borne à leur perfection.
Réjouissez donc le coeur de cette divine Mère, en lui promettant de vous déclarer enfin pour le parti de la ferveur, et, ce qui est l'essentiel, en vous montrant fidèle à exécuter vos promesses. Ce sera alors que, lui adressant ces paroles de félicitation : Reine du Ciel, réjouissez-vous, vous pourrez ajouter avec confiance et dire de vous-même, aussi bien que du Sauveur : Parce que Celui que vous avez porté est ressuscité comme il l'avait dit, alleluia !
CHAPITRE XIV. ASCENSION ET PENTECÔTE
Comme véritable mère des vivants, Marie reçoit le Saint-Esprit en plénitude. Jésus-Christ se donne à elle d'une manière toute particulière par la sainte Communion.
Le sacrifice de Jésus-Christ étant offert pour l'Église, qui est visible, devait être visible lui-même dans toutes ses parties, afin de nous donner une certitude parfaite de notre réconciliation avec Dieu. Marie, dans le jour de la Purification, avait paru à l'offrande de la victime, en présentant elle-même, au nom de l'Église, Jésus-Christ notre hostie, et en le dévouant à l'immolation.
Elle avait aussi été présente à la deuxième partie du sacrifice, à l'immolation réelle de Jésus-Christ sur la croix. La troisième, qui était la consommation ou le transport de la victime en Dieu, avait eu lieu dans le mystère de la Résurrection.
Mais cette consommation s'était opérée d'une manière invisible; et la bonté de Dieu voulait que, pour notre consolation, cette partie du sacrifice devînt visible aussi bien que les deux autres, ou plutôt que Notre-Seigneur montât au ciel pour aller se perdre dans le sein de Dieu non-seulement à la vue de la très-sainte Vierge sa mère, mais encore sous les yeux de tous les apôtres par qui l'Église était représentée.
C'est ce qu'avait figuré autrefois Élie montant au ciel dans un char de feu à la vue d'Élisée ; et ce prophète avait déclaré expressément à son disciple que, s'il le voyait monter, il aurait son double esprit.
Don mystérieux, qui exprimait le fruit du sacrifice, c'est-à-dire l'esprit de mort et de résurrection ou de vie divine, que Jésus-Christ devait laisser à l'Église figurée par Élisée.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Sam 12 Fév - 19:03 | |
| CHAPITRE XIII. MYSTÈRE DE LA RÉSURRECTION DE NOTRE-SEIGNEUR
CHAPITRE XIV. ASCENSION ET PENTECÔTE
Après sa résurrection, il communiquait toutes les dispositions et tous les sentiments de son âme à sa bénite Mère. Il lui exprimait spécialement les désirs ardents qui le pressaient d'aller enfin se réunir à Dieu son Père, pour le louer et le glorifier dans le ciel.
Marie, de son côté, éprouvait un véhément désir d'y accompagner son Fils, pour s'unir à ses louanges; et sans doute qu'elle eût terminé alors sa vie et l'eût suivi dans les cieux, s'il n'eût voulu se servir d'elle pour aider l'Église dans ses commencements. L'œuvre de cette divine Mère était encore incomplète. Après avoir donné, par Marie, naissance au chef, Dieu voulait procurer aussi, par elle, la formation de tout le corps.
Il voulait la rendre mère de sa famille entière, de Jésus-Christ et de tous ses enfants d'adoption. Par zèle pour la gloire de Dieu et par charité pour nous, elle accepte avec joie la commission que Notre-Seigneur lui laisse de travailler à faire honorer son Père par les hommes, et de demeurer sur la terre jusqu'à ce que l'Église ait été bien affermie.
Le quarantième jour après la Résurrection étant donc venu, Jésus-Christ- se rend à Béthanie avec sa sainte Mère et ses apôtres; là élevant les mains et les bénissant, il se sépare d'eux, et en leur présence s'élève vers le ciel.
Ils l'y suivirent des yeux, jusqu'à ce qu'enfin une nuée le dérobe à leur vue; et comme néanmoins ils tenaient toujours leurs regards fixés au ciel, deux anges vêtus de blanc leur apparurent et leur dirent : Pourquoi vous arrêtez-vous à regarder le ciel ?
Ce Jésus, qui a été attiré du milieu de vous dans le ciel, viendra de la même manière que vous l'avez vu monter au ciel. Ainsi Dieu voulut-il que l'acceptation solennelle qu'il faisait de notre hostie, eût pour témoins non-seulement tous les apôtres et la très-sainte Vierge, qui l'avait produite de sa propre substance, mais les anges eux-mêmes.
En montant dans les cieux, Jésus-Christ élève avec lui tous les saints patriarches et les autres justes qu'il avait retirés des limbes, et va les offrir à son Père, comme les premières dépouilles qu'il a ravies au démon par sa mort. Enfin, dérobé par la nuée à la vue de ses disciples, il laisse rejaillir la splendeur de sa gloire, qu'ils n'auraient pu soutenir et dont il avait retenu l'éclat dans ses diverses apparitions.
Comme les enfants des rois donnent des présents à leurs sujets, en faisant leur entrée dans leur royaume, Jésus-Christ, montant à la droite de son Père pour prendre possession de son trône, voulait envoyer à ses apôtres son esprit et ses dons, c'est-à-dire dilater son cœur en faisant entrer les hommes dans ses sentiments de religion envers Dieu son Père, et achever ainsi son ouvrage.
Dans ce dessein et par son commandement, les disciples s'assemblèrent à Jérusalem avec la très-sainte Vierge et plusieurs saintes femmes; et là ils étaient en prière, louant, bénissant le nom de Dieu, et attendant la venue de l'Esprit-Saint.
Marie était au milieu d'eux et présidait ce sacré concile, comme ayant, pour aviser à établir la gloire de Dieu dans le monde, une grâce qui excellait par-dessus celle de tous les apôtres.
Quoique Jésus-Christ n'eût pas voulu qu'elle fût présente à la Cène, ni qu'elle offrît extérieurement le saint sacrifice, ni qu'elle fût prêtre selon l'ordre de Melchisédech, il voulait néanmoins que Marie, destinée à être la mère des vivants, se trouvât dans le Cénacle avec les apôtres, afin de verser la plénitude de son esprit en elle, comme dans le réservoir de la vie divine, et de la distribuer par elle à tous ses enfants, et aussi pour apprendre à l'Église que jamais elle ne serait renouvelée qu'en la société de sa divine Mère et en participant à son esprit.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Dim 13 Fév - 17:03 | |
| CHAPITRE XIII. MYSTÈRE DE LA RÉSURRECTION DE NOTRE-SEIGNEUR
CHAPITRE XIV. ASCENSION ET PENTECÔTE
Le jour de la Pentecôte étant venu et le Saint-Esprit étant descendu sur l'assemblée en forme de langues de feu,, Marie le reçut, non pas par mesure comme le reçurent les apôtres et les disciples, mais en plénitude, Jésus-Christ la vivifiant de tout lui-même, et lui communiquant tout ce qu'il est, plus qu'à toute autre créature, plus qu'à toute l'Église.
L'apôtre saint Pierre, que Jésus-Christ avait établi chef visible de son corps mystique, quoique tout rempli au Cénacle de la vie de son maître, ne reçut néanmoins de cette vie divine que la portion nécessaire à sa dignité de chef.
Il en fut de même des autres apôtres. Ils reçurent tous lés prémices de l'esprit de Jésus-Christ, mais selon la mesure que sa sagesse et son amour en destinaient à chacun.
Ce n'est pas de la sorte qu'il se communique à Marie. Habitant en elle dans la plénitude de son amour, Notre-Seigneur ne laisse rien en soi de tout ce qu'elle peut recevoir, qu'il ne le lui donne.
De même que Dieu le Père fait passer en l'âme de son Fils tout ce qu'il a en soi, et qui est communicable : le Fils ne laisse rien à mettre en elle et à opérer pour elle de ce qui est en son pouvoir.
Il fait d'elle le réceptacle de ses richesses pour les distribuer par elle à toute l'Église.
Avec cette plénitude universelle de tous ses dons, l'Esprit-Saint répandit dans l'âme de Marie des dispositions et des sentiments semblables à ceux de Jésus-Christ ressuscité.
Comme dans l'arbre et dans le fruit attaché à l'arbre, il n'y a qu'une vie continue, qui est répandue dans les deux; de même il n'y eut jamais dans la Mère et dans le Fils qu'une même vie intérieure, qu'un même esprit, qui répandait dans l'un et dans l'autre les mêmes lumières et les mêmes sentiments à ceux même de saint Joseph, qui ne la connaissait pas, tant ce divin Esprit prenait plaisir à la dérober à la vue des hommes.
Dans cette première naissance, Jésus-Christ venait pour être caché, et, pour cela, cet esprit fut donné en secret à Marie. Mais dans sa seconde naissance, où il doit être manifesté comme Fils de Dieu, le Saint-Esprit est donné, à Marie publiquement.
Dans sa première descente en terre, il venait dans l'infirmité pour être jugé et condamné par le monde, et Marie, qui devait lui être semblable, reçut un esprit qui la portait à la soumission, au mépris, à la confusion. Maintenant qu'elle reçoit l'esprit de Jésus-Christ, non plus mortel, mais glorieux, de Jésus-Christ roi, juge et souverain pontife de tout le monde, elle reçoit un esprit de puissance et de force, un esprit de conseil et de sagesse.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Lun 14 Fév - 17:25 | |
| CHAPITRE XIV. ASCENSION ET PENTECÔTE
Sans doute, c'était le même esprit de Jésus-Christ qui l'animait avant comme après la Pentecôte; mais pendant les jours de la vie cachée de Marie, il produisait en elle des effets tout autres que ceux qu'il opéra après la glorification de son Fils.
Alors il lui donna d'autres talents, il la conduisit par une voie de force, de vigueur et de conseil admirable, comme le demandait sa vocation. En un mot, après la résurrection de Jésus-Christ, elle fut faite participante de la nouvelle vie de son Fils, surtout depuis le jour de la Pentecôte.
Cet esprit la faisait vivre comme vivrait un saint du paradis qui, étant descendu en terre, attendrait sans cesse le moment de son retour. Marie, en effet, ne regardait que les âmes des hommes; elle ne pensait qu'à avancer la gloire de son Fils; elle n'était occupée que de ses louanges et des doux sentiments de son amour. Enfin, elle ne vivait plus ici-bas que par l'extérieur, et souffrait ce monde avec peine, à cause de son état et de l'esprit qui l'animait.
Car la vie qui lui restait alors, était une vie semblable à celle du Fils de Dieu ressuscité, lequel, avant son Ascension, resta quarante jours sur la terre, seulement pour affermir ses apôtres et les instruire du royaume de Dieu, c'est-à-dire de l'établissement et de la conduite de l'Église.
Cette vie n'empêchait pas pourtant la très-sainte Vierge d'éprouver un sentiment de peine causée par la vue de la grandeur de sa vocation, comme Mère de Jésus et directrice du monde entier, et par la considération de son néant, dont elle était si convaincue et qu'elle avait continuellement devant es yeux.
Disposition tout à fait conforme à celle de Notre-Seigneur, qui, voyant ce qu'il était par lui-même, selon son humanité, disait : Il n'y a que Dieu seul de bon , c'est-à-dire qui ait quelque perfection par lui-même et mérite d'être loué; car on ne doit la louange qu'à celui à qui elle appartient.
Ce fut les premiers jours après la Pentecôte que les apôtres offrirent le saint sacrifice et que la très-sainte Vierge communia sous les saintes espèces, au corps et au sang de son Fils glorieux.
Jusque-là, les apôtres n'avaient communié que le jour de la Cène; et encore, parce que Notre-Seigneur avait voulu prévenir le temps de l'institution de ce Sacrement, pour rendre ce mystère plus croyable à ses disciples et à toute son Église, en l'établissant dans un temps où personne ne doutait de la vérité de sa présence corporelle.
Il fallait d'ailleurs que l'Église eût reçu l'Esprit de Jésus-Christ ressuscité, l'Esprit de sa nouvelle vie; et Jésus-Christ ne devait lui donner cet Esprit que lorsqu'il serait réuni à son Père, pour l'envoyer en unité de principe avec lui; par conséquent, après l'Ascension où il fut censé s'être réuni à son Père, du sein duquel il avait dit qu'il était sortit en venant en ce monde.
Aussi l'Église célèbre-t-elle la fête du très-saint Sacrement aussitôt après l'Octave de la Pentecôte.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Mar 15 Fév - 17:02 | |
| CHAPITRE XIV. ASCENSION ET PENTECÔTE
Jésus-Christ se donna donc alors par l'Eucharistie à la très-sainte Vierge et à l'Église. Mais ce fut pour produire dans Marie des effets tout autrement merveilleux que ceux qu'il devait opérer dans les cœurs des simples chrétiens.
L'Église naissante avait besoin de l'Eucharistie, même après la réception du Saint-Esprit, et cela pour deux raisons
la première, pour échauffer les langueurs de son amour; la seconde, pour détruire en elle le règne de la concupiscence ou du vieil homme. Car dans cette vie la régénération de l'homme n'est point parfaite; elle ne sera entière et totale qu'au jour de la Résurrection.
Dans le sacrement de baptême, la portion supérieure de l'âme est éclairée par la foi, relevée par l'espérance, animée par la charité; dans la confirmation, elle est fortifiée par le Saint-Esprit.
Mais la portion inférieure demeure assujettie à la concupiscence; elle est remplie de tendances vers les choses de la terre, d'aveuglement à l'égard de celles du ciel, d'impuissance pour les oeuvres de piété.
Elle nous est laissée, pendant cette vie, comme un exercice de pénitence, afin que, par la vertu de l'Esprit de Jésus-Christ ressuscité, nous l'assujettissions malgré elle à Dieu.
Voilà pourquoi la sainte Eucharistie était nécessaire à l'Église, même après la réception du Saint-Esprit.
Notre-Seigneur, qui est né pour ruiner le vieil homme, vient le détruire peu à peu dans chacun de nous, par sa présence réelle au saint Sacrement, en imprimant en nous ses vertus.
Il met en nos cœurs sa charité, contraire à notre concupiscence; ses dispositions d'humilité, contraires à celles de notre orgueil; ses sentiments de pauvreté, opposés à ceux de notre avarice; il imprime en nous ses désirs de la gloire de Dieu son Père, opposés au désir de notre propre gloire.
Par les puissants mouvements de retourner au ciel, qu'il ressentait après sa résurrection, il détruit en nous l'inclination que nous avons pour nous fixer sur cette terre et y chercher notre repos. Toutes ces dispositions nous sont données par le baptême, se perfectionnent ensuite par la Confirmation, et s'achèvent enfin par l'Eucharistie.
Mais tels ne sont pas les motifs qui poussent le Fils de Dieu à se donner, par la Communion, à sa sainte Mère. Il ne peut venir à elle comme médecin, puisqu'elle n'a point d'infirmité à guérir; elle n'a pas non plus de lâcheté à ranimer ni de langueur à réchauffer : ayant toujours répondu à toute l'étendue de la grâce et obéi au Saint-Esprit avec une admirable docilité.
Ce qui l'attire à elle, c'est l'ardent amour qu'il lui porte, et qui fait qu'il ne peut souffrir de se voir éloigné d'elle.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Mer 16 Fév - 17:44 | |
| CHAPITRE XIV. ASCENSION ET PENTECÔTE
Il se donne aussi à elle, afin que, par ses prières, elle obtienne la conversion du monde. Par ce Sacrement, Jésus-Christ nous fait être une même chose avec lui : Celui qui mange ma chair et boit mon sang, dit-il, demeure en moi, et moi en lui, témoignant par là qu'il entre dans toutes les intentions de l'âme son épouse; et qu'elle aussi, de son côté, entre dans toutes celles de Jésus-Christ, son époux.
Une âme qui communie à ce corps et à ce sang divin use, en effet, de Jésus-Christ comme d'une chose sienne, si bien qu'elle a droit, en vertu de ce saint mariage, d'employer toutes les prières de Jésus-Christ, son zèle, sa ferveur, ses mérites, ses souffrances, pour l'accomplissement de son dessein.
Elle a droit et pouvoir de faire tourner les prières de Jésus-Christ du côté qu'il lui plaît, et de lui faire demander tout ce qu'elle veut, pour le bien de l'Église.
Voilà ce qui a lieu dans la communion ordinaire des chrétiens au corps et au sang de Jésus-Christ. Mais quels effets merveilleux ne devaient pas produire sur le coeur de Jésus les prières ardentes de sa divine Mère, et l'amour immense que lui-même lui portait !
S'il est si prodigue envers les âmes ses épouses, c'est que dans elles il voit es charmes ravissants de Marie, sa sainte Mère, qui exerce sur lui un empire d'amour.
C'est un traité admirable que celui de Jésus et de Marie dans le très-saint Sacrement de l'autel: là, elle demande, elle prie, elle arrête, elle poursuit.
O charité ardente! ô douceur gracieuse! ô charmes puissants! ô délicieux entretiens! rien de pareil à l'amour de Jésus et de Marie, rien de semblable à ces traités.
Au très-saint Sacrement, dans ce banquet sacré de ses noces, Jésus traite avec elle, et accorde a ses désirs et à ses prières la réconciliation et la paix de l'Église, la conversion et le salut du monde.
C'est en ce jour que s'accomplit dans toute son étendue cette prophétie : La femme portera dans ses flancs un homme parfait', ce qui n'eut pas lieu la première fois que Marie porta Notre-Seigneur, puisque alors il était petit enfant, comme sont les autres hommes à leur entrée dans la vie.
C'est pourquoi, à la fête du très-saint Sacrement, l'Église, inspirée du Saint-Esprit, chante dans toute cette Octave la doxologie : Gloire à vous, Seigneur, qui êtes né de la Vierge; et aux prières de Prime, au lieu de dire : Fils de Dieu, qui êtes assis à la droite du Père, dans votre gloire; elle chante Fils de Dieu, qui êtes né de la Vierge Marie, qui ôtes glorieux dans elle.
C'est une espèce d'acclamation, que, dans le triomphe magnifique de Jésus-Christ, nous faisons, sans y penser, au Fils et à la Mère : au Fils, maintenant affranchi de l'état passible de la chair et glorifié, d'être né de la Vierge Marie, et à la très-sainte Vierge, d'être Mère de Jésus-Christ glorieux, d'être Mère du Dieu de gloire.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Jeu 17 Fév - 17:22 | |
| CHAPITRE XIV. ASCENSION ET PENTECÔTE
Il se donne aussi à elle, afin que, par ses prières, elle obtienne la conversion du monde. Par ce Sacrement, Jésus-Christ nous fait être une même chose avec lui : Celui qui mange ma chair et boit mon sang, dit-il, demeure en moi, et moi en lui, témoignant par là qu'il entre dans toutes les intentions de l'âme son épouse; et qu'elle aussi, de son côté, entre dans toutes celles de Jésus-Christ, son époux.
Une âme qui communie à ce corps et à ce sang divin use, en effet, de Jésus-Christ comme d'une chose sienne, si bien qu'elle a droit, en vertu de ce saint mariage, d'employer toutes les prières de Jésus-Christ, son zèle, sa ferveur, ses mérites, ses souffrances, pour l'accomplissement de son dessein.
Elle a droit et pouvoir de faire tourner les prières de Jésus-Christ du côté qu'il lui plaît, et de lui faire demander tout ce qu'elle veut, pour le bien de l'Église.
Voilà ce qui a lieu dans la communion ordinaire des chrétiens au corps et au sang de Jésus-Christ. Mais quels effets merveilleux ne devaient pas produire sur le coeur de Jésus les prières ardentes de sa divine Mère, et l'amour immense que lui-même lui portait !
S'il est si prodigue envers les âmes ses épouses, c'est que dans elles il voit les charmes ravissants de Marie, sa sainte Mère, qui exerce sur lui un empire d'amour. C'est un traité admirable que celui de Jésus et de Marie dans le très-saint Sacrement de l'autel: là, elle demande, elle prie, elle arrête, elle poursuit.
O charité ardente! ô douceur gracieuse! ô charmes puissants! ô délicieux entretiens! rien de pareil à l'amour de Jésus et de Marie, rien de semblable à ces traités.
Au très-saint Sacrement, dans ce banquet sacré de ses noces, Jésus traite avec elle, et accorde a ses désirs et à ses prières la réconciliation et la paix de l'Église, la conversion et le salut du monde.
C'est en ce jour que s'accomplit dans toute son étendue cette prophétie : La femme portera dans ses flancs un homme parfait', ce qui n'eut pas lieu la première fois que Marie porta Notre-Seigneur, puisque alors il était petit enfant, comme sont les autres hommes à leur entrée dans la vie.
C'est pourquoi, à la fête du très-saint Sacrement, l'Église, inspirée du Saint-Esprit, chante dans toute cette Octave la doxologie : Gloire à vous, Seigneur, qui êtes né de la Vierge; et aux prières de Prime, au lieu de dire : Fils de Dieu, qui êtes assis à la droite du Père, dans votre gloire; elle chante Fils de Dieu, qui êtes né de la Vierge Marie, qui ôtes glorieux dans elle.
C'est une espèce d'acclamation, que, dans le triomphe magnifique de Jésus-Christ, nous faisons, sans y penser, au Fils et à la Mère : au Fils, maintenant affranchi de l'état passible de la chair et glorifié, d'être né de la Vierge Marie, et à la très-sainte Vierge, d'être Mère de Jésus-Christ glorieux, d'être Mère du Dieu de gloire.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Sam 19 Fév - 5:10 | |
| CHAPITRE XIV. ASCENSION ET PENTECÔTE
RÉFLEXIONS PRATIQUES
Cette union parfaite, qui met Marie en communion de sentiments et de biens avec Jésus, est le modèle de l'union que cette divine Mère veut avoir avec ses enfants, pour mettre en commun avec eux tous les biens qu'elle possède.
La charité nous porte à aimer le prochain comme nous nous aimons nous-mêmes, à lui communiquer tout ce qui nous appartient; et cela, à l'imitation des trois personnes dé la très-sainte Trinité, qui ont toutes choses communes entre elles.
Car le commandement de l'amour du prochain est semblable en ce point à celui de l'amour de Dieu. On en vit une touchante preuve à la naissance de l'Église, où les premiers fidèles mettaient tous leurs biens en commun: la charité parfaite qui régnait entre eux ne faisant d'eux tous, comme des trois personnes divines, qu'un coeur et qu'une âme : Nec quisquam eorum quoe possidebat aliquid suum esse dicebat, sed erant illis omnia communia.
Mais qui pourra jamais comprendre la perfection de l'amour de Dieu, dont le coeur de la très-sainte Vierge était rempli et par conséquent sa parfaite charité pour le prochain ?
Si les premiers fidèles mettaient tous leurs biens en commun; si cette communication est une marque et un effet certain d'une charité parfaite, comment Marie, qui nous aime incomparablement plus que ne nous aiment tous les saints et tous les anges réunis, userait-elle de réserve à notre égard ? Comment pourrait-elle ne pas mettre en commun avec nous tout ce qu'elle possède ?
Cette vérité si consolante est fondée d'ailleurs sur un autre titre non moins incontestable, savoir: que Marie est notre mère dans l'ordre du salut.
Comme notre mère, comme l'expression sensible de la paternité de Dieu, elle imite, dans sa charité envers ses enfants, la charité du Père éternel pour son Fils unique. Dieu aime son Fils, dit saint Jean; et à cause de cet amour il lui donne toutes chose.
C'est aussi ce que la très-sainte Vierge fait à l'égard de ses enfants d'adoption : elle ne veut rien avoir qu'elle ne mette en commun avec eux. Les biens qu'elle a acquis, ce sont ses mérites propres, dont la richesse et l'abondance ne peuvent être connues que de Dieu seul : Marie ayant plus mérité de grâce et de gloire que tous les anges et les saints n'en recevront jamais dans le temps et dans l'éternité. Or Marie désire que nous profitions tous de ces mérites.
D'abord remarquez que si elle a acquis ce trésor immense de richesses spirituelles, ce n'est pas pour elle seulement, mais aussi, comme elle-même nous l'apprend dans le livre de la Sagesse, pour tous ceux qui cherchent la vérité, qui est Jésus-Christ. Non mihi soli laboravi, sed omnibus exquirentibus veritatem.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Dim 20 Fév - 2:08 | |
| CHAPITRE XIV. ASCENSION ET PENTECÔTE RÉFLEXIONS PRATIQUES Le Fils de Dieu s'est fait homme, il a souffert, il est mort et ressuscité pour nous et pour notre salut, comme nous le confessons hautement dans le Symbole; et Marie, de,son côté, associée à l'uvre de notre Rédemption, a contribué aux mystères de son divin Fils et a travaillé durant sa vie pour procurer nos intérêts personnels.
Saint Paul n'enseigne-t-il pas, d'ailleurs, que les parents doivent thésauriser non pas pour eux-mêmes, mais pour leurs enfants? L'un des motifs qui soutenaient Marie au milieu des peines de sa vie sur la terre, c'était la perspective et l'assurance certaine de laisser à ses enfants de quoi subvenir à la misère extrême où elle les voyait réduits.
N'avons-nous pas tous les jours sous les yeux l'exemple d'une multitude de pères et de mères qui, pour laisser à leurs enfants quelques biens périssables, endurent toutes sortes de fatigues, se condamnent à mille privations, s'exposent à toutes sortes de périls?
Que n'a donc pas fait Marie pour nous assurer les biens du ciel, dont tous les biens de la terre ne sont qu'une figure vaine et une trompeuse image !
Mais considérez encore que les mérites satisfactoires qu'elle a acquis sont superflus pour elle-même. Nayant jamais été souillée d'aucune tache de péché, Marie n'avait point de fautes à expier ni de satisfaction à offrir pour elle-même à la justice divine.
De sorte que, sous ce rapport, elle a un immense trésor dont elle ne peut user pour elle-même, mais qu'elle est libre de nous communiquer, en vertu de la communion des saints. Si sa charité parfaite ne lui inspirait pas déjà le mouvement de les mettre en commun avec nous, son amour maternel suffirait pour l'obliger à nous en faire part.
Une mère qui serait au sein de l'abondance, qui aurait mille et mille fois plus de bien qu'il ne lui en faudrait pour vivre honorablement selon son état, pourrait-elle voir ses enfants endurer les plus dures privations et toutes les rigueurs de la plus affreuse indigence sans les soulager ?
Eh ! comment Marie, la plus tendre, la plus douce, la plus aimante, la plus compatissante de toutes les mères, pourrait-elle ne pas,nous assister dans notre extrême nécessité spirituelle bien plus affligeante pour nous et pour elle que toutes les privations imaginables des biens temporels?
Allez donc à Marie avec une confiance sans bornes, pour puiser dans ses trésors tout ce qui est nécessaire ou utile à votre salut. Vous pouvez vous enrichir autant qu'il vous plaira; du moins dans l'ordre commun, l'étendue de vos désirs sera toujours pour vous la mesure des largesses, de Marie.
Voilà pourquoi on n'a jamais entendu,dire qu'on l'ait invoquée vainement. Demandez-lui ce que vous savez vous être le plus nécessaire pour remplir saintement vos devoirs envers Dieu, envers le prochain, suivant l'état auquel vous avez été appelé.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Dim 20 Fév - 17:05 | |
| CHAPITRE XV. MARIE CONTRIBUE A DONNER DES ENFANTS A DIEU ET A FORMER JÉSUS-CHRIST DANS LES ÂMES, PAR LES SACREMENTS ET PAR LA PRÉDICATION DES APÔTRES
En sa qualité de Mère de Jésus-Christ glorifié, Marie a la fécondité pour le produire dans les âmes. Notre-Seigneur régénère les hommes en leur donnant une nouvelle vie par le Saint-Esprit qui vient en être le principe. Avec le Père, il envoie le Saint-Esprit, comme une sainte et féconde semence, pour faire germer dans les coeurs de nouvelles dispositions, de nouveaux mouvements, de nouvelles inclinations qui les portent à des effets tout autres que ne les portent les inclinations premières qu'il ont reçues d'Adam.
Cette régénération prend son principe et sa dénomination de Jésus-Christ, qui, plus proprement que le Père éternel, est appelé le Père du siècle futur, parce qu'il communique aux hommes ses inclinations, ses moeurs, ses vertus : comme son humilité, sa patience, sa pauvreté, lesquelles sont des vertus originaires de Jésus-Christ, et ne résident pas dans le Père éternel, qui ne peut être humble, pauvre en lui-même.
Par le moyen de la nature humaine qu'il a associée à sa grandeur, Notre-Seigneur est devenu humble, patient, pauvre, dans un degré si éminent et si fécond qu'il a de quoi en donner à toute sa famille; et cette nouvelle vie qui, comme nous le disions, prend sa naissance ici-bas au baptême, va se perfectionnant par la Confirmation, s'achève en partie dans la Communion, et se consomme enfin dans le siècle futur, qui est la vie céleste, la gloire de l'éternité.
Jésus-Christ met la très-sainte Vierge en participation de sa fécondité pour communiquer à ses enfants cette nouvelle vie. Son union avec Marie est si ineffable que nous ne pouvons comprendre, ni l'unité qu'elle établit entre lui et cette divine Vierge, ni la profondeur du secret qu'elle contient.
A son intercession il engendre son corps mystique dans le baptême; il le perfectionne dans la Confirmation et l'achève dans la Communion. C'est ce qu'elle fait à la formation de l'Église, spécialement par la communion du corps de Jésus-Christ, donné aux fidèles dans cette circonstance, et depuis dans toute la suite des générations. Par ce sacrement Jésus-Christ donne son corps et son sang glorieux, son âme, sa divinité; il se multiplie autant de fois qu'il compte de membres; il est tout entier dans chacun, sans souffrir aucune division.
Mais Marié étant la Mère de Jésus-Christ, est aussi la mère de tous ses membres, qui, comme membres de son Fils, ne sont rien qu'en lui et par lui, de ce qu'ils sont de saint et de divin; et cela même, ils le reçoivent par Marie, qui reçoit elle-même tout de Jésus-Christ.
L'Eucharistie, ce sacrement par lequel il vient vivifier les hommes et communiquer la vie à son Église, est l'arbre de vie placé dans le paradis terrestre; et Marie, nouvelle Ève, nous donne à chacun ce fruit de véritable immortalité, Jésus le fruit béni de ses entrailles. Ainsi, au temps de la Pentecôte, dès que l'Église commença à communier au corps glorieux du Sauveur, fut parfaitement accomplie cette parole mystérieuse du Psalmiste : L'homme et l'homme est né dans elle.
Car Marie, qui n'était auparavant que Mère du Dieu d'infirmité, étant faite Mère du Dieu de gloire, devint aussi la mère de toute l'Église, qui est un autre Jésus-Christ, ou plutôt qui n'est que l'achèvement, le complément, le corps mystique de ce divin chef.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Lun 21 Fév - 17:05 | |
| CHAPITRE XV. MARIE CONTRIBUE A DONNER DES ENFANTS A DIEU ET A FORMER JÉSUS-CHRIST DANS LES ÂMES, PAR LES SACREMENTS ET PAR LA PRÉDICATION DES APÔTRES
Mais Jésus-Christ, nouvel Adam, ayant promis d'être avec cette Église, son épouse, jusqu'à la consommation des siècles, pour donner constamment par elle des enfants à Dieu, il fallait à l'Église visible un époux visible dé même nature qu'elle; et Jésus-Christ glorifié ne pouvait pas être son Époux visible.
Par son Ascension, Jésus-Christ est d'ailleurs caché en Dieu et ne doit reparaître visiblement sur la terre qu'au grand jour de ses assises, lorsqu'il viendra juger l'univers. Toutefois, fidèle à sa promesse, il continue, par une heureuse invention de son amour, sa présence sensible dans la personne de saint Pierre, en qui il veut résider en qualité d'époux visible de son Église.
Saint Pierre est aussi lé roi, le chef, le pasteur de l'Église; il est le prince des apôtres; mais toutes ces prérogatives d'honneur et de puissance, quelque considérables qu'elles soient, n'approchent pas du titre d'amour que Jésus-Christ lui communique, en l'établissant l'époux visible de l'Église en sa place. Comme époux et père visible de toute l'Église, saint Pierre envoie partout les disciples et les apôtres pour établir en son nom des églises particulières.
Il les dirige là où l'esprit de Notre-Seigneur, résidant en lui, lui inspire de les envoyer; et quoique ce même Esprit pousse aussi les apôtres et les disciples vers les lieux où saint Pierre les envoie, saint Pierre, toutefois, fonde lui-même l'Église par ses soins et par sa coopération à ce divin Esprit.
Car s'il envoie les apôtres et les disciples engendrer des enfants à Dieu, par l'eau et le Saint-Esprit de Jésus-Christ, qui repose sur eux, c'est pour les engendrer en sa place, c'est-à-dire au, nom de saint Pierre, Notre-Seigneur ayant voulu multiplier ainsi les ministres dès la naissance de l'Église, pour multiplier les sujets de nous faire du bien et d'exercer son amour envers nous.
Et quoique, dans le troupeau de Jésus-Christ, les apôtres soient des mères brebis, fécondes pour produire des agneaux, il les soumet tous à saint Pierre, aussi bien qu'il lui soumet les fidèles Paissez mes agneaux, paissez mes brebis; même saint Paul, qui allait le consulter, comme celui qui avait reçu de Jésus-Christ l'assurance entière de n'errer jamais dans la foi et de confirmer tous ses frères.
C'est pourquoi les églises que les apôtres avaient engendrées deçà et delà, ne relevaient point les unes des autres par dépendance, sinon en tant qu'elles étaient soumises à saint Pierre, dont l'apostolat avait pour objet toute l'Église; d'où vient que les autres apôtres travaillaient dans l'apostolat de saint Pierre, ce qu'il faut tenir pour certain.
Aussi, celui qui siège dans la chaire de saint Pierre est-il appelé Pape, ou Saint-Père, pour marquer l'esprit de Jésus-Christ en lui, l'unique père de l'Église, et la source de la vie qu'il donne à son Église, partout où elle est répandue.
Bien plus, la très-sainte Vierge elle-même, considérée comme membre de l'Église et sa partie principale, appartenait à saint Pierre, qui avait l'honneur en Jésus-Christ de la posséder et de la regarder comme sienne; et il s'estimait plus heureux de cette prérogative que de toutes ses autres qualités, que de la possession même du reste de l'Église.
Si l'on regarde, en effet, l'Église comme l'assemblée des âmes qui composent le corps de Jésus-Christ, la très-sainte Vierge est plus considérable aux yeux de Dieu que toute l'Église ensemble : son intérieur étant plus pur, plus saint, plus parfait, et rendant plus d'honneurs et de louanges à Dieu, que tout le reste des membres de Jésus-Christ.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Mar 22 Fév - 17:26 | |
| CHAPITRE XV. MARIE CONTRIBUE A DONNER DES ENFANTS A DIEU ET A FORMER JÉSUS-CHRIST DANS LES ÂMES, PAR LES SACREMENTS ET PAR LA PRÉDICATION DES APÔTRES
Considérée comme la nouvelle Ève, elle est unie étroitement à saint Pierre, par le ministère extérieur duquel Jésus-Christ veut donner avec elle des enfants à Dieu; et toutefois Marie ne déchoit pas de sa dignité. Car saint Pierre et Notre-Seigneur ne sont qu'un: Notre-Seigneur étant dans saint Pierre pour continuer ses fonctions d'Époux envers l'Église.
Dans une seule prédication, saint Pierre donne la vie de Dieu à trois mille morts; dans une autre, à cinq mille; et, en vivifiant ainsi les peuples par le Verbe divin, le vrai pain de Vie, il accomplit ce que Jésus-Christ avait figuré en les rassasiant par la multiplication des pains dans le désert.
Marie n'exerce pas visiblement et sensiblement, comme les apôtres, les fonctions de l'Église, elle n'offre pas Jésus-Christ sous les espèces du pain et du vin immédiatement; elle l'offre d'une manière convenable à son état, à son sexe, à sa qualité, à sa condition de Mère de Dieu, ainsi qu'il a été dit.
Elle ne fait pas la fonction d'apôtre extérieurement, quoiqu'elle ait reçu aveu les apôtres l'Esprit de Jésus-Christ, l'apôtre universel, et qu'elle l'ait reçu en plénitude.
Elle n'est point appliquée aux Juifs ou aux gentils en particulier; mais, ayant en soi la plénitude du zèle de son Fils, elle a aussi, par participation éminente de Jésus-Christ (car elle n'a de puissance en rien et sur rien, que par lui), et le zèle universel pour la gloire de Dieu, et la puissance intérieure de procurer et d'envoyer secrètement, par les voies du Saint-Esprit et dé l'amour divin, des serviteurs de Dieu par tout le monde.
Aussi est-elle Reine des apôtres, à cause de ce don apostolique qu'elle a reçu en plénitude, qui est le zèle de faire connaître Notre-Seigneur et d'édifier l'Église avec une sagesse admirable. C'est que, tout possédés de l'Esprit de Dieu, ils demeuraient soumis à Jésus-Christ partout où il voulait régner sur eux, soit en saint Pierre, soit en Marie, par laquelle il voulait diriger l'Église et conduire tous les apôtres.
Saint Pierre même lui était soumis, à cause de cette plénitude de l'Esprit de Jésus-Christ, alors souverain Pontife, qui était descendu en Marie, et lui donnait une grâce et des talents merveilleux pour les diriger.
Il est vrai qu'à l'extérieur, saint Pierre avait puissance sur elle, étant l'image extérieure de Jésus-Christ; mais la sainte Vierge avait reçu la plénitude de l'Esprit de Jésus-Christ par-dessus tous les apôtres.
Par un effet de l'amour et de la puissance de l'esprit intérieur qui la remplissait, ils répondaient fidèlement aux conseils qu'ils recevaient d'elle, sans cesser pourtant d'adhérer avec révérence à saint Pierre, auquel ils demeuraient toujours attachés, comme au signe visible de l'unité de Dieu, auquel toute l'Église vient aboutir, rentrant dans l'unité de celui de qui elle est sortie.
A une vocation si éminente, Marie joignait une humilité si profonde qu'elle était incompréhensible. Si elle usait de la puissance et de la grandeur de la grâce de Dieu en elle, pour conduire les disciples de Jésus-Christ avec une vertu admirable, c'était sans se tirer de sa petitesse et de son néant, où elle était toujours abîmée; c'était avec une présence d'esprit, une netteté, une force, une stabilité, une vigueur et une prudence incomparables; c'était avec une lumière toujours présente, perçante, vive, douce et forte; c'était avec une charité pure, ardente, égale, sans sentiment extérieur.
Enfin, Marie est une merveille et un miracle, qui oblige les apôtres à la vénérer, comme l'arche de leur Dieu vivant en terre, qui de là les remplit de force et de vigueur, dans la prédication de l'Évangile. En un mot, Marie était pour eux ce fleuve, dont il est parlé dans l'Apocalypse, qui sort du trône de Dieu et de l'Agneau, et qui fait porter des fruits douze fois l'année aux arbres qu'il arrose, c'est-à-dire aux douze apôtres.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Mer 23 Fév - 16:46 | |
| CHAPITRE XV. MARIE CONTRIBUE A DONNER DES ENFANTS A DIEU ET A FORMER JÉSUS-CHRIST DANS LES ÂMES, PAR LES SACREMENTS ET PAR LA PRÉDICATION DES APÔTRES
La très-sainte Vierge est le second sanctuaire du temple, appelé le Saint, qui était inférieur au Saint des saints, mais qui le touchait de près. C'était là que le sacrifice des parfums était toujours offert; là que se trouvaient les douze pains de proposition, qui servaient de nourriture aux prêtres du temple.
Ce lieu sacré exprimait l'intérieur de Marie, le vrai sanctuaire des apôtres et des prêtres, dans lequel Dieu reçoit continuellement les parfums les plus suaves de la parfaite religion. S'il est dit de cet intérieur, qu'il est semblable à un monceau de froment, c'est pour signifier que dans l'intérieur de Marie est l'aliment saint qui doit remplir les âmes apostoliques, les âmes consacrées à Dieu et à ses autels, lesquelles doivent être nourries des plus éminentes communications de Jésus-Christ.
Dans ce second sanctuaire se voyait encore le chandelier à sept flambeaux, qui exprimait l'intérieur de la très-sainte Vierge, remplie également des dons du Saint-Esprit et de la religion universelle de Jésus-Christ, dont les apôtres et les prêtres sont les flambeaux pour éclairer l'Église. Car, selon les termes de Jésus-Christ lui-même, qui éclaire en eux et par eux, ils sont la lumière du monde, c'est-à-dire de tous les hommes qui vivent sur la terre.
C'est pourquoi la très-sainte Vierge, par qui passent toutes les grâces qui découlent de Jésus-Christ dans l'Église, et qui tient ainsi immédiatement au chef, est figurée par le cou de l'Épouse des Cantiques : le cou étant censé recevoir la vie du chef ou de la tête, et la communiquer à tout le reste du corps.
Il est dit que ce cou mystique est semblable à la tour de David pour la rondeur et l'uniformité, c'est-à-dire pour sa perfection; qu'au pied de cette tour sont les boulevards qui la défendent; et que de la tour de David pendent les boucliers et tout l'armement des forts d'Israël.
Ces forts d'Israël sont les saints apôtres, qui, dans l'intérieur de la sainte Vierge et par son intercession, puisaient la lumière de leur doctrine et le courage pour combattre les ennemis de Jésus-Christ.
C'est ce qu'expriment ces boulevards, comme aussi ces deux petits chevreaux, bondissant au milieu des lis, auxquels sont comparées les mamelles de l'épouse; car ces mamelles symboliques marquent la lumière et l'amour de Dieu, que la très-sainte Vierge fait découler dans l'Église, et qui en sont la nourriture essentielle et l'aliment.
Elles sont assimilées à deux chevreaux, égaux en âge, tous deux jumeaux et d'une même portée, à cause que l'amour et la connaissance marchent de même pas. Ils paissent dans les lis, c'est-à-dire que ces connaissances et ces amours sont purs et de choses divines; et si on les compare aux chevreaux, c'est pour dire qu'ils naissent dans les solitudes, dans la pureté des déserts, séparés du monde et de l'affection, du siècle.
Les apôtres; puisant donc dans Marie les connaissances et l'amour que Jésus-Christ veut leur communiquer, vont comme des vases pleins de grâces, comme des feux puissants, répandant l'amour et la lumière dé Dieu par tout le monde.
Ce sont des lampes de feu et de flammes, c'est-à-dire ardentes et lumineuses tout à la fois. Ils n'échauffent et n'excitent pas seulement, ils éclairent et reluisent sur tous les peuples. Je vois ces grands flambeaux du ciel, ces messagers de Dieu, ces hommes tout embrasés du feu et des flammes du zèle, courir et voler de toutes parts, pour enflammer le monde de l'amour de Dieu et de Jésus-Christ son Fils.
Ces divins personnages sont sans attache à eux-mêmes, sans soins et sans souci de leur vie, ne pensant qu'à porter Dieu partout où ils pourront, partout où ils seront poussés par l'impétuosité de l'Esprit de Jésus-Christ.
Marie est leur aide dans leurs travaux, quelque éloignés de corps qu'ils soient d'elle : elle leur obtient par ses prières l'esprit qui les dirige, les pousse, les excite, qui est la lumière qui les éclaire, l'amour qui les embrase, la parole qui les rend éloquents, la puissance par laquelle ils font des miracles.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Jeu 24 Fév - 16:57 | |
| CHAPITRE XV. MARIE CONTRIBUE A DONNER DES ENFANTS A DIEU ET A FORMER JÉSUS-CHRIST DANS LES ÂMES, PAR LES SACREMENTS ET PAR LA PRÉDICATION DES APÔTRES
Ils sont tellement consumés du zèle de la gloire de Dieu, par la communication de cet Esprit, que, ne se souvenant plus de ce qu'ils sont, ils vont partout le monde, pour le faire connaître et aimer.
Ne songeant plus s'ils ont un corps ou une vie à perdre, ils bravent les périls, ils affrontent les supplices, ils attaquent lés rois, ils forcent les bourreaux.
En un mot, ils vont dans tous les lieux où l'impétuosité du mouvement de l'esprit qu'ils reçoivent par elle les pousse et les oblige d'aller.
Semblables à ces fusées volantes qui s'élancent partout où le feu intérieur les pousse, ils s'abandonnent à l'esprit qui les possède, à sa sagesse et à la prudence de sa conduite, sans lui en demander la raison. Pour cela Marie, par qui Jésus-Christ se plaît à leur communiquer son amour, son zèle et son ardeur, est rendue par lui tout zèle, toute ardeur pour faire honorer et glorifier Dieu par tout le monde.
Que verrez-vous dans la Sunamite, dit l'Église, parlant de la très-sainte Vierge, sinon des corps d'armées? Ces divers escadrons sont les églises particulières de Jésus-Christ, conduites et dirigées par ses officiers et ses ministres, qui sans cesse sont en armes, soit pour détruire le péché et tous les ennemis de Dieu, contre lesquels il faut toujours combattre; soit pour faire paraître la majesté et la beauté du Roi qui se tient à la tête de ses armées, afin d'en, être le coeur et la force.
Cette force puissante il l'a mise en dépôt dans la très-sainte Vierge, que pour cela il fait voir à son Église comme un arsenal, qui renferme les armes des généraux de son armée et contient des milliers de boucliers et toutes sortes d'armures; c'est-à-dire que les armes de tous les officiers et de tous les ministres de l'Église, qui doivent les mettre en défense contre les ennemis de Dieu, sont attachées à la très-sainte Vierge; Dieu voulant qu'ils s'adressent à elle, et qu'ils vivent dans une dépendance souveraine de sa grandeur, de sa puissance et de sa force invincible.
Pour cela encore, elle nous est représentée comme le centre et le résumé de tout le corps apostolique, de tout le clergé : contenant en elle seule toute la force, toute la beauté, tout le lustre et la sainteté de tous les ministres et de tous les membres de l'Église.
Elle est terrible comme une armée rangée en bataille, dit l'Église, parlant de Marie; elle est terrible dans la plénitude de sa puissance et de sa force aux yeux des hommes, des anges et des démons.
Ce beau passage: Que verrez-vous dans la Sunamite, sinon des corps d'armées ? signifie que la très-sainte Vierge comprend seule, en éminence, toutes les perfections angéliques, et incomparablement au delà.
Si bien que Dieu trouve en elle plus d'amour que dans les séraphins, plus de lumières que dans les chérubins, plus de constance que dans les Trônes; en un mot, plus de perfections que dans tous les ordres angéliques ensemble.
Dans elle Dieu voit en éminence: toute l'Église de la terre et du ciel; il contemple ses perfections dans ce miroir sans tache, où il n'y a que lumière, que beauté, qu'éclat.
Il se complaît en Marie, comme dans toute l'Église; et même il l'aime encore plus qu'il n'aime l'Église, à cause des éminentes perfections qu'elle possède par-dessus toutes celles de l'Église de la terre et du ciel.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Sam 26 Fév - 4:41 | |
| CHAPITRE XV. MARIE CONTRIBUE A DONNER DES ENFANTS A DIEU ET A FORMER JÉSUS-CHRIST DANS LES ÂMES, PAR LES SACREMENTS ET PAR LA PRÉDICATION DES APÔTRES
Saint Jean a vu cette merveille. Il représente la très-sainte Vierge comme une femme revêtue du soleil, portant sur la tête une couronne de douze étoiles, ayant la lune sous ses pieds. Cette figure a aussi pour objet l'Église.
Comme épouse parfaite de Jésus-Christ, l'Église vit en lui, et il vit en elle; et servant maintenant de vêtement à Jésus-Christ, Jésus-Christ, à son tour, la revêtira de sa gloire, qui est son vêtement éternel.
Mais cette figure, qui s'applique encore à l'âme qui communie à Jésus-Christ dans l'Église, ne peut être appliquée à Église ou à l'âme chrétienne, que parce qu'elle a premièrement pour objet la très-sainte Vierge, qui contient éminemment l'Église et toutes les âmes saintes.
Saint Jean représente donc cette divine Mère de Jésus-Christ et de l'Église, comme revêtue du soleil, c'est-à-dire environnée, pénétrée, possédée, vivifiée et animée de Jésus-Christ dans la splendeur de sa résurrection, en la manière que le cristal est pénétré de l'éclat du soleil.
Remplie du soleil de justice et perdue dans ce soleil même, Marie de. meure en lui, et lui en elle. Revêtue des vertus, des divins exemples et de la splendeur de Jésus-Christ, elle répand partout la bonne odeur de son Fils, qui, par sa Mère, éclaire l'Église, la remplit de sa fécondité et de sa vertu, et donne à chacun; selon les fonctions qu'il doit remplir, ses dons et ses grâces.
Comme autrefois, Dieu ayant créé la lumière, l'attacha au corps du soleil, afin de la porter par lui dans tout le monde et d'éclairer toute créature; de même, dans la grâce, Dieu le Père, ayant engendré son Fils, et l'ayant envoyé pour être la lumière qui doit illuminer les hommes, il attache cette lumière divine à la personne de sa Mère, comme au foyer d'où elle doit se distribuer à tous.
Pour ce sujet même, cette femme porte sur sa tête une couronne de douze étoiles, par où nous apprenons que la très-sainte Vierge, remplie de Jésus-Christ, remplit à son tour de sa splendeur toute l'Église du ciel, ce qui la fait appeler par les Pères: la couronne de toits les saints.
Ces étoiles représentent aussi les douze apôtres, tout le corps des pasteurs, toute l'Église enseignante, éclairée de la splendeur bienheureuse de Marie, et recevant toute sa fécondité par elle. Enfin le reste de l'Église est figuré par la lune, qu'elle tient sous ses pieds.
Ainsi elle influe sur toute l'Église, tant du ciel que de la terre, consommant l'une et fortifiant l'autre, distribuant la lumière à l'une et à l'autre, conformément à leur état.
Non-seulement elle illumine, mais aussi elle purifie; c'est pourquoi elle paraît avec le dragon à ses pieds: ce qui marque qu'elle a puissance sur le péché et sur le père du péché, qui est le diable; et que tous les apôtres, les disciples, les prêtres et les autres ministres de la hiérarchie de l'Église, jusqu'aux exorcistes, tiennent et reçoivent de Jésus-Christ, par elle, la puissance de fouler aux pieds et d'écraser la tête du serpent.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Sam 26 Fév - 18:23 | |
| CHAPITRE XV. MARIE CONTRIBUE A DONNER DES ENFANTS A DIEU ET A FORMER JÉSUS-CHRIST DANS LES ÂMES, PAR LES SACREMENTS ET PAR LA PRÉDICATION DES APÔTRES
Saint Jean a vu cette merveille. Il représente la très-sainte Vierge comme une femme revêtue du soleil, portant sur la tête une couronne de douze étoiles, ayant la lune sous ses pieds. Cette figure a aussi pour objet l'Église.
Comme épouse parfaite de Jésus-Christ, l'Église vit en lui, et il vit en elle; et servant maintenant de vêtement à Jésus-Christ, Jésus-Christ, à son tour, la revêtira de sa gloire, qui est son vêtement éternel.
Mais cette figure, qui s'applique encore à l'âme qui communie à Jésus-Christ dans l'Église, ne peut être appliquée à Église ou à l'âme chrétienne, que parce qu'elle a premièrement pour objet la très-sainte Vierge, qui contient éminemment l'Église et toutes les âmes saintes.
Saint Jean représente donc cette divine Mère de Jésus-Christ et de l'Église, comme revêtue du soleil, c'est-à-dire environnée, pénétrée, possédée, vivifiée et animée de Jésus-Christ dans la splendeur de sa résurrection, en la manière que le cristal est pénétré de l'éclat du soleil.
Remplie du soleil de justice et perdue dans ce soleil même, Marie de. meure en lui, et lui en elle. Revêtue des vertus, des divins exemples et de la splendeur de Jésus-Christ, elle répand partout la bonne odeur de son Fils, qui, par sa Mère, éclaire l'Église, la remplit de sa fécondité et de sa vertu, et donne à chacun; selon les fonctions qu'il doit remplir, ses dons et ses grâces.
Comme autrefois, Dieu ayant créé la lumière, l'attacha au corps du soleil, afin de la porter par lui dans tout le monde et d'éclairer toute créature; de même, dans la grâce, Dieu le Père, ayant engendré son Fils, et l'ayant envoyé pour être la lumière qui doit illuminer les hommes, il attache cette lumière divine à la personne de sa Mère, comme au foyer d'où elle doit se distribuer à tous.
Pour ce sujet même, cette femme porte sur sa tête une couronne de douze étoiles, par où nous apprenons que la très-sainte Vierge, remplie de Jésus-Christ, remplit à son tour de sa splendeur toute l'Église du ciel, ce qui la fait appeler par les Pères : la couronne de tous les saints.
Ces étoiles représentent aussi les douze apôtres, tout le corps des pasteurs, toute l'Église enseignante, éclairée de la splendeur bienheureuse de Marie, et recevant toute sa fécondité par elle. Enfin le reste de l'Église est figuré par la lune, qu'elle tient sous ses pieds.
Ainsi elle influe sur toute l'Église, tant du ciel que de la terre, consommant l'une et fortifiant l'autre, distribuant la lumière à l'une et à l'autre, conformément à leur état.
Non-seulement elle illumine, mais aussi elle purifie; c'est pourquoi elle paraît avec le dragon à ses pied : ce qui marque qu'elle a puissance sur le péché et sur le père du péché, qui est le diable; et que tous les apôtres, les disciples, les prêtres et les autres ministres de la hiérarchie de l'Église, jusqu'aux exorcistes, tiennent et reçoivent de Jésus-Christ, par elle, la puissance de fouler aux pieds et d'écraser la tête du serpent.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Dim 27 Fév - 17:19 | |
| CHAPITRE XV. MARIE CONTRIBUE A DONNER DES ENFANTS A DIEU ET A FORMER JÉSUS-CHRIST DANS LES ÂMES, PAR LES SACREMENTS ET PAR LA PRÉDICATION DES APÔTRES
O très-sainte Vierge! aimable Mère! par vous nous sommes engendrés dans l'Église, par vous Dieu nous met au nombre de ses enfants! Mère bienheureuse de l'Église! retirez et consommez en vous ce qui en est sorti. En attendant. nous gémissons dans cette vallée de larmes, espérant de rentrer au ciel, dans le sein qui nous a produits.
O Mère Miséricordieuse ! ô charité ardente! ô bonté incompréhensible! ayez compassion de nous et attirez-nous à Jésus-Christ, votre divin Fils, pour nous rendre en lui éternellement bienheureux. Puisque Marie est toute pénétrée de Jésus-Christ, le soleil de justice, qui se plaît à communiquer par elle sa grâce aux hommes, combien votre recours à elle ne doit-il pas être fréquent et votre union étroite? Jésus-Christ se plaît à distribuer par sa Mère ses dons à tous les membres de son Église, et à chacun selon sa vocation.
Par elle, il communique la lumière et le zèle aux hommes apostoliques, la force aux martyrs, la fidélité aux confesseurs, l'innocence aux vierges, enfin à chacun tout ce qu'il est dans l'ordre de la grâce; ce qui la fait appeler par l'Église : la Reine de tous les saints.
Mais, outre les dons particuliers qu'elle distribue à chacun selon sa vocation, Marie veut premièrement communiquer à tous la vie de Jésus-Christ; car cette vie est nécessaire à tous les états, à toutes les conditions, à tous les âges, chacun y devant participer comme membre du corps mystique de Jésus-Christ.
Les effets de cette vie dans les âmes sont expliqués dans la prière suivante, composée par M. Olier, et à. la récitation de laquelle le souverain pontife Pie IX a daigné attacher 300 jours d'indulgence : O Jésus vivant en Marie, venez et vivez dans vos serviteurs, dans l'esprit de votre sainteté, dans la plénitude de votre force, dans la perfection de vos voies, dans la vérité de vos vertus, dans la communion de vos mystères; dominez sur toute puissance ennemie par votre Esprit, à la gloire de votre Père. Ainsi soit-il.
Cette prière contient toutes les demandes que nous pouvons faire à Dieu pour la perfection de nos âmes.
1° Nous lui demandons d'abord de vivre en nous dans son Esprit de sainteté. L'Esprit de sainteté de Notre-Seigneur, c'est le Saint-Esprit, sanctifiant l'humanité du Sauveur, pénétrant son âme de la charité la plus pure dans un degré de perfection que nous ne comprendrons jamais.
Notre-Seigneur vivant en sa bienheureuse Mère lui a communiqué ce même esprit avec toutes ses inclinations, autant qu'il était possible à une créature d'y participer, et il veut par la sainte Vierge nous le communiquer aussi, pour que nous vivions d'une vie surnaturelle. Pour cela ce divin Esprit opère en nous deux effets: il nous détache de nous-mêmes et du monde, et nous unit à Dieu par la charité.
Il nous détache des créatures et de nous-mêmes. Nous n'ignorons pas que, par suite du péché originel, notre esprit ayant été obscurci et notre cœur détourné de Dieu, les créatures sont devenues pour nous un sujet de tentation et comme un piège que le démon tend à notre faiblesse. Or l'œuvre du Saint-Esprit, de l'Esprit de sainteté de Jésus-Christ en nous, consiste à nous détacher de tout ce qui n'est pas Dieu, pour nous attirer et nous unir à Dieu. Pour cela, il nous éclaire des lumières de la foi, il répand dans nos âmes la charité, il nous aide à diriger vers Dieu nos affections et nous soumettre en tout à sa très-sainte volonté.
Notre-Seigneur nous a mérité cette grâce par son incarnation, et nous la lui demandons en disant : Venez et vivez en nous dans votre Esprit de sainteté.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Lun 28 Fév - 18:24 | |
| CHAPITRE XV. MARIE CONTRIBUE A DONNER DES ENFANTS A DIEU ET A FORMER JÉSUS-CHRIST DANS LES ÂMES, PAR LES SACREMENTS ET PAR LA PRÉDICATION DES APÔTRES
RÉFLEXIONS PRATIQUES. SUR LA PRIÈRE : O JÉSUS VIVANT EN MARIE
2° Nous lui demandons en second lieu de venir vivre en nous dans la plénitude de sa force, in plenitudine virtutis tuae?. La vertu de Jésus-Christ est sa puissance et son activité. Nous demandons qu'il agisse en nous dans la plénitude de cette vertu, c'est-à-dire selon toute l'étendue de son pouvoir et selon toute l'efficacité de cette vertu, pour nous faire surmonter les difficultés de toute nature qui s'opposent en nous à l'action de la grâce.
Saint Paul nous a dit dans le même sens : « Confortamini in Domino et in potentia virtutis ejus. Fortifiez-vous dans le Seigneur et dans la puissance de sa vertu. » (Éphés., VI,10.) Nous ne devons donc jamais dire qu'une chose est impossible ou qu'elle est trop difficile, quand Dieu nous la demande ou la désire de nous, mais l'entreprendre courageusement et avec confiance. S'il se présente quelque humiliation, quelque victoire à remporter sur nous-mêmes, notre force sera en Notre-Seigneur, et sa vertu agira en nous; nous viendrons à bout de tout.
« C'est l'effet de Jésus vivant en Marie dans la plénitude de sa vertu. Oh! l'aimable et la divine vie ! Il n'y a point de péchés qu'elle ne prévienne; il n'y a point d'obstacles qu'elle ne surmonte; il n'y a pas de coeur qu'elle n'enlève; il n'y a pas de grâce qu'elle ne donne. Car qu'y a-t-il qui ne soit donné et qu'on ne puisse légitimement attendre d'un Dieu vivant dans la plénitude de sa vertu? » (TRONSON, Méditations sur la prière O Jesu vivens in Maria.)
Nous disons en troisième lieu : Dans la perfection de vos voies. Les voies de l'homme sur la terre sont celles qu'il doit suivre pour tendre à sa fin dernière, à sa véritable fin. Adam s'était détourné, par le péché, de sa voie, et nous avait engagés avec lui dans une voie d'égarement, d'erreur et de perdition.
Touché de notre sort, Jésus-Christ est venu nous enseigner les voies qui doivent nous conduire à notre fin, en nous montrant, dans sa personne et dans ses préceptes, de quels sentiments nous devons être pénétrés envers Dieu, envers le prochain, envers nous-mêmes, et à l'égard du monde et de ses maximes.
Personne, après Jésus-Christ, n'a marché plus purement et plus constamment dans ses voies que Marie, sa très-digne Mère: Elle l'a suivi avec une fidélité parfaite et nous a mérité de sa part des secours abondants, pour y marcher nous-mêmes en participant à sa religion envers Dieu, à sa charité pour le prochain, à son anéantissement à l'égard d'elle-même, et à son opposition aux maximes du monde et au péché. C'est ce que nous souhaitons d'obtenir par cette troisième demande.
3° Dans la vérité de vos vertus. L'état d'aveuglement, de faiblesse et de dérèglement, où l'homme était tombé par le péché, lui avait ôté tout moyen de pratiquer par lui-même aucune vertu véritable. Car ces actes difficiles que les païens appelaient vertus, et auxquels plusieurs s'exerçaient, n'étaient tout au plus que des vertus purement naturelles, et très-souvent elles n'étaient que l'effort d'une passion qui en assujettissait une autre.
Il n'y a de vertus surnaturelles, nous conduisant au ciel, que celles que Jésus-Christ a pratiquées en sa personne, ou par ses membres qui sont animés de son esprit l'humilité, la douceur, la patience, l'obéissance, la charité, vertus dont il ne suffit pas d'avoir la simple apparence ou même l'estime et le désir, mais dans la vérité desquelles nous devons nous établir.
Or, plus l'Esprit de Jésus-Christ possède nos âmes, plus aussi les actes que nous faisons méritent le nom de vertus; et comme personne n'a été plus parfaitement possédé par l'Esprit de Jésus-Christ que Marie, personne aussi n'a pu l'égaler dans la vérité et l'éminence de ses vertus; ou plutôt elle les a pratiquées toutes avec tant de fruit et de bénédiction qu'elle a de quoi en faire part à tous ses enfants.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Mar 1 Mar - 18:32 | |
| CHAPITRE XV. MARIE CONTRIBUE A DONNER DES ENFANTS A DIEU ET A FORMER JÉSUS-CHRIST DANS LES ÂMES, PAR LES SACREMENTS ET PAR LA PRÉDICATION DES APÔTRES
RÉFLEXIONS PRATIQUES. SUR LA PRIÈRE : O JÉSUS VIVANT EN MARIE
4° Dans la communion de vos mystères. Les mystères principaux de Notre-Seigneur sont son Incarnation, sa Naissance, sa Mort et sa Sépulture, sa Résurrection, son Ascension, sa présence dans la divine Eucharistie. Chacun de ces mystères nous donne des enseignements et renferme des grâces qu'il nous a méritées, pour nous établir dans la vie surnaturelle, dont il est le principe et le modèle. Comme tout le christianisme consiste à ressembler à notre divin Maître et à participer à sa vie, nous lui demandons de venir vivre en nous dans la communion de ses mystères.
C'est bien alors, quand il vivra en nous dans la plénitude de sa vertu, quand nous marcherons dans les voies qu'il nous a tracées, que nous pratiquerons les vertus dont il nous a donné l'exemple, que nous participerons à ses mystères; c'est alors qu'il dominera sur toute puissance ennemie, dans son Esprit et pour la gloire de son Père. Il triomphera en nous du démon, de la chair, du monde, de l'orgueil, comme il a triomphé dans le coeur de sa sainte Mère.
Approchons-nous donc de Marie avec une confiance sans bornes, aimant à contempler son int6rieur, dans lequel le Fils de Dieu a pris ses complaisances. En récitant cette prière, figurons-nous que nous nous abreuvons à cet intérieur admirable; comme un enfant au sein de sa mère, pour y puiser l'élément de sa vie. Nous recevrons toujours en proportion de nos désirs, et Marie accomplira en nous ce qu'elle dit elle-même dans le cantique de sa reconnaissance: « Il a rempli de biens ceux qui étaient affamés. Esurientes implevit bonis. »
CHAPITRE XVI. MARIE UNIE A SAINT JEAN TRAVAILLE EFFICACEMENT A L'ÉTABLISSEMENT ET A LA SANCTIFICATION DE L'ÉGLISE.
La grâce capitale de saint Jean avait pour fin de mettre à la disposition de la très-sainte Vierge le fruit du très-auguste sacrifice de la croix, comme aussi de lui présenter Jésus-Christ glorieux; et cette grâce était tirée du très-saint Sacrement et fondée sur ce divin mystère. Par une conduite pleine de sagesse et d'amour, Jésus-Christ, en montant aux cieux et en envoyant son Esprit aux hommes, avait chargé, comme nous l'avons dit, la très-sainte Vierge de l'œuvre de son Père, qui était l'établissement de l'Église, pour laquelle il était mort et l'avait comme mise à part; et c'est par elle qu'il voulait distribuer ses trésors et appliquer ses mérites aux âmes.
Toutefois Marie ne pouvait opérer ce qu'exigeait la grandeur de son emploi ni disposer des dons et des grâces nécessaires à cette couvre immense et infinie, que par l'efficace du très-auguste sacrifice de l'autel, par lequel on peut tout obtenir de Dieu et qui peut tout sur lui. C'était le principal moyen qu'elle eût dans ses mains et en sa puissance, pour répondre aux desseins de Jésus-Christ.
Quoiqu'elle fût plus digne du ministère de la prêtrise que tout le reste des créatures ensemble, et que sa qualité suréminente de Mère de Dieu la relevât en dignité au-dessus de tout ce qui n'est pas Dieu lui-même, elle était privée de l'usage du sacerdoce selon l'ordre de Melchisédech.
Elle a bien pu avoir la grâce du sacerdoce et en faire même quelque sorte d'usage, comme quand elle offrit Notre-Seigneur dans ses entrailles, dans le temple, sur la croix et au jour de l'Ascension; mais ce n'a jamais été par aucun acte solennel de religion propre à la dignité de prêtre, dont sa qualité de femme l'excluait par l'institution de Dieu même.
Mais pour la mettre en état de satisfaire à sa haute vocation, Jésus-Christ lui avait donné sur la croix saint Jean, son disciple bien-aimé. Saint Jean était pour elle la continuation de Jésus-Christ, offrant le divin sacrifice de l'autel, pour transporter et faire passer à l'Église les mérites du sacrifice de sa mort sur la croix, et pour obtenir les grâces nécessaires à la consommation de cette grande œuvre.
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Bon Carême à tous !
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Mer 2 Mar - 17:24 | |
| CHAPITRE XVI. MARIE UNIE A SAINT JEAN TRAVAILLE EFFICACEMENT A L'ÉTABLISSEMENT ET A LA SANCTIFICATION DE L'ÉGLISE.
Par le don que Jésus avait fait de saint Jean à Marie, ce saint n'était plus à lui; dans le point le plus important de son ministère, il était tout à elle; il devait entrer dans ses intentions et perdre les siennes propres dans celles de Marie.
Il lui avait été donné comme son prêtre particulier, pour qu'il présentât le sacrifice dans les intentions qu'elle aurait agréables. Il devait lui transférer et lui remettre tout ce qu'il avait de pouvoir et de droit sur cette divine hostie, en qualité de sacrificateur.
Ainsi Jésus-Christ ne laissa pas à la très-sainte Vierge saint Joseph ni quelque personne qui ne fût pas déclarée prêtre de la loi nouvelle. Il ne lui laissa pas même quelques femmes pour gardiennes; ce qui eût paru plus convenable aux yeux des hommes.
Mais il lui laissa un homme vierge et prêtre tout ensemble; un homme pur comme un ange et supérieur aux anges par son office de sacrificateur de Jésus-Christ; un homme enfin qui avait dans ses mains ce sacrifice, le plus auguste, le plus puissant et le plus admirable de tous les prodiges de la religion.
Par suite de ce dessein, le Fils de Dieu, dans l'institution même de ce sacrifice, fit reposer saint Jean, par grâce particulière, sur sa poitrine sacrée, afin de l'instruire et de le bien informer de l'estime, de la valeur et de l'efficace de cet auguste sacrifice, et de celui de la croix dont l'autre est la continuation.
De plus, parmi tous les apôtres, saint Jean fut seul témoin du sacrifice du Calvaire; et après l'achèvement du sacrifice sanglant et la mort de la victime, ce fut encore lui qui vit de ses yeux le sang et l'eau sortir du côté mort et sans vie de Jésus-Christ.
Si le Sauveur, après son trépas, voulut verser encore du sang de son côté, ce fut pour témoigner qu'il prétendait qu'après sa mort ce même sang continuât d'être répandu sur nos autels, au très-saint sacrifice de la messe, et montrer par là que ce sacrifice n'est qu'une continuation du premier et qu'un achèvement de ce qui a été commencé sur la croix.
Pour cela même, saint Jean, dans son Évangile, après avoir rapporté qu'il sortit de l'eau et du sang du côté percé du Sauveur, ajoute ces paroles : Celui qui l'a vu en rend témoignage, et son témoignage est véritable, afin que vous croyiez aussi; montrant par là qu'il parle en qualité de témoin de cette merveille.
Comme s'il disait : Les autres écrivains sacrés, qui ont écrit les prodiges qu'ils ont vus ou qu'ils avaient entendu rapporter à ceux qui les avaient vus, ont mérité croyance; quant à la merveille de l'ouverture du côté du Sauveur et du sang qui en est sorti, on doit en croire mon témoignage, puisque je suis celui qui l'ai vu de mes yeux, ayant été l'unique des disciples présent à ce prodige.
Saint Jean avait donc été laissé à ce dessein, qu'en offrant à Dieu le divin sacrifice, pour la destruction du royaume de Satan et pour l'établissement de l'Église, il fît voir à tous les hommes ce que c'est que l'auguste sacrifice de la croix, qui a acquis tant de biens et mérité tant de grâces; et ensuite combien la continuation de ce même sacrifice, c'est-à-dire l'offrande de ce même corps et de ce même sang, dans les intentions de la très-sainte Vierge, ont opéré de merveilles dans le monde.
Ainsi cet apôtre entre avec cette divine Mère en part de l'œuvre admirable de l'établissement de l'Église. Il est coopérateur ou supplément de Jésus-Christ, procurant avec la très-sainte Vierge l'exécution de ce grand ouvrage et répandant parmi les fidèles les fruits de l'arbre de la croix.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Jeu 3 Mar - 17:26 | |
| CHAPITRE XVI. MARIE UNIE A SAINT JEAN TRAVAILLE EFFICACEMENT A L'ÉTABLISSEMENT ET A LA SANCTIFICATION DE L'ÉGLISE.
Tout le temps que la très-sainte Vierge passa sur la terre, depuis l'Ascension jusqu'à sa mort, qui fut de quinze ou vingt ans, Jésus-Christ la communiait sans cesse aux effets de tous ses mystères.
Les trois premières années de sa vie, elle avait été appliquée aux devoirs de la religion envers la très-sainte Trinité et à honorer tous ses desseins sur l'Église.
Elle avait employé les douze années suivantes, gui furent le temps de son séjour au temple, à adorer en Dieu les mystères de son Fils, les voyant passer devant ses yeux, par contemplation, et pendant les trente-trois ans qu'elle avait vécu avec lui, elle les avait vus s'accomplir effectivement en Jésus-Christ, en la manière que Dieu les lui avait représentés avant sa venue.
Enfin, après l'Ascension, elle devait communier aux effets de ces mystères, comme sont l'Incarnation, la sainte enfance, le Crucifiement, la Mort, la Sépulture, la Résurrection, l'Ascension et les autres. Par chacun de ses mystères, Notre-Seigneur avait mérité à sa sainte Mère et à l'Église, outre la grâce sanctifiante, diversité d'états et de grâces particulières, auxquels les chrétiens doivent participer pour être parfaits, et que Dieu répand, quand il lui plaît, dans les âmes épurées, particulièrement à certaines époques de l'année.
Il avait alors avec elle la même union qu'il avait eue avant sa mort; ou plutôt les communications de ses grâces étaient bien plus fécondes et plus abondantes en Marie après l'Ascension, qu'elles ne l'avaient été dans le temps de sa vie commune sur la terre.
Avant sa résurrection, vivant encore dans sa chair mortelle, il était dans un état où il méritait ses grâces pour son Église; au lieu qu'après sa résurrection, tout son état était pour être communiqué et pour être donné en communion aux hommes.
Si bien que Marie, dans les temps anniversaires de l'accomplissement de ces mystères qu'elle avait tant adorés par la foi, et auxquels elle avait ensuite coopéré elle-même, jouissait de tous leurs effets; elle recevait à la fois les fruits de ses travaux et de ceux de Jésus-Christ, son Fils.
Saint Jean voyait et admirait les perfections de Dieu répandues dans l'âme de Marie. La vue de cette magnificence l'obligeait à vénérer son Dieu, vivant en terre, dans cette sainte âme, qui lui était toutes choses après le très-saint Sacrement; et toujours il se tenait, en esprit, prosterné devant elle, quoiqu'il s'abstînt de le faire paraître à l'extérieur, de peur de blesser la très-profonde humilité de Marie.
Il allait imitant cette divine Mère, mais de loin, et admirant l'éminence de sa grâce au-dessus de lui. L'amour que saint Jean lui portait ne peut être non plus compris.
C'était un amour de pur esprit, sans mélange des sens; un amour qui prenait sa source et son aliment dans la foi, mais un amour vigoureux, fort, puissant, toujours égal à soi.
C'était la pure charité qui remplissait l'âme de ce fortuné disciple. Cette charité le portait si vivement à Marie, elle l'unissait à elle si puissamment et si étroitement en Dieu, qu'il la voyait auprès de soi des yeux de l'esprit plus nettement que s'il eût été près de sa personne.
Enfin, Dieu lui rendait l'âme de Marie si présente qu'il n'avait pas besoin de s'approcher. d'elle, la voyant mille fois mieux dans la lumière de Dieu et de la foi épurée, que s'il l'eût vue des yeux du corps.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Ven 4 Mar - 17:48 | |
| CHAPITRE XVI. MARIE UNIE A SAINT JEAN TRAVAILLE EFFICACEMENT A L'ÉTABLISSEMENT ET A LA SANCTIFICATION DE L'ÉGLISE.
On ne peut concevoir aussi quelle était la lumière et la vue que Marie avait de saint Jean. C'était une lumière extraordinaire en ce que Marie voyait en Dieu tout ce qui était au fond de l'âme de saint Jean, son état, ses dispositions, ses tentations,, ses peines.
Elle voyait tout ce qui était de Dieu en lui, tout ce qu'il avait à faire, comme aussi ce qui manquait à sa perfection; car, par ses spins et sa société, elle devait perfectionner, achever et consommer la grâce de saint Jean. C'était pour ce saint un bonheur non pareil, de l'entendre lui dire les défauts qu'elle voyait en lui, ses tentations, les secrets de son cœur; et cela avec une charité, une humilité et une douceur inexprimables.
C'était une merveille de voir les grands effets de grâces qu'elle produisait en lui. Enfin la confiance de l'un pour l'autre était si grande, leurs âmes étant unies par un lien indissoluble pour l'éternité, leur liaison était si arrêtée, si affermie, qu'il semblait que, dans le ciel, cette confiance et cette liaison ne pouvaient être plus pures ni plus divines.
Mais quelque ineffables que fussent les communications de Jésus envers Marie, cette conduite n'empêchait pas que, quand ces communications intérieures étaient passées, elle ne souffrît, et que saint Jean, de son côté, ne souffrît aussi. Ils souffraient extrêmement pour les pécheurs, pour la conversion des âmes, et toutefois ils étaient alors aussi contents, et même plus, de leur état pénible que de leurs jouissances, estimant comme des trésors les souffrances et les peines qu'il plaisait à Dieu de leur envoyer.
RÉFLEXIONS PRATIQUES
L'une des pratiques les plus chères à M. Olier, pour honorer la très-sainte Vierge, c'était l'offrande qu'il faisait à Dieu du saint sacrifice de l'autel dans les intentions de cette divine Mère : il s'efforçait d'imiter par là la piété de saint Jean envers elle.
Sans parler ici de l'estime de M. Boudon et de quelques autres saints personnages pour la même pratique, nous ferons remarquer qu'elle était en grande recommandation auprès du P. de Bérulle, fondateur de l'Oratoire en France, et du P. Charles de Condren, son successeur.
L'autorité de ces grands hommes, favorisés l'un et l'autre de lumières extraordinaires, suffirait seule pour en montrer la solidité, l'excellence et les avantages : le P. de Bérulle ayant mérité, selon l'expression du pape Urbain VIII, le titre d'Apôtre du Verbe incarné, et ses vues sur la très-sainte Vierge ayant passé pour être plutôt angéliques qu'humaines; et le P. de Condren ayant reçu de Dieu, au témoignage des plus célèbres docteurs, des lumières non moins sublimes.
Mais cette pratique repose sur les fondements les plus solides. Il est assuré, d'une part, que la très-sainte Vierge n'obtient rien dans ses demandes que par le sacrifice du corps et du sang de Jésus-Christ, première source de tous ses mérites; et de l'autre, qu'elle se joint à nous toutes les fois que nous l'offrons sur les autels, ainsi que nous l'apprennent la foi de l'Église et sa liturgie. Nous pouvons donc l'offrir conformément aux demandes qu'elle adresse alors à Dieu.
Il est vrai que l'objet de ses demandes nous est inconnu; mais la connaissance explicite n'en est pas nécessaire, puisqu'il suffit au ministre du sacrifice de s'unir en général aux intentions de la personne pour qui il a dessein d'offrir.
Ce que nous disons ici du fruit du saint sacrifice de la messe, s'applique également au fruit de la sainte ,communion, que les simples fidèles peuvent lui abandonner, pour qu'elle en dispose selon son bon plaisir.
Aussi voyons-nous que le P. de Bérulle engageait tous ceux des membres de l'Oratoire qui n'étaient point prêtres, à appliquer aux intentions de la très-sainte Vierge, au moins une de leurs communions tous les mois.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Dim 6 Mar - 2:53 | |
| CHAPITRE XVI. MARIE UNIE A SAINT JEAN TRAVAILLE EFFICACEMENT A L'ÉTABLISSEMENT ET A LA SANCTIFICATION DE L'ÉGLISE.
RÉFLEXIONS PRATIQUES
On ne peut pas douter que cette pratique ne soit très-agréable à Marie. Pendant les dernières années de sa vie elle disposait du fruit de ses communions et de celui du saint sacrifice, offert dans ses intentions par saint Jean.
Mais depuis son entrée dans l'Église triomphante, ayant cessé de recevoir la sainte Eucharistie sous les espèces sacramentelles, elle ne peut plus disposer par elle-même, ni du fruit de ce sacrement, puisqu'il est propre à la personne qui le reçoit, ni du fruit spécial du saint sacrifice, qui est toujours déterminé à une fin particulière par le prêtre qui l'offre.
Par conséquent nous répondons à ses désirs lorsque nous lui cédons le fruit de la communion que nous recevons, ou celui du saint sacrifice que nous offrons ou que nous faisons offrir pour qu'elle en dispose à sa volonté.
M. Olier adopta cette pratique, parce qu'il crut que la sainte Vierge lui demandait d'offrir chaque semaine une messe dont il lui abandonnerait ainsi le fruit.
Il fut si touché de cette demande, qu'il s'obligea par voeu à l'accomplir jusqu'à la fin de ses jours.
« Lorsque je parlais au P. de Condren, dit-il, de l'obligation où j'étais de célébrer, par voeu, une messe à l'intention de la sainte Vierge, le samedi ou le jour le plus libre, quand le samedi est empêché, il me dit que défunt M. le cardinal de Bérulle s'était pareillement obligé par voeu à la même chose.
Il ajouta que l'intention du Memento des défunts devait être pour les âmes du purgatoire qu'elle avait eues en sa sainte conduite. C'était précisément la mienne, sans la lui avoir spécifiée. »
M. Olier était même si jaloux de seconder ainsi les désirs de Marie, qu'outre la messe dont nous venons de parler, il faisait célébrer tous les jours trois autres messes, dont le fruit était mis dans les mains de cette divine Mère, considérée, dans la première, comme Reine de l'Église triomphante; dans la deuxième, comme Reine et Avocate de l'Église militante; et dans la troisième, comme Reine et Consolatrice de l'Église souffrante.
Il désirait sans doute que tous les prêtres se rendissent familière cette pratique de dévotion, puisque dans sa Journée chrétienne, marquant les diverses intentions qu'on peut se proposer en offrant le saint sacrifice, il assigne celle-ci pour le samedi.
Estimez-vous heureux d'avoir entre les mains un moyen assuré d'être agréable à cette auguste Reine du ciel. Il n'en est pas du fruit du saint sacrifice comme du fruit des autres bonnes oeuvres que nous pourrions lui abandonner.
Dans celles-ci, le mérite, ne dépend que de nos dispositions, qui souvent sont très-imparfaites; mais dans le saint sacrifice, il y a un mérite, un fruit spécial, qui vient; de Jésus-Christ seul, sans dépendre de nous.
Attachez-vous donc à cette sainte pratique, comme à un moyen infaillible, pour témoigner dignement votre reconnaissance à Marie de tous les bienfaits que vous avez reçus de son inépuisable bonté.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Dim 6 Mar - 17:26 | |
| CHAPITRE XVI. MARIE UNIE A SAINT JEAN TRAVAILLE EFFICACEMENT A L'ÉTABLISSEMENT ET A LA SANCTIFICATION DE L'ÉGLISE.
RÉFLEXIONS PRATIQUES
En mettant à sa disposition le fruit de vos communions ou celui du saint sacrifice que vous offrirez ou ferez offrir dans ses intentions, vous lui rendrez, dans un sens, autant que vous avez reçu d'elle, puisque vous lui donnerez les mérites et la personne adorable de son divin Fils.
Ces dons magnifiques, c'est de ses mains que nous les avons reçus; c'est à son consentement que nous en sommes redevables; enfin, toutes les fois que nous avons le bonheur de recevoir Jésus-Christ dans la sainte communion, si nous avons la confiance de nous approcher dignement de lui, n'est-ce pas encore à Marie, qui a préparé nos coeurs à cet ineffable bienfait, par sa sollicitude prévenante et délicate, par sa vigilance constante et maternelle que nous en sommes redevables?
Nous lui devons donc et tout que nous avons et tout ce que nous sommes : tant il est vrai que toujours nous serons incapables de nous acquitter à son égard!
Quand vous donnerez à Marie tout ce dont vous pourrez disposer, ne craignez pas de vous appauvrir. Elle ne se laissera pas vaincre en générosité, et saura bien, par quelque autre manière, vous rendre au centuple ce que vous aurez fait pour lui témoigner ainsi votre reconnaissance et votre amour.
Quel bonheur de devenir le créancier d'une si grande et si libérale princesse! Voyant que vous aurez si fort à coeur ses intérêts , elle fera des vôtres les siens propres, et bénira vos desseins au delà de vos espérances et même de vos souhaits.
Il suffira de vous attacher à cette pratique, pour en recueillir aussitôt les précieux avantages; et vous connaîtrez, par une douce et heureuse expérience, qu'elle sera pour vous la source de tous les biens: Venerunt mihi omnia bona pariter cum illa, et innumerabilis honestas per manus illius.
CHAPITRE XVII. ASSOMPTION DE LA TRÈS-SAINTE VIERGE SAINTS DÉSIRS DE MARIE; SA DOUCE ET SAINTE MORT. ELLE S'ÉLÈVE AU CIEL.
Si l'intérieur de la très-sainte Vierge faisait la richesse de l'Église naissante, son extérieur, comme un parfum céleste, embaumait les âmes et les élevait saintement à Dieu. D'après le prophète, toute la gloire de la fille du Roi était, il est vrai, en son intérieur; ce qui marque que cette auguste princesse, dans l'oubli qu'elle faisait de son extérieur, travaillait pour plaire aux yeux de Dieu, qui ne regarde et n'estime que l'intime de l'âme.
Elle dit d'elle-même, dans la sainte Écriture, qu'elle était belle, mais qu'elle était noire, pour indiquer qu'elle négligeait son corps et n'avait d'application sérieuse ni d'attention que pour rendre son intérieur plein d'attraits et de charmes, afin de gagner tout à Dieu et d'attirer les âmes à son amour.
Toutefois l'extérieur de cette divine Princesse étant orné d'une modestie éclatante, qui rejaillissait de la majesté de Dieu habitant dans son âme, cette beauté ravissait les esprits et embaumait tellement les cœurs, que ceux qui l'approchaient se sentaient portés à Dieu et tout remplis de son saint amour.
Sa bouche parlait, en effet, si prudemment, ses yeux regardaient si chastement, elle détournait si discrètement son oreille, son maintien était si modeste, son marcher si grave, ses entretiens si doux, sa familiarité si agréable qu'elle gagnait les cœurs à Jésus, par la vue seule de son extérieur.
Ainsi fidèle à la sainte mission dont elle était chargée, Marie aidait les apôtres à fonder et à soutenir l'Église, qu'elle ne voulait laisser que lorsqu'elle la verrait affermie dans la foi de Jésus-Christ son Fils.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Lun 7 Mar - 17:17 | |
| CHAPITRE XVII. ASSOMPTION DE LA TRÈS-SAINTE VIERGE SAINTS DÉSIRS DE MARIE; SA DOUCE ET SAINTE MORT. ELLE S'ÉLÈVE AU CIEL.
Mais quelque joie qu'elle pût éprouver à le faire connaître et aimer, elle ne laissait pas dé porter intérieurement beaucoup de peines, tant pour satisfaire pour les péchés du monde que pour procurer l'établissement de l'Église; et tandis qu'elle prolongeait ainsi son séjour parmi les hommes, par charité pour eux, son amour envers la personne de son Fils, qu'elle souhaitait très-ardemment de voir, lui faisait souffrir des excès que nous ne pouvons pas comprendre.
Dès la terre, il avait commencé la sanctification de sa Mère, par où il achève celle des saints dans le ciel, qui est leur transformation en ses perfections divines.
Comme, par l'Incarnation, il s'était formé tout entier dans son sein maternel : ainsi, il s'était donné tout entier à l'âme de Marie et s'y était formé intérieurement dans toute l'étendue de ses perfections; en sorte qu'il n'y avait rien en lui dont elle n'eût quelque part.
Mais comme le corps du Sauveur et tous ses membres avaient pris accroissement dans le sein de Marie, de même aussi l'intérieur du Sauveur se communiquait toujours croissant à l'âme de sa Mère; parce qu'étant infini, il allait répandant toujours de plus en plus en elle la profondeur de son être divin.
Aussi la très-sainte Vierge était-elle dans une soif et une faim insatiables de la justice universelle : elle demandait sans cesse l'accroissement des perfections de son Fils en elle, et ne cessait de soupirer après leur augmentation.
L'Église universelle est dans la soif de la justice, qui est Jésus-Christ, formé en toute l'étendue de ses membres; il ne sera achevé qu'au jour du jugement, où il se verra parvenu, dans tout son corps mystique, à la plénitude de l'âge et à la perfection que son Père avait résolu de lui donner.
Ainsi Jésus-Christ allait s'introduisant, se fortifiant et s'augmentant de plus en plus en Marie, jusqu'à ce qu'il fût parvenu à son état parfait, ce qui devait avoir lieu au moment de sa bienheureuse mort.
Marie, empruntant le langage de l'Épouse des Cantiques, disait à son divin Fils dans l'excès de son amour : « O mon bien-aimé! qui êtes tout à moi, et moi tout à vous; qui avez soin de moi pendant ma peine; vous vous plaisez dans le séjour de votre sainteté, au milieu des lis, et vous me laissez ici dans la langueur, jusqu'à la fin de mes jours et de l'ombre de ma vie.
Je vous cherche toute la nuit; car pendant votre absence, ô mon bien-aimé! tout est pour moi nuit et tristesse. Je vous ai cherché, mon amour! sans pouvoir vous trouver.
Je suis résolue d'aller partout pour vous chercher, ô le bien-aimé de mon âme! Je courrai toute la cité qui est l'Église; apprenez-moi votre demeure; appelez-moi donc au séjour de votre félicité.
Autrement, ô Seigneur! je m'en irai après vos compagnons, qui sont vos apôtres; je m'en irai après les troupeaux dont ils sont les conducteurs; au moins je trouverai en eux de quoi me soulager, de quoi contenter mon amour, puisqu'ils sont remplis de votre Esprit, et qu'ils ont en eux quelque chose de vous-même.
Car mon amour éprouve quelque consolation, en voyant comme une partie de vous dans les personnes qui vous appartiennent. Retournez donc, ô mon bien-aimé! revenez promptement; courez aussi vitement que le fait un cerf, et bondissez de même qu'un chevreau dans les montagnes, pour mettre fin à mes langueurs. »
Source : Livres-mystiques.com
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Mar 8 Mar - 17:28 | |
| CHAPITRE XVII. ASSOMPTION DE LA TRÈS-SAINTE VIERGE SAINTS DÉSIRS DE MARIE; SA DOUCE ET SAINTE MORT. ELLE S'ÉLÈVE AU CIEL.
A ces vives instances, Jésus répond en invitant Marie à monter elle-même vers lui, et lui dit ces amoureuses paroles des Cantiques : « Levez-vous hâtez-vous, ma bien-aimée, ma colombe , ma tourterelle, et venez maintenant.
L'hiver de la croix est passé, les pluies des afflictions et des adversités se sont écoulées; les fleurs de votre sainte vie ont donné leurs parfums; les fruits de vos vertus ont mûri pour le ciel, le temps de les cueillir est venu.
La voix de la tourterelle, cette voix de l'Église, que vous avez aidée par vos soins, ô ma Mère! s'est fait entendre dans notre terre; le chant amoureux de cette sainte colombe a été ouï partout : les cantiques de louange de Dieu résonnent dans tout le monde.
Le figuier a poussé ses premiers fruits, les vignes en Peur ont donné leur parfum : les chrétiens, après avoir répandu les parfums de leurs fleurs, ont donné leurs premiers fruits; ils ont édifié tout le « monde par leur zèle, par les sentiments ardents de la divine charité, qui sont les premiers effets de la grâce et du Saint-Esprit dans l'Église naissante.
« Après tous ces effets, que vous avez procurés par vos soins, il est temps que vous jouissiez de la récompense de vos travaux; levez-vous donc, ma bien-aimée, ma toute belle, et venez-vous-en.
Venez, venez, ma chaste colombe, qui habitez dans les trous des rochers et dans les fentes des masures ; sortez de ces déserts affreux. Venez à moi, colombe désolée; montrez-moi votre visage, faites-moi entendre votre voix; car votre voix est douce, et votre visage me charme par sa beauté.
Venez avec moi, vous m'aiderez à prendre ces renardeaux qui s'introduisent dans mes vignes, à détruire les désordres naissants de mon Église qui fleurit et qu'il faut défendre de leurs ravages.
J'ai voulu vous laisser au monde, jusqu'au moment Où vous auriez la consolation de voir l'Église dans sa fleur; et maintenant qu'il va s'élever contre elle des agresseurs, qui sont les hérétiques, les schismatiques, les libertins, les sensuels, je veux vous appeler à moi. Pour vous, c'est avoir assez travaillé; il faut jouir maintenant du saint repos de Dieu.
Enfin Marie, parvenue à ce degré de perfection et d'éminence, où sa dignité l'appelait, devait sortir du monde et quitter les apôtres pour aller au ciel jouir de la gloire magnifique qui lui était destinée.
Sa vie avait été comme un encens, qui se consumait en parfums à la louange de son Dieu; et pour cela, dans son Assomption au ciel, elle est comparée par l'Écriture, selon l'interprétation de l'Église, à une baguette de fumée : c'est-à-dire à une petite fumée fort droite et légère, ce qui marque l'incomparable pureté de sa vie.
Jamais il n'y a rien eu de grossier en elle, rien qui gauchît : sa conduite et sa voie ont été toutes droites et uniformes. Il n'y a point eu de relâche en son amour jamais elle n'a su ce que c'est que d'obéir au vent des tentations.
Au milieu des tempêtes et des orages du monde, elle est toujours restée la même; toujours élevée vers Dieu, toujours aspirante vers le ciel, jamais traînante sur la terre; et son élévation pure, après sa mort, est la marque et l'indice de sa vie.
C'est donc elle qui s'élève du désert comme une petite baguette de fumée, mais toutefois composée de deux éléments différents, savoir : la myrrhe et l'encens. Sa vie a été composée de souffrances et de consolations, de la vie souffrante de Jésus-Christ représentée par la myrrhe, et de sa vie ressuscitée et bienheureuse qui est une vie d'oraison, de louanges et de contemplation, figurée par l'encens.
Cette baguette de fumée est composée aussi de toutes sorte de parfums; c'est pour dire que la vie de cette divine Vierge avait été composée de toutes sortes de vertus, et que, lorsqu'elle alla jouir dans le ciel du repos qu'elle avait mérité, elle laissa dans l'Église une odeur composée de tous ces parfums célestes.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Mar 15 Mar - 16:32 | |
| CHAPITRE XVII. ASSOMPTION DE LA TRÈS-SAINTE VIERGE SAINTS DÉSIRS DE MARIE; SA DOUCE ET SAINTE MORT. ELLE S'ÉLÈVE AU CIEL. Ce furent alors des afflictions non pareilles, l'Église se voyant privée de son appui sensible et de sa consolation. Depuis l'Ascension, Marie avait conduit toute l'Église. Pendant qu'il vivait sur la terre, il lui avait appris de sa bouche, et il lui apprenait encore par communication, après sa mort, quels étaient les endroits où il fallait faire prêcher la parole de Dieu, et les divers cantons où les apôtres devaient travailler. Elle n'ignorait rien de ce qui était utile à l'établissement de l'Église et à la gloire de son Fils; elle disait à chacun ce qu'il avait à faire, et en elle tous les apôtres et l'Église naissante trouvaient un merveilleux soulagement.
Enfin, elle était consultée comme la bouche de son Fils; tous les apôtres se réglaient sur ses paroles; elle leur était un sujet admirable de consolation; et son intérieur faisait la richesse de l'Église: A la mort de Marie, ce furent donc des. désolations et des plaintes très-vives. Jésus-Christ les avait prévues; et pour notre instruction et notre consolation tout ensemble, il s'était plu à les figurer et à les corriger d'avance, dans une circonstance mystérieuse de sa vie publique, qui fut l'image de celle dont nous parlons.
Devant laisser sur la terre deux objets qu'il aimait singulièrement, la très-sainte Vierge, qui lui était plus chère que tout le reste, et la sainte Église, il avait figuré l'une et l'autre par les deux soeurs Marie et Marthe, qu'il aimait particulièrement.
La très-sainte Vierge et l'Église, en tant qu'issues l'une et l'autre d'Adam, étaient comme deux sueurs : car, si Marie est notre Mère quant à la vie divine, elle est notre sueur quant à la vie de la chair : puisque, comme nous, elle a été tirée d'Adam, notre source commune. Dans le repas de Jésus-Christ à Béthanie, Marthe, tout occupée à préparer ce qui était nécessaire, Marthe, qui s'inquiétait et s'embarrassait dans le soin de beaucoup de choses, représentait l'Église comme assemblée des fidèles, qui sont encore dans l'action et dans la vie voyagère, qui agit et travaille beaucoup; et sainte Marie Madeleine, qui était présente à Jésus et jouissait de ses divins entretiens, figurait la très-sainte Vierge montée aux cieux.
Car Jésus-Christ avait choisi Madeleine pour faire voir en elle une partie de l'amour qu'il portait à la très-sainte Vierge sa Mère; et pour cela, à la considération de Madeleine, il fit le grand miracle de la résurrection de Lazare. Pendant que Marthe, dit l'Évangile, était tout occupée à préparer ce qui était nécessaire pour recevoir dignement Jésus-Christ, Marie, se tenant assise aux pieds du Sauveur, écoutait sa parole. Elle reçoit cette parole céleste sans rien dire elle-même; elle est occupée sans parler; elle regarde Jésus; elle l'entend, elle ne veut que lui seul, rien ne peut avoir entrée en elle, que son tout aimé : elle est contente.
La soeur de Marthe s'appelait Marie; heureux nom ! qui sans doute a beaucoup valu à Madeleine, car je la crois redevable à son nom d'avoir mérité d'obtenir tant de grâces. Si l'amante blesse le coeur de l'amant par un seul de ses cheveux et par le moindre de ses regards, que ne fera pas son nom ? Votre nom est comme un parfum répandu, qui exhale aussitôt sa suave odeur ; il suffit de faire entendre à Jésus ce beau nom de Marie, pour obtenir de lui toute chose, ce seul nom pouvant tout sur son esprit et sur son coeur.
Mais Marthe, affligée de porter seule tout le poids du travail, se présente devant Jésus et lui dit: Seigneur, ne considérez-vous pas que ma saur me laisse toute seule pour vous servir? Dites-lui donc qu'elle m'aide. A ne considérer que ce qui se passait alors à Béthanie, ces plaintes de Marthe au raient pu paraître justes et raisonnables: mais Jésus, qui a devant les yeux le grand événement représenté par cette scène mystérieuse, ne commande point à Madeleine d'aller aider sa soeur.
Il ne l'accuse point d'oisiveté; il ne la blâme pas de ne dire mot en sa présence. Dans les plaintes et les larmes de Marthe, voyant les désolations et les afflictions de l'Église à la mort de la très-sainte Vierge, Jésus-Christ corrige Marthe, et lui répond : Marthe, Marthe, vous vous inquiétez et vous vous embarrassez dans le soin de beaucoup de choses : cependant une seule est nécessaire; Marie a choisi la meilleure part, qui ne lui sera point ôtée.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Mar 15 Mar - 17:39 | |
| CHAPITRE XVII. ASSOMPTION DE LA TRÈS-SAINTE VIERGE SAINTS DÉSIRS DE MARIE; SA DOUCE ET SAINTE MORT. ELLE S'ÉLÈVE AU CIEL.
S'il reprend ainsi Marthe, comme il reprit ses apôtres affligés à la nouvelle de sa prochaine Ascension, c'est qu'il veut qu'on aime plus purement sa divine Mère, et non pas qu'on s'afflige de son absence. « Si vous m'aimiez vraiment, avait-il dit à ses apôtres, vous vous réjouiriez de ce que je m'en vais à mon Père; vous oublieriez vos intérêts et vous entreriez dans les miens.
Vous songeriez non à votre perte, mais à ma propre félicité : car mon Père est plus grand que moi , c'est-à-dire il est l'objet de ma béatitude.
D'ailleurs, il peut plus pour vous que je ne puis moi-même comme homme : de retour auprès de lui et en possession de son trésor, je vous départirai plus libéralement ses biens. » Notre-Seigneur ne pouvait pas approuver non plus ces afflictions trop intéressées des premiers fidèles, au sujet du départ de la très-sainte Vierge pour le ciel. Il veut qu'on l'aime plus purement, et qu'on ne s'afflige pas à l'occasion de la gloire qu'elle va posséder auprès de lui.
Voilà pourquoi l'Église, conduite et éclairée par l'Esprit de Dieu, fait lire, le, jour de l'Assomption, l'évangile qui contient le récit de la descente du Fils de Dieu chez Marthe et Marie, où l'on voit Marthe, dans son travail, se plaindre de ce que sa soeur est toujours appliquée à lui.
Docile à l'avertissement du Sauveur à ce sujet, lÉglise invite tous ses enfants, dans l'Introït de la messe de cette solennité, à se laisser aller aux sentiments et aux transports de la joie : « Réjouissons-nous dans le Seigneur, dit-elle, célébrant ce jour de fête, en l'honneur de la bienheureuse Vierge-Marie, de l'Assomption de laquelle les anges se réjouissent et comblent de louanges le Fils de Dieu. »
Enfin, après s'être unie de nouveau aux sentiments de joie des anges dans le Graduel et dans l'Offertoire, elle se joint encore à Jésus-Christ dans la Communion, pour louer Marie d'avoir choisi cette meilleure part, qui ne lui sera jamais ôtée pendant toute l'éternité.
Il faut donc, pour entrer dans les sentiments de Notre-Seigneur en ce grand jour, nous réjouir parfaitement du bonheur de la très-sainte Vierge, et avec d'autant plus de raison que son triomphe nous offre un motif particulier d'espérer le même avantage si nous demeurons fidèles, et si,. comme elle, nous sommes revêtus ici-bas de l'Esprit de Jésus-Christ crucifié.
Au jour de l'Assomption, Notre-Seigneur épousait toute l'Église en la personne de la très-sainte Vierge, et il lui témoignait tout l'amour et toute la tendresse qu'il doit exprimer un jour à l'Église entière.
Si bien que cette fête, qui est un jour de merveilleuse joie pour Jésus et Marie, est aussi un jour de merveilleuse espérance pour tous, les chrétiens.
O heureuse Mère de Jésus! maîtresse de l'Église, jouissez paisiblement de vos amours innocents, purs et divins; nous ne prétendons pas les interrompre.
Nous savons bien qu'il est défendu par les lois de Jésus, votre amour, de réveiller l'Épouse dans son sommeil: à combien plus forte raison sommes-nous obligés de ne la point interrompre dans sa. gloire! Jouissez donc paisiblement de l'amour et des faveurs de votre bien-aimé.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Mer 16 Mar - 18:22 | |
| CHAPITRE XVIII. GLOIRE DE MARIE DANS LE CIEL.
Il vaudrait mieux honorer par notre silence la gloire de Marie au ciel, que de vouloir l'exprimer par nos faibles discours. Quel est le fleuve qui puisse recevoir dans son sein l'étendue des mers?
Quel esprit assez vaste pour embrasser ce grand océan, cette mer qui renferme la plénitude de la grâce et de la gloire, communiquée hors de Jésus-Christ?
De même que, dans le ciel, les anges plus élevés donnent aux anges inférieurs leur lumière et leur vie et se réservent toujours, chacun en leur particulier, quelque appropriation de grâce, qu'ils ne répandent pas sur les autres : ainsi Jésus-Christ a mis dans le coeur de la très-sainte Vierge des grâces et des dons singuliers qu'elle seule possède, et qui ne seront jamais donnés à aucune autre créature.
Je ne sais même si les anges les comprennent et si jamais ils seront découverts aux bienheureux; du moins est-il vrai que des dons si particuliers ne seront jamais communiqués à personne.
C'est le cachet que Jésus-Christ a posé sur son coeur, et que je crois que personne ne lèvera jamais; ce feu divin, dont il brûle pour la très-sainte Vierge, n'ayant jamais été entièrement découvert, et n'étant manifesté qu'à elle seule.
Les dons qu'elle reçoit dans la gloire, sont la récompense de la part qu'elle a voulu prendre aux humiliations de son Fils. Ayant servi en tout à l'accomplissement des mystères de Jésus-Christ, elle a partagé ses mépris et ses ignominies; elle a voulu être la plus basse, la plus petite, la plus abjecte de toutes les créatures.
Non-seulement elle a passé pour la Mère d'un pécheur à la Circoncision, à la Purification; mais au jour de la mort de Jésus, tandis qu'il était tenu pour un scélérat, pour le plus insigne dé tous les fourbes, pour le plus grand séducteur du monde, elle a voulu porter aussi elle-même une grande part de ces ignominies et de ces mépris, et passer à son tour pour une fourbe et une séductrice insigne, qui eût travaillé si longtemps à surprendre et à tromper les hommes.
De même donc que Notre-Seigneur, pour s'être humilié, a été établi, par son Père, roi, pontife, juge, médiateur de toute créature : ainsi le Fils de Dieu, en récompense des humiliations que sa Mère a partagées avec lui, l'a fait entrer en participation de sa gloire et de sa grandeur.
Il me semble voir Jésus et Marie dans les cieux, tout consommés en un et n'être qu'une chose. Je ne puis exprimer ce mélange des deux, ce mutuel amour qui les transmet et les transporte l'un en l'autre; c'est un amour qui seul serait capable de faire un paradis.
Elle n'est plus en peine de demander où il repose en son midi; c'est là qu'elle est couverte parfaitement et revêtue du soleil ; elle ne paraît plus elle-même, mais semble être le soleil même de justice, étant transformée en lui, dans le séjour heureux de sa gloire.
O admirable et incompréhensible communion de Jésus en Marie ! C'est bien d'elle surtout qu'il faut dire ces paroles du Sauveur, adressées au commun de l'Église:
En ce jour-là, c'est-à-dire au jour de l'éternité et non en celui de la terre, vous comprendrez que je suis en mon Père, et que vous êtes en moi, et que je suis en vous, par l'unité de l'Esprit.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Jeu 17 Mar - 18:34 | |
| CHAPITRE XVIII. GLOIRE DE MARIE DANS LE CIEL.
Bien plus, Marie ayant été cause du salut de tous, dans un sens très-véritable, en donnant son Fils pour eux, en le livrant à la mort et en intercédant continuellement pour eux auprès de lui, il veut que dans le ciel elle reçoive une gloire universelle de la part de toute créature.
Cette divine Vierge est la Reine des anges. Ils ne sont à son égard que de simples serviteurs; ils semblent être son manteau royal, n'étant que l'étendue et la dilatation de sa gloire.
Les saints Pères l'appellent le Cantique des chérubins et des séraphins et la psalmodie des anges; et s'ils font ainsi mention des deux premiers ordres et du dernier, c'est qu'en ces trois les six autres sont renfermés.
Par la mention des chérubins et des séraphins, ils donnent à connaître qu'elle est la lumière et l'amour des neuf churs célestes . Les Pères expriment même par là que les anges se reconnaissent incapables d'honorer et de louer dignement Jésus-Christ, et lui offrent cette divine Vierge, comme le supplément- de leurs cantiques et de leur reconnaissance.
Car voyant que Dieu prend sa complaisance en tout ce qu'elle fait et ce qu'elle dit, et qu'il l'a choisie par le pur principe de son amour, comme le moyen et le canal de tous les biens qu'il veut leur faire, ils se servent, pour exprimer à Dieu leur amour et lui rendre leurs autres devoirs, du moyen dont lui-même se sert pour les inonder des richesses de sa grâce et de sa gloire; de sorte que Marie est comme la bouche de l'Église du ciel, aussi bien que de l'Église de la terre, titre que les Pères lui donnent également.
Ce que nous disons des anges, il faut le dire aussi des bienheureux qui règnent au ciel. Comme Mère et comme Reine, elle exige d'eux tels vouloirs qu'il lui plaît.
Elle les applique avec une puissance souveraine à tels exercices qu'elle veut, soit de charité pour les hommes, soit de religion envers Dieu.
Elle est maîtresse de tous leurs sentiments, non-seulement par le respect que les saints lui rendent comme à la Reine du ciel, que Jésus-Christ honore lui-même, mais aussi par l'inclination pleine de tendresse qu'ils ont à lui plaire et à la servir en tout ce qu'elle veut, se rappelant tant de témoignages de bonté, tant de grâces, tant de charités et de protections qu'ils ont reçus d'elle, dans le temps périlleux et misérable de leur vie sur la terre.
Elle est appelée par les Pères la Couronne de tous les saints, parce qu'elle est non-seulement leur lumière et leur grâce, mais aussi leur gloire et leur béatitude.
Jésus-Christ, pour rendre heureuse, par Marie, toute l'Église triomphante, se donnant aux saints par elle, et la mettant en participation de tout ce qu'il est et de tous les titres d'honneur dont son Père l'a revêtu. « Dans le ciel, dit le Père à Marie, vous remplirez vos enfants de votre gloire; car une Mère vénérable glorifie sa famille : sicut mater honorificata.
Jésus-Christ en vous et vous en lui, avez été remplis d'une ardeur, d'un amour et d'un zèle cachés, pour procurer ma gloire : dans l'éternité le feu de votre ardeur, de votre amour, de votre zèle, sera manifesté et révélé à tous les saints.
De même que mon Fils tiendra au ciel la place du soleil et sera toute la lumière, la gloire et la splendeur des saints, ainsi étant toute remplie et revêtue de lui, vous serez, en lui et par lui, leur splendeur, leur lumière et leur gloire. »
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Ven 18 Mar - 19:32 | |
| CHAPITRE XVIII. GLOIRE DE MARIE DANS LE CIEL.
Enfin le pouvoir de la très-sainte Vierge à l'égard de l'Église de la terre est aussi merveilleux. L'amour de Jésus-Christ pour Marie étant le vrai principe du pouvoir qu'elle exerce, Jésus met tout son plaisir à lui procurer du bien et de l'honneur, et à la voir jouir de tout ce qu'il peut lui communiquer. Étant Seigneur du monde entier, il la met en possession pleine de tout ce qu'il a et de tout ce qu'il est; et, en elle, il possède toutes choses avec plus de plaisir que s'il ne les possédait qu'en soi-même personnellement.
Aussi en lui la puissance de Marie s'étend sur toutes les créatures et sur tous les mérites de son Fils. Pareillement, en qualité d'Épouse du Père éternel, elle a également auprès de lui par ses prières tout pouvoir; il veut ce qu'elle veut; il fait du bien à qui elle désire qu'il en fasse; elle n'a qu'à vouloir, et toutes choses sont faites.
Celui-là est heureux qui est aimé de cette sainte Épouse, qui peut tout sur Celui et en Celui qui a fait et qui opère toutes choses sur la terre et dans le ciel. Le pouvoir de la très-sainte Vierge, comme Épouse, se mesure sur la toute-puissance de Dieu, qui lui laisse l'usage de tous ses biens; ainsi elle est toute-puissante pour tout accorder; et ce qui est le sujet de ma confiance, ce n'est pas seulement son grand pouvoir, mais encore sa bonté, sa douceur, sa piété, qui ne savent ce que c'est que de rien refuser à personne.
Toutefois, ce n'est pas à titre de justice qu'elle a cette puissance, comme Jésus-Christ en vertu de ses plaies; c'est seulement par le titre de la charité que lui portent le Père et le Fils, qui ne peuvent rien refuser à celle qu'ils aiment si parfaitement; mais par ce titre de charité, Dieu la fait maîtresse de toutes choses; il la fait, régner sur tout, et départir aux âmes les dons du Saint-Esprit.
Elle est a dispensatrice universelle, des mains de laquelle toutes choses partent, et qui donne et distribue tout à chacun selon ses besoins. Elle a les bras ouverts à tout le monde; elle est comme une reine régente dans le trône de Dieu, comme une nourrice pour toutes les âmes; comme un océan fécond en libéralité, comme une source immense de grâces et de bénédictions.
Elle est le paradis, d'où sortent les quatre fleuves qui vont arroser toute la terre; c'est un réservoir où se rassemblent les eaux qui se répandent ensuite en ruisseaux sans nombre; c'est enfin un trésor qui contient toutes les richesses de Jésus-Christ, c'est-à-dire tous les trésors de Dieu le Père.
Approchons donc avec confiance, approchons de ce trône de grâce, avec une foi parfaite aux bontés adorables et aux charités de Dieu pour la très-sainte Vierge, en faveur des pécheurs; car pour nous obliger à aller à lui, par son Fils, en Marie et avec Marie, Dieu le Père ferme les yeux sur nos péchés, et n'a rien de plus à coeur que de nous aimer et de nous réconcilier avec lui, comme nous allons le, voir bientôt.
RÉFLEXIONS PRATIQUES SUR LE PETIT OFFICE DE LA TRÉS-SAINTE VIERGE
Pour nous mettre devant les yeux la puissance de Marie régnant dans le ciel, l'Eglise a composé le petit Office, qui comprend les grandeurs de la vie, de la mort et de la gloire de cette auguste Vierge, et est tout en mémoire de son triomphe et de sa glorieuse Assomption.
Elle y donne à lire à ses enfants pour leçons communes une partie du vingt-quatrième chapitre de l'Ecclésiastique, qui convient premièrement à la Sagesse éternelle, mais qu'elle applique à la très-sainte Vierge exaltée par sa mort et élevée dans la gloire, et aussi à tous les chrétiens qui participent aux mystères de mort et de vie de Notre-Seigneur.
En voici un petit commentaire qui pourra vous aider à le méditer, et ensuite à réciter cet office avec plus d'intelligence et de fruit.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Dim 20 Mar - 3:00 | |
| CHAPITRE XVIII. GLOIRE DE MARIE DANS LE CIEL.
RÉFLEXIONS PRATIQUES SUR LE PETIT OFFICE DE LA TRÉS-SAINTE VIERGE
La première leçon., déjà rapportée dans cet ouvrage, exprime les sentiments d'amour de la très-sainte Vierge pour Dieu pendant sa vie, et aussi la puissance éminente qu'elle a sur l'Église, tant de la terre que du ciel, depuis sa mort. « J'ai cherché le repos en toutes choses et j'ai demeuré dans l'héritage du Seigneur. Alors le Créateur de tout, celui qui m'a créée, qui a reposé lui-même dans mon tabernacle, m'a dit et m'a donné cet ordre : Habitez en Jacob, que votre héritage soit dans Israël, et jetez des racines dans mes élus. »
N'ayant pu trouver sur la terre le repos et la joie que dans la société des justes et dans le peuple de Dieu, Marie s'est retirée dès l'âge de trois ans dans le temple, le lieu le plus saint qui fût au monde ; et parmi les lévites et les prêtres, qui étaient la portion la plus sainte du peuple et l'héritage du Seigneur.
Alors le Fils, par qui Dieu a créé toutes choses, le Verbe de Dieu qui devait s'incarner, charmé de la fidélité de Marie dans son ministère au service du temple, où elle s'offrait à lui mille fois comme hostie, à la place des animaux qui étaient immolés, lui dit:
Je veux reposer et habiter en vous, comme dans mon temple et mon tabernacle, pour y être hostie de Dieu mon Père; et vous établir, dans Jacob et dans Israël, la mère de mes élus. Jacob signifie l'Église de la terre, qui est en combat, de laquelle la très-sainte Vierge est la force et le secours; et Israël, qui vit Dieu face à face , signifie l'Église bienheureuse, qui voit Dieu dans sa beauté, l'Église du ciel, dont la très-sainte Vierge est la reine et la mère: la reine, parce qu'en Jésus-Christ elle règne sur tout le corps des élus; la mère, parce qu'elle lui donne la vie.
C'est ce qu'elle commence à faire dès la terre, Dieu le Père se servant d'elle pour jeter des racines dans les âmes prédestinées, c'est-à-dire pour produire en elle les premiers effets de sa fécondité et de la vie divine qu'il leur donne.
Dans la seconde leçon, on voit la continuation et la confirmation de ces promesses de Dieu à la très-sainte Vierge, établie Reine de, l'Église de la terre et de celle du ciel. « J'ai été ainsi affermie sur Sion, dit-elle; et pareillement sur la cité sainte, où j'ai pris mon repos, exerçant ma puissance sur Jérusalem ; j'ai jeté des racines dans le peuple comblé d'honneurs, dans le partage de mon Dieu, qui est son héritage; et j'habite et je règne dans la plénitude des saints. »
En disant qu'elle est affermie sur Sion et sur Jérusalem, elle exprime là même chose que par Jacob et Israël, c'est-à-dire l'Église de la terre et celle du ciel : car Sion signifie trouble ou guerre, ce qui est le partage de l'Église militante; et Jérusalem signifie la paix, qui est le propre de l'Église du ciel.
Elle nous apprend donc par là qu'après sa mort, elle a été établie la Reine de l'Église militante, aussi bien que de l'Église triomphante.
Assise dans le trône de son Fils, elle est affermie dans sa force, elle y est une avec lui dans sa puissance, elle communie à toute sa vie de gloire : son Fils lui donnant tout ce qu'il peut, de même qu'autrefois sur la terre Marie l'avait communié à toute sa vie humaine.
Étant donc entrée dans sa puissance de sainteté, aussi bien que dans sa joie divine, elle agit avec force et efficace sur l'Église militante et l'attire à une parfaite sainteté.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Dim 20 Mar - 18:26 | |
| CHAPITRE XVIII. GLOIRE DE MARIE DANS LE CIEL.
RÉFLEXIONS PRATIQUES SUR LE PETIT OFFICE DE LA TRÉS-SAINTE VIERGE
C'est pourquoi elle ajoute : J'ai jeté des racines dans le peuple comblé d'honneurs, dans le partage de mort Dieu qui est son saint héritage.
Elle ne dit plus ici, comme dans la leçon précédente, qu'elle a jeté des racines dans les âmes encore exilées sur la terre, qui n'ont rien de certain, de ferme ni de constant, et qui peuvent être abattues par les tentations, comme les arbres les plus forts, plantés dans un sable mobile, sont quelquefois déracinés par les vents.
Mais elle dit qu'après sa mort et son élévation dans la gloire, elle est affermie puissamment dans les coeurs des habitants de Jérusalem et de la Cité sainte, c'est-à-dire de ceux qui sont en possession de la parfaite sainteté et jouissent en paix de la vue de Dieu; car ce mot Jérusalem signifie vision de paix, vision parfaite; qu'enfin elle prend son repos dans eux, c'est-à-dire, qu'après son bonheur éternel, elle trouve parmi les saints du ciel le repos qu'elle cherchait auparavant sur la terre et qu'elle n'avait pu trouver.
Dans la troisième leçon elle parle de la sorte : « Je suis élevée comme le cèdre sur le Liban, et comme le cyprès sur la montagne de Sion; comme le palmier de Cadès, et comme les plants de rosiers de Jéricho; comme un bel olivier dans la campagne, et comme un platane sur le bord des eaux dans un grand chemin.
J'ai répandu une senteur de parfum comme le cinnamone et comme le baume le plus précieux, et une odeur agréable comme celle de la myrrhe de choix. »
Ce sont autant de comparaisons tirées des propriétés de divers arbres. L'Église commence par le plus beau des arbres et compare la très-sainte Vierge au cèdre du Liban.
1° Par là elle exprime son élévation au-dessus de toutes les Vierges; car le cèdre signifie l'incorruptibilité, et le mot Liban veut dire blancheur. Par son titre de Mère Vierge et de Mère de Dieu dans sa virginité, elle est élevée au-dessus de toutes les vierges qui ont été et qui seront jamais : sa sainteté parfaite la rendant chaste de corps et d'esprit par-dessus toute autre créature.
2° Ces paroles: Je suis exaltée comme le cèdre sur le Liban, signifient la vie divine en terre, exprimée par la blancheur qui parut dans les vêtements de Jésus-Christ, transfiguré sur le Thabor, et dans ceux des anges au tombeau; et ce mot: Je suis exaltée, montre que la très-sainte Vierge est éminente dans sa participation à la vie de Jésus-Christ ressuscité, plus abondante en elle que dans toutes les autres créatures.
3° Enfin ces mots : Je suis exaltée comme le cèdre sur le Liban, expriment l'Assomption de la très-sainte Vierge dans la splendeur de la sainteté de Dieu, étant entrée en son Fils, qui est la candeur de la lumière éternelle. Il est dit ensuite qu'elle a été élevée comme le cyprès sur la montagne de Sion.
Le cyprès, image de la mort, signifie que la très-sainte Vierge a toujours vécu dans un esprit de mort, comme étant l'âme la plus parfaite dans la vie chrétienne et la plus éminente de l'Église. Si le cèdre sur le Liban exprime sa vie ressuscitée, le cyprès sur la montagne de Sion marque quel a été son état de mort dans la vie présente : Sion signifiant, comme nous l'avons dit, trouble ou guerre, c'est-à-dire le tumulte et l'agitation de cette vie mortelle.
Au milieu du siècle elle a vécu comme morte sans se mouvoir, sans s'agiter, sans se ressentir de rien, de même que si rien n'eût été vivant dans sa nature et que le seul esprit intérieur ... de leur grâce, mais encore conforme aux états de Jésus-Christ, surtout à ses états douloureux, ayant partagé ses confusions et ses souffrances dans sa passion et dans sa mort.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Lun 21 Mar - 17:23 | |
| CHAPITRE XVIII. GLOIRE DE MARIE DANS LE CIEL.
RÉFLEXIONS PRATIQUES SUR LE PETIT OFFICE DE LA TRÉS-SAINTE VIERGE
Si elle est ensuite comparée au palmier, symbole de la victoire, c'est pour signifier qu'ayant triomphé du monde, de la chair et du démon, elle nous en fait triompher à notre tour.
Elle est comme les plants de rosiers de Jéricho : la rose, regardée comme la plus belle des fleurs, exprime la beauté incomparable de l'intérieur de Marie, qui la fait qualifier dans le Cantique la plus belle d'entre les créatures; et pour cela il est fait ici mention de Jéricho, les roses de ce pays surpassant toutes les autres par la suavité de leurs parfums, par la vivacité de leurs couleurs et par la durée de leur éclat.
Elle est encore assimilée à un bel olivier dans la campagne et à un platane sur le bord des eaux. L'olivier, toujours vert, est le symbole de la paix; son fruit plein de douceur sert à calmer les douleurs, à guérir les blessures, à dissiper les ténèbres de la nuit, à sacrer les rois : ce sont autant de figures des effets spirituels, bien plus excellents, que Marie produit dans les âmes; et si on dit de cet olivier mystique qu'il est dans la campagne, c'est pour signifier que les justes et les pécheurs peuvent librement s'approcher de Marie, qu'elle est accessible à tous sans acception de personnes.
Ce platane qui, par son large feuillage et par l'étendue de ses branches, offre un ombrage très-épais contre les ardeurs du soleil, exprime le refuge assuré que les pécheurs et les criminels trouvent en Marie contre la rigueur de la colère et de la vengeance de Jésus-Christ, le soleil de justice qu'elle modère, qu'elle apaise et qu'elle adoucit par ses prières en leur faveur.
Le parfum appelé cinnamome, auquel Marie est aussi comparée, pénètre si vivement et si agréablement l'odorat, il conforte si suavement les sens, qu'au milieu de divers autres parfums, il se fait sentir seul et les domine tous.
C'est une image dés charmes pénétrants de Marie, dont le nom seul, mêlé dans nos études, dans nos lectures, dans nos conversations, répand un parfum qui donne de l'agrément à tout le reste; et par l'odeur de sainteté dont il nous pénètre, conforte nos sens en les disposant à agir purement pour Dieu; notre volonté, en l'enflammant d'amour pour lui; notre intelligence, en l'éclairant de ses aimables perfections.
Comme le baume auquel elle est encore comparée, Marie répand au loin la bonne odeur de sa charité douce, prévenante et compatissante.
Elle ne souffre pas que ceux qui ont le malheur de perdre la grâce tombent dans la corruption du péché en croupissant dans cet état; elle leur rend promptement l'espérance du pardon en les pénétrant du parfum de sa Miséricorde, de ses vertus et de ses saints exemples; et de plus elle préserve du péché les âmes et les corps des justes.
Enfin comme la myrrhe, qui consume la pourriture des plaies, Marie guérit les âmes des pécheurs qui ont croupi longtemps dans l'habitude funeste du vice. Par sa sollicitude auprès de Dieu, elle les délivre de leur pourriture et de leur infection, et veille sur eux pour les défendre des rechutes.
Si vous avez le bonheur de réciter le petit Office, vous vous efforcerez d'entrer d'esprit et de coeur dans le sens de ces belles leçons, que vous lirez à Matines, et que vous répéterez encore en partie aux Capitules de Tierce, Sexte et None. Voici quelle est l'intention que l'Église s'est proposée dans la division de l'Office, et celle que vous aurez vous-même en le récitant.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Mar 22 Mar - 17:34 | |
| CHAPITRE XVIII. GLOIRE DE MARIE DANS LE CIEL.
RÉFLEXIONS PRATIQUES SUR LE PETIT OFFICE DE LA TRÉS-SAINTE VIERGE
D'abord elle veut qu'avant de commencer Matines, Prime, Tierce, Sexte, None, Vêpres et Complies, vous récitiez toujours l'Ave Maria.
C'est afin que, vous unissant aux saints Anges et surtout à saint Gabriel, dont cette prière contient la salutation qu'il adressa à Marie, vous participiez à sa parfaite religion envers elle, et lui offriez vos hommages avec ceux de tous les esprits bienheureux.
Pareillement, en disant ces paroles : Sainte Marie, Mère de Dieu, etc., unissez-vous à la religion de toute l'Église de la terre, exprimée par cette prière qu'elle ajoute toujours à la salutation de l'Ange.
Les Matines et les Laudes, qu'on est censé dire la nuit, et où l'on récite des psaumes d'admiration, de bénédiction, de reconnaissance, expriment les louanges du ciel qui sont rendues à Marie dans la gloire par les saints et les anges.
C'est pourquoi, après ces psaumes, viennent les leçons dont nous venons de, parler, et qui rappellent les grandeurs de Marie dans son triomphe.
Aussi regardons-nous les autres heures de la journée comme les prières de la vie présente, c'est-à-dire depuis Prime à six heures du matin, jusqu'à Vêpres à six heures du soir.
La vie chrétienne est une vie du ciel commencée sur la terre; de là vient que ces heures Prime, Tierce, Sexte et None, qui partagent et Occupent tout le jour, commencent à se dire de trois en trois heures, qui représentent les trois personnes de la sainte Trinité, à laquelle l'Église est consacrée et à l'honneur de laquelle elle chante la gloire et les louanges de Marie.
Depuis Tierce, c'est-à-dire depuis la première heure du lever du soleil jusqu'à la troisième, on récite trois psaumes; depuis Tierce jusqu'à Sexte, qui peut être l'heure de midi, on récite aussi trois psaumes; depuis Sexte jusqu'à None, c'est-à-dire depuis midi jusqu'à trois heures, on dit encore trois psaumes; tout de même à None, qui est la prière qui se dit depuis trois heures jusqu'à six.
L'on doit bien remarquer ici le soin inexplicable de l'Église à se rappeler l'adorable mystère de la très-sainte Trinité et à le respecter.
Car on voit de trois en trois heures trois psaumes, et à la fin de chaque psaume on récite Gloria Patri, etc., pour dire que les louanges qui se rendent à Marie ont toujours rapport à ces trois divines personnes, par lesquelles Marie est tout ce qu'elle est dans la nature, dans la grâce et dans la gloire.
Cette belle distribution en toute la journée chrétienne, à savoir un psaume pour chaque heure, montre bien que la religion de la terre est une imitation de celle du ciel, où il y a une louange perpétuelle de Marie, que lui rendent les anges et les bienheureux : ainsi, au calcul de l'Église, il n'y a pas une heure du jour et un moment où nous ne soyons invités à offrir des prières et des louanges à cette divine Mère.
Bien plus, l'intention de l'Église est que nous honorions ses grandeurs en union avec les anges du ciel; et, pour ce dessein, elle fait précéder d'une hymne les trois psaumes de chaque heure; les hymnes étant censées être la prière que les bienheureux font avec nous.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Mer 23 Mar - 18:19 | |
| CHAPITRE XVIII. GLOIRE DE MARIE DANS LE CIEL.
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Dans tous les psaumes qui partagent les douze heures du jour, nous demandons à Dieu que, par la puissance dont il revêt la très-sainte Vierge dans le ciel, il nous protège contre les ennemis de notre salut, et nous fasse obtenir sur eux la victoire. Enfin, par les Antiennes et les Capitules qui suivent les psaumes, après avoir rappelé à notre foi cette puissance et cette gloire magnifique dont elle est en possession, nous demandons à Dieu, dans les oraisons, d'être toujours protégés par les prières de cette auguste Reine et d'obtenir par elle le salut.
A six heures finit le jour, et l'on commence à compter sur la nuit; d'où vient que les prières qui, selon le dessein primitif de l'Église, sont censées être chantées au soir, vers six heures, sont nommées Vêpres, qui est le temps où paraît l'étoile du soir, appelée Vesper.
Alors on commence à chanter, dans le psaume Dixit, les louanges de Jésus-Christ, monté dans sa gloire, qui est le commencement de toute celle des bienheureux; et ensuite on aboute quatre autres psaumes pour célébrer la gloire et les grandeurs de Marie. Ainsi, depuis six heures jusqu'à minuit, on dit sà Vêpres cinq psaumes, et le Magnificat qui fait le sixième, afin que la nuit aussi bien que le jour soit toute pleine de louanges envers Marie.
L'heure des Complies, qui suit les Vêpres, n'est pas mise, en effet, au nombre des prières particulières; elle ne fait qu'un avec Vêpres, dont elle est l'achèvement et l'accomplissement : Completorium, c'est-à-dire la clôture et l'achèvement des prières.
Les Complies du grand office signifient l'achèvement des prières des hommes dans la vie présente. Jésus-Christ nous a mérité, par la fin de la sienne et par sa mort, le bonheur et la gloire de la vie future; de là vient que tous les psaumes qu'on récite à Complies ne parlent que de Notre-Seigneur souffrant. Ainsi, dans le ciel et dans la consommation de sa gloire, Jésus-Christ fait encore mention de son état pénible; parce que cet état, qui a été le sujet de sa gloire, doit être aussi le sujet de la récompense, de la béatitude éternelle qu'il propose aux hommes.
Pareillement, les Complies, du petit Office se composent de psaumes où sont exprimés les travaux, les peines et les épreuves de la très-sainte Vierge sur la terre, qui lui ont acquis une si grande gloire dans le ciel. En qualité de ses enfants, nous nous proposons d'imiter la fidélité de sa conduite au milieu des tentations et des dangers qui nous environnent dans cette vie, afin de parvenir un jour par sa protection à la jouissance de son bonheur.
C'est tout ce qu'on se propose dans la récitation des Complies. Si vous assistez au chant de quelque partie du petit Office ou à quelque autre chant relatif à Marie, estimez-vous heureux d'avoir cette occasion pour lui faire hommage de votre voix. Excitez-vous d'abord à une grande pureté d'intention, et unissez-vous ensuite aux choeurs des saints Anges, qui chantent sans cesse, dans les transports de l'admiration, de la reconnaissance et de l'amour, les grandeurs et les louanges de cette auguste Reine de la terre et du ciel.
Car le chant de l'Église est proprement l'occupation des saints et l'exercice du paradis. Que fait-on dans le ciel, que glorifier Dieu et chanter ses louanges? c'est cela même que fait l'Église par le chant. Elle s'en sert pour protester hautement de l'estime qu'elle fait de Dieu et de l'amour qu'elle lui porte, et pour témoigner qu'elle ne peut assez exalter, ni faire entendre à tout le monde ses grandeurs ineffables et ses bontés infinies. Que ce soient là vos sentiments en chantant les louanges de Marie.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Jeu 24 Mar - 18:34 | |
| CHAPITRE XVIII. GLOIRE DE MARIE DANS LE CIEL.
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Dieu exprime même par le chant les opérations de son Esprit en nous. L'âme parfois s'anéantit et s'abîme en ce divin Esprit, par respect et par révérence pour la grandeur de la majesté de Dieu; parfois aussi elle s'élève jusqu'au sein de Dieu parles saints transports de l'amour et les élans du coeur; parfois elle se dilate et se répand en complaisances et en consolations : tout cela se fait par l'opération du même Esprit, qui opère, comme il lui plaît, dans les justes de la terre et dans les saints du ciel, et qui les meut selon la divine sagesse.
C'est ce qu'expriment, dans le chant de nos églises, ces notes qui se baissent et se haussent et qui se multiplient en se diversifiant.
Car ces tons qui montent et qui baissent signifient les divers mouvements que l'esprit de Dieu imprime aux âmes, lesquels, par la diversité des sentiments qu'ils excitent, composent la beauté et l'harmonie de la religion intérieurs de l'Église. Ceci nous montre que rien ne doit être méprisé dans le culte de l'Église, et nous marque le soin que l'on doit prendre de se rendre capable dans le chant et de s'y appliquer avec esprit de foi.
Entrez donc dans ces dispositions saintes lorsque vous avez le bonheur de chanter les louanges de Marie. Puisque la diversité de tous ces tons usités dans l'Église est une expression des sentiments intérieurs que le Saint-Esprit veut produire dans les âmes, conformez-vous exactement au chant sans rien y ajouter de vous-même.
Enfin, unissez-vous alors si intimement d'esprit et de coeur à Marie que vous soyez plus appliqué à la considération de ses beautés intérieures et de ses perfections qu'à l'action matérielle que vous ferez.
CHAPITRE XIX. MARIE EST NOTRE MÉDIATRICE AUPRÈS DE JÉSUS-CHRIST
La religion consiste en deux points: l'un à honorer Dieu , l'autre à glorifier Jésus-Christ, qui est digne de la même adoration; et pour cela nous avons besoin de deux médiateurs.
Lorsque nous louons Dieu dans ses grandeurs et dans ses couvres, nous avons recours à Jésus-Christ pour être le médiateur de nos louanges; et lorsque nous voulons glorifier Jésus-Christ dans sa personne et dans ses mystères, nous avons besoin de la très-sainte Vierge, notre médiatrice envers lui. Tous les différents ordres des esprits angéliques sont appliqués dans le ciel à la louange et à l'adoration des grandeurs éternelles dé Dieu.
Chacune de ses perfections divines a un nombre immense d'intelligences sans cesse occupées à l'honorer : les Séraphins rendent hommage à son amour; les Chérubins, à sa lumière; les Trônes, à sa majesté; et ainsi des autres.
Mais quoique, comparés au reste des créatures, les Anges honorent l'essence de Dieu très-parfaitement, pourtant ils sont incapables de glorifier tous ensemble sa grandeur par leurs hommages.
Leur être est un portrait magnifique de la Divinité, et leurs bouches sont des sources de cantiques et de louanges de ses perfections adorables; néanmoins tout cela n'est rien auprès de ce que Pieu mérite.
Tout cela n'est que pauvreté; il faut qu'ils reçoivent de Jésus-Christ de quoi glorifier Dieu; et c'est par cet unique supplément de leur religion que les Anges et les Archanges, les Chérubins, les Séraphins et tous les autres le louent et publient sans cesse qu'il est saint, saint, saint.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Sam 26 Mar - 4:35 | |
| CHAPITRE XIX. MARIE EST NOTRE MÉDIATRICE AUPRÈS DE JÉSUS-CHRIST
LCe que les Anges sont à l'égard. de Dieu dans le ciel, les fidèles le sont sur la terre à l'égard de Jésus-Christ. Par l'ordre et l'instinct du Saint-Esprit, Dieu partage et applique les hommes à l'adoration des mystères et des vertus de son divin Fils, afin qu'ils' rendent à chacun les hommages et les devoirs particuliers qui leur sont dus, et qu'il n'y ait rien en lui qui ne soit adoré.
Ainsi les divers Ordres religieux, les Congrégations, sont appelés de Dieu sur la terre à honorer quelque mystère ou quelque perfection de Jésus-Christ ou de son corps mystique.
Il en est de même des églises cathédrales, des collégiales et des autres, et enfin dé chaque particulier de l'Église. Mais pour louer parfaitement Jésus-Christ, nous avons besoin de la très-sainte Vierge, qui seule est digne de le glorifier.
La gloire étant une louange qui procède d'une claire connaissance de la chose que nous voulons glorifier, nous ne pouvons honorer dignement Jésus-Christ à cause de notre ignorance.
La très-sainte Vierge a en elle l'esprit de Dieu pour rendre à Jésus-Christ les devoirs qu'il mérite et qu'il prétend recevoir de l'Église; de sorte que, comme temple vivant, Marie seule contient en éminence toutes les louanges que Jésus-Christ peut recevoir de ses adorateurs véritables; et, par-dessus cela, elle se convertit elle-même en louanges parfaites et en adorations.
C'est pourquoi l'Église, incapable de l'honorer comme il mérite de l'être, ne lui rend aucune louange, aucun hommage, sans s'unir à la très-sainte Vierge, sa médiatrice, la parfaite adoratrice de toutes les grandeurs de Jésus-Christ, et dans laquelle on trouve mille fois plus d'adorations, de louange et d'amour que toutes les autres créatures ne lui en pourront jamais rendre.
Si Dieu le Père a usé de cette convenance que de faire son Fils homme, afin de nous faciliter l'accès vers sa majesté, par un Dieu qui fût homme comme nous, l'Église peut bien user de cette même bienséance que de nous donner accès à cet Homme-Dieu, par la première et la plus sainte créature qui soit parmi les hommes.
Ce milieu pour aller à Jésus-Christ n'est pas un milieu de division et de séparation; mais, au contraire, un moyen de liaison, d'union et d'unité.
De même que Jésus-Christ, notre médiateur auprès de son Père, est un moyen d'union à lui, parce qu'il lui est consubstantiel par sa nature divine et consubstantiel à nous par sa nature humaine; ainsi Marie, étant toute transformée en Jésus-Christ, nous fait entrer en lui plus parfaitement
Comme donc le recours à Jésus-Christ est un moyen agréable au Père éternel, dont la Miséricorde est immense et toujours prête à se répandre sur les hommes; nous entrons dans les vues de Notre-Seigneur en nous adressant à sa très-sainte Mère, qui est toute remplie de lui, et qu'on sait tout tenir de lui, comme Jésus-Christ tient tout de son Père.
Au reste, en allant ainsi à Jésus par Marie, l'Église ne fait que suivre l'ordre que le Père éternel a gardé lui-même en nous donnant son Fils.
Ayant fait dépendre l'Incarnation du consentement personnel de Marie, l'ayant établie comme médiatrice du don de son Fils au monde, et dépositaire amoureuse et fidèle de son trésor, il a appris par là à toute l'Église a aller à Marie, comme au tabernacle et au sanctuaire où habite et repose l'objet de ses délices et de ses complaisances.
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Dim 27 Mar - 2:20 | |
| CHAPITRE XIX. MARIE EST NOTRE MÉDIATRICE AUPRÈS DE JÉSUS-CHRIST
Pareillement, c'est en ce tabernacle que Jésus-Christ désire d'être chéri et aimé parfaitement par tout le monde. Remarquons d'abord que la très-sainte Vierge, ce sanctuaire vivant, rend à Jésus-Christ une parfaite religion, un éminent amour par-dessus celui de tous les anges et de tous les hommes: de là vient qu'il en fait lui-même le lieu de ses délices.
Comme il prend donc tout son plaisir en sa Mère, il est ravi que les hommes le servent et l'honorent par elle, afin de l'avoir autant de fois présente à lui, et autant de fois présente dans l'Église qu'il y a de fidèles qui le prient.
Telle est la nature du saint amour que Jésus porte à sa divine Mère, qu'il voudrait la voir partout et entendre parler d'elle toujours. S'il est lui-même le coeur qui vivifie tous les membres de son Église; s'il est ce centre divin où toutes les lignes, c'est-à-dire tous les fidèles du monde aboutissent, il veut que Marie soit comme un cercle qui l'environne, par lequel il faut passer pour aller à lui, étant ravi de demeurer ainsi investi, enveloppé et caché sous sa Mère, afin qu'elle soit aimée, invoquée et recherchée par tous ceux qui veulent parvenir à lui. Rien ne pouvait nous être plus avantageux.
Marie étant le temple où Jésus-Christ reçoit avec plus de plaisir les devoirs suprêmes dus à sa grandeur et à sa majesté, il est si satisfait des devoirs qu'elle lui rend, qu'il admet aisément tous les respects des hommes quand ils viennent ainsi s'unir à elle; vu même qu'elle est toujours présente à lui pour eux, et que, portant dans son sein maternel toute l'Église comme sa fille, elle supplée amoureusement à tous ses manquements envers lui.
Aussi l'Église elle-même, instruite de la faiblesse et de l'infirmité de ses enfants, veut-elle, comme il a été dit, qu'ils ne rendent de louanges à Dieu en Jésus-Christ qu'en s'unissant à celles que lui rend la très-sainte Vierge.
C'est pourquoi, avant toutes les heures canoniales, dès qu'ils ont récité tout bas le Pater, comme la louange et la prière de Jésus-Christ, l'Église, conformément au mouvement de l'esprit de Jésus-Christ même, leur fait dire l'Ave Maria, afin de leur apprendre que le moyen de s'unir à Jésus et aux louanges qu'il rend à Dieu, c'est de s'unir à sa très-sainte Mère, et de communier ainsi à la louange parfaite qu'elle-même lui rend.
Mais indépendamment des devoirs que nous sommes obligés de lui rendre, nous avons à lui demander ses grâces; et c'est par Marie qu'il veut nous accorder toutes celles qu'il nous a méritées par sa mort, l'ayant établie la distributrice universelle de tous ses biens.
L'avantage est bien plus grand pour nous qu'elle ait dans ses mains la disposition des mérites de Jésus-Christ, son Fils, que s'ils étaient entre les nôtres propres.
Car, outre que Dieu le Père aurait souvent horreur de voir ce trésor en des mains si indignes et si criminelles que les nôtres, Marie qui a été choisie de Dieu le Père et préparée par le Saint-Esprit pour être dépositaire du don qu'il nous a fait de son Fils, Marie a seule la grâce d'en bien user.
Oh! que nous sommes heureux qu'il l'ait confié pour nous à cette divine Mère qui, par sa sainteté et l'éminence de sa grâce, est digne de Jésus-Christ et ne le déshonore pas en approchant de lui; et qui d'ailleurs, étant toute charité pour nous, est remplie de sagesse pour user de ce trésor et le ménager à notre avantage!
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Dim 27 Mar - 16:13 | |
| CHAPITRE XIX. MARIE EST NOTRE MÉDIATRICE AUPRÈS DE JÉSUS-CHRIST
Pareillement, c'est en ce tabernacle que Jésus-Christ désire d'être chéri et aimé parfaitement par tout le monde. Remarquons d'abord que la très-sainte Vierge, ce sanctuaire vivant, rend à Jésus-Christ une parfaite religion, un éminent amour par-dessus celui de tous les anges et de tous les hommes: de là vient qu'il en fait lui-même le lieu de ses délices.
Comme il prend donc tout son plaisir en sa Mère, il est ravi que les hommes le servent et l'honorent par elle, afin de l'avoir autant de fois présente à lui, et autant de fois présente dans l'Église qu'il y a de fidèles qui le prient. Telle est la nature du saint amour que Jésus porte à sa divine Mère, qu'il voudrait la voir partout et entendre parler d'elle toujours.
S'il est lui-même le coeur qui vivifie tous les membres de son Église; s'il est ce centre divin où toutes les lignes, c'est-à-dire tous les fidèles du monde aboutissent, il veut que Marie soit comme un cercle qui l'environne, par lequel il faut passer pour aller à lui, étant ravi de demeurer ainsi investi, enveloppé et caché sous sa Mère, afin qu'elle soit aimée, invoquée et recherchée par tous ceux qui veulent parvenir à lui.Rien ne pouvait nous être plus avantageux.
Marie étant le temple où Jésus-Christ reçoit avec plus de plaisir les devoirs suprêmes dus à sa grandeur et à sa majesté, il est si satisfait des devoirs qu'elle lui rend, qu'il admet aisément tous les respects des hommes quand ils viennent ainsi s'unir à elle; vu même qu'elle est toujours présente à lui pour eux, et que, portant dans son sein maternel toute l'Église comme sa fille, elle supplée amoureusement à tous ses manquements envers lui.
Aussi l'Église elle-même, instruite de la faiblesse et de l'infirmité de ses enfants, veut-elle, comme il a été dit, qu'ils ne rendent de louanges à Dieu en Jésus-Christ qu'en s'unissant à celles que lui rend la très-sainte Vierge.
C'est pourquoi, avant toutes les heures canoniales, dès qu'ils ont récité tout bas le Pater, comme la louange et la prière de Jésus-Christ, l'Église, conformément au mouvement de l'esprit de Jésus-Christ même, leur fait dire l'Ave Maria, afin de leur apprendre que le moyen de s'unir à Jésus et aux louanges qu'il rend à Dieu, c'est de s'unir à sa très-sainte Mère, et de communier ainsi à la louange parfaite qu'elle-même lui rend.
Mais indépendamment des devoirs que nous sommes obligés de lui rendre, nous avons à lui demander ses grâces; et c'est par Marie qu'il veut nous accorder toutes celles qu'il nous a méritées par sa mort, l'ayant établie la distributrice universelle de tous ses biens.
L'avantage est bien plus grand pour nous qu'elle ait dans ses mains la disposition des mérites de Jésus-Christ, son Fils, que s'ils étaient entre les nôtres propres.
Car, outre que Dieu le Père aurait souvent horreur de voir ce trésor en des mains si indignes et si criminelles que les nôtres, Marie qui a été choisie de Dieu le Père et préparée par le Saint-Esprit pour être dépositaire du don qu'il nous a fait de son Fils, Marie a seule la grâce d'en bien user.
Oh! que nous sommes heureux qu'il l'ait confié pour nous à cette divine Mère qui, par sa sainteté et l'éminence de sa grâce, est digne de Jésus-Christ et ne le déshonore pas en approchant de lui; et qui d'ailleurs, étant toute charité pour nous, est remplie de sagesse pour user de ce trésor et le ménager à notre avantage!
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| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Lun 28 Mar - 16:18 | |
| CHAPITRE XIX. MARIE EST NOTRE MÉDIATRICE AUPRÈS DE JÉSUS-CHRIST
Au reste, si nous demandions quelque grâce autrement que par elle, Jésus-Christ, qui souventopère par justice autant que par bonté, pourrait nous refuser à cause de nos offenses et de nos infidélités journalières; à la très-sainte Vierge, au contraire, il ne saurait rien refuser.
Il n'y a rien qu'elle ne puisse sur lui, par le principe de l'amour qu'il lui porte et qui semble le rendre dépendant d'elle; il veut toujours ce qu'elle veut, et désire ce qu'elle désire, tant il veut l'honorer.
C'est ce que nous voyons dans plusieurs figures de l'Ancien Testament; par exemple, en la personne de Bethsabée, qui, à l'égard de David, est une image de la très-sainte Vierge et de son crédit auprès de Jésus-Christ.
Ce prince la traite avec déférence et bonté: Bethsabée se présentant à lui dans l'intention de demander le trône pour son fils Salomon, David la prévient et lui dit : Quid tibi vis? Que voulez-vous? c'est-à-dire qu'ai-je en moi que je puisse faire pour vous, que je ne le. fasse?
Et Bethsabée lui ayant exposé sa demandé, David lui jure, par le Seigneur, que Salomon montera sur le trône; ce qui est exécuté le jour même avec des signes de joie et toutes les marques d'une réjouissance publique.
Aussi, quand nous allons chercher Notre-Seigneur dans la très-sainte Vierge, nous sommes assurés, selon saint Bernard, qu'aussitôt elle est en prière pour nous auprès de son Fils.
Jésus-Christ se souvient de la puissance- qu'il lui a donnée sur lui en qualité de Mère, pour ne la lui ôter jamais, parce que la grâce et la gloire perfectionnent la nature et ne lui font jamais perdre ses droits, et aussitôt la très-sainte Vierge obtient ce que nous ne sommes pas assurés d'obtenir par nous-mêmes.
La sainte Vierge a, de plus, à sa disposition tout ce qu'elle a acquis de mérites en propre, pendant sa vie, par sa fidélité au Saint-Esprit; et ce trésor, que la sublimité et l'éminence de son amour a rendu plus considérable que tout ce que l'Église ensemble a jamais mérité, Marie l'offre pour nous.
Car tout ce qu'elle est et tout ce qu'elle a, est pour les hommes, sa qualité de Mère la tenant toute en rapport et en relations à ses enfants.
Que ne trouve pas tout d'un coup l'âme qui s'approche de cette source immense de bonté et de Miséricorde? Comme tous les commençants sont remplis d'estime d'eux-mêmes et de sentiments de superbe, n'étant point encore purifiés par la mortification et par l'établissement en eux de Jésus-Christ anéanti, ils ne peuvent souffrir la honte et la confusion des reproches intérieurs que Jésus-Christ leur fait.
Cela se voit dans les âmes les plus innocentes, comme en sainte Thérèse, qui, après ses chutes dans des infidélités très-légères, fuyait l'oraison, comme autrefois les Juifs fuyaient les reproches de Dieu, et désiraient que Moïse leur parlât, et non pas Dieu lui-même.
Tous les commençants ont donc un besoin particulier de la douceur et de la clémence de la très-sainte Vierge, pour leur donner confiance à approcher de Jésus-Christ et à se tenir en sa présence dans la prière.
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | Miséricorde de Dieu
Messages : 3595 Date d'inscription : 27/12/2019 Age : 66
| Sujet: Re: Méditation sur la vie intérieure de la Très Sainte Vierge Marie avec M. Olier Mar 29 Mar - 16:40 | |
| CHAPITRE XIX. MARIE EST NOTRE MÉDIATRICE AUPRÈS DE JÉSUS-CHRIST
Marie est toute-puissante sur le coeur du Père éternel comme sur le coeur de Jésus. II est vrai que Jésus-Christ est le médiateur par justice, offrant à Dieu le Père son sang adorable, qui vaut de droit le rachat des hommes et le paiement de toute leur dette : et que la très-sainte Vierge, le refuge des pécheurs, est seulement notre médiatrice d'amour et d'impétration.
En qualité d'Épouse, elle connaît ce qui plaît le plus au Père, ce qui le console et le charme davantage; et Dieu le Père, se voyant prié par son Épouse, se rend à ses demandes et à sa voix. De la part de Marie, il reçoit tout amoureusement. Elle lui plaît tellement qu'il ne saurait rien refuser de tout ce qu'elle désire; et ainsi il cède facilement à celle à qui, par amour, il appartient en qualité d'Époux.
Marie étant donc la dépositaire de tous les biens de Dieu, qui peut en manquer auprès d'elle s'il a confiance en sa bonté? D'autre part, étant la Mère de Miséricorde, elle ne peut rien refuser aux hommes, elle donne libéralement et avec plaisir aux misérables, et leur départ avec joie les dons et les trésors de Dieu et de Jésus-Christ, son Fils. Il n'y a qu'à se tenir à ses pieds pour être aussitôt enrichi. On ne s'approche donc point de Dieu, en la très-sainte Vierge, vainement et inutilement.
Sur la Croix.
Après avoir fait le signe de la Croix, On récitera le Credo, pendant lequel on se donnera à l'esprit de la foi, pour se renouveler dans le respect et dans l'amour de ses maximes, et de tous les mystères qui sont compris en ce symbole, honorant en la très-sainte Vierge l'éminence de la foi qu'elle a eue plus grande que le reste des créatures, et lui en, demandant la participation et l'esprit pour toute la sainte Église. Sur le premier gros grain. En disant le Pater, on adorera l'unité de Dieu, principe de toutes les grandeurs de la très-sainte Vierge et de la perfection de ses états.
Sur les trois petits grains.
En disant les Ave Maria, on honorera les trois états de la vie voyagère de la. très-sainte Vierge. Au premier Ave Maria, il faut honorer l'état de son enfance qu'elle passa dans le temple, où, vivant comme une hostie de Dieu, elle adorait incessamment Jésus-Christ sous la figure de toutes les victimes, et se préparait, dès ce temps-là, au sacrifice de son Fils, qu'elle avait présent à l'esprit pendant qu'elle était appliquée au service des prêtres qui offraient à Dieu les sacrifices.
Au second Ave Maria, on honorera l'état de son saint mariage, durant lequel elle a vécu dans une sainteté parfaite, elle a conçu, nourri et élevé Jésus-Christ, son Fils, et participé à ses divines grâces; elle a été présente à sa personne et a conversé avec lui.
Au troisième Ave Maria, on honorera l'état de son saint veuvage, pendant lequel elle a servi, elle a été présente et a participé aux saints mystères de Jésus-Christ; et, après, elle a aidé les apôtres à fonder et à maintenir l'Église, qu'elle n'a point laissée que lorsqu'elle l'a vue affermie en la foi de Jésus-Christ, son Fils.
Sur le premier dizain.
En récitant le Pater, sur le gros grain, il faut respecter profondément Dieu le Père en toutes ses perfections et en toutes ses grandeurs divines, qui, étant . immenses, ne peuvent être vues et adorées que dans la foi.
Sur les dix Ave Maria, on honorera la très-sainte Vierge en qualité d'Épouse du Père éternel. On admirera, on louera, on bénira en elle toutes les perfections divines et adorables dont Dieu le Père est le principe, et auxquelles elle a participé : sa sainteté, sa sagesse et sa fécondité.
A la fin du dizain, on dira le Gloria Patri, pour louer Dieu le Père d'avoir choisi la sainte Vierge pour son Épouse, et de lui avoir communiqué tant de perfections dont on demandera quelque part pour l'Église de Dieu.... A suivre
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